Ce sont ses dernières paroles. Je n’ai aucun souvenir du retour en bateau.

Je me réveille allongée devant la maison. J’ai quitté la lande, la crique, le voilier et l’île. La lumière aveuglante devant moi est bien réelle. Une portière se referme.

• Maman ! Maman ! Ulysse a la même voix que son père.
• Ne t’inquiète pas. Tout va bien. Il veut m’aider mais je me relève toute seule.
• Qu’est-ce qui s’est passé ?
• J’ai dû rater la marche du perron.

Il voit la lampe torche par terre.

• Qu’est-ce que tu faisais dehors à une heure pareille ?
• Va m’éteindre ces phares. Ils vont me rendre aveugle.

Ulysse me prodigue les soins nécessaires. Je lui dis que ça n’est rien, juste quelques égratignures. Il me répond que c’est à lui d’en juger. Après tout il est infirmier.

Ulysse veut sauver le monde. Il me sauve aussi de ma tristesse. Je suis tellement contente de le revoir après tous ces longs mois.

J’improvise un repas pendant qu’il monte ses bagages à l’étage. Nous discutons dans la cuisine. Je chéris ces moments de retrouvailles. Comme quand Joao était de retour après une longue traversée en mer.

Ulysse me dit qu’il va rester un mois entier. Je suis comblée. Je ne sais pas encore si je vais lui parler de l’île de lumière et de son père. Je choisis d’attendre le lendemain.

Je m’endors avec la sensation d’avoir Joao près de moi.