Quand le silence hurle...
Il était une fois, dans un monde au-delà du temps et de l'espace, un Panthéon en guerre. Un conflit entre les dieux primaires, des êtres capables de modeler le monde quand bon leur semble, et les Dieux secondaires,moins puissants, avait éclaté et semait le chaos.
D'un côté les Dieux primaires, prônait la loi du plus fort, de l'autre les Dieux secondaires, cherchaient l'égalité dans la répartition des pouvoirs. Cette opposition créait de nombreux conflits. Malgré tout deux Dieux secondaires donnèrent naissance à un enfant, un enfant muet. L'enfant du Dieu de la Liberté et du Dieu de la Sagesse.
Un enfant muet qui naquit en temps de guerre. Les parents de cet enfant étaient de grands opposants au régime imposé par les Dieux primaires. Cependant cet enfant aimait sa vie et ses pères de tout son cœur.
Le jeune enfant grandit, et quand il atteint l'âge adulte, s'en alla accomplir une quête. Une quête qui ferait de lui un véritable Dieu si il l'achevait. Il entama un long voyage, partant à la recherche d'un cadeau assez incroyable pour impressionner les Dieux. Son choix se porta sur une lance capable de percé n'importe qu'elle armure et d'abattre n'importe quel être. Une arme si puissante que seul un Dieu pouvait l'utiliser pour tuer sans risquer sa vie. Cette arme était gardée la reine Créyos et son peuple, des humains. Elle reignait sur son royaume d'une main de maître. Cependant celui-ci déclinait. La sécheresse c'était abatue sur le pays, les cours d'eau c'étaient asséchés, la terre était devenue si aride que plus rien ni poussait et le peuple perdait espoir. La reine refusa de céder la lance, cette arme était la fierté du royaum. Le futur Dieux n'eut d'autre choix que de partir à la guerre. Pendant cent ans, il combattit sans relâche.
Cent ans, pour les hommes, c'est long. La vieille reine mourut et laissa sa place à sa fille.
Celle-ci, horrifiée par la guerre, s'en alla trouver l'enfant des Dieux pour parler. Elle alla sur le champ de bataille, s'agenouilla et attendit.
Quand le soleil se coucha, le muet se montra enfin. Il avait observé toute la journée cette reine agenouillée au milieu des cadavres et, intrigué, il était parti à sa rencontre. Calmement il s'était agenouillé en face d'elle.
Le futur Dieu traça alors "Vous m'avez attendue toute la journée alors maintenant parlez. " dans le sable trempé de sang. La reine releva la tête et le regarda droit dans les yeux.
«Je vous donnerai la lance… commença-t-elle de but en blanc. En échange d'une chose.
Le jeune Dieu écarquilla les yeux, surpris par la franchise de la femme, avant de dessiner un point d'interrogation dans le sable. La jeune femme reprit.
- Pour mon royaume je n'ai pas besoin d'or ou de terre, je veux que, si vous devenez un Dieu en emportant notre lance, vous détourniez le cours du fleuve au Sud de ce pays. Ainsi mon pays prospérera et vous deviendrez celui que vous voulez être.
Le futur Dieu réfléchit. C'était un marché qui satisferait les deux partis. Alors il accepta, la reine se leva, la salua et repartit pour son palais.
Elle revint le lendemain matin, le fils des Dieux l'attendait. Elle lui tendit la lance en souriant, il lui sourit en retour avant de la prendre. Les deux se saluèrent et le Dieu s'envola. Une fois en l'air, il désigna le sud avec son doigt avant d'incliner légèrement la tête. La reine comprit qu'il avait respecté son marché et pleura de joie. Son peuple qui avait tant souffert de la sécheresse et des pénuries allait pouvoir se rétablir.
Le futur Dieu rentra chez lui et alla quérir les Déités primaires. Il leur présenta son cadeau et les Dieux le félicitèrent. Ils lui accordèrent le statut qu'il méritait. Lui qui ne pouvait ni parler ni rire et que la solitude n'effrayait pas était devenue le maître du silence. Il s'inclina et promis qu'il prendrait à cœur son rôle. Et pourtant l'être qui était maintenant le Dieu du silence avait un mauvais pressentiment. Les Dieux l'avaient étrangement regardés, ils souriaient narquoisement. Mais il ne se préoccupa pas plus de se pressentiment. Après cent ans, il allait enfin revoir ses parents qu'il aimait tant. Ses parents qui lui avaient tant manqué.
Il se dépêcha de retourner au temple de ses pères. Il était tellement heureux. Sa vie était un rêve, il était un Dieu et il allait revoir sa famille. Il rayonnait de joie.
Sa bulle de bonheur fut brisée quand il ouvrit les portes du temple. À quelques mètres de lui, crucifiés au mur se trouvait ses parents. Leurs yeux arrachés, leur ventre ouvert et sur leur bras, dans leur chaire, était gravé "Les forts ordonnent, les faibles obéissent".
Le jeune Dieu s'avança, horrifié, il s'effondra au pied des cadavres. On lui avait retiré ce à quoi il tenait le plus. On lui avait tout pris, sa famille, sa joie, son envie de vivre. Son cœur lui faisait mal, tellement mal, et ses larmes se mirent à couler. Elles coulèrent sans interruption.
De douleur,le Dieux du silence se mit à hurler. Hurler sa peine, sa tristesse, sa rage, sa douleur. Plus personne ne pouvait émettre le moindre bruit. Pour la première fois le monde l'entendit.
Dans à rage le jeune Dieu maudit les Dieux primaires. Leurs enfants ne pourraient pas parler, hurler ou pleurer. Même les battements de leur coeur seraient inaudibles.
Voulant se venger de la reine des Dieux qui avait autorisé un tel acte, il alla dans la salle des Trésors et reprit la lance. Le jeune Dieu se précipita vers le temple de la Déesse. Celle-ci l'attendait, assise sur son trône. Et elle souriait. Ce sourire, il voulait le faire disparaître.
Et alors que la Déesse ouvrait la bouche pour parler, il lança sa lance comme un javelot.Cette dernière vola vers la reine en sifflant et lui transperça la gorge, lui arrachant les cordes vocales.
La reine des Dieux, la déesse du destin, n'avait pas prévu cet instant.
Le Dieu du silence avait hurlé et son hurlement avait déséquilibré le monde.
Le jeune Dieu releva la tête, les larmes roulant sur ses joues, et s'en retourna chez lui pour enterrer ses pères. Il laissait derrière lui le chaos parmis les Dieux. Après tout, on récolte ce que l'on sème.
Ils lui avaient tout pris semant le chaos en lui, alors il rendait la pareille.
Car c'est ainsi que hurle le silence.
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