Chapitre 7 : Apporter le chaos

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Les yeux de Loureja s’étaient déjà adaptés à l’obscurité.

Elle venait de traverser un interminable couloir, à la forme voûtée, où des soutènements surannés s’enchâssaient avec élégance. Désormais elle était parvenue à l’impasse, et ses guêtres couinèrent quand un enchantement s’éveilla sous ses pieds. Des cercles de différentes couleurs s’échelonnaient, et imprimèrent alors de lentes rotations, leurs interstices parcourues de flux.

Ce fut avec douceur que la plateforme se déplaça vers les profondeurs. L’éclat environnant, aussi insignifiant fût-il, transperça les iris de la jeune fille qui en plissa les paupières. Elle qui était tentée d’ôter sa capuche garda sa tête enfouie, au moins le temps de terminer la descente.

Le périple s’acheva sur un cliquetis. Bien qu’elle trépignât, Loureja ne traversa pas encore la porte métallique en face d’elle, optant plutôt pour croiser les bras. Elle se mit à siffloter à force d’attendre, tapant du pied sur le sol, son visage altéré par ses grimaces.

Son cœur manqua un battement lorsque les engrenages se déclenchèrent. À brûle-pourpoint, Loureja plaqua ses mains parallèles à son corps, mue par une raideur excessive. Elle redressa aussi le chef, curieuse de découvrir qui se présenterait derrière le seuil.

Harto Cerovos la toisa sitôt qu’il se révéla. Il avait retiré l’ample capuche oscillant par-dessus sa cuirasse lamellaire, et avait ainsi dévoilé les sillons creusant sa figure ivoirine et oblongue. De longues mèches de même teinte l’encadraient jusqu’à hauteur de son médaillon cristallin, dont les clignotements happaient Loureja. Elle évita néanmoins de se rapprocher, tant perçait la sévérité dans le regard de son homologue. Elle ne se laissa pas intimider par sa musculature importante malgré son âge, ni par la longue lame accrochée à sa dossière. Une foulée après l’autre, regagnant son repaire, elle subit âprement son jugement.

— J’ignore si tu es encore la bienvenue ici, lâcha Harto.

Loureja réfléchit à une plaisanterie mais s’abstint. Si elle ne pouvait cacher la sueur ruisselant sur ses joues, au moins tenta-t-elle de rester digne.

— Pourquoi ne le serais-je pas ? demanda-t-elle, feignant l’innocence.

— Nous avons des yeux partout, expliqua Harto. Et ton attitude, pour rester poli, laisse à désirer.

— Je reçois des leçons de l’auto-proclamé duelliste de la guilde, maintenant ? Tu t’es toi-même vanté de préférer les dignes combats à l’assassinat discret.

— C’est vrai. Mais je ne me suis jamais annoncé à mes propres ennemis avant de les laisser en vie. Et surtout, je n’ai jamais manqué une cible. Combien de fois as-tu poursuivi ton frère, déjà ?

— Ce lâche de Phiren ? Je veux avoir la satisfaction de jouer avec lui avant de l’égorger.

— Ce qui est précisément mon reproche.

Tout à coup Loureja soupira, ce qui acheva d’agacer son interlocuteur.

— Tu te prétends différent des autres, attaqua-t-elle, pourtant tu suis l’approche de nos supérieurs sans la questionner ! Toujours l’efficacité et la rapidité au détriment du reste.

— Pourquoi as-tu rejoint la guilde, si tu es en désaccord avec nos principes ? riposta Harto.

— Oh, je pourrais m’étendre des heures durant là-dessus ! Veux-tu que…

— Mon temps doit être employé à de meilleures fins. Espérons pour toi que notre maître sera plus intéressé.

Harto frotta son épaulière pourtant exempte de poussière, avant de faire volte-face. Il n’accorda pas une seconde de plus à Loureja, qui devait s’adapter à sa cadence diligente. Tous deux franchirent alors un couloir supplémentaire s’ouvrant sur la salle principale.

Ce réseau s’avéra complexe de prime abord, mais ses symétries finirent par détonner. Un dôme parcouru de runes surmontait des helendars aux pieds desquels s’éparpillaient des fleurs de synsis dominées d’une teinte vermeille. Ainsi flamboyait ce symbole sur la tunique noire incrustée de bandes brunes dont s’étaient vêtus la majorité des assassins. Chaque silhouette paraissait insignifiante face aux dimensions du souterrain. Chaque figure bénéficiait des ombres projetées par la végétation entre les éclats des orbes.

Il régnait un mutisme qui glaça les veines de Loureja.

