A l'écrit, à la mort

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 A 10 ans, j'ai commencé à chanter, d'ailleurs, référence encore à Titanic, My heart will go on de Céline Dion, bande originale du film, elle a marqué ma vie, mon enfance et surtout c'est sur cette chanson que j'ai commencé à pousser des vocalises … Lors d'un repas de famille chez mes grands-parents, j'étais dans le salon, seule, et j'ai mis la chanson, je me suis mise à chanter doucement, pour que personne ne m'entende. Je n'avais pas vu que mon papy, m'écoutait, à la fin il est apparu, en me disant « mais que tu chantes bien, c'est bien ». Elle est devenue ma chanson favorite, et l'est toujours actuellement. De ce jour, je me suis mise à chanter souvent, très souvent, j'adorais …

 Je me suis mise aussi à écrire, et en retrouvant mes écrits, j'ai pu voir que j'étais très mal, et que la vie n'avait aucun sens pour moi, j'ai parlé de mourir à plusieurs reprises, sans pour autant en parler... C'est une belle transition au chapitre d'avant. Je ne me souvenais même pas d'avoir été aussi dur avec moi-même, d'avoir même penser mourir, sans pour autant le faire, mais juste la pensée … est ce grave ? Est un passage à vide amplifier par un trop pleins d'émotions … Est-ce une « crise » passagère d'ado incomprise ? A l'époque, je pense que je n'étais vraiment pas bien, que je ne m'aimais pas, et ne me comprenais même pas moi-même … Il est difficile dans ce monde de se faire une place, quand on a l'impression d'être à l'écart des autres, d'avoir la sensation que personne ne nous comprend, ou pire, que l’on n’est pas née à la bonne époque, sur la bonne planète … Une sensation très étrange, et si noire, qu'elle ne se raconte pas, par honte ? Par peine ? Par dépit ? Peut-être les trois …

 Le premier texte que j'ai écrit, parlait de mon cousin décédé, avec le recul et le temps, je suis convaincue que c'est cet événement qui m'a inspiré, qui m'a donné l'envie d'écrire mes sentiments enfouis si profond qu'ils ne pouvaient sortir que sur une feuille ! J'ai écrit d'autres choses, toutes aussi tristes les unes que les autres alors que j'étais en surface une fille joviale, aimable et souriante. Les adultes m'appréciaient beaucoup, mais je n'arrivais toujours pas à communiquer avec les gens de mon âge, il y avait un gouffre entre ces personnes et moi. Le harcèlement que j'ai subi la même année m'a éloigné des enfants, des ados, je ne me confiais pas.

 Quand je suis arrivée dans ma nouvelle école, en avril de mon année de CM2, tout le monde se connaissaient, moi j'étais la nouvelle, un peu comme l'intrus qui venait déranger le quotidien de la classe. J'étais silencieuse, introvertie, et mal à l'aise. Ma première note était un 13, j'ai pleuré … Réaction bizarre non ? C'était la plus mauvaise note que j'avais eu depuis le début de ma scolarité, voir ce nombre écrit en rouge sur ma feuille a été une épreuve pour moi, une honte encore … Il est évident que tout le monde s'est moqué de mes larmes ce jour-là … J'ai été cataloguée comme l'intello de service, la coincée … Je sortais d'une période très compliquée dans mon ancien établissement, et je me retrouvais avec une nouvelle image dans le nouveau qui ne me correspondait pas du tout. Encore une fois je me sentais humiliée, à part, et tellement en marge de tous ces jeunes gens … Mais pourquoi ? Étais-je une extraterrestre ? Qu'est-ce que j'avais de si différent ?

 Aujourd'hui, j'ai trouvé la réponse à mes questions, à 10 ans j'avais déjà vécu des événements difficiles, j'avais des parents commerçants qui travaillaient beaucoup, finalement j'étais plus mature que la plupart, ce qui me rendait différente et incomprise. Je n'avais pas les mêmes objectifs, les mêmes passions, les mêmes discussions... Je me suffisais à moi-même, mais j'étais entourée d'inconnus qui encore une fois ne m'acceptaient pas … Il est insupportable d'être dans une pièce pleine de personnes du même âge mais d'avoir la sensation d'être seule face à tous. A l'époque, je ne me souviens pas avoir fait part de toutes ces choses à mes parents, je me suis enfermée dans cette solitude, et j'écrivais pour me réconforter, je me sentais mieux après avoir déposé sur le papier les mots que j'avais en tête et les maux que j'avais au cœur …

