Chapitre 57 - Au dehors et au dedans
Chaque bruissement, chaque son faisait sursauter R’yline. Elle entendit le roi la sommer de se présenter à lui. La danseuse agrippa les barreaux essayant d’apercevoir le fond du couloir. Personne. Elle sentit le souffle de taureau dans son cou et tressaillit. Les muscles tendus à l’extrême, R’yline se retourna avec une extrême lenteur. Personne. L’angoisse la tenait entre ses lames affûtées.
Quand le roi allait-il revenir ?
Elle ne doutait pas qu’il serait bientôt auprès d’elle pour assouvir sa vengeance, avant l’arrivée des renforts. Pourtant, la Naïadienne n’arrivait pas à regretter sa décision. C’était la seule chose qui éloignait la terreur cherchant par tous les moyens de la faire plonger dans les affres de la folie.
Puis une sensation. Comme une agitation dans l’air.
De nouveau le silence. Solitaire et glaçant. Un silence annonciateur de mort.
La sienne ? Tous les sens aux aguets, la danseuse quêtait le moindre bruit afin d’être prête à endurer de longs solaris de torture. Il n’en fut rien. Au contraire. Elle entendit soudain des bruits métalliques, de plus en plus nombreux. Des ordres. Des cris. Puis le tintement d’une cloche. On sonnait l’alerte. Elle était sauvée… Saine et sauve ? Non, le roi allait venir la chercher et l’emmener de force au palais. Elle serait soumise pour l’exemple avant d’être exécutée. Personne ne pouvait défier l’autorité du roi et sans sortir en toute impunité. Elle ne ferait pas exception. Elle se prit la tête entre les mains.
Les images de ses premier solaris de servitude s’affichaient par flash devant elle. Des mains graveleuses palpant ses seins naissants. Une femme l’exhortant à simuler avec plus d’ardeur tout en lui enfilant deux doigts dans le vagin. Un placard au fond du bordel, noir et rempli de toiles d’araignées. L’endroit où elle finissait si un client n’était pas satisfait de ses services, si elle n’avait pas mis assez d’entrain pendant leurs ébats. Puis se succédèrent les possessions brutales du roi, son souffle bestial et les menaces suivis de cadeaux.
Une tempête se déchaînait dans son âme. Plus les combats redoublaient au dehors, plus les rafales de souvenirs sordides soufflaient, fragilisant son équilibre mental.
Elle n’était plus la petite fille apeurée. Elle s’était forgée un masque. Elle avait monté les échelons. Elle était la favorite et ne pouvait être réduite à une âme brisée par une vie de servitude.
Ce combat intérieur puisait dans ses réserves. Elle avait chaud et froid simultanément.
Sa respiration se hacha.
Elle manqua une respiration.
Annotations
Versions