Peu d’assassins croisèrent ses yeux pendant qu’elle s’égarait dans l’immensité de la salle. Peu de ses homologues révélèrent même leur visage, avançant la tête inclinée jusque dans les allées superposées comme dans une ruche. Des foulées dépourvues du moindre bruit, parfois interrompues de chuchotements, rythmèrent la progression de la jeune fille jusqu’au centre.

Sa destination plongeait dans des ténèbres contrastées par la lumière issue des lanternes magiques. Loureja et Harto descendaient avec prudence, car l’aspect lisse des marches trahissaient un risque de glissade. Quand bien même elle s’y était rendue à plusieurs reprises, la jeune fille constatait toujours les vrombissements de son cœur quand elle s’enfonçait dans ces abysses. Se cabrant outre mesure, adoptant une posture rigide, elle se prépara à toute éventualité.

L’emblème de la guilde, qui marbrait la porte du maître, assaillit ses iris à qui on refusait la sombreur prolongée. Puisque l’accès était entrebâillé, Harto s’y introduisit sans invitation, et Loureja le suivit malgré ses réticences.

— Un brin d’inquiétude ne t’affaiblira en rien, crois-nous ! N’es-tu pas au moins un peu effrayé sur l’issue du procès en cours ?

Un geste approbateur se manifesta au-devant des remarques cinglantes. Harto et Loureja s’y conformèrent, saluant les figures d’autorité une fois établis au coin de la pièce. Cempres et Nysdre Dysmidan complétaient la tenue de la guilde par une cape fendue, ainsi que des gantelets ornés de corindons. De fines et longues mèches ivoirines dépassaient de leur capuche, d’où yeux s’illuminaient telles des gemmes. Ils étaient dotés de la sveltesse typique de leur statut, tout comme d’un trio de dagues attaché à leur ceinture métallique. Par sa grise complexion, Cempres se distinguait de sa mère, tandis que Nysdre contrastait par sa carnation dorée. Loureja peinait à détailler leurs traits en dépit de l’éclat, et toutefois avisait-elle les sévères rictus s’imprimant sur leur faciès.

— Vous ne débarquez pas au moment le plus opportun, lâche Cempres. Notre maître, ici présent doit réaliser que chaque erreur commise par la guilde a des répercussions.

— Parfaitement ! tonna Nysdre. C’est une chose de céder notre travail à un vulgaire soldat. Mais ne pas avoir anticipé qu’il serait capturé ? Qu’il risquerait de partager tous nos secrets ?

Un rire perça depuis le large siège, par-delà la table en cipolin. Tournant le dos à ses adelphes jusqu’alors, il se dévoila tout entier, muni d’un sourire à toute épreuve. Ses courts cheveux poivre et sel étaient rabattus sur le côté, jurant avec la simplicité de ses traits inscrits sur sa figure ronde à la complexion claire. De ses iris bruns, enfoncés dans ses yeux étroits, ne s’exhibait nulle clarté, surmontant un menton volontaire parachevé d’un bouc pointu. Humain d’âge moyen et de mince carrure, il s’était attifé de la même tenue que ses subordonnés, sans les fioritures dont étaient émaillés son frère et sa sœur. Et surtout, Loureja remarqua sur un coup d’œil tardif qu’aucune arme ne décorait sa ceinture.

— Tant d’agressivité…, souffla-t-il. Est-ce un exemple pour nos membres ici présents ?

— Ils devront patienter, insista Nysdre. Velk, nous t’avons laissé reprendre les rênes car nous te faisions confiance. Que tu fournisses une explication valable n’est pas trop exigé de toi, il me semble.

Au départ, Velk ne lui offrit pourtant que le silence. Tout le temps qu’il fit coulisser le tiroir, s’égayant de son grincement excessif, il conserva son sourire narquois. Bientôt il dégota un globe en verre, à l’intérieur duquel circulait une fumée bleuâtre et opaque.

Il le brisa avec brutalité. Loureja sursauta, au contraire de ses homologues.

Des coupures souillaient la paume de se main. Des particules spiralaient en un sifflement aigu. Des filets vermeils glissèrent sur ses doigts. Néanmoins, Velk y accorda tout juste de la considération, après quoi il généra des rayons smaragdins, et ce fut comme si l’entaille n’avait jamais existé.

Il toisa alors son frère et sa sœur de pleine intensité.

— Vous me sous-estimez encore, fit-il. Je n’étais peut-être qu’un jeunot quand la précédente guilde a été démantelée, mais aujourd’hui, je vous ai surpassés.

— Notre respect a ses limites, objecta Cempres. L’âge finit tous par nous rattraper, mais chez les humains, cela se produit plus vite. Pourquoi as-tu donc recruté davantage de membres de ton peuple ?

— Ce que vous estimez être un désavantage n’en pas un. Plus petits en moyenne, nous sommes meilleurs pour nous infiltrer, et ainsi remplir nos contrats.

