En route vers l'autonomie
Durant l’été, on m’a mis en contact avec une fille qui n’habitait pas très loin de chez moi, on nous emmenait prendre un bus, puis un autre pour aller à Château-Chinon. C’était un gagne temps par rapport au trajet qu’on avait essayé avec maman. Je suis donc partie avec un énorme sac pour mon installation à l’internat. J’étais contente mais j’avais quand même la boule au ventre de partir toute la semaine, ma sœur était encore petite, elle n’avait que 6 ans … J’avais l’impression de les abandonner, mais ce sont les conséquences de la différente d’âge, le gros inconvénient c’est qu’on ne profite pas énormément avant d’être sur la voie du monde adulte. Si j’avais un point négatif à retenir sur les années qui nous séparent, c’est uniquement celui-là. Nous arrivons donc dans notre nouveau monde, nous avions deux salles attitrées pour les BTS. La côté pratique de ne pas avoir à courir pour changer de salle de cours. Rencontre avec mes nouveaux camarades, mes nouveaux professeurs … Tout le monde parait agréable, un seul mec dans notre groupe, il n’habitait pas loin de chez moi. Il avait déjà le permis et sa voiture, c’est pourquoi nous ne l’avions pas vu dans le bus. Nous avons eu les formules d’usage habituelles, les explications, nous avons dû nous présenter … Un premier jour basique de rentrée, mais j’étais à 1h30 de chez moi et je ne rentrais pas le soir. Une fois la journée terminée, nous devions aller nous installer à l’internat, il est compliqué de choisir avec qui on veut être dans notre chambre quand on ne connait les autres que depuis une journée. Nous avons choisi de nous installer dans la même avec ma copine de voyage. Puis deux autres nous ont demandé à venir, nous avons accepté. Chacune faisait son lit, rangeait ses affaires, essayait de prendre ses marques … L’internat était maussade et vieillot, même si nous avions la clé, c’était triste comme endroit. Avant d’aller manger, j’avais dit à maman que je l’appellerai, une fois installée, c’est donc ce que je fis … Je lui décris donc ma journée, elle me pose des questions, puis me demande comment je suis installée … Les larmes me sont montées, j’ai littéralement craqué ... Je voulais rentrer à la maison, les voir, être avec eux tous, partir de ce lieu tellement triste. Maman m’a alors rassuré en me disant que c’était normal, que c’était le premier jour, il fallait un temps d’adaptation mais que j’allais m’y faire d’ici peu … J’ai séché mes larmes d’enfant, j’ai repris mes esprits, j’étais ici pour mon avenir, il fallait que je tienne bon et elle avait raison je ne pouvais pas rester figer sur une journée … J’ai donc passé ma première nuit sereinement, et le lendemain le vrai départ de l’année était là, j’ai fait plus connaissance avec des filles, les profs étaient vraiment intéressants pour la plupart. Tous bienveillants, à l’écoute, d’autres plus stricts mais dans la limite du raisonnable. Les jours passèrent, j’ai tissé des liens, j’aimais les cours, j’avais trouvé ma place. La petite anecdote quand même, nous avions un projet professionnel à préparer, et des cours de patrimoine, entre nous sois-dit, je n’étais pas fan de cette matière. La prof était, en revanche une bonne personne, qui donnait envie de l’écouter, de participer, et attention nous étions dans l’obligation de venir dans ses cours habillés en tenue, spécifique. Pantalon ou jupe tailleur, chemise ou chemisier, veste de costume, bien entendu les chaussures assorties ! C’était drôle de devoir porter une tenue spéciale, et si nous venions en jeans ou autres, retour à la case départ, on devait aller se changer ! Elle était dur comme prof, mais très professionnelle ! On s’est mis au pli, pas vraiment le choix, nous étions en mode pingouin comme on disait. J’avoue ne pas me rappeler de pleins de moments en première année, j’étais plutôt studieuse, j’avais des bonnes notes, sauf en patrimoine …
