De l'enfance à l'adolescence

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 Je crois avoir évoluée plus vite que les autres enfants de mon âge, d'ailleurs je me suis toujours mieux adaptée au monde des adultes, j'étais plus à l'aise, les discussions me semblaient plus intéressantes. Elles n'auraient pas dû l'être autant, si j'étais restée à ma place de petite fille. Malgré tout, j'ai toujours eu en moi ce côté « enfantin », pleine de rêves et d'imagination. Je vous parlais peu avant de ma passion pour la chanson. Mes parents connaissaient bien le propriétaire qui faisaient des bals dans la région. Un jour en discutant, il nous a invité au bal pour que je chante une ou deux chansons. La première fois, j'étais comme une gamine qui découvre ses cadeaux de Noël, à la fois excitée mais remplie de stress. Il m'a montré comment fonctionnaient les platines, comment je devais faire pour enchaîner deux chansons. J'avais 11 ou 12 ans, j'ai pris le micro dans le noir de la piste de danse, je ne voyais pas les visages, je me suis imaginée seule dans ma chambre, comme je faisais tout le temps, et j'ai commencé ma chanson. Au début j'avais la voix qui tremblait, puis j'ai pris de l'assurance car les jeunes sous le bal, m’encourageaient. C'est un moment que jamais je ne pourrais oublier ! A cet âge-là, à mon époque, qui était sous les bals ? J'étais aux anges, je suivais les traces de mon cousin Nicolas, qui adorait jouer des platines, qui aimait animer des soirées ! J'étais très fière. Pour la première fois de ma vie, je ne me sentais pas jugée mais au contraire, je me sentais pousser des ailes ! On a fait ça quelques temps, maman, m'accompagnait, et plus ça allait plus je restais longtemps. J'animais, je passais une heure à faire la D.J, je chantais quelques chansons, j'étais dans mon univers. La bulle d'oxygène qu'il me fallait, mon moment rien qu'à moi. Il a fallu que ça s'arrête, je ne sais plus vraiment la raison, mais j'étais triste, j'allais retomber dans ma routine, j'allais chanter de nouveau seule dans ma chambre. Je sais maintenant, que c'était une étape de guérison pour moi, une simple étape qui m'a permis de reprendre confiance en moi, elle ne pouvait pas durer éternellement, j'étais bien trop jeune pour ça. Mais j'ai pu pendant quelques mois, être une personne à part, pas une personne invisible comme à l'habitude mais une fille bien vivante. Ma maman m'avait laissé la chance de m'exprimer, de sortir de notre train-train ! C'était un bonheur extraordinaire, je remercie mes parents de m'avoir permis de vivre cette expérience !

 Pour rappel, à la suite du harcèlement subi en CM2, j'avais changé d'école en cours d'année (en Avril), la seule école qui m'avait accepté aussi tardivement dans l'année scolaire, c'était une école privée à 15 minutes de chez moi. Elle faisait de la maternelle jusqu'à la 3e. Je suis restée là-bas pour mes années collège.

 De ce fait, j'avais fait des connaissances avant l'arrivée en 6ème, je n'ai donc pas vraiment vu la différence et eu la transition que certains ont du mal à faire. Nous n'étions pas beaucoup par classe, maximum 15 je dirais, à raison de deux classes par niveau. C'était donc un changement à petite échelle, si l'on compare les collèges publics avec en moyenne 25/30 élèves par classe à raison de 4/5 classes par niveau. J'étais dans une sorte de cocon, un endroit familial, où l'équipe pédagogique prenait du temps avec les élèves. Je me sentais à l'aise et bien entourée. Le seul bémol était encore mon obsession à avoir toujours de supers notes. Le moindre 12/20 ou en dessous était un échec. J'étais première de la classe, mais avec 14,50 de moyenne. Ce qui pour moi n'était pas vraiment bien, et c'était aussi ce que ma maman me disait. « Première avec 14,50 de moyenne, le niveau ne vole pas haut ». Ces paroles me plongeaient dans un insatiable besoin d'être la meilleure, de faire parfaitement bien les choses. Bien sûr au-delà des notes, je me devais d'avoir de bonnes appréciations. C'était le cas, les professeurs voyaient mes efforts, ma rigueur et mon envie de réussir.

