Chapitre 8 : De grandes distances
Une nouvelle journée s’entamait sous de prometteuses auspices.
Puissants, agréables, les rayons dorés impactaient le bois clair qui formait la caravelle arramée sur la côte. Peu importait l’intensité des vagues léchant les galets en contrebas de la falaise isolée, le vaisseau résistait à chaque sollicitation. Les six voiles jonques, dont les teintes composaient une harmonieuse gradation, ployaient à peine sous la force des rafales. De la proue incurvée jusqu’à la poupe surélevée, une vingtaine de matelots jabotait et s’exposait au soleil tant que le répit le leur permettait.
Ce fut avec une mine guillerette que le capitaine observait les siens. Appuyé sur le bastingage, dodelinant, il amenait quelques tudags à sa bouche, et le goût tantôt sucré tantôt salé de cette drupe dansait à merveille sur sa langue.
Ijanes Surl pouvait contempler la côte septentrionale de Menistas sans lassitude. Il s’étira sur un bâillement disgracieux avant d’ôter un bouton supplémentaire de sa longue chemise en coton. Du vent avait beau s’infiltrer jusqu’à ses abdominaux proéminents, pas un frisson n’altéra sa stature. Il était de grande taille pour un ludram masculin, et doté d’une importante musculature qu’il exhibait presque naturellement. D’amples et soyeuses mèches ambrées cascadaient jusqu’à mi-hauteur de son dos, par-dessus son pantalon confortable et serré, et encadraient son visage glabre et juvénile, comme taillé dans la roche. Le bleu profond de sa complexion détonnait devant la clarté de la charpente.
Ses membres se détendirent et sa faim se dissipait. Des minutes entières se succédaient sur une passerelle comme figées dans le temps, où chacune des responsabilités étaient atermoyées. Ijanes saluait les marins qui s’y baguenaudaient, s’inclinait pour mieux recevoir la chaleur. Immobile, décontracté, jouissant de la pause aussi longtemps qu’il le pût.
— Ils approchent ! perça une voix au sommet du mât.
Sur ce signal s’empressa Ijanes, qui rejoignit la passerelle sur un leste bond. Il se réceptionna avec élégance sur le pont, après quoi il ordonna à ses subordonnés de déposer une plateforme. Il s’attela lui aussi à la tâche lorsqu’ils revinrent, et ainsi établit le chemin entre le rivage et leur bateau.
Mains plaquées contre sa hanche, Ijanes arbora son plus large sourire à l’arrivée des invités. Héliandri, Makrine, Zekan et Mélude découvrirent cet environnement avec curiosité, saluant seulement leur hôte quand ils finirent d’explorer la caravelle de leurs yeux. La chanteuse s’arrêta alors, bouche grande ouverte, requérant l’intervention de ses amis. Héliandri les ignora au moment de converser avec leur hôte
— Capitaine Ijanes Surl ? demanda-t-elle en s’approchant.
— En personne ! confirma Ijanes. Tu dois être Héliandri Jovas ?
— Que c’est plaisant d’entendre enfin son nom normalement !
Héliandri imita alors la posture de son interlocuteur comme le souffle balayait ses cheveux. Ijanes avisa toutefois une once d’hésitation derrière la légèreté de cadence.
— Ici, tu es entourée d’exploratrices et d’explorateurs chevronnés ! lança-t-il. Il paraît que tu t’es aventurée dans moult ruines et édifices de Menistas ! Quelle est ton expérience avec l’océan, par contre ?
— Bien peu, avoua Héliandri sur un ton embarrassé. Pas que j’aie le mal de mer, mais… — Nul besoin de te justifier ! Le continent est déjà assez vaste. Pour ma part, je pense qu’on a un meilleur aperçu du monde depuis la mer… Affirmation peu originale pour un tegaras, je le concède !
Il se fendit d’un rire, aussitôt imité par les matelots, alors que ses invités se contentèrent d’un hochement. S’ensuivit un silence nécessaire à combler, aussi Ijanes désigna la cale peu apparente derrière une volée d’escaliers.
— Notre beau navire est prêt à fendre les flots quand vous voulez ! dit-il. Il vaut mieux déposer vos affaires dans votre cabine, surtout si vous souffrez de nausées une fois loin des terres !
— En fait, révéla Makrine, nous avons eu l’occasion de naviguer lors de notre périple précédent ! Aucun d’entre nous n’a le mal de mer.
— Voilà ce que je voulais entendre ! Vous seriez donc prêts pour le départ ? J’ai cru comprendre que vous étiez quelque peu pressés, sinon Guvinor vous aurait accompagnés.
Héliandri agrippa soudain l’avant-bras d’Ijanes, un air sombre flottant sur ses traits.
— Juste un avertissement de sa part, murmura-t-elle. Ce voyage ne sera pas sans risque.