Au cours de l’année ma copine avait eu le permis et une voiture, elle m’emmenait … Le trajet était plus agréable comme ça … J’ai trouvé dans cette école des personnes très bien, dès la première année, je regrettais même ma chambre, car je n’étais pas avec elles, mais nous étions souvent les unes dans la chambre des autres, c’était la coutume. Je me souviens avoir fait mes premières conneries, des blagues aussi à mes copines. Nous avions une salle de bain commune, avec plusieurs douches et des lavabos. J’ai souvent enlevé les habits ou les serviettes au-dessus des douches, la prise pour le sèche-cheveux était à l’extérieur, dans le couloir, j’ai enlevé tout doucement la prise, ma copine hurlait que son appareil avait grillé. Mais non, c’était juste moi en passant qui l’avait débranché et gardé dans la main pour que le fil soit toujours tendu … Entre autres, mais l’internat créé des liens différents, être 24h/24h avec des personnes, ça engendre des amitiés inattendues, mais surtout plus fortes que ce qu’on a pu avoir avant. Pour ma part en tout cas, c’est ce qui s’est passé. Du coup, j’aimais y aller le lundi matin, puis l’internat était devenu un endroit vivant, conviviale et joyeux, on avait remplacé le vide et la tristesse des bâtiments par nos énergies positives. Cette première année a été calme dans l’ensemble, non toujours pas de coup de cœur pour une garçon. J’ai pu constater à ma grande surprise que j’avais moins à travailler pour avoir de bonnes notes, c’était un première dans l’histoire de ma scolarité. Je pouvais me limiter au minimum et avoir de bonnes notes, c’était bien, quand le soir on préfère passer un temps avec les copines plutôt que de passer son temps dans les devoirs. Et quand on révisait on le faisait ensemble, c’était plus joyeux, et l’apprentissage était plus rapide pour moi.
Nous sommes le 22 décembre 2006, j’ai donc 18 ans ! Je n’avais pas l’impression que ça changeait beaucoup de choses, mais il est vrai que c’est un premier cap de passé … Maman m’avait prévu une surprise … J’avais hâte de la découvrir ! C’était un vendredi, jour de vacances scolaires … Ma surprise était prévue pour le samedi. Maman avait invité 4 de mes plus proches copines, et nous a emmené à Montrevel en Bresse … Oui, elle avait prévu le restaurant dans la boîte de nuit la clé des chants, qui a fermé d’ailleurs en 2019. Elle était dans le top 5 des discothèques de France. On a super bien mangé, puis après la soirée en boite et enfin, nuit à l’hôtel avec petit déjeuner le lendemain. Elle a donc fait 3h de route aller-retour pour nous emmener. Elle, nous a laissé sur place seules, puis est revenue le lendemain pour nous chercher. Sachant qu’ils avaient encore le restaurant au milieu à gérer, et veille de fêtes il y avait beaucoup de repas à préparer, maman m’avait fait ce cadeau. Nous nous sommes vraiment beaucoup amusées, c’était un moment inoubliable. De savoir que maman avait eu cette idée, et d’avoir tout payé à tout le monde, j’étais émue … Je savais que la situation était de plus en plus compliquée au restaurant, les charges augmentaient, les matières premières augmentaient, papa ne voulait pas trop augmenter ses prix pour garder sa clientèle la plus fidèle possible. Au milieu de tout ça, maman avait organisé ce week-end pour moi, j’avais de la chance. J’ai toujours été gâtée, pour maman, les anniversaire et Noël, c’était précieux. Même pour nos fêtes, on avait un cadeau. Ils ont toujours travaillé pour qu’on ne manque de rien, je les ai vu souffrir de leur travail acharné, et je sais que toutes ces heures de boulot nous étaient dédiées en grande majorité sur le peu qu’il restait. Alors, elle a été véritablement stricte sur toutes mes sorties, mais l’été d’avant je lui avait fait comprendre que j’étais mûre et responsable pour sortir sans faire n’importe quoi. Cette surprise a été magique ! Est-ce que vous vous dites que ma maman était paradoxale dans sa façon se comporter avec moi ? rigide, très stricte mais avec énormément de générosité ? Oui je peux vous confirmer, elle a été d’une gigantesque générosité, d’un amour inconditionnel, et c’est comme ça qu’elle voyait la vie pour nous. Elle voulait juste que l’on soit irréprochablement respectueux, droits et polis. Nous sommes trois enfants très souriants, avec nos blessures, nos déchirures, mais dans l’amour profond. Alors oui, elle a été dur, mais je l’aime particulièrement fort tout comme mon papa, mon frère et ma sœur. Elle nous a appris la solidarité, le partage, le rire, l’amour et nous a offert de merveilleux moments et cadeaux dès qu’elle le pouvait. Papa encore une fois avait confiance en elle, donc l’a laissé gérer, mais il était heureux de nous voir comblés. J’ai donc eu des 18 ans marquants, j’ai profité de ce week-end vraiment de la meilleure des façons et j’ai remercié mes parents plusieurs fois avec amour et fierté.