J’ai étudié des exercices de coaching pour les mettre à profit lors d’une de mes expériences professionnelles. J’en ai compris ma façon d’agir face aux cours, à mes notes, comme je vous ai décrit juste avant. L’un des articles qui m’a marqué s’appelle les messages contraignants, sachez qu’il en existe cinq. « Sois fort », « Sois parfait » « dépêche-toi », « fais plaisir » et « fais des efforts ». En ayant moi-même fait le test pour travailler sur moi, mieux me comprendre, et aussi pouvoir le déployer sur les autres dans mon travail, il en est sorti deux. Dans tous les tests, il y aura toujours le message contraignant principal et le secondaire. Avant de vous dévoiler les miens, je vais déjà expliquer ce qu’est un message contraignant. Ce sont des messages que nous avons intégrés dans l'enfance pour répondre à certaines questions comme : « Comment être aimé, apprécié, reconnu ? » Plus tard en grandissant ou même adulte, ces messages sont devenus inconscients et nous font agir de manière robotisée, et donc sans que l’on s’en rende compte. De ce fait, ils ont façonné en nous certaines de nos qualités et défauts, ainsi que nos manières d’agir et réagir face au monde, que ce soit dans notre vie quotidienne, à l’école, au travail et plus encore. Pour ma part, mon principal est « fais plaisir » et mon secondaire « fais des efforts ». Je pense que même sans explications détaillées ces deux messages résonnent déjà en vous par rapport à ce que je vous ai dit de mes réactions face aux notes. En effet, j’ai souvent entendu dans mon enfance « fais-moi plaisir », « fais plaisir à maman ou à papa », « si tu fais ça, ça me ferait plaisir », et j’en passe. De ce fait, mon cerveau, comme un disque dur d’ordinateur à enregistrer de façon automatique ces phrases. Et pour le deuxième j’ai souvent entendu « fais des efforts », « si tu travailles plus tu peux avoir plus », etc … Les deux mêlés m'ont dicté certains agissements à l’école, vouloir faire plaisir à mes parents en ayant de supers notes, mais aussi de travailler sans relâche pour avoir encore mieux … et j’en ai un troisième qui n’arrive pas loin derrière qui est « sois parfaite ». La phrase la plus parlante que je puisse vous donner de mon enfance c’est « tu as eu 19, ce n’est pas 20 », donc le 20 serait parfait, la note ultime, mais le 19 est juste en dessous, donc ce n’est pas parfait.

 Alors, sachez que nous avons tous des messages contraignants qui guident notre quotidien, avant de connaître cet outil, je ne me suis jamais posée la question. Après avoir fait ce test, et avoir donc pris conscience de ce qui se cachait derrière, j’ai pu comprendre pourquoi je cherchais toujours l’excellence, que j’étais très insatisfaite de moi, que je voulais toujours faire plus d’efforts, ou parfois même mes appréciations dans mes bulletins étaient le reflet de tout cela. J’ai pu voir écrit, « cherche les difficultés où il n’y en a pas » référence à fais des efforts par exemple. Il serait long de faire un descriptif complet de cette méthode de coaching. J’ai fait ce point rapide pour que vous compreniez encore une fois que depuis notre enfance, nous ingérons des informations, qui sont pour la plupart inconscientes, les parents ne font pas exprès de nous mettre ces messages en tête, tout dépend de l’éducation que l’on a eue et l’attente de nos parents. Il ne faut pas se cacher derrière quoique ce soit et se dire que même à l’heure actuelle tout parent va mettre en tête des éléments aux enfants qui vont les suivre dans leur vie. Cela fait parti de l’apprentissage aussi, mais une fois ces messages compris, qui apportent autant de bons que de mauvais, attention, car ils ne se limitent pas à nous transmettre du négatif. Cependant, en comprenant et en travaillant sur nous par rapport à nos messages contraignants, nous pouvons retirer leurs côtés négatifs et garder le positif. C’est le but lors du coaching, c’est pourquoi on en a tous, car ils nous apportent aussi des qualités, pour moi dans le « fais plaisir », ça m’apporte des qualités indéniables, je suis d’un naturel agréable, positif, compréhensif et encourageant, je suis dotée d’une grande flexibilité et je suis altruiste. Les résultats du test les mettent en avant, mais j’ai pu en effet me retrouver dans ces qualités, car derrière j’ai continué le travail en trouvant des exemples dans ma vie qui démontrent ces qualités. Cela permet de prendre confiance en soi et de pouvoir comprendre aussi nos limites, et nos côtés à améliorer. Par exemple pour moi dans le « fais des efforts », je vais préférer l’effort à la récompense, donc insatisfaite d’un résultat simple à trouver, si je n’ai pas de difficulté à affronter, ce n’est pas intéressant. C’est pénible pour moi, mais aussi pour mes proches, car forcément je rejette aussi sur les autres. Aujourd’hui, j’ai plus d’expérience dans le domaine, et donc j’ai pu déjà atténuer les côtés sombres de ces messages afin de garder de plus en plus le positif. Malgré tout, il est très difficile de faire disparaître des automatismes inconscients que l’on a depuis enfant. Cela reste très intéressant et cela peut éviter de transmettre aussi à nos propres enfants, enfin on transmettra toujours à notre insu mais ils sont moins ancrés, et à partir du moment où nous prenons conscience et faisons attention, nous allons faire autrement pour nos enfants et les personnes qui nous entourent. Si cela vous intéresse, vous trouverez des tests vérifiés et de confiance sur les moteurs de recherches, vous aurez toutes les explications dans vos résultats. Si vous connaissez déjà, et que vous avez pu travailler dessus, peu importe depuis quand, alors je vous félicite, continuez ainsi, se remettre en question, et chercher à se développer, se comprendre, changer sur certains points qui nous insupportent, est très courageux d’une part, mais ce travail sur nous apporte tellement au fur et à mesure que nous évoluons sur ce chemin du développement de soi. Les avantages sont multiples puisqu’ils sont pour nous, nos proches et nos enfants, ce n’est que bénéfice, même si certaines remises en question sont plus compliquées que d’autres, on y arrive toujours quand on a la volonté. Alors pour vous tous, ceux qui ne connaissaient pas avant que je parle de ce sujet, ceux qui connaissaient déjà mais n’avaient pas forcément été plus loin, ceux qui sont déjà en travail sur ces points ou même ceux qui n’ont pas envie de le faire maintenant, car il y a un moment pour tout, je vous félicite, et j’ai confiance en vous ! Encore une fois, soyez-vous, votre vous profond, plus vous aurez atteint votre « moi » intérieur plus vous vivrez pleinement.

