XVII – La Mort et le Néant

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« Il n’est de raison de souffrir, et je sais ô combien tes larmes ont coulées. Accepte mon étreinte. »

Elle te prend la main, et le monde passe au noir. L’Orbe d’Or se fait point infinitésimal, négligeable; et les Astres fusent la rejoindre dans cette toile insondable. Tu te sens tomber vers cette figure qui fige ton attention.
Subjugué, tu te laisses aller.

Son étreinte est comme la caresse de l’eau froide, mais elle réchauffe ton cœur.
Tu fermes les yeux, et bientôt tu n’entends plus le crépitement du feu, ni les chants brisés des gens.

Seulement un souffle, un fredon maternel qui vient te bercer.

Tu te rappelles ta chute au fond de la mer, de la quiétude qui y régnait.
Tu te souviens des paroles de ton hôte d’alors ; et tu comprends :

Te voilà dans l’Océan.

Ô Noir Océan.

D’ici est né le Trouble, aussitôt avorté, renié ; car rien ne saurait déranger l’ineffable de cet endroit.

« Ta Maison. »

Tu ne la vois plus, mais sa présence t’embrasse. Elle est ici partout. Et elle t’a attendue longtemps ; depuis que le Monde est Monde, et le Temps est Temps. Elle a attendue de pouvoir de nouveau serrer son enfant, de débarrasser chacune des affres qui salissent ton âme, comme cette peau qu’avilissent tous ces lambeaux.

« J’ai tant attendue… »

Et toi, tu as ignoré ses appels lointains. Pauvre enfant, tu ne pouvais savoir, la lumière de l’Orbe était si formidable, si violente, si sévère… Tout cela t’a troublé plus que de mesure.

« … Mais la patience m’incombe ; le repos est inévitable. »

Des Astres sont ici aussi, tu entends leurs murmures. Des voix secrètes mussées derrière un mur invisible.

« Elles nous rejoindront. Tôt ou tard. »

Tu acquiesces. La fatigue commence à t’enlacer. Peu à peu, c’est la légèreté du rêve, du sommeil qui te vêt.

Tes jambes cessent de vouloir courir le Monde. Et tes doigts de taper ton fusain.

Un sursaut !

Un respir !

Un vague malaise te saisit. Tu n’es pas prêt, pas encore. Tu n’as pas terminé, tu n’as pas achevé ; tu n’as pas accompli.

Tu te défais de ce Ténèbre Océan si aimant, et quêtes la lueur qui te ramènera au Monde. Aux souffrances mais aux plaisirs aussi ; aux ires qui rugissent, aux vœux qui rougissent ; un monde qu’il te faut goûter entièrement !

C’est une étincelle verte, un trait entraînant, qui se pose entre tes deux mains hâves.

Un havre-promesse.

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