Ce passage à la majorité aurait pu être parfait … Mais une personne est venue gâcher ce jour. Le 23 au matin, jour où j’allais avoir ma surprise. Je me rappelle très bien ce que j’ai ressenti ! En effet, j’ai reçu une lettre, elle venait du père à mon père … Vous vous souvenez ? Oui, celui à qui on ne parlait plus depuis mes 15 ans ! Nous pouvions reconnaître son écriture entre mille. Avant de l’ouvrir, nous nous sommes tous dit, qu’il venait en paix. Il ne m’avait presque jamais souhaité mon anniversaire à moins d’y être forcé, si on le faisait avec toute la famille, mais j’étais petite, donc en grandissant, je n’avais jamais un appel ou même une visite pour ce jour de l’année. Bref, rien d’étonnant vous me direz, et vous auriez raison de le dire ! Ça ne m’a jamais atteint qu’il ne pense pas à moi. Il ne le faisait jamais de l’année de toute manière … A quoi bon avoir des enfants et petits-enfants si c’est pour les traiter de cette façon et d’être dans l’ignorance totale ! Bon j’arrête le suspens, mais qu’est-ce qu’il y avait dans cette enveloppe ? Une lettre d’excuses ? non impossible, ce n’est pas du tout son genre. Un chèque ? surprenant si c’est le cas, je ne crois pas. On l’a ouvert, je l’ai lu … j’aurais aimé que la poste ne la pose jamais dans la boîte aux lettres ! Immonde ! En résumé il me disait que j’étais une menteuse, que pour mes 18 ans il m’annonçait me déshériter moi, mon frère et ma sœur par vengeance de la dernière fois où on s’était vu … Oui, vous avez bien lu, vous pouvez relire mais c’est bien ça, il m’a humilié le jour de ma majorité. C’était prévu depuis donc presque 3 ans cette histoire, il a attendu ce jour, pour bien marquer le coup, et punissait avec moi, mon frère et ma sœur qui n’avaient absolument rien à voir avec tout ça. Pourquoi attendre 3 ans pour faire ça, il y a eu 2 autres anniversaires entre temps … Par mesquinerie et méchanceté ! Voilà la description que je peux faire de cet homme ! J’étais en colère, non pas pour le fait d’être enlevé de l’héritage, je n’en voudrais même pas, il ne m’a rien donné de son vivant, à sa mort je ne veux donc rien de lui ! C’est sa façon de faire que j’ai trouvé médiocre et honteuse ! J’ai trouvé ça irrespectueux envers moi et ma famille, et surtout j’avais la haine pour mon papa, qui est un homme respectable et avec un cœur énorme. Avoir un père si vicieux, c’était horrible. J’ai voulu répondre de mon plein gré à cette lettre magnifiquement écrite. J’ai donc écrit ce que j’avais sur le cœur, en lui disant qu’il ne me manquait pas mais que ce n’était pas digne d’un grand-père d’envoyer une lettre pareille pour les 18 ans de sa petite-fille. J’ai ajouté que je ne souhaitais pas le revoir et que donc il faisait ce qu’il voulait de son argent que ça m’était bien égale, je voulais un grand-père présent pas un homme terré dans le passé et incapable d’aimer qui que ce soit. Puis mon papy, le vrai, celui qui m’a tant donné valait bien deux papys alors je n’avais aucun manque de l’autre côté. Je ne me souviens plus des mots exacts employés mais je pense ne pas être loin de mes dires. Je pensais mettre un point final en répondant. J’étais optimiste oui ! Peu de temps après l’avoir reçu, il a téléphoné aux deux sœurs de mon père ainsi que son frère pour leur lire ma lettre, et ajouté sans savoir que ça ne venait pas de moi, que c’était ma maman qui m’avait dicté quoi dire. On a fini par le savoir, mon papa a toujours parlé au reste de la famille de son côté. J’ai dû dire à qui veut bien l’entendre que ces mots étaient les miens, uniquement les miens, que j’avais besoin de personne pour répondre, à 18 ans je savais répondre à une lettre sans qu’on me la dicte. Maman n’avait