10 LILITH
Un Désir de Famille
Une femme se tenait devant une baie vitrée, emmitouflée dans un fin drap de coton beige. Elle observait le soleil se lever à l’horizon. Elle attendait pour savoir si elle avait réussi.
Elle était entré dans un bar la veille et avait séduit un homme. Un parmi tant d’autres. Ce n’était pas le premier et ce ne serait certainement pas le dernier. Elle l’avait choisi car il semblait fort et viril. Un bon spécimen… Elle pensait qu’il ferait l’affaire pour, peut-être, déjouer la malédiction qui pesait sur elle. Elle l’avait donc suivi dans l’alcool, buvant verre sur verre même si cela ne lui faisait aucun effet. Elle connaissait le pouvoir de cette boisson sur les hommes. Ils devenaient plus facilement manipulables et aussi coureur de jupon pour la plupart. Tout ce qu’elle recherchait.
Il l’avait ramenée chez lui. Ils avaient encore bu et de fil en aiguille, ils s’étaient retrouvés nus dans le salon. Elle avait été comme toujours avec ses partenaires à la fois douce et sauvage. Elle leur faisait plaisirs de nombreuses fois, faisant monter leur orgasme de diverses façons afin qu’ils ne soient plus qu’extases et allégresse. Elle les laissait la dominer au début, au moment où ils ont le plus d’énergie encore à revendre. Après, ils étaient partis dans la douche, ensemble, et elle l’avait encore séduit. Elle ne se contentait jamais d’une fois par partenaire. Elle voulait avoir toutes ses chances pour parvenir à ses fins le lendemain.
Alors elle repartait à l’attaque de cette verge afin qu’elle se redresse encore. Selon les hommes, elle se retrouvait une nouvelle fois en dessous s’ils étaient prêt physiquement à une nouvelle partie de jambes en l’air plus intensives. D’autres se laissaient faire et elle prenait plaisir à leur donner cette douceur et cette volupté pour ce qu’il lui donnait en retour à la fin. Leur semence… Elle désirait toute la semence qu’ils étaient capables de lui offrir et plus encore. Elle voulait tout, jusqu’à la dernière goutte.
L’homme qui l’avait prise cette nuit lui avait fait l’avait montée trois fois avant de se retrouver épuisé. Alors elle avait pris la relève après qu’ils aient encore discuté et échangé quelques verres. Et il s’était laissé faire. C’était pour cela qu’elle usait de l’alcool généralement d’ailleurs comme ruse pour mettre des hommes dans sa couche. Elle avait eu des aventures par le passé où l’homme cessait tout simplement parce qu’il était épuisé. Et il devenait souvent irascible dans ces conditions. Sa beauté angélique n’aidait pas toujours à l’adoucir. Certes parfois, ce n’était pas grave car elle avait tout de même eu ce qu’elle souhaitait mais… pas toujours.
L’inconnu de ce soir, lui, semblait bien trop heureux de pouvoir lui faire l’amour une fois encore. Un homme tendre et viril à la fois qu’elle avait fait éjaculer encore six fois. Cela lui avait pris toute la nuit. Il avait été fort, bien plus que la plupart des hommes qu’elle avait séduits par le passé.
Sur la dernière partie, elle l’avait senti se ramollir totalement pour s’immobiliser quelques instants plus tard. Il était inerte et ne respirait plus. L’épectase… Pourtant, elle avait senti son sexe pulser avec force à l’intérieur de son ventre. C’était son ultime semence. Les dernières gouttes étaient toujours les plus fortes et les plus fertiles, elle avait pu le remarquer. Et c’était justement ces gouttes là qu’elle traquait.
Alors elle attendait là, observant le soleil se lever, ignorant le cadavre de l’homme qu’elle avait aimé jusqu’à ce que mort s’ensuive. Soudain, elle sentit un mouvement dans son ventre. Elle glissa une main à l’endroit où elle avait senti le coup. Il y en eut un autre. Elle sourit. Elle avait atteint son objectif. De l’union ultime de cet homme naîtrait un enfant.
L’ombre d’une porte apparut dans un coin l’appartement de son défunt partenaire du jour et un être en sortit. Il s’agissait d’un ange aux ailes brisées. Il s’approcha d’elle.
— Alors ? Fit-il avec un sourire.