— Nous en sommes conscients ! rappela Ijanes. À votre avis, combien de fois ai-je voyagé entre le nord de Menistas et le Ryusdal ? Craignez-vous les tempêtes et les typhons ? Au pire, ils nous ralentiront !
— Les dangers que je mentionnais sont d’une autre nature. Guvinor nous a rapportés que l’Ossora et le Khanugon voisins ont envoyé leur flotte vers le nord. Officiellement, c’est pour empêcher les tegaras de « contrôler » les terekas. Par chance, le parlement nirelais n’a pas obtenu la majorité requise pour dépêcher une armada aussi colossale.
— Ha, je vois. Guvinor m’avait prévenu que la neutralité relevait de l’idéal, dans les circonstances actuelles. C’aurait été une aubaine de pouvoir vivre sans me soucier de ce qu’il se passe autour de moi.
— Est-ce ainsi que cet équipage a procédé jusqu’à maintenant ? Pourquoi Guvinor aurait fait appel à vous, dans ce cas ?
— Précisément pour cette raison, j’imagine. Car nous savons être discrets.
Les prémices d’une confiance mutuelle s’établirent d’un acquiescement résolu. Héliandri dévisagea intensément son capitaine, lequel se détourna alors, rivé vers la vastitude de l’océan. Il sollicitait les marins par une subtile gestuelle, une fière expression imprimée sur son faciès.
— N’ayons crainte ! annonça-t-il. Je ne comprends peut-être pas les complexes relations qui opposent nos pays en ce moment, mais mes amis et moi manœuvrons ce vaisseau comme personne. Installez-vous confortablement, et d’ici quelques semaines, nous atteindrons notre destination sans heurt. Les obstacles n’en seront pas et nous…
Tout le long de son discours, une discrète silhouette s’était infiltrée à l’ombre du mât. Mélude avait devancé Héliandri, et désormais s’affichait alliciante. Face à la perplexité d’Ijanes, elle se montra quelque peu insistante, exposant ses biceps au mépris de l’opinion de ses compagnons.
— Continuez, capitaine ! lança-t-elle. Votre voix suave chante dans mes oreilles. Et si le cœur vous en dit, vous pouvez même garder votre chemisier ouvert. La vue est plutôt agréable, paraît-il.
— Enchanté, je suppose ? fit Ijanes en reculant d’un pas.
— Mélude Tuline, barde de métier, et aventurière dorénavant ! Si déjà voyager en notre compagnie ne vous fait pas peur, alors nous nous assurerons de rendre ce périple aussi plaisant que possible ! D’ailleurs, nous…
Ankylosée, la gorge serrée, Mélude se tut avant même l’intervention de Zekan et Makrine. Devant elle apparut une autre membre d’équipage, de complexion identique à ses homologues, qui descendit du mât avec agilité. Une légère armure en cuir, renforcée de fer par endroits, soulignait sa costaude carrure, compensant sa tête de moins par rapport à son capitaine. Mais surtout, un regard malveillant fusait de ses larges yeux, tantôt voilé sous les oscillations de ses tresses dorées.
Les multiples dagues étincelant sur son baudrier, tout comme son tatouage en forme de spirale sur sa joue, finirent d’intimider Mélude. Toutefois ne suivit pas de réplique caustique, car le capitaine enroula son bras autour de la taille de la matelote, et l’adoucit ce faisant.
— Tu arrives au bon moment ! lança-t-il. Chers invités, je vous présente Pernia Vizna, ma navigatrice ! Sans elle, mes promesses d’un trajet tranquille auraient moins de sens.
— Tu me flattes ! s’exclama Pernia sur un rire enjoué. Important à préciser, je suis aussi sa partenaire de longue date. Au cas où l’information aurait manqué à certaines personnes…
Délicatement, Pernia se détacha de l’étreinte de son compagnon. Contrasta alors la force avec laquelle elle empoigna Mélude. Elle l’entraîna auprès du bastingage et ne la ménagea guère alors que la chanteuse était toute ébranlée. Obombrée par cette figure pernicieuse, cette dernière dut éponger sa figure lustrée de sueur, incapable de la fixer.
— Il y a un malentendu ? demanda Mélude.
— Appelle-moi possessive si ça t’enchante, marmonna Pernia. Je vais être franche avec toi dès à présent : tu ne t’approcheras plus d’Ijanes, compris ?
— Mais je n’essayais pas de…
— Pose encore un regard aguicheur sur lui et je t’arrache ton autre œil. Tu aspires à devenir une pirate, Mélude ? Sois sage et tu resteras borgne.
Pernia demeura penchée vers Mélude, et sa voix glaciale cisailla sa victime. Opinant à contrecœur, enroulant sa main moite sur la rambarde, la barde se réfugia un instant vers la mer, dont le clapotis promettait un chant d’une autre teneur. Ses amis étaient hors d’atteinte, au-delà de la navigatrice armée de rancœur, qui prenait un ostensible plaisir à effleurer ses lames.