 Je me souviens avoir écrit un poème parlant de mon cousin et moi, je disais qu'il me manquait et que je rêvais que d'une chose, c'était de mourir pour le retrouver … j'ai gardé ce mot des mois dans ma poche de blouson, je ne voulais pas que maman tombe dessus par hasard dans mes affaires. Mais un jour, elle a fouillé dans mes poches, et l'a trouvé … Elle l'a bien sûr lu, et m'a demandé ce que ça voulait dire ? Si je pensais que mourir était une solution ? Je lui ai dit c'est un texte comme ça, ça ne veut rien dire, j'avais envie d'écrire ça, sans le penser forcément … La vérité était autre, j'ai pensé tellement de fois à mourir, comme si la mort était un soulagement à toutes mes souffrances ici-bas … Comme si, je pouvais recommencer ma vie ailleurs dans l'au-delà …

 En tant qu'ado, combien arrive à avoir ces pensées ? Encore plus aujourd'hui avec l'expansion du harcèlement sur les réseaux sociaux, les enfants qui sont de plus en plus précoces et ingrats les uns envers les autres. C'est une vraie question, on nous donne des chiffres sur le harcèlement, on met en place des cellules pour en parler, on prend rendez-vous chez un psy pour que les enfants se libèrent … très bien, mais combien de parents sont informés de la réalité ? Ils sont nombreux malheureusement à dire qu'ils n'ont rien vu venir, que leur enfant avait l'air heureux, bien dans sa peau … Mais c'est un faux semblant ! Ce n'est pas un reproche, mais un adolescent est un être qui se cherche, le rapport aux autres peut être compliqué, la peur de décevoir ses parents est aussi un motif de silence. En tant qu'enfant, nous avons qu'une chose en tête, rendre fier nos parents, qu'ils ne s’inquiètent pas, qu'il n'est pas honte de nous, car oui, il faut savoir que pour nous se faire rabaisser est honteux, c'est une grande humiliation, si profonde que nous sommes dans l’incapacité d'en parler. Ce n'est pas parce que nous ne faisons pas confiance ànos parents, mais la première idée qui vient c'est « ils ne comprendront pas ». A force de se persuader de ça, nous nous enterrons un peu plus chaque jour, et nous finissons par cacher notre souffrance derrière un gros bouclier bien monté ! Chers parents, il est dur de comprendre nos enfants, dur de rentrer dans leur jardin secret et encore plus difficile de leur parler sans qu'ils s'énervent ou inventent des histoires pour vous rassurer … Je sais que ça n'enlèvera aucune culpabilité mais parfois on a beau faire de notre mieux, rien ne pourra changer les choses quand elles sont trop ancrées !

 Chers enfants, chers ados, si j'ai un conseil à vous donner, aujourd'hui, je suis maman d'un petit garçon en maternelle. Je suis passée par cette dure période de doute, de honte, de culpabilité, de larmes, de peine et bien plus encore. Je regrette d'avoir eu que ma feuille comme amie à ce moment-là. Les parents ne sont pas déçus par notre mal être, la fierté c'est justement que vous ayez le courage de parler, de mettre de mots à vos maux, d'avoir la force de discuter en face à face de tout ça. La vraie honte, ce n'est pas vous mais ces personnes qui se croient au-dessus de vous, qui vous rejettent et ne cherchent pas à vous comprendre. Ce sont eux les fautifs, pas vous !

 Chers jeunes adultes, si vous avez subi ou subissez encore des situations désagréables qui vous torturent l'esprit, et que vous avez tout cela sur le cœur, n'attendez plus, il y a toujours une personne dans votre entourage qui vous écoutera, vous conseillera, vous choisirez la bonne j'en suis certaine, mais ne tardez pas, des blessures de l'âme non soignées, résident et demeurent profondément dans votre corps, et se répéteront dans votre vie, tant qu'elles ne seront pas acceptées, pardonnées et soignées !

 Je l'ai appris tard, mais je ne dirais pas trop tard, j'ai fait une erreur en pensant que ça passerait, j'y ai cru très longtemps, jusqu'à ce que je revive encore des situations similaires qui ravivent ces humiliations passées … Alors quand j'ai pris conscience de ça, j'avais déjà fait un pas vers la guérison !

 Une dernière chose, la mutilation, la drogue, l'alcool est un suicide lent … L'acte du suicide est traumatisant qu'importe l'âge. S'enfermer dans son mal être vous fait du mal, mais fera du mal aussi aux personnes qui vous aiment, car on vous aime qu'importe ce que vous vivez, et comme je l'ai dit, il y a toujours quelqu'un quelque part qui sera là pour vous aider à sortir de tout ça, même si vous pensez être seuls, vous ne l'êtes pas ! Soyez certains d'une chose, ce n'est pas la solution à vos problème, chaque personne à la force en elle et la solution quelque part, abandonner serait tellement dommage, la vie ne nous fait pas de cadeau, mais ces moments difficiles sont là pour nous enseigner de grandes choses, ne surtout pas baisser les bras, l'issue est toujours au bout d'un chemin !

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