Chapitre 21 :
On me parle beaucoup plus souvent qu’avant. C’est depuis que Mathilde n’est plus très bavarde. Avec Nathanaël, on a essayé de savoir ce qui s’était passé, mais elle ne répond jamais. On ne comptait pas utiliser de manière forte avec elle. Ce n’est pas juste. Les autres ont été en colère car les encadreurs avaient prévu leur coup. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’avec Nathanaël on organise un plan. C’est la troisième fois qu’on se retrouve avec plusieurs encadreurs dans une chambre isolée. Avec Nathanaël on s’est installé près du lit pendant que les encadreurs sont debout. Seul Gérard est prêt de nous. J’ai mal à la tête en ce moment. Depuis quelques jours j’entends des tas de murmures qui s’insèrent dans mon cerveau sans que je puisse clairement identifier des mots, sans que je puisse dresser une barrière non plus. Je ne sais pas d’où ils viennent, mais je ne suis bien que quand je suis seule. Seul Nathanaël est au courant.
— Cela recommence ? s’inquiète Nathanaël en posant une main amicale sur mon épaule.
C’est improbable ce qui lui arrive.
— Je sais bien que c’est improbable mais je ne comprends pas plus que toi, répliqué-je en enfouissant ma tête entre mes genoux.
Nathanaël me regarde, entre étonnement et peur et je décide de ne pas y prêter plus attention que cela. En essayant de chasser ses murmures, je me concentre sur les voix des encadreurs qui expliquent que le plan réside sur l’effet de surprise malgré tout. Il y aurait une tentative ce soir. Étrangement, je ne ressens aucune excitation ou impatience à y aller. Ni de l’appréhension. Rien, absolument rien. Avec mon ami, on décide d’annoncer la nouvelle à Mathilde. Elle joue avec une balle rebondissante lorsqu’on arrive et on s’agenouille près d’elle.
— On part bientôt, murmure Nathanaël.
C’est presque inaudible, mais on sait que Mathilde a entendu. On a l’habitude de se parler comme cela, on essaye de ne rien donner à ceux qui pourraient nous surveiller. Elle s’arrête de jouer et je vois une larme couler le long de sa joue. Elle prend les mains de Nathanaël avant de lui dire :
— Je ne peux pas.
— Quoi ? Non ! Tu ne peux pas dire, cela on en a toujours rêvé ! s’agace Nathanaël les larmes aux yeux. Ton calvaire sera fini Mathilde, et on va être heureux tous les trois.
— Je ne peux pas.
Ce fut tout ce qu’elle dit pour le moment. J’ai beaucoup moins mal à la tête qu’avant, ayant moins de personnes dans la salle, les murmures s’abaissent doucement. C’est pourquoi j’aime bien rester seule ces derniers temps. Lorsque je m’allonge sur mon lit, Nathanaël s’assure que je ne vais pas tomber dans les pommes avant de retrouver Mathilde pour essayer de comprendre pourquoi elle agit ainsi.
J’entends un chuchotement à mon oreille comme emporté dans le vent. Mais il n’y en a pas. Il revient plusieurs fois, beaucoup de fois. Puis il change d’endroit. Ce n’est plus vers mes oreilles, c’est dans ma tête. Fort, trop fort, si fort que je ne peux réprimer une grimace et me tordre de douleur. Cela fait mal à la tête, et je comprends que c’est parce qu’il ne m’appartient pas. Enfin, si, cela m’appartient maintenant, je me le suis appropriée. Il est à moi. Je ne peux pas sortir d’ici. Sinon ils vont les tuer, et ils ont besoin de moi pour leur expérience. Je comprends maintenant pourquoi ils font cela. Ils ne peuvent pas partir. Ils peuvent être dangereux comme moi. Je hurle de douleur, cela se répète en boucle dans ma tête, de plus en plus fort. J’ai mal, trop mal et cela ne s’arrête pas, comme ses phrases. Je n’ai même pas conscience que je roule par terre. Je n’entends même plus Mathilde hurler quelque chose, mais visiblement cela ne plaît pas à Nathanaël car il sert plus mon bras. Mais je ne suis plus là. Je suis coincée dans ma tête, et le seul réflexe que j’ai, c’est de crier. Les sensations sont lointaines à cause de la douleur, je ne sens pas trop le froid du sol, je mets du temps à comprendre que Nathanaël a une main sur ma tête. Je ne suis pas hors de mon corps, je suis dans ma tête. Bloquée dans ma tête. Ma vision est brouillée même quand j’ouvre les yeux, ma respiration est saccadée entre les hurlements et la douleur est si forte que je suis à deux doigts de perdre connaissance. Et les phrases sont toujours aussi puissantes comme si l’intensité du son peut s’augmenter à l’infini. C’est ma voix, mais ce ne sont pas mes phrases. J’en suis persuadée.