 A cette époque, j’ai commencé à devenir plus ronde, déjà en CM2 dans mon ancienne école, j’avais pris du poids, c’est aussi pour cette raison qu’on se moquait de moi. J’ai continué à prendre des kilos par ci par là … Je n’étais pas dans l’obésité mais en surpoids.

 En ce qui concerne mes relations aux autres, c'était une autre mentalité, j'étais mieux, et je me suis liée d'amitié avec une fille, on s'adorait et on était tout le temps ensemble. Puis, j'ai découvert ce qu'était l'amour... Il était dans l'autre classe de 6e, si l'on me demande pourquoi lui ? Pourquoi lui en premier ? Je ne saurais quoi répondre, mais c'est aussi ça l'amour, ne pas savoir l'expliquer. Comme ça se fait au collège, on passe par personnes interposées, « eh tu peux parler de moi, et me dire sa réponse». Drôle de période, incapable de parler directement au garçon concerné, la peur du « râteau ». En même temps je n'avais jamais connu ça auparavant, ni la complicité avec des filles pour parler de tout et de rien, et surtout ce sentiment inconnu qu'était l'amour … C'est clair que ça ne s'explique pas, on le sait au fond de nous c'est tout. On distingue plusieurs sensations physiques assimilées à l'amour … Vous savez, les papillons dans le ventre, le cœur qui va exploser, les yeux qui pétillent, les bégaiements, pour n'en citer que quelques uns. Mais qui un jour s'est dit tiens je suis amoureux parce que j'ai tous ces symptômes ? L'amour, c'est juste un sentiment si fort qu'on le ressent, qu'on sait que c'est bien ça sans jamais l'avoir ressenti avant … Puis, pour moi, et comme tout d'ailleurs, chacun perçoit et ressent les choses de différentes manières, pourquoi forcément vouloir à tout prix tout expliquer, tout comparer à la science ? L'amour qu'est-ce pour vous ? De la science ? Du feeling ? Des vibrations ? Des connections ? Tout à la fois … Nous avons le droit tout à chacun d'avoir sa propre vérité après tout qu'en pensez-vous ?

