11 HIMIKO
L'Assaut du Yamatai
La reine se tenait à la fenêtre. Elle observait les navires qui s’étaient amarrés sur les côtes du Yamatai. Ils avaient été soufflés par la tempête. Elle appréhendait cette attaque. Elle entendait déjà la clameur des combats.
Des pas se firent entendre et la porte de ses appartements s’ouvrirent.
— Himiko ! S’exclama le Garde-Tempête. Il faut vous y aller ! Tout de suite !
Elle se retourna et le regarda. Elle hocha la tête et le suivit. Lentement. Elle avait atteint un état où son corps physique ne suivait plus la jeunesse et la puissance de son essence. Dès lors, courir n’était pas une option hélas. Le Garde-Tempête lui prit l’épaule, protecteur et l’aida à descendre les marches de son palais. Une fois en bas, deux hommes l’attendaient de part et d’autres d’une litière.
— Allez au sanctuaire, ordonna le Garde-Tempête aux hommes.
— Tsuki, appela la reine.
— Il va falloir que tu continues sans moi.
— Ne me laisses pas.
— Je te retrouverai ! Cria-t-il en s’éloignant.
La reine observa son garde et protecteur disparaître derrière un portail du palais alors que ses porteurs l’amenaient vers le centre de l’île. Là, il y avait un ancienne grotte, là où elle réalisait toujours le rituel qui la maintenait en vie et dissimulée aux yeux de son frère.
Elle s’y retrouva bien rapidement et elle se rendit au centre du sanctuaire. Une prêtresse l’attendait déjà à genoux devant l’autel. Himiko posa une main sur sa tête.
— Votre Altesse, dit la prêtresse en levant sur elle un regard dévoué.
— Es-tu prête ? Lui demanda-t-elle.
— Pour vous servir ? Toujours. Il est de notre devoir de protéger notre déesse.
Himiko hocha la tête et commença alors le rituel. Elle allait transférer son essence dans le corps de sa dévouée servante et prêtresse.
Alors que son âme divine était sur le point de quitter son corps, Himiko sentit une horrible douleur lui transpercer la poitrine. Elle eut le souffle coupé et ouvrit les yeux sous la surprise.
Himiko put voir qu’une flèche la transperçait elle, mais aussi sa prêtresse. Cette dernière s’effondra à ses genoux, morte, révélant un archer qui se tenait à l’entrée du sanctuaire. Ce dernier enleva son masque de samouraï et révéla un visage familier… et détesté.
La reine toussa et cracha du sang avant de s’effondrer à son tour. L’archer vint s’agenouiller à ses côtés et lui écarta une mèche de cheveux. Elle le fusilla du regard.
— Tu me déçois. Je m’attendais à plus de résistance de ta part… mais avec le corps que tu as aujourd’hui, tu n’aurais même pas pu lever le petit toit.
— Tu t’attendais à quoi ? Ce n’est pas ma philosophie.
Il soupira et la souleva. Elle n’arriva pas à s’éloigner de lui.
— Allez, je t’emmène.
— Je te l’ai déjà dit cent fois, fit-elle avant de tousser à nouveau.
Elle cracha à nouveau du sang.
— Je ne reviendrai jamais, termina-t-elle dans un souffle haché.
— Meurs donc si tel est ton vœu.
Il la rallongea sur le sol de pierre et se releva.
— Père sera déçu, Amaterasu, ajouta-t-il ensuite.
— Mon nom est … Himiko, dit-elle dans son dernier soupir.
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