Je suis à deux doigts de partir lorsque quelqu’un d’autre entre dans la salle et prend mes deux mains pour me redresser. Mes amis ne s’y opposent pas, c’est sûrement quelqu’un de confiance. Les phrases se répètent, je ne vois que des formes floues, mais les vraies voix reviennent peu à peu dans mes oreilles puis dans ma tête. Qu’une seule voix : celle de Damien. Elle me ramène. Elle me ramène dans mon corps, hors de ma tête, elle dissipe les phrases et la douleur. Peu à peu je comprends ce qu’il me dit. Je serre plus fort ses mains, puis je les passe derrière son cou et je presse mon front contre le sien. Je respire profondément, la douleur n’est plus là, les phrases non plus, ma vue redevient nette, mes sensations reviennent. Je suis revenue.
— C’était quoi cela ? On aurait dit qu’on te torturait, souffle Damien en essuyant l’eau des larmes accumulée sur mes joues.
— J’entends, murmuré-je alors que Nathanaël et Mathilde se rapprochent de moi et que je remarque la présence de Gérard, assis sur le lit, soucieux. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ces sons sont dans ma tête. Littéralement je les entends dans ma tête. Comme si c’était moi qui pensais… mais je sais que ce n’est pas le fruit de mes réflexions.
Je sais aux regards des autres qu’ils ne comprennent rien à ce que je raconte. Cela est sûrement trop abstrait pour eux. Pour moi aussi mais je ne peux pas mieux l’expliquer. Je tangue en me levant et je suis obligée de m’appuyer sur Nathanaël et Damien. La douleur revient un peu, mais je n’entends plus les murmures… Peut-être que cela fonctionne par crise ? Damien assure à Nathanaël qu’il ne me ferait rien de mal et je me demande comment il peut en douter. C’est lorsqu’il est arrivé que cela s’est arrêté. Il suit Gérard qui le conduit dans un endroit de l’asile qui n’est jamais utilisé. Je n’ai plus de repère, je ne sais où on se situe par rapport à ma chambre. Je suis juste… vide. Je m’assis sur l’un de ses sièges de patient et j’attends, immobile, sans un mot. C’est dur de reprendre ses esprits après un truc aussi intense et incompréhensible. Damien m’apporte un verre d’eau et je bois doucement, fixant la dalle blanche qui brille à cause de la lumière artificielle du plafond. Sa main chaude est dans mon dos, et je pose ma tête sur son épaule. Je suis trop épuisée pour jouer la dure à cuir. J’étais encore tremblante.
— Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Comment on pourrait expliquer cela ? dis-je en posant le verre.
— Je n’en sais rien. Ce n’était clairement pas normal, répond Damien en se passant la lèvre. Depuis combien de temps cela t’arrive ? As-tu eu des crises comme cela ?
Je dois trouver ce qu’ils lui ont fait réellement. Elle a besoin de réponse.
— Depuis mon retour du centre des savants, affirmé-je en encaissant une nouvelle douleur après avoir perçu une phrase qui sortait de je ne sais où. C’est rare quand j’entends des phrases complètes. Souvent ce sont des mots, et quand il y a plusieurs personnes cela fait si mal tellement il y en a.