 Donc j'en reviens à mon premier béguin, après plusieurs semaines, en décembre exactement, on se connaissait depuis quatre mois, il m'a embrassé … A ce moment, pour ma part en tout cas, c'était, l'instant présent, c'était comme si tout était figé autour de nous … C'était aussi comme une réussite, je l'aimais, et lui était enfin venu à moi … J'avais de la chance …

 C'était un garçon très gentil, un peu frimeur certains dirait, drôle, très sportif, avec un passé assez compliqué … Tout de suite après ce premier baiser, la réalité m'a rattrapé, « si ma mère l'apprend, ça va mal se passer ». L'angoisse était donc le premier sentiment qui m'est venue après ce moment magique que j'aurais voulu garder en mémoire et dans le cœur de longues heures après comme si il avait continué d'exister … Je me souviens de ce jour, il descendait à pied au gymnase de la ville pour faire du volley en extra-scolaire, on s'est rejoint à l'endroit où je prenais le bus, il passait par là pour aller faire du sport. C'est à cet endroit que tout a commencé.

 En rentrant à la maison, j'ai fait comme si de rien était, maman me disait toujours que je pouvais tout lui dire, qu'il fallait communiquer, qu'elle était là pour moi, mais en contrepartie, j'avais la peur de la décevoir, et peur de la colère qu'il pourrait sortir d'elle si elle savait, car pour elle c’étaient les études, rien d'autre … Ce n'était pas compatible … Moi je pensais de mon côté que ça faisait parti de l'apprentissage de la vie aussi les relations humaines. On enrichissait notre cerveau par les études, les livres etc mais notre cœur comment l'enrichir lui ? Ce n'est pas par les bouquins ou même dans les livres de cours … C'était un apprentissage personnel. J'avais envie pour une fois d'être comme les autres, alors aussi difficile que ce soit, j'allais continuer cette relation, car ce garçon était important à mes yeux. Peu de temps après c'était les vacances de Noël, une première séparation, mais durant ces vacances il a appelé au restaurant de mes parents, un soir … Maman a répondu, me l'a passé sans trop rien dire, j'ai peu parlé avec lui car j'étais gênée et je savais que le silence de maman, préparait quelque chose … J'ai raccroché, et comme je le sentais, maman m'a demandé ce que ce garçon voulait un soir comme ça et surtout sur le fixe du restaurant qui n'est pas faite pour ça … Que répondre à ça, l'autre téléphone était sur liste rouge, j'avais interdiction de le donner, il a trouvé ce numéro dans l'annuaire (oui, oui j'ai bien dit annuaire, j'ai l'impression d'être un dinosaure en disant ça, à l'ère du numérique). Bref, maman m'a dit que la prochaine fois qui rappellerait, elle lui dirait de ne plus le faire. J'ai fini par avoué que c'était « mon chéri ». Je la sentais déçue … A la rentrée, elle a contacté le collège, privé je rappelle … Donc à l'époque quelque peu catholique encore malgré l'évolution qu'il y avait déjà eu ...Maman a demandé à parler au directeur et a exigé de me surveiller ainsi que de m'interdire d'être avec le garçon en question … J'étais furieuse contre elle, qui elle était pour m'interdire de fréquenter quelqu'un, personne ne faisait ça … Je me sentais observée, épiée, limite traquée, c'était l'enfer … A la Saint Valentin, il m'a offert un parfum, je l'ai caché au fond de mon sac de sport pour pas que maman ne tombe dessus, je m'en mettais que quand j'avais mon sac de sport avec moi … A force de le transporter comme ça, j'ai fini par le casser … forcément au fond du sac, un jour pas comme un autre il n'était pas protégé comme à l'habitude et il a éclaté en mille morceaux, comme mon cœur au même instant je pense … On a continué malgré les interdictions à se voir, souvent en cachette, ça a duré 4 mois comme ça … Jusqu'au jour où, il a rappelé à la maison, ce qu'il n'avait pas fait depuis la fois ci-dessus, maman a décroché, malheureusement, elle lui a dit de façon autoritaire de ne plus rappeler et de ne plus me fréquenter … Et je ne sais quoi d'autres, je n'ai jamais su, et jamais voulu savoir … Ce soir-là, suivi des autres jours avant la rentrée, j'avais la peur au ventre, car à l'époque pas de mail, pas de portable à moi … rien de tout ça … Aucune nouvelle de lui, c'était horrible, je ne savais pas comment il avait pris ça … La rentrée était le mercredi, mes parents n'étaient pas à la maison, comme tous les mercredis à cette époque. En arrivant le matin, il ne m'a pas adressé un regard.