— Et nous maîtrisons mieux l’art de la magie, riposta Nysdre. Voilà qui nous fournis un atout considérable, n’y avais-tu pas songé ?

— Cette démonstration servait justement à vous prouver que j’outrepasse ces différences.

Velk ne cessa de toiser ses interlocuteurs, accordant uniquement des coups d’œil latéraux lorsqu’il souhaitait s’enorgueillir. Peu lui importait si Cempres et Nysdre le foudroyaient du regard, il garda la même expression, entrecoupant son discours de gestes futiles.

— Il faut donc tout vous expliquer, marmonna-t-il. Même si je devais engager un soldat pour accomplir notre travail, pourquoi aurais-je choisi l’impulsif Meenos Huderes ? De plus, il n’a eu que des contacts indirects avec la guilde.

— Tout de même ! protesta Nysdre. Comment Guvinor pourrait-il nous craindre, si par deux fois notre guilde a échoué à le tuer ?

— S’il nous redoute, alors il se montre prudent. La première fois, je voulais le tester. La seconde fois… Disons que l’objectif était plutôt de semer la discorde. Il est facile de créer un peu de controverse dont les puissants raffolent en temps de paix.

— Vous ne vouliez pas que la générale Twéji Huderes soit en contact avec les terekas ? demanda Cempres, intrigué.

— Que d’extrapolations ! Même moi, je n’avais pas anticipé la présence d’un peuple en stase. Je ne souhaitais pas sacrifier un des miens sur des terres inconnues, voilà tout. Je dois avouer que la configuration actuelle m’arrange bien.

— Je vois… Qu’en est-il de Guvinor ? Quelqu’un comme lui ne semble pas enclin à baisser sa garde. Il était présent lors du procès de notre mère. Il nous connaît, bon sang !

— Que notre mère finisse ses jours en prison, nous n’avons plus besoin d’elle. En revanche, peut-être que Guvinor vous connaît, mais pas moi. Et j’ai bien l’intention de saisir cette opportunité.

Une étincelle de défi scintilla sur le faciès du maître. Aussitôt, une aura d’intimidation jaillit de lui et paralysa Loureja, l’astreignant à se tenir contre le mur derrière elle. Alors qu’elle favorisait la discrétion, elle subit le regard intéressé de son supérieur, et s’arc-bouta en conséquence.

— Nos intérêts convergent, dit-il. Et c’est ainsi que l’entrée d’une personne annonce votre sortie. Laissez-moi seul avec Loureja, je vous prie.

La jeune fille profita des ultimes secondes où elle était accompagnée. Harto s’exécuta immédiatement, ignorant celle qu’il avait escorté, tandis que Nysdre et Cempres s’en allèrent avec une indolence volontaire, dévisageant leur frère ce faisant.

La porte claqua trop tôt au goût de Loureja.

Transpirant, flageolant, elle était incapable de se dissimuler aux yeux de son maître. À force de le considérer, elle s’accoutuma à sa présence, et progressa jusqu’à son bureau avec circonspection. Son sourire contrit ne rivalisait guère avec le sien.

— Loureja Olun ! lança Velk sur un salut outrancier. Un élément captivant, pour sûr ! Rares sont les membres issus de familles fortunés. Mais ce qui me fascine sont tes motivations. Un instant, tu pourchasses ton propre frère, impulsée par quelque sadisme. Celui d’après, tu te comportes en innocente adulatrice face à Héliandri Jovas.

— Je me suis déjà expliquée vis-à-vis de Phiren, se justifia l’assassin. Pout tout métier, le divertissement devrait s’allier naturellement avec l’efficacité !

— Un point de vue respectable. Et qu’en est-il de l’aventurière, Loureja ? Tu n’as pas de passif avec elle, il me semble. Elle était juste dans la même compagnie que ton frère, et encore, c’est lui qui s’est incrusté.

Loureja avait plaqué ses mains sur la table, et s’était inclinée sans même s’en apercevoir. Plus aucun tressaillement ne l’envahissait comme elle fixait son maître sans se retourner, animée par une détermination nouvelle.

— Jeune et inexpérimentée peut-être, fit-elle, mais pas ignorante ! Guvinor est une cible de choix de la guilde au vu de son implication dans les événements actuels. Selon cette logique, Héliandri doit suivre naturellement, non ? D’où l’importance de garder un œil sur elle.

La réponse espérée n’impacta aucunement. Au lieu de cela, sans lâcher sa subordonnée des yeux, Velk se dirigea vers le coin opposé de la pièce. Il appuya sur un bouton dissimulé sur une fente, et alors un passage s’ouvrit, menant à de plus inextricables profondeurs encore.