— Percevoir… murmure Damien en se levant pour être en face de moi. Tu as entendu quelque chose pendant ta crise ?
— Oui, comme je vous l’ai dit cela se répétait dans ma tête de plus en plus fort, insisté-je en le fixant dans les yeux.
— Et c’était donc la dernière fois que tu entendais quelque chose qui ne venait pas de toi…
— Non j’ai entendu des phrases pendant qu’on parlait, affirmé-je en le coupant presque alors qu’il me regardait médusé. Cela disait ‘‘Je dois trouver ce qu’ils lui ont fait réellement. Elle a besoin de réponse.’’
La mâchoire de Damien se décroche et il me regarde étonné et son visage est particulièrement rouge. Je lui demande si cela va mais il ne me répond pas. Il semble comme perdu. Je lui prends la main pour le ramener à la réalité comme il a réussi à me faire revenir et je me lève maintenant que cela va mieux. Je n’entends plus rien, plus rien ne s’immisce dans ma tête pour le moment.
— Tu as l’air de comprendre quelque chose, remarqué-je alors qu’il tourne son regard dans le mien.
— Ce que tu as entendu… je l’ai pensé. C’est ce que j’ai pensé quand on parlait.
J’ouvre la bouche mais je ne parle pas. Je peine à comprendre car ce n’est pas possible. Jamais quelqu’un ici n’a entendu les pensées des gens, à part les fous… est-ce que je deviens folle ? Elle est saine d’esprit, je ne comprends pas comment c’est possible.
— Moi non plus, renchérit en me rappelant qu’il n’a pas prononcé cela de vive voix.
Mais apparemment Damien n’a pas tort et il s’y habitue déjà. Je repasse dans ma tête tout ce qui s’est passé auparavant. D’où est-ce que cela pourrait venir… et à part le séjour dans l’espace des savants en tant que prisonnière… Je ne vois pas d’autre moment qui aurait pu dérégler mon corps autant. Je ressasse les événements, les phrases qui martelaient l’intérieur de ma tête. Ce n’était pas les miennes. Je comprends que cela devait être les pensées de Mathilde. Cela ne colle pas avec Nathanaël. Et… cela rend son attitude encore plus mystérieuse. Elle nous cache quelque chose. Si j’entends les pensées je peux peut-être essayer de le découvrir, mais je n’ai pas vraiment envie de tenter une autre crise. La première m’a suffi.
Damien embrasse mon front et je me laisse dans ses bras. J’imagine de potentielles nouvelles crises, de douleur aussi intense encore une fois. C’est sûrement inévitable, mais je n’ai pas envie de revivre cela. Je sais que Damien tente de me rassurer, mais comme nous partons ce soir, il ne sera sûrement plus là pour m’apaiser pour les prochaines… je sens des larmes couler. C’est la dernière fois que je le vois mais je ne peux rien lui dire. Je ne peux rien faire mais je n’ai pas envie qu’il pense qu’il ne compte pas pour moi. Il compte plus que la plupart des gens que je connais. Je m’agrippe un peu plus à lui mais il doit partir. Et je le regarde faire, persuadée que c’est la toute dernière fois que je le vois.
Gérard me raccompagne jusqu’à la chambre en me demandant si cela allait aller lorsqu’on serait à l’extérieur. Mais je lui dis que je n’ai guère le choix. Il hoche la tête et je pousse la porte de ma chambre. Mathilde me regarde d’un regard plein d’intérêt et en me rappelant de ces phrases douloureuses, j’ai une petite idée du pourquoi. Nathanaël se lève de mon lit et s’approche directement de moi.
— Que s’est-il passé ? demande le jeune homme.
— Je ne sais pas, affirmé-je même si c’était partiellement faux.
J’ai un tic lorsque je mens : je cligne des yeux en passant ma main dans mes cheveux. À force, Nathanaël l’a remarqué. C’est pourquoi il m’attrape par le bras lorsque je regagne mon lit, pour me faire face alors que Mathilde regarde silencieusement le spectacle qui s’offre à elle. Quel marché a-t-elle passé avec les savants pour se monter contre nous ?