 il était dans la classe de ma copine, j'ai demandé des informations, le midi elle m'a dit que c'était fini. Il a dit que c'était terminé, si c'était pour vivre comme ça et vu les paroles de ma mère, ce n'était pas la peine. J'ai fondu en larmes... je pleurais tellement que dans le bus, j'avais qu'une hâte c'était de descendre de là et de prendre l'air … je suis arrivée à la maison, je devais appeler maman comme tous les mercredis en rentrant. Elle m'a demandé si ça allait, je lui ai répondu tu vas être contente c'est fini avec mon copain. Elle m'a juste dit « tu t'en remettras, on n’a jamais qu'un seul garçon dans sa vie, tu t’en remettras ». Ce n’étaient pas vraiment les paroles que j'aurais aimé entendre à ce moment-là … J'étais seule chez moi, triste, j'ai chanté un peu pour me défouler, fait mes devoirs et j'ai continué à être la fille qu'on attendait que je sois, j'ai préparé pour leur retour, rangé ce qu'il y avait à ranger, j'étais lavée, mes affaires du lendemain était prête... J'avais remis ma carapace de jeune fille "parfaite". J'étais si mal au fond, mais mes parents arrivaient je ne pouvais pas être mal, il fallait que je sois irréprochable comme presque toujours. Au fond j’en voulais profondément à maman, c’était le premier, celui qu’on garde toujours quelque part, à qui on n’oublie pas le prénom quand plus tard nos enfants, nos copines, nous demandent comment s’appelait notre premier amour. Il était difficile pour moi de le croiser tous les jours ou presque au collège, alors que notre relation était totalement différente que les derniers quatre mois. Puis, les semaines sont passées, et je me suis habituée, maman avait-elle raison finalement ? Un adulte a vécu déjà ces choses-là, donc ils savent très bien que la vie continue, mais un adolescent, en pleine quête, en pleine découverte de lui-même ; des autres, a du mal à se projeter de cette façon. Alors pour élargir un peu ce sujet, qui peut être compliqué à aborder entre parents-adolescents, on peut effectivement en tant qu’adulte aguerri avoir déjà vu et ressenti ces émotions mais est-ce la bonne solution que de dire à son enfant que ce n’est pas grave. Car pour lui, à cet instant ça l’est. Ne doit-on éprouver une empathie particulière à ce moment-là pour l’aider à surmonter cette épreuve et être dans la mesure de nos mots afin qu’il ait envie de se dévoiler un peu plus, qu’il est envie d’ouvrir un peu plus son cœur, de communiquer. On le sait cette période est vraiment difficile à vivre pour beaucoup, être parent n’est pas simple aussi car nous ne savons jamais comment réagir, comment appréhender les choses de peur de froisser. Pour ma part, je pense que nous devons effectivement dire que l’on a déjà vécu ça, que l’on sait ce que cela provoque en nous, mais que le mal fini par s’estomper, pour laisser place qu’aux bons souvenirs. Evidemment la réponse en face va être sûrement « non mais ce n’est pas pareil » ou « non mais tu ne peux pas comprendre ». C’est là où peut être nous devons nous dévoiler aussi, raconter notre histoire telle qu’on l’a vécu à l’époque, sans forcément rentrer dans les détails, mais pour faire comprendre que ce ne sont pas que des mots que nous disons, mais un réel passé que nous exprimons. Vous avez pu vous mettre à sa place, il pourra à son tour se mettre à la vôtre. Ou pas … Chacun réagit à sa façon, mais au fond, même si sur le coup, l’ado en crise fait son indifférent, ou sort sa mauvaise foi, il nous a malgré tout entendu, et même écouté. Sa fierté empêche juste de dire « oui tu as peut-être raison ».

 La même année, aux portes ouvertes de l’école, on m’a donné l’occasion de chanter, « SOS d’un terrien en détresse », avec une de mes camarades de classe. L’angoisse avant d’arriver devant le public, en plus sur une chanson très difficile à interpréter. Je l’ai fait, j’ai été applaudie, c’était un sentiment merveilleux, j’étais fière à cet instant.

