Chapitre 30 :
Les tirs se retournent contre nos ennemis à leur plus grande surprise. Certains d’entre nous sont quand même touchés car l’homme ne peut pas étendre indéfiniment en longueur l’effet qu’il provoque. Malheureusement, d’autres soldats arrivent. Je vois Nathanaël s’avancer. Je lui attrape un bras et il s’agenouille. Je sens le sol trembler ce qui stoppe tout le monde dans son élan. Je m’accroche un peu plus à mon ami pendant que j’observe des fissures se créer au sol avant qu’elles s’ouvrent et forment des gouffres profonds qui emportent les soldats. Après plusieurs minutes, plus aucun soldat ne surgit et Nathanaël referme les failles qu’il avait ouvertes. Tout le monde le regarde surpris mais je suis surtout soulagée que rien nous ne soit arrivé.
On approche de l’entrée du bunker. Pendant un petit moment on attend tous et l’entrée s’ouvre enfin. On n’a pas vraiment de plan précis. On s’est juste mis d’accord avec Nathanaël qu’on se préviendrait mutuellement si on trouvait quelque d’intéressant. Je le regarde partir puis m’en vais vers le quartier des savants. Certains nous suivent et abattent ou blessent les gens qui sont sur notre passage. Je me fais propulser à terre par un chef je suppose. Je sens une douleur à mon coude droit et je lui assène un coup de poings. Je les vois ralentir leur action jusqu’à s’immobiliser : Césars a utilisé son pouvoir afin de gagner du temps. Je subtilise les armes des chefs puis on file avec Césars dans le quartier des savants. Je ne sais pas vraiment par ou commencer… Damien ? Mathilde ? Mon amie se trouvait-elle même ici ? J’ouvre des portes à la volée, et je m’immobilise face au spectacle qui s’offre à nous. Puis je hurle à plein poumon.
– MATHILDE NON ! Non ! hurlé-je comme une furie.
J’accoure vers elle, je la secoue mais elle ne réagit pas. Elle est plus pâle, ne bouge pas et est froide. Il n’y a plus rien à faire. Elle est morte. Je tente de reprendre mon calme, je ne trouve toujours aucun pouls, rien n’y fait : Mathilde est décédée. Je tends vers le fil qui me relie à Nathanaël pour le lui informer. Je suis désolée, mais ils l’ont tué. Il ne répond pas immédiatement, sûrement sous le choc de la révélation. Continue ce que tu dois faire, je trouverais le coupable.
Tu devrais faire attention si tu comptes chercher.
Je serai prudent… j’ai vu ton père et ta sœur, mais aucune trace de ta mère et Damien pour le moment.
Pas de problème, je les trouverai.
Je mets fin à la conversation et m’avance encore plus dans l’antre des savants. Étrangement il n’y avait personne. Ma main frôle mon arme par peur et je pousse un cri en voyant ma mère prendre en otage Damien. Je suis totalement effarée de voir cela. Elle m’a éloigné de ma sœur puis mon père, et maintenant elle veut me retirer Damien.
– Comment peux-tu être une mère? Quel genre de mère fait cela à sa fille ? Suis-je ta fille au moins ?
– Bien sûr. Ce n’est pas cette question-là que tu dois poser Constance.
– Qui es-tu maman ? Une simple génitrice ? Une personne plus cruelle ou sournoise ?
– Et toi ma fille ? Je te retourne la question. En t’alliant aux habitants de la surface, penses-tu réellement faire le bien ?
– Menacer Damien de mort juste pour m’arrêter cela à l’air d’être une technique convaincante pour faire du bien ! Lâche le ou je te jure que tu vas amèrement le regretter. Tu es ma mère, mais si tu lui touches ne serait-ce encore qu’un seul cheveux, je m’occupe de toi comme il le faut.
Ma mère ricane et enfonce un peu plus l’arme contre la tempe de Damien. Je ne peux pas laisser faire cela. Damien ne peut pas mourir, encore moins à cause de moi. Je le refuse totalement. Sous les cris de Césars qui veut m’en empêcher je me jette sur Damien et ma mère. La dernière fois que j’ai été aussi proche de lui, c’était lorsqu’il m’avait embrassé. Je l’agrippe par le bras pour le tirer vers moi alors que je prends le bout de l’arme que ma mère n’a pas encore utilisé. Je fais tomber l’arme à terre et éloigne Damien d’elle même si elle m’attrape par le bras pour me tirer vers elle. Je sens le contact électrique et je m’en vais à contrecœur dans la tête de ma mère. Je ne sens même plus le trajet, c’est comme si j’y allais instantanément !