rien dit, elle l’avait lu une fois finie, elle m’a demandé si j’étais sûre de vouloir l’envoyer, oui je l’étais. Elle n’a fait que la poster à ma demande. Il continuait donc à mettre maman, plus bas que terre, c’était presque incroyable cette façon de la mettre en faute coûte que coûte. Car même en disant que c’était moi qui l’avais écrit sans aide, je mentais bien sûr. Toute l’histoire à mes 15 ans, je l’avais inventé ! C’est ce qu’il a dit à toute la famille, je voulais juste séparer mon père de lui ! Sans témoin à part sa compagne, qui n’irait jamais contre lui, je ne faisais pas le poids. Mais une chose qui m’est restée, qui datait d’avant mes 15 ans, la troisième tentative de suicide de ma maman, c’était lui le fautif. Il faisait comme si ma maman n’était qu’une passade, il parlait à mon papa de son ex-femme décédée à chaque visite, il voulait même aller en Normandie sur sa tombe … Pervers un peu ? beaucoup même. Mon papa n’a jamais pu faire son deuil de cet accident déjà et son père savait très bien que c’était un point sensible, mais il n’avait pas l’intention d’aider mon papa à fermer ce livre de sa vie de façon définitive, bien au contraire, le but était de nuire à ma maman. Il avait réussi ce soir-là, elle a dit que dans la famille, ils idolâtraient les morts plus que les vivants, qu’elle vivait depuis des années à travers le fantôme de la veuve de mon papa, donc morte, elle serait enfin aimée !
Je ne comprends toujours pas comment on peut faire preuve d’autant de méchanceté dans sa propre famille. Ce n’est pas censé être sacré ? je n’avais pas grandi avec ce mépris, je préférais vraiment son absence, elle me rendait plus heureuse que sa présence, le peu qu’il apparaissait dans nos vies, c’était pour faire du mal. Autant ne pas s’entourer de personnes destructrices ! Les liens du sang sont précieux, certes, mais parfois, ils peuvent être à l’opposé de ce que l’on est en tant que personne, en grandissant, je me suis dit, oui on le même sang, mais le cœur n’y est pas, je n’aime pas cette personne. Ça peut paraitre horrible de dire une chose pareille de sa famille, mais pour éprouver de l’amour envers quelqu’un, et que ce sentiment soit durable, il faut recevoir en retour, l’amour à sens unique ne fonctionne jamais ! De plus, quand on aime, on ne fait pas que souffrir, on a des bons moments, des souvenirs à se remémorer quand la personne nous manque par exemple. Moi, je n’ai rien de tout ça avec lui. Quand je dis ; « rien », c’est le néant total ! Le vide intersidéral ! J’ai pu l’aimer gamine, et encore je ne m’en souviens même pas, je trouve ça désolant et triste d’en être réduite à ça, moi qui suis dans l’amour, je ne dis pas que je le déteste, car il faut aimer pour haïr, mais il m’indiffère. Je suis désolée pour vous me qui me lisez, de peut-être vous choquer par ces paroles, de vous surprendre, ou que vous ne me compreniez pas. Sachez que je peux comprendre si c’est le cas, car je me suis choquée moi-même la première fois où j’ai prononcé ces mots ! En revanche, quand on comprend que les liens du sang, proches ou non sont là pour nous apprendre, nous éduquer, nous donner des principes et que certaines personnes de la même famille sont totalement dans l’indifférence envers vous, même dans un certain déni (de la famille qu’a construit mon papa) pour sa part, j’estime qu’il ne vaut pas mon amour. Il est dans la méchanceté envers moi, j’ai fait des efforts, vous allez d’ailleurs le constater dans quelques paragraphes, et j’en ai fait encore en 2018, donc pour dire que ça ne fait pas longtemps que j’en suis arrivée à cette conclusion et ce point final concernant ma relation avec lui. J’ai choisi de m’entourer de que