 L’adolescence est un moment délicat dans la vie, certains passent à travers les mailles du filet, mais pour la plupart, c’est une période de doutes, de rebellions, de confrontations mais aussi de connaissance de soi. Fille ou garçon, ils passent par tous les sentiments aussi forts les uns que les autres, bons ou mauvais et ils ne savent même plus comment gérer ce trop pleins d’émotions qui les traversent ! En y réfléchissant maintenant, je me dis que c’est vraiment une tranche d’âge qui nécessite beaucoup d’efforts ! On nous demande de choisir une orientation, de se découvrir, d’avoir des bonnes notes mettre toutes les chances de notre côté pour notre avenir. Notre corps change, les hormones se montrent, les filles ont leurs règles, on découvre le désir, l’amour, la sexualité pour certains. Il est vrai que si on fait le détail de ce passage de notre vie, on demande beaucoup à des jeunes qui arrivent dans la vie, qui sont en pleine maturité, ou pleine recherche d’eux même. Si l’on passe cette période seul, sans oser parler, pas très entouré, je pense qu’il est facile de partir à la dérive … Attention ce que je dis là, n’est pas vrai pour tous, ce serait trop simple … J’ai vu des jeunes très entourés, avec des parents respectueux, avec une bonne éducation, et qui pourtant se perdent en chemin. A l’inverse, j’ai vu des jeunes seuls, sans famille s’en sortir de manière très glorieuse et qui sont devenus des jeunes adultes très bien. Il n’y a pas de règle, mais c’est bien souvent à l’adolescence que les vrais visages se dévoilent, et c’est à partir de là que les relations peuvent devenir plus que complexes.

 Au début du livre, en résumé de ma vie, vous avez pu lire que mon conjoint a eu deux enfants avant moi. Au moment où j’écris ces lignes l’une a 14 ans et le second à 13 ans.

 A mon âge, je ne me serais jamais vu avoir des ados à la maison, mais la vie les a mis sur mon chemin, c’est qu’il y a une raison à cela, alors j’en tire toutes les leçons, et apprentissages que je peux pour que cette période se passe avec le moins de conflits possibles. C’est une expérience pour moi qui est très enrichissante, et une remise en question de chaque jour. En tant que belle-mère, je n’ai pas forcément le beau rôle dès le départ, mais j’ai toujours essayé d’être la plus juste possible dans mes dires, dans mes actions. J’aide dès que je peux, on partage de beaux moments avec la grande, une complicité s’est installée au fils des années, malgré tout dans sa période d’ado, elle est comme toutes les autres. Elle ne parle que peu de ses envies, expériences, elle reste très secrète. Je ne suis pas pour fouiller dans son espace personnel, alors j’ai décidé d’avoir plusieurs discussions afin qu’elle m’accorde sa confiance, et en retour je lui fais confiance. Je préfère comme la citation le dit « il vaut mieux une vérité qui fait mal, qu’un mensonge qui fait du bien ».

 Je pourrais faire de nombreuses pages concernant les relations durant cette période, mais je ne suis pas psychologue, et je ne pense pas être assez documentée sur ce sujet qui est aussi compliqué à étudier que les relations en elles-mêmes.

 Pour clôre ce chapitre, en 5ème, en cours de sport, je me suis télescopée avec un garçon de ma classe, plein face à face. Sur le coup, comme l'épaule, je n'ai rien dit, à ce moment-là c'était échauffement et volley, mon sport favori … J'ai fait comme si de rien n'était, à chaud, la douleur était raisonnable. J'ai donc joué au volley, et là les larmes coulaient dès que je tapais dans le ballon, mes professeurs m'ont dit d'aller m’asseoir, j'ai exécuté gentiment mais tristement. Le soir, j'avais judo, j'ai voulu y aller, donc je n'ai rien dit à mes parents, et je suis allée directement au judo après l'école, comme tous les mardis. Mon professeur m'a interdit de faire quoique ce soit, donc je suis restée assise toute la séance. Mon doigt avait triplé de volume et était violet. Le lendemain matin, ne pouvant plus nier les choses, j'ai montré ma main, mon papa m'a dit c'est juste déboîté, il a essayé de le bouger mais j'avais trop mal. Direction cabinet de radio, verdict triple fracture de l'auriculaire droit … Traduction d'une fracture de ce doigt en métaphysique : Je vis trop d'émotions dans ma famille, que je suis mal dans ma peau et que je joue en rôle, que je porte un masque pour cacher tout ça … Ce qui à ce moment-là, était vrai, bien sûr à l'époque c'était une fracture point final. Aujourd'hui tout comme mon épaule, j'ai pu comprendre pourquoi la vie m'avait rattrapé, je n'étais pas moi, je n'étais pas sur le bon chemin, mais je n'ai pas compris le message. Ma carapace me faisait du bien, alors pourquoi tout arrêter ? A votre avis, est-ce la bonne solution de porter un masque pour nous protéger ?

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