Ravalant sa salive, son esprit lanciné d’interrogations, Loureja s’engagea dans l’allée bien après Velk. Elle s’engouffra dans l’exiguïté et se référa aux pas bruyants qui se répercutaient en échos. Son maître progressait à une cadence soutenue, se hâtait vers un ouvrage que révélait un chiche éclat au lointain. Sérénité et assurance exsudaient de lui sans que Loureja n’en reçût ne fût-ce qu’une once.

Velk s’immobilisa au centre de cette nouvelle salle. Il avait joint ses mains derrière le dos, et adopté une posture cérémonieuse. Une atmosphère pesante régnait dans ces lieux isolés, ce qui ne le perturba nullement.

Loureja, quant à elle, chuta sitôt qu’elle posa un pied dans la pièce.

Une quinzaine de pilastres veinés de flux magique la cernait. De stables références auxquelles elle se fia, et pourtant éphémères. D’un instant qui s’étira en minutes, les fondations perdirent en substances. Tantôt réduites en vagues silhouettes, tantôt totalement absentes. Piégée dans l’influence indicible, la jeune fille s’agrippa au peu de structure survivante, seulement pour être happée.

La matière l’entourait, sauf qu’elle était hors d’atteinte. Le mutisme rassérénait, puis des bourdonnements l’étreignirent de part en part. Chaque objet s’alignait dans un ensemble harmonieux, jusqu’au moment où supplanta le capharnaüm. Chaque s’égrenait normalement, et soudain les aiguilles changèrent sans cesse de direction.

Fût-ce de l’acharnement, Loureja s’était accrochée, et finit par recouvrir l’équilibre. Elle faisait face à son maître placide, elle dont le corps avait été ébranlé, elle que l’ineffable avait attaqué.

— Connais-tu Nevaleir ? demanda Velk.

Aucun mot ne jaillit des lèvres tremblantes de la jeune fille.

— Dieu du chaos au sein du panthéon Mowa, révéla son maître. Quelque peu oublié avec les siècles, car d’après certains, il ne s’agence pas correctement dans le dessein.

L’atmosphère s’était allégée, mais Loureja peinait encore à se redresser.

— L’émersion a changé la donne, continua Velk sans se soucier de sa subordonnée. Qui aurait soupçonné que cette religion était bien plus ancienne ? Pas moi, je l’admets.

— Vous êtes croyant, maître ? questionna Loureja, se rétablissant peu à peu. Vous ne l’aviez jamais mentionné.

— Oh, en quelque sorte ! Beaucoup d’assassins, surtout à un jeune âge, sont attirés par cette figure qui promet à ses fidèles de bouleverser le cours de choses… encore plus si elle peut légitimer leurs pulsions meurtrières. Sauf que les actions de Guvinor et Héliandri, aboutissant au retour des terekas, ont tout gâché.

— En quoi, hormis pour les origines revisitées du Mowa ?

— Il y a de cela, mais surtout… Constate le chaos qui règne désormais. Fichu Nevaleir… Outrecuidant, inutile ! Il a fait perdre du temps à ses fidèles qui ont dédié leur vie pour lui ! Pendant ce temps, ses véritables alliés l’ont aidé sans le savoir. Assez de cette mascarade.

Velk posa enfin ses yeux sur sa subordonnée, desquels rayonnait un puissant courroux. Bien que rétablie, Loureja sentit un frisson courber son échine.

— Vous voulez… défier un dieu ? fit-elle, ses mots s’étranglant presque dans sa gorge.

— Je veux qu’il tremble, déclara Velk. Qu’il comprenne que même en siégeant au panthéon divin, la trahison a ses répercussions. Voilà pourquoi l’assassinat de Guvinor Heï Velham est capital.

Un sourire s’insinua dans la gravité de ses traits et pétrifia Loureja outre mesure.

— D’où notre convergence, conclut-il. Pour être honnête, tes motivations m’importent peu, Loureja. Tu connais la faiblesse de Héliandri Jovas, n’est-ce pas ? Sa partenaire qu’elle ressasse en permanence. Mon intuition me dicte qu’elle la suivra par-delà les océans. Tu souhaites occire cette aventurière ? Prépare-toi alors pour un voyage pour le Ryusdal, Loureja.

— Vous me confiez une tâche aussi importante ? s’étonna la jeune fille.

— Car plaisir rime avec efficacité. Je suis persuadé que Héliandri est la seconde élue de Nevaleir, si dévouée à son rôle qu’elle n’en a même pas conscience.

Dominant son environnement, par-devers une subordonnée au souffle coupé, Velk emprunta un peu d’énergie piégée dans les piliers.

— Et même si tu échoues…, souffla-t-il. Je peux aussi faire de Héliandri ma cible.

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