— Pourquoi ne nous dis-tu pas la vérité ? Nous sommes amis. On se fait confiance.
Car ta petite copine en sait plus que nous et n’est plus de notre côté et que tu ne peux sûrement pas m’écouter. Putain ! Je sens un picotement entre notre peau qui interpelle Nathanaël. Il n’est pas le seul, moi aussi cela m’inquiète. Je me retire de peur de le détraquer mais peut-être est-il trop tard pour lui aussi comme pour Mathilde ? Peut-être parlait-elle de nous dans ses pensées tout à leur. Ils… c’est bien plausible. Je scrute une réaction. Nathanaël ouvre la bouche, regarde Mathilde qui nous observe puis me regarde. Et je sais que ce truc étrange qui m’arrive peut être contrôlé un jour. Il a encore fonctionné et j’ai espéré qu’il entende cette pensée-là. Il a entendu ce que j’ai dit.
Il est sur le point de se jeter en hurlant sur Mathilde qui sursaute mais je fis rempart de mon corps pour l’éloigner d’elle-même si cela me valait de cogner ma tête contre son torse. Mathilde nous regarde déboussolée et éclate en larmes en se recroquevillant. Elle s’excuse, elle sort mille excuses à la minute sans s’arrêter mais nous dit qu’elle fait ça pour nous protéger. Nous protéger d’elle et qu’ils doivent la soigner. De quoi ? Je ne sais pas, mais elle refuse catégoriquement de partir avec nous. Nathanaël à tout essayer mais elle refuse. Les séparations ont été dures pour eux, tout deux sont abattus. Mathilde résignée, Nathanaël dans l’incompréhension total et déboussolé. Il connaît Mathilde depuis trop longtemps pour que cela ne lui fasse pas de l’effet.
— Prends-soin de lui, me murmure-t-elle avant qu’on parte. Il m’en veut et il est triste à la fois. Mais lorsqu’il comprendra le danger que je suis, cela l’apaisera.
C’est à deux qu’on rejoint les encadreurs. Je ne peux pas réconforter Nathanaël, car il n’y a aucune raison de le faire et qu’il ne veut pas. Les encadreurs possèdent un stock d’armes incroyable. À moi seule je suis munie de trois couteaux pointus de différentes tailles et de deux armes à feu. Mon ami en hérite du même nombre, et je regrette que Mathilde ne puisse pas venir. Son absence frappe aussi Gérard et Philippe mais ils ne posent pas de questions.
On est plusieurs, et les murmures reviennent mais je ne suis pas sereine. Cela n’est pas le moment idéal pour une nouvelle crise. On passe par la salle des visites, le plus dur sera de passer à la cantine. À cette heure-là il y a encore plein de gens. La cantine est bondée, et j’ai mal à la tête et les murmures reprennent de plus belle. Je ne sais pas ce que m’ont fait les savants, mais si je retrouve celui qui a causé cela, je l’étripe. Je vois mon père. Il est là, mais il ne me voit pas encore. Dès que le chef des encadreurs arrive, les chefs se lèvent avec leurs armes et les autres crient, paniqués. Cela devient un champ de bataille.
Certains tirent déjà et je décide de suivre Nathanaël qui passe aux mêmes endroits que Gérard et Philippe. Soudain un chef arrive vers lui pour le prendre je me jette sur lui avec mon couteau même si je ne sais pas vraiment ce que je dois en faire. Il m’attrape par la cheville et me traîne mais je gigote pour m’en dégager et lui entaille la joue avant que Gérard fonce sur lui. Ils roulent et Gérard arrive à atteindre un poumon car le chef respire mal. Je l’aide à le relever en le remerciant. Il y a des chefs à terre, des personnes de l’asile aussi, mais on est de plus en plus nombreux. Des prisonniers de l’asile s’attaquent à des personnes qui n’ont rien fait et des chefs s’agglutinent pour nous faire rentrer. Les gens ont peur, mais pas nous. Gérard et Philippe s’arrêtent à un moment, je ne sais pas ce qu’ils regardent mais je reste focalisé vers mon père et malgré la douleur qui revient je m’élance vers lui pour le prendre dans mes bras. C’est la dernière fois que je le vois… des larmes coulent sur mes joues et je vois le regard mauvais de ma mère mais celui plus doux de ma sœur.