L’esprit de ma mère est encore différent de ce que j’ai pu rencontrer : il n’y a rien. Aucune trace de souvenirs comme si elle se rend compte de ma présence et qu’elle les cache. En soit, ce n’est pas très étonnant ! Tu es ici, n’est-ce pas ? La voix de maman me fait encore plus étrange alors qu’elle ne sort pas de sa bouche. Sa voix ne garde rien de la petite génitrice pliée au règle. Elle sait peut-être jouer la comédie. Mon père est bien sorti de l’asile… cela ne m’étonnerait pas tant que cela qu’elle dissimule autre chose. Tu ne te rends compte que maintenant que je suis un monstre ? Ah mais non maman ! Tu m’as toujours considéré comme telle.
Tu ne comprend pas Constance. Les habitants de la surface sont dangereux pour nous avec leur capacité.
Tu ne comprends pas qu’ils ne sont peut-être pas tous comme cela. Ils n’y peuvent rien. Puis, faire des expériences sur les personnes de l’asile n’est pas mieux.
Ne raconte pas de bêtises. Tu es qui tu es car tu es parti et l’air t’as contaminé.
Ma mère reste naïve. C’est faux, j’ai montré des signes de ma capacité avant mon évasion. Sauf que ma mère demeure trop bornée pour l’entendre et l’accepter. Cela ferait un trop gros choc pour la plus grande adulatrice du système des bunkers ! Cela m’énerve encore plus d’ailleurs, impossible de calmer cette haine causée par la manipulation des hauts-dirigeants. Je dois les trouver, pour leur faire payer leur mascarade car on aurait pu sortir depuis longtemps, retrouver une vie à l’extérieure et non rester confiné et qu’on impose des règles improbables et nulles. Les hauts-dirigeants ont gâché la vie de plusieurs personnes.
Les hauts-dirigeants sont bons.
Comment peux-tu dire cela ? Personne ne les a jamais rencontrés.
Elle ne me répond pas. Je la sens gênée même si je ne suis pas douée pour décrypter les expressions des autres. Il y a quelque chose d’autre, quelque chose qu’elle cache. Je sais pertinemment qu’elle ne montrera rien de son propre chef.
Haut-dirigeant
Ma mère croit au début que je m’adresse à elle mais j’espère juste voir des souvenirs sélectionnés sous mes yeux. Et à mon grand étonnement, cela se passe ! Ma mère n’en a sans doute pas conscience et c’est tant mieux comme cela je peux chercher plus facilement. C’est étonnant de voir qu’il y a autant de souvenirs concernant les hauts-dirigeants. Je serai prête à miser qu’il n’y en a pas autant dans celui des autres. Je regarde les différentes formes, les couleurs, de légères silhouettes qui se dessinent. C’est toujours compliqué de choisir, un souvenir peut forcément être plus intéressant que d’autre, mais on ne peut pas le savoir sans tous les regarder. J’hésite et me fais attirer par celui qui me semble le moins intéressant. Je dégringole encore dans cette sensation de vide et retombe sur un sol dur. Je me relève avec une douleur aux fesses et je me concentre pour ne rien rater du souvenirs que ce soit odeur, son, ou je ne sais quoi d’autre. J’ai encore une vision extérieure et je reconnais de suite ma mère même si elle est plus jeune qu’aujourd’hui.
Ma mère et Léa se ressemblent énormément. Je peux imaginer que cette jeune femme du vingtaine d’année serait ma sœur plus tard. Sauf qu’il s’agit bien de ma mère. Je la suis à la trace. Elle ne doit pas connaître mon père car elle ne s’arrête pas demander à quelqu’un s’il est là alors qu’elle est dans le secteur des abateurs. Elle y va tout au fond et pousse une armoire dans une pièce dont elle semble être la seule personne qui en a la clé. On voit un escalier qui descend encore. Je n’ai jamais entendu parler de cet endroit… je descends avec elle. On retrouve dans un endroit plus chaleureux et je comprends vite qu’il s’agit du quartier des hauts-dirigeants. Mais comment ma mère peut-elle y avoir accès ? Ce n’est pas qu’une pauvre petite génitrice. Elle connaît les hauts-dirigeants. Ma mère s’approche d’un homme qui lui ressemble et s’assied.
– Comment cela se passe Adrian ?
– Le métier de haut-dirigeant est fatiguant, mais j’imagine que se fondre dans la masse n’est pas hyper facile non plus petite-sœur, déclare l’homme.
– Je prends des risques pour garder ma couverture. Pourquoi m’avez-vous appelé ? Il y a une mission pour moi ?
– En effet. Elle risque de ne pas te plaire mais c’est nécessaire pour la stabilité.
– Les enfants des hauts-dirigeants qui ne sont pas les aînés se sacrifient tous. J’ai été préparée. Que dois-je donc faire ?