personnes bienveillantes, qui m’aiment comme je suis, qui font des critiques constructives et non par jalousie ou mépris. Il ne fait plus parti de ma vie aujourd’hui, et ne me manque pas, c’est dommage mais les événements de la sorte font partis de la vie et sont aussi là pour nous ouvrir les yeux sur le monde, et nous donne une leçon de vie sur les relations familiales. Dans toutes les familles, il y a des histoires, qu’elles soient dévoilées au grand jour ou secrètes, elles existent, nous devons vivre avec, mais nous ne sommes pas obligés de subir, personne n’a dit qu’on devait se taire et se faire marcher dessus par sa propre famille. On devrait tous aimer, aimer son prochain, être dans l’amour et la joie, mais la réalité est tout autre, j’ai cru longtemps, vivre dans un monde idéal, mais ce n’était qu’illusion. Malgré tout, j’ai le pouvoir de construire ma propre utopie, la bulle dans laquelle je vis avec les personnes que j’aime et surtout que j’ai choisi. En dehors de notre bulle, le monde devrait pouvoir nous rendre indifférents, les critiques ne devraient pas nous atteindre, la méchanceté ne même plus nous effleurer… Je l’avoue encore aujourd’hui, je ne suis pas dans la réussite complète de cette bulle … Mais je travaille chaque jour sur moi pour arriver à être dans l’amour inconditionnel et rester en retrait du monde extérieur. Ça commence par notre famille, si elle nous fait du mal plus du bien, c’est que l’on a quelque chose à comprendre là-dessous. Il y a ce qu’on appelle des liens toxiques, et ces derniers peuvent se trouver partout, même dans nos proches, parents, grands-parents, frères sœurs et d’autres. Les liens toxiques sont là pour nous faire prendre conscience d’éléments fondamentaux pour notre épanouissement. Ce n’est pas une honte loin de là, de savoir couper ces liens pour votre mieux-être, beaucoup pensent que ce n’est pas éthique, mais est-ce déontologique d’être malheureux, parfois pire à cause de sa famille ? est-ce la normalité d’être rabaissé, d’être persécuté, de subir une pression mentale par nos proches ? Aucun de toute ça n’est moral … Alors après une vraie prise de recul sur les situations que j’ai pu voir autour de moi, de ma propre vie, j’ai décidé de couper tous les liens nocifs pour mon équilibre et celui de la famille que j’ai construit. Je ne dis pas que c’est simple, il faut avant de le faire, bien analyser cette relation, pour être certains de notre décision et surtout ne pas avoir de regret. J’ai pardonné au père de mon père le mal qu’il nous a fait, non pas parce qu’il le mérite, mais parce que je mérite de vivre en paix. Cette décision m’a libéré. Je me suis forcée longtemps par respect pour mon papa, car je l’aime, et il méritait que je fasse ça pour lui. Puis un jour je lui ai expliqué ma vision, ma façon de voir cette relation, et il a compris. Je vous encourage en ce sens, il n’est jamais évident de faire le vide autour de soi, de s’entourer de bonnes personnes, d’être au milieu d’une famille aimante sans histoire. Alors si vous avez un sentiment similaire dans votre entourage, Posez-vous deux simples questions, être vous heureux avec cette relation ? Est-elle bénéfique pour vous ou l’inverse ? Vous devriez déjà avoir un avis plus objectif, et en découlera peut-être une prise de conscience. Vous ne serez jamais une mauvaise personne parce que vous coupez des liens qui sont destructeurs pour vous. Vous êtes votre meilleur conseiller dans la vie, il faut vraiment vous écouter, mais surtout penser avec votre cœur, lui ne se trompe jamais. Le mental lui nous met des barrières, vous savez les phrases toutes faites comme « non, ce n’est pas bien », « tu vas le regretter », « ne fais pas » … Elles ne viennent pas de votre cœur mais bien de votre cerveau qui est en perpétuel contradiction avec vos ressentis et ce que les autres en pensent par exemple. C’est lui qui émet des doutes, des peurs … Pas votre cœur. C’est aussi votre éducation, vos principes, qui vous disent de ne pas faire ça, car ça ne se fait pas … Pas votre cœur … Mon papa est une personne dite « vieille France », il a gardé des principes anciens, mais quand je lui ai exposé mon point de vue avec des arguments évidents, il m’a compris. Il ne m’a pas jugé. Ce n’est pas évident, je le répète, mais chaque humain doit garder son libre arbitre, donc doit être libre de choisir ce qui est bon ou non pour lui, et que pour lui. Ce n’est pas être égoïste de penser à son bonheur au contraire. Je peux juste vous certifier que c’est un acte libérateur, ce n’est pas uniquement mon avis, j’ai cherché à savoir le ressentis de plusieurs personnes pour pouvoir vous l’affirmer dans ce livre. Si vous ne le faites pas, que vous espérez que le temps jouera en votre faveur, que les aléas de la vie vous éloigneront, mais c’est un pari sur la chance. Qu’importe la difficulté, aucune barrière n’est infranchissable, elle peut s’avérer dur à grimper, il faudra peut-être plusieurs essais, mais une fois l’étape passée, vous pourrez être fiers de vous, ce sera un pas vers le bonheur.
Je reprends le cours de l’histoire, le 24 décembre, veillée de Noël, comme tous les ans, nous sommes réunis chez papy, mamie. Je venais donc d’avoir 18 ans, et mon parrain avait parlé de me payer mon permis. J’ai eu une enveloppe de 800 euros, à cet effet. Il m’a une nouvelle fois plus que gâtée, je me considérais vraiment chanceuse, tout le monde n’avait pas la chance d’avoir une telle somme pour passer le permis. Il s’était basé sur code + 20h de conduite. J’avais donc quasiment la totalité de l’examen de régler. Je connais des personnes qui ont du se le financer seul, ceux qui doivent travailler et économiser à cet effet, et moi, à côté j’avais beaucoup de chance d’avoir un parrain comme le mien. Il aurait été compliqué à mes parents de me le payer, j’avais un peu d’argent de côté, mais je ne voulais pas m’inscrire pour ne pas pouvoir continuer, si jamais je devais utiliser de l’argent entre temps. Je ne le remercierai jamais assez pour ça et tout ce qu’il a fait pour moi. Je me suis donc inscrite dès la rentrée de Janvier, j’avais choisi de le commencer à Château-Chinon, j’avais le temps après les cours pour le code et les leçons de conduite. J’ai démarré tout de suite derrière, ma première leçon de conduite s’est faite sous la neige, c’était fin février il me semble, je n’appréhendais déjà pas du tout, il fallait qu’en plus je commence un jour idéal niveau météo … Dans cette région, il neigeait beaucoup les hivers, et quand ça arrivait, ça pouvait bloquer la ville … Nous étions dans les débuts, donc ça allait, puis à la première leçon on se familiarise avec le véhicule, donc finalement ce n’était pas gênant, mais j’étais une fille très stressée dans ce genre de situation, je n’aimais pas vraiment car je n’avais pas le contrôle puisque je ne connaissais pas … Le moniteur s’en était aperçu, il en a joué, et je suis tombée dans le panneau ! Mais sa technique a marché, j’étais plus sereine après ses blagues, un peu honteuses pour moi mais marrantes. Puis, j’avoue qu’apprendre à conduire dans le Morvan, donc en pleine campagne, avec des forêts, des vastes étendues, c’était vraiment agréable. En avril, j’ai passé le code, que j’ai obtenu. Première étape de passée. J’avançais bien dans mes leçons de conduite, j’étais régulière, il m’avait annoncé 25h pour être prête à passer l’épreuve, il m’avait expliqué