— Fais attention à toi Constance, chuchote-t-il.
Il comprend. Il comprend ce qu’on fait. J’ai beaucoup de choses à lui dire, pleins de questions à lui poser mais je ne peux faire grand-chose. Je lui promets juste que je serais prudente, et à peine que je fais un pas alors que Nathanaël me rejoint, les douleurs reprennent et je sens des nouvelles phrases s’immiscer. Je les repousse, mais ça fait mal. Je serre le bras de Nathanaël en grimaçant et il me soutient en jetant un regard à Gérard et Philippe qui s’avancent.
— Il nous faut Damien pour avancer, assure-t-il alors que ma vision se brouille.
Mon père me prend par les épaules sans comprendre ce qui m’arrive mais me dirige à une table et on me prit les deux mains avant que je cogne contre une épaule. Celle de Damien. Je vois bien désormais, je lance un dernier regard à mon père et Damien m’entraîne avec les autres dans le quartier pour adultes. Certains ralentissent des chefs à notre poursuite mais on arrive bientôt dans le hall. Une grande salle avec un escalier qui monte et une porte large qu’il faut ouvrir. Les encadreurs restants s’occupent de faire barrage en attendant que les prisonniers les plus doués ouvrent cette porte. Je me tourne vers Damien.
— Viens avec nous, déclaré-je en serrant plus ses mains.
— Je dois veiller sur ton père et ta sœur.
— Mais les hauts-dirigeants vont te faire tuer quand ils auront vu que tu m’as aidé !
— Je n’en suis pas si sûr, assure-t-il. Ils attendent autre chose de moi.
Mais si je ne suis pas là, comment vont se passer ses crises ?
— Je ne te demande pas pour m’éviter une crise. Tu peux être en danger ici et il est hors de questions que j’apprenne que ta es mort.
— Je ne viendrais pas, mais je ne mourais pas.
Je ne veux pas m’agacer contre lui et je ne le peux pas. Tu vas me manquer, idiot. Je sens les picotements que j’ai ressentis tout à l’heure avec Nathanaël. Le message passe. Je le serre dans mes bras comme je n’ai jamais serré quelqu’un. Je ne sais pas pourquoi il est différent des autres, mais il l’est. Que je l’aime cette tête brûlée. C’est ses pensées, pas les miennes. Et je ne comprends pas bien… enfin si, mais je n’aurais pas pu imaginer qu’il ressente cela pour moi. Je me détache pour le voir.
— Un jour, je reviendrais te chercher, et on sera dehors ensemble, annoncé-je déterminée.
— Alors reviens-moi vivante, souffle-t-il en lançant un regard derrière moi.
J’entends quelque chose tomber. Ils ont fait céder la porte. Cela se voit à une lumière toute nouvelle qui pénètre dans la pièce. Les encadreurs qui barrent le passage s’enfuient. Philippe me dit de me dépêcher et Nathanaël m’attend toujours dans la pièce. Damien me lâche et me dit d’y aller. Mon cœur se serre. Je reprends sa main et l’attire vers moi pour poser mes lèvres sur les siennes comme j’ai pu voir mes parents le faire. J’aurais pensé détester cela et ne jamais le faire de ma vie. C’est doux et triste à la fois, mais surtout, il ne s’éloigne pas. Il se laisse faire.
Un jour, je le retrouverai. Je sens un picotement, je ne sais pas ce que je lui ai partagé par inadvertance, mais il sourit et me pousse vers Nathanaël alors que des cris se font entendre. Je lui jette un dernier regard, il m’offre un clin d’œil. Et je pose mes pieds sur une terre marron presque orange brûlé.
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