VI - Les Astres ; la Nuit et le Jour

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L’Orbe s’est noyée derrière le rebord du Monde, la lumière du jour s’est tue.
Et voilà que tu te figes là, entre ciel et sol, frappé de sidération ; tu en oublies ton voyage, les souvenirs édifiés, les valses-motivations qui font battre ton cœur.

*

* ⁂ *

* Une lueur. *

*  Des éclats.  *

*  Des bris irréels.  *

̐

Car face à toi, ci et là, du zénith au nadir : Mil milliers de milliards de flammes timides, autant de regards délicats et compatissants.
Malgré le silence de ces hauteurs, tu entends, sens au fond de ton être, leurs murmurations inconséquentes qui t’happent comme une marée aimante, à laquelle tu ne peux que t’abandonner.
Tu sombres ; ton âme se mêlant aux liesses stellaires ; elles dardent leurs confessions, à toi, leur nouvel affidé. Elles te partagent leur déréliction, leurs affres, celles de ne pouvoir que rêver en attendant, patientant jusqu’au dernier instant. Mais tu es sourd et muet.

Tu hésites, et finalement brises le mutisme de ces éminences.

« Qu’êtes-vous ? Vous qui mirez comme le Soleil, qui pourtant ne semez nulle ardeur ? »

Ta question n’a qu’un écho pour réponse. Lors ton hôte le vent siffle embarrassé :

« Les Étoiles. Elles ne te parleront pas.

— Comment puis-je célébrer le Sublime qui m’habite alors ?

— Il faut apprendre à canter avec le cœur, et ça, nous n’en connaissons pas l’Arcane.

— L’enfant du Soleil les connaît certainement ?

— Cet aventurier viride est un vestige, un orphelin du firmament qui conte chaque soir des souhaits secrets, et chaque soir les étoiles pleurent de leur séparation trop longue. Bien sûr qu’il sait parler la langue du cœur ! »

Tu te tais. Plus que jamais, tu souhaites converser avec ces astres, nés des Prémices ; devenir, toi aussi, leur confident.
Atteindre l’Orbe d’Or, suivre le sillon de l’Aventurier, parler aux Étoiles ; finalement, tes aspirations ne désignent qu’un seul chemin.

Mais voilà que tu vois cette lueur verte ! Plus haut encore ! Tu t’y méprendrais, c’est une étoile prisonnière de la terre. Comme rapporté par le zéphyr, tu l’entends scander d’indescriptibles vers emplis de joies simples, des plaisirs d’une fleur qui se découvre sous la Lueur d’Or, et fane à l’approche des pleurs de fer.
Mais alors tu ne comprends pas ; pourquoi les astres infinis se réjouissent-ils des fables finies ?

La Myriade frémit, que l’Être est tragique !
Leur empyre se déchire de trois raies enflammées, trois larmes qui fondent droit sur toi.
Elles te lèchent, mordent tes ailes sitôt consumées ; chasse ainsi le vent, ton aspiration.

Dans la nuit, entre écume et noir azur, tu chutes.

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