– Un groupe dans l’asile a tenté un coup et nous avons réussi à effacer la mémoire de l’un d’entre eux. Néanmoins nous voulons être sûrs que ses souvenirs ne remontent pas à la surface, donc nous avons besoin qu’une personne le surveille.
– Donc je dois faire ami-ami avec un homme potentiellement dangereux ?
– Non, pas ami-ami. Tu es génitrice, tu as des passes droit, donc séduit-le et garde le près de toi pour le surveiller pour savoir si son caractère n’est pas revenu ainsi que ses souvenirs.
– Attend… je n’ai jamais accepté de partir d’ici pour devoir passer sur tout le monde !
– C’est un bel homme tu risques d’être surprise voire éprise et c’est mieux.
– Je ne dois quand même pas lui faire des gosses tout de même ?
– Katarina c’est ton job de fournir les prochaines générations ! Bien sûr que tu auras des gosses avec lui, sinon ce serait illogique. Toi même tu me dis que tu es préparée… et cela tu ne peux pas le refuser.
C’est la fin du souvenir. Le souvenir de ma mère. Elle sait forcément que je l’ai vu mais elle ne dit rien. Elle ne réagit pas alors que je comprends tout. Elle n’a jamais aimé mon père. Elle n’a jamais voulu de Léa et moi. Tout était une façade. Je ne suis plus dans mon corps mais je ressens la colère en moi qui brûle beaucoup trop ardemment. Ma vie dans ce bunker n’a été qu’un mensonge ! Aussi bien du côté de mon père que du côté de ma mère ! Ils ont passé leur vie à mentir aux autres ainsi qu’à leur enfant. J’ai souvent été énervée dans ma vie, je le suis tout les jours, mais je ne l’ai jamais autant été auparavant. Constance…
Tu vas me confirmer qu’en faites papa et toi il n’y a jamais eu d’amour et que l’on vient d’une famille des hauts-dirigeants ?
Oui, tu as du sang de haut-dirigeant, mais chérie calme-toi, avec ton père cela ne sait pas passé…
COMMENT OSES-TU M’APPELER COMME CELA ALORS QUE TU N’AS JAMAIS MONTRÉ AUCUN SIGNE D’AMOUR !
Constance tu dois comprendre que la stabilité du système est important pour moi.
Au détriment de tes progénitures apparemment.
Ce n’est pas cela…
Vous avez fait de nos vies à Léa et moi un mensonge.
J’ai fait cela pour vous protéger.
Tu m’as renié pour me protéger peut-être ? Tu as juste été pathétique et égoïste maman !
Aucune réponse. Cela ne me perturbe pas spécialement car je m’y attendais. Non, cela me déçois quand même et cela me prouve qu’elle ne tient pas vraiment à notre famille comme j’aurais pu l’espérer. Je suis si énervée que je ne vois pas les souvenirs se mouver autour de moi. C’est comme s’il m’attaque. Constance ne fait pas l’enfant. On s’expliquera plus tard, sort d’ici.
Non. On ne parlera plus jamais.
Elle ne répond pas et je sens vraiment ma colère se répandre même en elle. J’essaye de sortir et je n’arrive pas. Donc je panique puis je m’énerve encore plus. Je vois comme un sorte d’éclair passer près de moi puis parcourir un peu l’espace. Il a l’air dangereux, il touche des souvenirs et il semble s’enfoncer profondément. Est-ce moi qui ait fait cela ? Je tape mes poings contre un sol sans fin et hurle pour sortir. Je ne retrouve plus le chemin, je suis bloquée. En faisant abstraction de l’éclair, je me concentre pour ressentir mon corps. Cela met du temps mais je le retrouve. Je ne suis plus accrochée à ma mère mais Damien m’a pris dans ses bras. Je me concentre sur son étreinte, sa peau contre la mienne, je me concentre sur la réalité. Je me concentre sur Césars qui parle paniqué, sur Damien qui m’appelle et j’ouvre les yeux, cela me donne directement sur ceux de Damien qui se détend.
– Hey ! Moi aussi je t’aime tu sais, soufflé-je alors qu’il se penche vers moi pour m’embrasser.
On sourit et il m’aide à me lever. Césars est près de ma mère, elle est immobile, les yeux grands ouverts, elle me fait encore plus peur que quand elle est vivante. C’est triste de dire cela, mais c’est la vérité. Je prends la main de Damien et m’approche de ma mère et mon ami. Il relève la tête inquiet.
– Je ne saurai dire si elle est dans le même état qu’a été ton ami Philippe ou si elle est en état de mort cérébral…
– C’est moi qui ait fait cela ? Murmuré-je horrifiée en évitant les yeux grand-ouverts de ma mère. C’est moi qui ai tué ma mère ?
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