Chapitre 48 - Lancement de l'opération régicide
Le froid dans son lit irradiait dans tout le village. Kamal en avait presque des frissons. Il se lova sous sa couverture cherchant à oublier l’image d’R’yline captive. En vain. Des larmes perlèrent, et bientôt le drap devint humide. Le prince ne voulait pas sombrer ; mais comment survivre s’il arrivait malheur à sa bienaimée ?
Non, il ne devait pas chuter dans les abysses de la déprime et d’une fatalité ténébreuse. Il le devait à R’yline, courageuse jusqu’à son départ. C’était ce que lui avait rapporté L’Oïse. La Naïadienne avait refusé de le voir. Malgré le crève-cœur, l’héritier avait compris. Il aurait tenté de la retenir. L’ironie de la situation manqua de peu de provoquer un fou rire incontrôlé : lui, le rationnel et solitaire, soumis à ses émotions contre sa volonté. Oui, cette femme avait définitivement un pouvoir indéniable sur lui. Et, à son grand étonnement, il s’en voyait ravi.
Pour enrayer cette négativité, Kamal alluma quelques bougies et prit place devant son bureau. Il repassa le plan dans ses menus détails. On n’était jamais trop prudent.
À sa grande surprise, lorsqu’il releva la tête pour s’étirer et bailler tout son soûl, le ciel ondoyant s’irisait de notes acidulées. La capture n’allait plus tarder. Sir Guelvetor devait avoir reçu l’information d’une présence Naïadienne discrète dans le quartier des contrebandiers. Il devait déjà avoir missionné quelques hommes qui avaient validé, sans l’ombre d’un doute, la présence d’une femme du Peuple de l’Eau encapuchonnée et isolée la plupart du temps, à la beauté fabuleuse. Le corps du prince se raidit en imaginant la porte fracturée, R’yline capturée avec brutalité avant d’être amenée devant le seigneur local.
Aux questions concernant l’héritier, la favorite devait raconter comment le prince s’était brusquement lassé d’elle, la laissant à son triste sort : infortunée et sans protection. Elle jouerait de son charme pour amadouer Sir Guelvetor qui la voudrait dans sa couche aussitôt. La menace du roi permettrait à la jeune femme de se prémunir d’une relation non consentie. Il y avait peu d’hommes pour faire trembler Sir Guelvetor, et le roi en faisant parti.
Puis le courrier envoyé en messager express à sa majesté pour l’informer de la capture de sa proie avec une invitation officielle pour un court séjour dans la localité. Kamal anticipait la jubilation sur les traits paternels à la lecture de la lettre.
Comme il savourerait la vengeance à lui infliger ! Et comme Kamal se réjouissait de la frustration éternelle du roi, qui mourrait avant d’avoir accompli son forfait.
Cette idée le maintenait à flot et tempérait le fardeau sur ses épaules. Avant ce moment de délivrance, elle serait rudoyée, il ne devait pas se le cacher. Ses mains s’enflammèrent malgré lui, manquant de peu de consumer son bureau. Kamal se reprit et attrapa sa couverture pour stopper la propagation rapide des flammes. Une envie de meurtre l’étreignait toujours. Tous ceux qui lèveraient la main sur R’yline le paieraient de leur vie, il s’en fit le serment. À cet instant, un quelconque observateur extérieur aurait constaté la ressemblance entre le père et le fils.
Annotations
Versions