Chapitre 51 - Captive

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Enfermée dans les sous-sols où s’infiltraient le froid et les odeurs de moisissures, R’yline repensa aux évènements récents. Elle s’en était plutôt bien tirée : quelques larges ecchymoses, sans doute une cote fêlée et des menottes trop ajustées qui lui lacéraient les poignets. Tout se déroulait selon le plan. Même la tentative graveleuse du seigneur de mettre R’yline dans sa couche, avortée grâce à la mention de la réprimande royale qui ne tarderait pas. Elle était la favorite après tout. Sir Guelvetor n’avait pas osé s’y risquer. La danseuse préférait cent fois les coups reçus qu’un rapport sexuel non consenti. Elle avait rempli le quota pour plusieurs vies.

Pour apaiser la douleur, R'yline repensa aux caresses voluptueuses du prince, à ses baisers dans le cou, à la découverte de l’orgasme. Un flux apaisant se mit à parcourir son corps, et la souffrance devint nettement plus tolérable. La faim également. Par la petite trouée grillagée, elle apercevait quelques étoiles, elle n’avait donc rien consommé depuis le matin. R'yline s’en fichait. Seul comptait l’ouverture, nécessaire à la bonne exécution du plan. Ainsi, elle délivrait, comme convenu, de petits nuages de vapeur d’eau afin que les guetteurs puissent la localiser avec précision.

Elle appuya sa tête contre le mur froid et suintant. Que faisait Kamal en cet instant ? Sa présence lui manquait déjà terriblement. La favorite fut déstabilisée de la place qu’il occupait dans son cœur et dans sa vie après si peu de temps. Comment avait-elle pu laisser lézarder des remparts érigés en plusieurs solemnum ? Un sourire naquit malgré elle sur ses traits fatigués. Elle ne mourrait pas, il était de son devoir de le rendre heureux. Sa rédemption. Leur félicité.

Le temps s’écoula dans une lenteur infinie. R’yline alternait les moments d’assoupissement et les rêveries qui la ramenaient soit vers son enfance pauvre mais heureuse, soit vers son amant. Lorsqu’un souvenir de ses années de prostitution s’imposait à elle, son esprit le balayait aussitôt. Si elle devait mourir bientôt, ce serait l’âme emplie des souvenirs joyeux. Elle se refusait à quitter cette terre hautaine, égoïste et désabusée.

Un rayon doré la réveilla juste après l’aube alors qu’elle s’était endormie peu de temps auparavant. Les questions s’immiscèrent puis se multiplièrent : Où étaient ses nouveaux amis ? Le roi avait-il reçu la missive ? S’apprêtait-il à quitter son château ? Que ferait l’Eauposition si ce dernier restait obstinément dans son palais ? Serait-elle alors déportée jusqu’à la capitale directement sur le bûcher ? Reverrait-elle seulement Kamal ?

Elle constata la noirceur progressive de ses cogitations. Contrariée, la danseuse fit plusieurs tentatives d’évocation de souvenirs heureux. En vain. Elle grelotta. Les tremblements s’accentuaient au fur et à mesure du temps. Toujours personne pour venir couper cette torpeur grandissante. Il lui fallait se reprendre si elle ne voulait pas se laisser consumer par le désespoir.

Des pas.

Un homme armé ouvrit la grille et déposa à même le sol un bol fumant. Il posa des yeux concupiscents sur la Naïadienne. Cela la révulsa. L’Eflamme s’avança, caressa la joue crasseuse. Un sourire lubrique étirait ses lèvres épaisses. Le soldat porta une main à son entrejambe et le massa. Elle n’avait pas évité la couche du seigneur pour se retrouver abusée dans les geôles de la maisonnée ! Il s’avança vers elle, dégagea le membre raidi et le plaça devant son visage. L'homme enserra son pénis et vint caresser la joue de la jeune femme. Il poussa un grognement rauque tout en se léchant les lèvres. Elle eut envie de vomir. Il attrapa le menton d'R'yline d'une main, se masturbant de l'autre, tout en cherchant à introduire son pénis dans la bouche de la favorite. R’yline sentit une suée froide couler sur sa nuque. Elle se focalisa sur le visage de Kamal pour garder contenance. Tout son corps se liquéfiait. Étrange paradoxe pour une Naïadienne.

— Hey, Ektor ! On nous attend là-haut ! entendit-elle hurler depuis l’entrée.

— Tu ne perds rien pour attendre, sale traînée ! répondit l'homme en refermant son pantalon.

Lorsque le bruit des pas s’évanouit dans le couloir, R’yline respira enfin, son corps parcouru de soubresauts.

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