Pseudo :   Agequodagis                           Titre : Cliché mortel

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La boutique recelait le fatras habituel glané par le brocanteur au gré de ses badauderies. Faustine en avait franchi le seuil lors d’une promenade dans les vieilles rues de la capitale. Dehors, le mois de mai chantait le printemps et les façades flamboyaient sous le soleil. Faustine accueillie la pénombre avec plaisir.

L’absence du propriétaire ne l’empêchât guère de fureter ici et là, quand elle s’arrêta soudain sur un vieux Polaroid 100. Photographe amatrice, elle aimait jouer avec ces anciens boîtiers à la recherche d’effets inédits.

L’appareil semblait être en bon état. Dans ses mains, il dégageait une sensation étrange. Une languette sur le côté indiquait qu’il restait encore au moins un tirage non-utilisé. Faustine senti son envie de le posséder grandir.

— Cet appareil vous intéresse, mademoiselle ? Entendit-elle soudain.

La surprise manqua de lui faire lâcher l’objet. Face à elle, un vieux bonhomme à l’aspect négligé mâchouillait une gitane maïs sans filtre.

— Il est à vous pour soixante-dix euros. Reprit-il.

— Hum un peu cher ! Surtout que l’on ne sait pas s’il fonctionne. Cinquante euros ?

— Allons, je sais qu’il reste une pellicule, essayez-le ! Si cela marche vous l’emportez pour soixante euros.

Faustine déploya l’appareil, cadra le propriétaire et appuya sur le déclencheur. Lorsque le flash illumina la pièce, elle crut voir dans le viseur, une ombre monstrueuse toucher d’une griffe le front de l’homme.

Avec un sentiment de malaise, elle patienta le temps nécessaire au développement du cliché. La photo, plutôt médiocre, ne montrait que le brocanteur dans son échoppe. Elle paya le montant convenu et rentra chez elle.

Assise sur le canapé, toute émotion dissipée, elle observait le portait brocanteur.

— C’est franchement raté. Dit-elle avec un sourire. Allez hop sur le mur des échecs.

Elle avait pris l’habitude d’épingler sur un mur, les tirages manqués afin de se rappeler de ses erreurs.

— Voilà pour toi. Ajouta-t-elle en plantant une punaise au milieu du front du vieux.

Assise à la terrasse du café, Faustine savourait son thé et ses croissants sous les rais du levant. Elle feuilletait le journal du matin laissé par le serveur. Un entrefilet aux faits divers attira son regard.

Mort inexplicable d’un brocanteur rue du Mirliton. L’homme a été retrouvé le visage crispé en une grimace d’horreur. Une profonde entaille lui marquait le front. La police criminelle a décidé d’ouvrir une enquête sur cette curieuse affaire.

Sans prendre le temps de terminer son petit déjeuner, Faustine courut chez elle et saisit la photo. L’image avait changé. Elle correspondait maintenant à la description du journal. Un frisson d’horreur lui glaça la colonne vertébrale.

Une voix insidieuse dans son esprit lui murmura :

— Il reste des poses, tu pourrais éliminer certain de ceux qui t’ont blessé.

— Qu’est-ce-que je raconte ! Dit-elle à haute voix.

— Tu ne risques rien, mort par un cliché, qui voudrait croire cela. Bien sûr il y a un prix. Il ya toujours un prix repris la voix dans un rire sardonique.

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