— Pourquoi cet aparté soudain ? s’enquit Héliandri. Nous n’allons pas nous disputer à peine sur ce navire, j’espère ?
Mélude sonda l’approbation de Pernia, et ensuite elle s’éloigna, toujours parcourue de tremblements. Elle se fendit d’un grand sourire au moment d’interpeller ses camarades, écartant les bras pour mieux accueillir le vent et le soleil.
— Tout va pour le mieux ! se réjouit-elle.
Sur sa lancée, Mélude pivota sur elle-même. Elle persista même lorsqu’elle se heurta à Zekan et Makrine, qui s’approchaient avec un air dubitatif. Son rire incoercible, couplée à sa rapidité, empêchait de lire quelconque autre émotion sur son faciès.
— Rien n’a été facile jusqu’à présent, mais commençons ce voyage avec optimisme ! poursuivit-elle. Mon corps tout entier frissonne rien qu’à la perspective de nos futures péripéties. Par-delà les mystères de l’océan, nous trouverons notre voie. Nous sommes rôdés, après tout. Compagnons, j’ignore si l’histoire retiendra nos noms, mais mes partenaires et moi nous assurerons de chanter nos exploits !
Mélude s’éloigna avant que ses amis ne pussent l’intercepter. Hâtivement, elle se dirigea vers la proue, où elle s’établit avec un enthousiasme effréné. Clins d’œil complices et sourires euphoriques laissèrent Makrine et Zekan dans le doute. Pendant ce temps, l’équipage se consacra à la partance du vaisseau, et les questionnements furent laissés en suspens. L’on largua les amarres, l’on hissa les voiles, et un grondement emplit l’environnement.
*****
Depuis de telles hauteurs, il était ardu de percevoir l’effervescence émanant depuis le bateau en contrebas. Ainsi les témoins se contentèrent d’observer son départ alors qu’il chevauchait les vagues de la marée basse. Déjà un point minime de leur vision, le navire s’apparenta bientôt à un point infime qui se dissipa dans l’intense et l’immense bleu que formait l’horizon.
Silencieuse, pensive, Yazden resta un long moment rivée sur ce panorama. Sa main glissa sur sa sacoche tout le long de sa contemplation, d’où elle extirpa un médaillon doré. Sur un tintement s’ouvrit le portrait de sa famille : elle versa une larme en observant Venior assises à ses côtés et Nardui sur ses genoux. De modestes traits avaient immortalisé leur relation avec précision, de chaudes couleurs avaient gravé leur expression. Alors les adieux se répercutèrent en échos, souvenirs récents s’accordant avec ses sanglots.
Des sifflements atteignirent soudain ses oreilles et l’exhortèrent à se retourner. Contre l’amplification du vent, les ghusnes s’étaient dressés momentanément, trépignant à l’idée d’un envol imminent. Dehol et Kavel ne soutinrent guère la comparaison face à leur envergure, toutefois ils s’y étaient accoutumés. Ils étaient occupés à converser, et Yazden les entendait même s’ils exprimaient à voix basse.
— À notre tour de partir, décréta Kavel. J’aurais espéré être plus impatient à l’idée d’explorer davantage ces terres… Pourquoi je les considère simplement comme le tombeau d’Adelris ? Elles représentent bien plus aux yeux de tous ! Y compris des miens, en principe…
Dehol se rembrunit, cherchant les mots pour consoler l’historien.
— Et j’espère qu’elles répondront à tes espoirs, déclara-t-il. Mais je crois savoir ce qui te secoue encore. Une histoire inachevée… Kavel, pardonne-moi si cette question est malavisée, mais as-tu envie de te venger ?
Le jeune homme peina lui aussi à croiser les yeux de son interlocuteur. Il était piégé dans une sensation de mal-être. Il resserrait discrètement ses poings comme ses traits se resserraient. Bientôt son visage s’assombrit, toute certitude l’ayant déserté.
— Si seulement j’en avais la possibilité, souffla-t-il. Par sa surpuissance, Vazelya rend ce scénario inenvisageable, de toute manière.
— Comment agir, dans ce cas ? s’inquiéta Dehol. Si les rumeurs sont fondées, alors son nombre de victimes n’a fait que s’accroître, dernièrement. J’ai le pressentiment qu’elle ne s’arrêtera pas d’elle-même.
— Qui aurait cru qu’elle aurait lié nos destins ? Dehol, je suis désolé, mais je ne vois pas comment je pourrais l’affronter. Je serais commet une flammèche face à un typhon ! Suis-je un lâche d’espérer ne pas la croiser ?
— Cela ferait aussi de moi un lâche. Je ne crois pas que ses précédentes victimes aient découvert la vérité sur eux… Quels projets nourrit-elle à mon intention ?
