Eclair

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Arrivés sur la place, Tol, Mia et Ludwig eurent du mal à réaliser ce qu’ils voyaient. Fildran, Mordran et Karrorrogar, avec une cinquantaine d’autres mérones, étaient en train de joyeusement lancer des grenades sur la façade d’un temple de Xutrev. Ils hurlaient des injures aux pauvres moines qui ne pouvaient pas grand-chose contre ce déferlement de violence. Tol craignit le pire lorsqu’il vit des corps de gardes civils à terre. Ce derniers étaient chargés de faire régner l’ordre dans la ville, et n’étaient en aucun cas reliés aux moines. Le maître d’armes s’adressa à Ludwig :

- Restez cachés. S’ils voient un autre menae courir dans leur direction, ça pourrait aggraver la situation. Mia, on fonce chercher nos compagnons, et on déguerpit avant que les gardes se réveillent.

Les deux compères hochèrent la tête. Tol attendit quelques instants, puis courut vers le centre de l’agitation. Une fumée âcre aux senteurs entêtantes lui piqua la gorge. Il poussa les quelques mérones éméchés qui le séparaient de ses compagnons. Mordran et Karrorrogar étaient aux premières lignes, et Fildran braillait sur un tas de tonneaux, un pichet vide à la main :

- Allez-y camarades, balancez-leur de la science de sous-race à la figure, ça leur fera les pieds. Rebellons-nous contre l’oppresseur, détruisons leurs figures sacrés, et toi là-bas, pointant du doigt Tol, oui, toi ! Lance un sort sur le bâtiment, qu’on en finisse.

Tol ne prit pas la peine de répondre. En quelques bonds, il fut sur le mérone. Il le fit tomber en le poussant, sans prendre ne compte ses protestations. De retour dans la foule, il vit Mia suivie des deux autres. Derrière eux, il aperçut les renforts des gardes. Deux escouades armées de longues piques les chargeaient. Courant à l’abri, soutenant péniblement Fildran, Tol sut qu’il n’aurait pas le temps de fuir. La foule des mérones l’entourait, fuyant la charge des gardes. Les derniers traînards étaient déjà molestés, et plusieurs émeutiers étaient déjà au sol. Soudain un éclair illumina la place. Gardes comme rebelles s’immobilisèrent. Tol leva les yeux et sourit. Ludwig était sur le toit d’une maison. Surplombant l’esplanade, il foudroya du regard la foule. Il s’adressa à cette dernière d’une voix forte :

- Mon nom est Ludwig Von Valheim, seigneur et maître de Dirjol. Certains d’entre vous me connaissent comme le roi maudit. Aujourd’hui, c’est en tant que menae que je viens à vous. Je suis venu ce matin dans cette ville. Et ce que j’y ai vu m’a profondément déçu. Avez-vous oublié les anciennes alliances ? Avez-vous oublié les guerres contre le Nécromant ? Aurions-nous pu le vaincre sans l’aide des mérones ? Non, je ne le crois pas. De plus, s’agiter ne réglera pas les problèmes. Vous devez vous asseoir autour d’une table et discuter.

L’autorité émanant du seigneur des brumes calma les esprits. Plusieurs gardes relevèrent des mérones, mais la plupart restaient aux aguets. Les derniers émeutiers menacèrent du poing les soldats, puis repartirent. Tol entraîna Fildran dans la ruelle près des tonneaux. A moitié éméché, il ne semblait pas en état de raconter les derniers événements. Mia arriva avec Karrorrogar et Mordran. Le mérone était à peu près dans le même état que son frère, mais le drak semblait plus lucide. Tol l’interrogea du regard. Il haussa les épaules :

- Nous avions enfin trouvé une auberge dans laquelle nous ne nous sommes pas faits rejetés. Ils ont commencé à boire. La taverne était remplie de mérones, et les esprits ont commencé à s’échauffer. Les deux frères ont appris comment étaient traitées les autres races que les humains ici. Ils se sont énervés, et ont fait de grands discours. Et voilà le résultat, pointant du menton les deux frères assis.

- Et toi ?

- Je veillais sur eux. Et comme il y allait avoir de l’action, je me suis laissé emporter.

Ludwig atterrit au milieu d’eux. Tol hocha la tête :

- Beau discours. Il nous a permis d’éviter un bain de sang.

- Merci. Ça aide d’être un roi, de temps en temps.

- On repassera cependant pour la discrétion, râla Mia. Si jamais quelqu’un ne savait pas encore où nous étions, ils sont au courant maintenant.

Une voix retentit derrière eux :

- Seigneur Von Valheim ?

Le groupe se retourna, aux aguets. Un capitaine, d’après son uniforme, était accompagné de trois gardes en armure, portant de longues lances.

Ludwig lui répondit :

- Lui-même. Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

- Capitaine des gardes Leonnick. Le commandant de la garnison souhaite vous voir, vous… Il marqua une pause.

- Oui ?

- Vous et vos compagnons.

- Et pourquoi diable voudrait-il me voir ?

Le capitaine eut un mouvement de recul. Il semblait peu habitué à devoir s’expliquer, mais aussi à parler à un roi. Il reprit :

- Il souhaite simplement s’entretenir avec vous.

Ludwig consulta Tol du regard. Ce dernier se demanda ce qu’il fallait faire. Les moines auraient pu soudoyer les gardes pour leur tendre un piège. Mais pourquoi auraient-ils mis en place un plan si complexe ? Il aurait fallu simplement que les gardes continuent de charger, mettant en déroute les émeutiers et arrêtant Tol et Fildran. Ludwig aurait également pu recevoir une flèche malheureuse, et les moines en auraient profité pour accuser les mérones. Après un silence plein de tension, Tol se releva et hocha la tête. Ludwig se retourna vers les gardes, et eut un grand sourire :

- C’est avec joie que nous acceptons l’invitation du commandant.

Visiblement soulagé, Leonnick fit signe à ses hommes. Ils se dirigèrent ensemble vers le centre de la ville.

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