Chapitre 2

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Je sors dans le froid de Tornwalker, sous un ciel gris uni. Riley ne m’a pas menti : les nuages du nord se font de plus en plus sombres. Je dois me hâter. Par-dessus mon pull Tiendé, j’ai passé mon habituel manteau rouge pourpre aux fioritures d’or ainsi qu’un léger plastron en cuir. Rien de bien folichon, mais ça me protégera en cas d’attaque. Mes ailes sont repliées dans mon dos, bien au chaud et à l’abri de la neige.

Alors que je prends le chemin qui m’emmènera au nord du village, je ne peux m’empêcher d’admirer ce dernier. Tornwalker a retrouvé sa gloire d’antan, les Myrmes en ont même profité pour faire quelques améliorations architecturales. Ainsi, des bâtiments au style oriental ressortent çà et là parmi les autres dans un style plus boisé, classique de leur peuple. Cela me convient, j’adore l’orient, et tout cela apporte un peu de fraîcheur au village.

Au loin, au sommet d’une petite colline de l’autre côté de Tornwalker, trône un point noir. D’ici, impossible de deviner ce que c’est. Il s’agit de mon ancienne maison, celle qui a brûlé il y a maintenant dix ans. J’ai refusé qu’on la reconstruise, refusé qu’on la détruise. Je ne sais pas pourquoi, c’est stupide d’y rester autant attaché, mais c’est comme ça. Les autres habitants ont suffisamment de place pour construire ailleurs, alors ils respectent ma volonté.

Je me détourne et, sans un regard en arrière, sors du village en direction de la cabane d’Elydir. Trois jours de marche pénible m’attendent.

Le premier jour se passe sans encombre. Il faut dire que ces dernières années, j’ai pris l’habitude de survivre dans la nature au fil de mes missions. Je trouve un abri dans une petite grotte dont l’entrée est formée par une racine d’un arbre géant et passe la nuit tranquillement près d’un feu de camp improvisé. Une nuit sans rêves.

Le lendemain, je me réveille en retenant un frisson. Un frisson ? Pourtant mon pull est suffisamment épais pour me protéger du froid… alors qu’est-ce qui m’a réveillé ?

La réponse me vient rapidement aux oreilles : le vent fort mugit dans la grotte et se répercute en écho sur ses parois. Un véritable enfer pour mon ouïe affinée. Je sors en hâte et découvre, hébété, une forêt totalement changée.

Riley s’est trompé. La tempête est arrivée plus vite que prévu, et la neige recouvre désormais les bois d’un épais manteau blanc et scintillant. Le vent soulève d’épais nuages du sol de manière incessante, si bien que j’ai l’impression d’être plongé dans un brouillard si dense que je pourrais le couper avec mon épée. Le vent souffle fort et s’immisce dans les moindres failles entre mes vêtements. Difficilement, je parviens à faire un pas, puis un autre.

Où est le nord déjà ?

Je suis perdu. Bon sang, mais quel idiot ! Pourquoi, Ô grand pourquoi, je n’ai pas pris une boussole avec moi ? Ma connaissance du terrain ne sert à rien si je ne peux même pas voir le terrain ! Sans savoir trop quoi faire, je prends une direction au hasard et avance tout droit sans m’arrêter. Faites que je ne retourne pas sur mes pas !

Cela doit bien faire deux bonnes heures déjà que je lutte contre la tempête, je suis essoufflé, à bout de forces, les membres engourdis, pourtant je continue. Mon manteau s’accroche à peu près à tout ce qu’il peut trouver, je place parfois les mains sur mes oreilles pour les protéger du froid. Et croyez-moi, mettre les mains sur ses oreilles lorsque vous avez une ouïe affinée à l’extrême, ce n’est pas agréable du tout. J’entends le moindre frottement de mes paumes contre ma peau et de mes doigts sur chaque cheveu.

Je passe près d’un arbre et mon cœur manque de s’arrêter lorsque je pense reconnaître la grande racine qui forme l’entrée de la grotte où j’ai dormi. Heureusement, je me rends compte que ce n’est pas la même. Il ne manquerait plus que je tourne en rond.

Je commence à maugréer et maudire intérieurement Riley lorsque le sol semble disparaître sous moi. La forêt se dérobe à mes yeux, je me sens tomber, et tout devient noir. Le trou dans lequel je suis en train de chuter semble assez large. Je tente donc de me défaire de mon manteau pour libérer mes ailes, mais mes doigts sont gelés par le temps passé sous les bourrasques de neige et ne parviennent pas à défaire les boutons. J’ai tout juste le temps de sentir le sol venir m’accueillir avant qu’il ne m’assomme.

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