que le forfait 20h était vraiment un minimum mais insuffisant en général pour être vraiment préparée au jour du passage. Arrivée à la fin d’année scolaire, il n’y avait pas de date possible pour moi. J’avais deux choix, attendre septembre pour refaire quelques leçons et le passer, ou me réinscrire dans une auto-école vers chez moi pour continuer sur ma lancée et le passer dans l’été. J’ai fait le deuxième choix, je ne voulais pas être plus de deux mois sans conduire déjà, et si je pouvais le passer pendant les vacances ça me permettait de recommencer l’année scolaire sans les leçons de conduite et le stress de l’examen à côté. En fin première année nous avions une période de stage de 8 semaines qui dépassait sur le début des vacances, et nous finissions les cours avant, donc la décision n’a pas été longue à prendre. Le seul bémol était financier, il fallait payer de nouveau des frais d’inscription + le transfert du dossier et ajouter des leçons de conduite pour connaître mon niveau et mes aptitudes. Le coût total de mon permis a été de 1200 euros. Honnêtement, trouvez-vous ça normal qu’un jeune adulte soit dans l’obligation de donner autant d’argent pour le permis ? Je ne blâme pas les auto-écoles, car ce n’est à mon sens, pas eux les fautifs de ces prix phénoménaux. Il est rare qu’en arrivant à 18 ans, nous ayons une telle somme, et il coûte plus cher que ça à l’heure actuelle ! Il serait surement possible d’insérer au moins le code dans le cursus scolaire qu’en pensez-vous ? Ce serait déjà 300 à 400 euros de moins sur la note finale. Nous avons tous besoin du permis de conduire pour aller travailler et être indépendants plus tard. Au moins pour les jeunes en milieu rural, j’ai toujours vécu à la campagne, nous avons de multiples avantages à vivre au calme, mais le plus gros inconvénient c’est la mobilité. Nous n’avons pas les moyens de transport dont disposent les grandes villes. Le permis devrait être accessible à tous et non qu’à une seule catégorie de personnes. J’ai vu des personnes à 22/23 ans voire plus ne pas avoir de permis pour des raisons financières, et en habitant dans un village éloigné, sans moyen de transport, comment faites-vous pour avoir du travail ? Si pas d’emploi, pas d’argent, pas de permis … Pas de permis, pas de travail, pas d’argent … C’est un cercle qui devient vite vicieux quand on va plus loin dans le raisonnement.
C’est donc le 23 Août 2007, où j’ai eu la réponse positive de l’examen du permis de conduire. Un grand soulagement, car je ne me donnais pas le droit à l’erreur, je n’aurais pas eu l’argent nécessaire pour financer encore des leçons et les frais de passage, sans compter que je reprenais les cours à Château-Chinon 10 jours après, je ne pourrais donc plus faire comme je veux pour le repasser. Pour la première fois de ma vie c’est un examen que j’ai passé de façon sereine, calme et confiante. J’ai donc gardé mes moyens tout le long de l’épreuve, sans stress soudain qui aurait pu perturber le moment. Je n’étais pas peu fière d’avoir réussi avec confiance. Une première étape dans ma vie d’adulte, premier examen réussi dans ma majorité. Un sans-faute sur tous les examens passés depuis le début, j’étais fière de moi pour la première fois de ma vie, sans pouvoir expliquer pourquoi, mais je m’étais rendue compte que je réussissais ce que j’entreprenais jusqu’à présent, malgré les difficultés. Je ne m’étais jamais posée cette question avant, ça m’avait fait prendre un petit peu confiance en moi et en mes compétences. Ça fait du bien de sentir le positif monter en nous, d’arriver à poser un regard objectif sur nous-même sans être dans le jugement.
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