— Le passé n’a pas fini de se dévoiler. Tôt ou tard, Vazelya reviendra à nous. À ce moment-là, nous devrons être prêts, Dehol.
Des tressaillements lancinèrent le concerné. De là où elle le considérait, Yazden pouvait sentir ses veines se glacer alors qu’il se retira auprès de sa monture. Kavel échoua à apaiser son compagnon, aussi il rejoignit son ghusne à son tour, non sans réfréner quelques tressaillements.
Faute de trouver comment les rassurer, Yazden choisit plutôt d’interpeller Guvinor, lequel détaillait le panorama en gardant sa main autour de sa bride. Il opina en direction de sa garde du corps, et cette dernière remarqua la sueur imbibant son front.
— Vous ne vous êtes même pas confié à Héliandri ? s’enquit-elle. À propos de votre… absence.
— Je ne voulais pas la tracasser davantage, répondit le parlementaire, les lèvres retroussées. Le sort de Wixa la préoccupe déjà beaucoup.
— C’est votre rencontre qui a tout décidé ! Vos chemins divergent peut-être, mais vous devez être honnête. Loin de moi l’idée de vous critiquer, Guvinor… Je songeais juste que vos secrets passés ont déjà été sources de malheurs pour nous.
— J’entends bien, sauf que cette situation est différente. Vous serez impliqués forcément si vous nous suivez, mais en attendant, le phénomène est trop vague et sporadique.
Des plis envahirent le faciès de Yazden, qui referma ses mains sur les poignées de ses lames.
— Mieux je connais les menaces, affirma-t-elle, et mieux je pourrai vous protéger. Je me suis engagée, Guvinor, et aussi dangereux soit mon devoir, je ne m’en détournerai pas.
— Têtue pour le meilleur comme pour le pire ? Pour l’instant, je ne peux que rester sur mes positions. Qui que soit cet individu, je ne sais même pas s’il est allié ou ennemi.
— Pourquoi un allié s’exprimerait-il de manière aussi hostile ? Il se tapit dans l’ombre et attend son heure. Pas de quoi inspirer la confiance, nous en conviendrons.
Guvinor fut forcé d’acquiescer, une soudaine rafale dévoilant les sillons de sa figure.
— Nous aviserons en temps voulu, décida-t-il. Restons sur nos gardes en attendant. Il y a tant à faire… Dépêchons-nous, Yazden. J’ai côtoyé les militaires pour constater leur manque de patience. Pourvu que la diplomatie fasse encore ses preuves.
Kavel et Dehol ne grimpèrent sur le dos de leur monture qu’au moment où Guvinor et Yazden leur envoyèrent leur approbation. Les ghusnes partirent sur un cri tonitruant, traçant une majestueuse spirale à travers laquelle ils conquirent les cieux.
Plusieurs centaines de mètres séparaient désormais les voyageurs du sol. Derrière eux s’étendait l’océan dont ils obtinrent un ultime aperçu avant de survoler le continent dans toute sa grandeur. L’environnement familier se devait d’être promptement traversé. Divers biomes s’apprêtaient à défiler sous le peu de contemplation qu’ils pouvaient encore envisager.
La monture de Dehol et Kavel prit de l’avance, filant à haute vélocité. De prime abord, Guvinor fut enjoint de les imiter, mais une faible douleur le frappa derechef.
— Après t’être autant éloigné, tu te rapproches enfin. À quoi bon te cacher, Guvinor ? Je saurais tout de toi incessamment.
Les mains crispées sur les rênes, le parlementaire s’efforça de garder l’équilibre. Rien ne présageait une chute, pourtant il fut parcouru de frissons, et son estomac se noua. Il se borna à suivre la cadence du ghusne de ses compagnons. Il se força à ignorer cette voix qui s’insinuait jusqu’aux moindres recoins de son esprit.
— Un plan toujours bien rôdé ? Guvinor, tu n’as pas la moindre idée de ce que l’avenir te réserve. Ta prudence de façade s’efface sous ton arrogance. Après tout ce qui est survenu, tu refuses encore d’admettre tes erreurs. Écoute-moi très attentivement, ou tu te perdras.
Fût-il muet, fût-il de dos, Guvinor ne se dissimula plus à Yazden. Des murmures apaisants se transmirent de guise en support, néanmoins insuffisants face aux assauts. Une dernière réplique fusa avant le sinistre silence :
— Les périls qui nous attendent ne se résoudront pas par la voie diplomatique. Tout ce temps, les gens comme toi se sont évertués à créer des structures plus éphémères qu’elles n’y paraissent. Pour des décennies de paix… Ce sera louable, mais elles s’effaceront face aux époques qui se succèdent. Un instant d’inattention, et le cataclysme frappe en une seconde, pour une éternité de désolation.
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