Il se saisit doucement du drap et écarta un pan pour la voir dans toute sa splendeur. Il glissa une main sur sa peau de pêche. Elle frissonna de plaisir à ce contact. Certes il s’agissait d’un ange déchu mais elle était attirée par tout être divin, étant elle-même d’essence divine. Elle avait juste besoin de la semence des mortels pour pouvoir assouvir son désir le plus profond que Dieu lui avait arraché des milliers d’années auparavant. Etre mère. Et elle avait trouvé le père parfait en un ange déchu, le fils de Dieu lui-même, Lucifer.
— Eh bien, Lilith, dit alors ce dernier en glissant une main sur son ventre encore plat. Cet homme t’a donné un enfant bien agité.
— Plus ils sont fort et viril, mieux c’est, sourit-elle. C’est ainsi qu’ils peuvent mieux te résister.
— La semence divine… soupira l’ange. Si infertile entre nous et pourtant si fertile auprès des hommes… Quel dommage que mon père m’ait fait jurer de ne jamais me lier à aucun d’entre eux. Et je tiens toujours mes promesses.
— Ce n’est pas grave, sourit Lilith en glissant une main sur le visage de son amour. Tu m’as moi. Cet enfant sera tien. A une seule condition, bien sûr, ajouta-t-elle un peu plus coquine.
Lucifer sourit et se rapprocha d’elle pour l’embrasser avec douceur. Ses gestes sensuels brûlèrent sa peau et la rendit ardente de désir. Elle se donna alors avec la passion de l’amour et son désir de lui donner l’enfant qu’il désirait. Certes Dieu les avaient maudit. Mais ensemble, ils avaient peut-être trouvé la solution pour combler leur manque et être heureux. Lilith pouvait procréer avec des mortels mais sa progéniture ne vivait jamais plus de quelques heures après l’accouchement. Quant à Lucifer, comme il l’avait dit, ne pouvait approcher d’une seule femme mortelle. Elle était l’unique exception car elle était désormais l’équivalente d’une démone. Un monstre au corps de rêve.
Avant qu’il ne la prenne et la fasse sienne, elle s’empara d’un pot en terre cuite dans son sac et l’ouvrit. Il y avait une pâte sombre à l’intérieur. Elle en prit un peu et traça une rune magique sur son ventre. Elle accorderait à son enfant protection, vie et force pour ce qui allait suivre. Car la semence de Lucifer restait malgré tout divine. Le choc était violent pour l’embryon. Changer le père entre deux mortels étaient une chose, entre un mortel et un ange … C’était une autre paire de manche. Mais elle était déterminée à être mère et à offrir aussi à son amour le plaisir de devenir père également.
Quand elle eut fini, Lucifer sourit et se coucha sur elle, à même le sol de cet appartement emmitouflé dans cette même couverture de lin imbibée de semence humaine. Ils se lancèrent dans la danse des amants la plus douce et la plus sensuelle qui puisse exister. C’était électrisant et vivifiant. Ils en avaient tous deux la chair de poule et leur souffle en était haché. Des gémissements, il commença à grogner à chaque coup de rein alors que Lilith poussait de petits cris, enfin pleinement satisfaite sexuellement. Aucun humain ne pourrait rivaliser avec l’habileté et l’amour d’un ange.
Quand ils atteignirent l’orgasme, elle sentit la verge de Lucifer pulser en elle, puissante. Et la magie de la rune opéra. Une lueur se fit sous sa peau et une douce chaleur l’envahit. Le transfert de paternité était fait.
Elle sourit, haletante, et s’allongea contre Lucifer qui s’était déjà assoupi. Elle reprit un souffle de plus en plus normal alors qu’elle glissait une main sur son ventre. Elle sentait encore quelques coups légers mais ils étaient là. L’enfant avait survécu au transfert. Elle n’aurait pas de fausse couche cette fois, elle en était certaine.
Une légère gêne sur le coté lui fit froncer les sourcils et elle baissa les yeux. Un sourire effleura à nouveau ses lèvres alors qu’elle s’installait mieux. Son ventre était bien plus gros qu’il n’aurait du l’être à ce stade de la grossesse. Certes ses gestations étaient rapides mais jamais à ce point. Elle n’aurait donc pas un mais plusieurs enfants. Elle n’en était que plus heureuses. Son rêve se réalisait enfin après tout ce temps…
Elle s’endormit, heureuse, dans les bras de son amour.
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