Tu es fasciné ! C’est un soleil qui glisse dans l’air, qui danse avec le vent, sous les branches et sur l’eau-miroir. C’est une nitescence qui capte toute ton attention ; l’idée même que le Soleil puisse avoir si pure pupille..!

Ton cœur battant au rythme des fascinations, tu veux suivre le chemin de cette étincelle ! Elle vole sans craindre de chuter, nage dans l’azur sans risquer de se noyer ; et finalement, scintille !, sublime .., comme le Soleil. Elle doit connaître, garder !, le secret vers l’Orbe d’Or !

Tu cries, tu appelles, mais tu ne sais son nom. Ainsi, ta voix se perd sans écho, et cet halo vert disparaît dans l’éther.

Vient alors l’idée de la mimer. Tu ramasses deux branches brisées, et enfiles mantel de feuilles pâles, des palmes pour mander la brise, et tromper la bourbe. Agite-toi, brasse tout ton soul, et c’est l’essor !

Ou la chute. Car tu n’es pas né sol-hoir, mais fange-engeance. Ainsi la terre, ta mère, te retient.

« Il faut persister. Raffiner, ressayer. »

Tu reconnais cette voix, c’est la rousse batrace !

« Déjà tu t’habilles d’inspiration et d’aspiration, mais ne reste pas là planté de vert feuillage, où tu deviendras comme les sots roseaux. Un idiot sans gnose. »

Tu acquiesces, tu ne peux pas t’arrêter sitôt l’échec goûté ! Ainsi te précipites à l’intérieur du moulin, où tu es accueilli par une meule de granite ; elle sussurre une chanson sans liesse, sève qui s’échappe des grains de poussière brésillés. C’est un long poème empli de vers las, composé par des âmes qui ont oubliées le sens de la souleur, l’idée de la douleur. Le temps passe depuis tant d’instants.
Tu t’arrêtes. Ta toison intouchée, ton cuir si délicat ; tu n’as pas encore compris ce que scandent toutes ces poussières ignorées. Tes ahans, tes quelques égratignures ; ce n’est là qu’une esquisse de ce qui reste de ce vieux monde qui s’estompe.

Dehors l’on t’appelle, alors hâte-toi !

Tu forces la trappe ingrate qui mène au toit ardoisé. Tes pas tâtonnent au-dessus du vide.
C’est l’heure du grand saut. Tu sais que la grenouille regarde. Mais également la rivière, les roseaux ; chacun des arbres de la terre, et chacun des nuages de l’éther ; peut-être même, l’espères-tu, cette étoile verte.
Tu as peur. C’est vrai que c’est haut, mais plus encore, tu as peur de te tromper, de te décevoir, et tous tes témoins.

Mais c’est là un grand vertige pour prouver un grand courage.

Tu chois. Tu tends tes bras, tes branches, ces ailes parées du vert de l’espoir. Tu embrasses le ciel et ses vents. Et à ta grande surprise, le sol s’éloigne ! Tu vois la rivière serpenter loin, trés loin vers l’Est ; là où naît le Soleil ! Cette grenouille goguenarde en sait beaucoup, c’est peut-être bien là-bas que se terre la sente secrète vers l’Orbe d’Or !

Ton plumage gazouille au rythme des vagues nimbées, et entre ses ramages, tu entends des voix t’aborder :

« Qui es-tu ? Toi qui, habillé d’écorce, t’essores vers nos météores !

— Je ne sais. Êtes-vous les vents qui soufflent dans ma voilure et me portent vers les sphères célestes ?

— Nous sommes ce qui promène les nues, apporte la pluie, et fait rager l’orage !

— Avez-vous vu l’enfant né du Soleil, porteur d’une nitescence inouïe ?

— La Flamme Filante ? — Le Fragment du Firmament ? — Le Jade qui narre les joies et chagrins ? — Oh ! Qui confond l’Orange et l’Orage ? — Le Safre, le Soufre et le Safran aussi ! »

Tu fronces les sourcils, mais le vent reprend.

« Oui nous l’avons vus. Elle est partie tout en haut. Scander à ses sœurs tous ses récits, ses souvenirs. Des aventures au goût d’enfance. »

Le Soleil a encore décliné.
Voilà que l’horizon, son amante la Terre, l’embrasse.

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