Enfin aux chauds. La libération. Le début de la fin de la journée.

Je fus contente que Linda s'occupe d'Inès. Cela ne la pardonnait pas, pas entièrement, mais dans tout les cas, cela y contribuait. Elle avait quand même osé choisir Nathan. Même si elle ne savait pas qu'on était resté six ans ensemble, elle savait que c'était mon seul et premier amour. Je posai mon sac sur la table de la salle à manger et enlevait mon manteau et sortit trois tasses.

— Chocolat ou café ? demandai-je aux nouveaux colocataires.

Ils choisirent tous deux chocolat. Cela tombait bien puisque je voulais en faire aussi. Pour un chocolat chaud réussi, ma mère m'avait appris une technique avec une poudre au chocolat spécial. Je la trouve connaissais depuis petites. Il fallait-il faire chauffer le lait au micro-ondes. Pendant ce temps-là, on mettait trois cuillères de poudre de chocolat avant de mettre un peu de lait de la bouteille. Ensuite il fallait tourner et quand même lait chaud était prêt, il fallait le verser rapidement afin de faire de la mousse. Je poussai de tasse vers les deux hommes qui c'étaient assis. Ils attendaient sagement… Il fallait bien avouer qu'à l'époque, ils étaient assez indisciplinés. Je souris à cet effet pensé. Je les laissai dans la cuisine et allai dans ma chambre pour récupérer mon sac de cours que j'avais posé dans ma chambre. J'en ressortis passer trousse et des cahiers que je rassemblai en un tas pour mieux les porter. Je sentis quelqu'un arriver dans ma chambre. Je me retournai et fis face à Linda. Je sursautai car elle s'était mis derrière moi mais très proche. Je soufflai puis m'assis sur mon lit puis relevai la tête.

— Qu'est-ce qu'il y a ? questionnai-je en relevant la tête.

Elle soupira et vint s'asseoir sur mon lit, en face de moi.

— Bon… Je vois bien que cela t'ennuie que Nathan soit là. Mais tu ne crois pas que tu devrais faire un effort ? Certes c'est ton premier amour et le seul, mais vous n'êtes restés ensemble que deux ans.

— Tu ne comprends pas, coupai-je sèchement. Tu ne sais pas tout. Il y a plein de détails que seul moi et Nathan savons, et que personne ne sait.

Je vis Linda pâlir en imaginant quelque chose que j’étiquetai de gênant.

— Mince alors… Vous l'avez fait ? Je croyais que tu étais encore vierge.

Effectivement, sa remarque était gênante. Bien évidemment je n'étais plus vierge, mais ce n'était pas au bout de deux ans de relations. Sauf qu'elle ne savait pas que j'étais restée six ans avec Nathan. Et je ne voulais pas le lui dire.

— Oui, on l'a fait. C'est plus compliqué que ça Linda. Tu es loin de tout savoir sur cette histoire. Comme la plupart des gens en faites. Et je ne t'en parlerai pas, mais tu es loin de savoir tout ce que j'ai caché.

Je me levai mais elle me tira par le bras. Je me retournai et elle fit son regard de chien battu.

— S'il te plaît… Dis-moi.

— Non !

— Si tu ne me le dis pas je t'obligerai à laver la vaisselle quand c'est mon tour, déclara Linda.

— Je ne le ferais pas, tu n'as pas le droit de me forcer. Arrête un peu avec ses chantages, je t'en pris.

Linda continua à répéter ses questions sans arrêter et je n'arrivai pas à me défaire de son emprise. Sauf que je commençais vraiment à en avoir marre.

— Rends je t'en pris laisse-moi ! Promis je te ferai peut-être ton tour de vaisselle mais pas dans l'immédiat. J'ai des examens à réviser et à obtenir, rétorquai-je.

Je ne me souviens pas si j'avais réussi à tenir tête à Linda auparavant. Tout ce dont j'étais certaine, c'était que j'avais enfin réussi à le faire. Si c'était la première fois… Eh bien c'était une mini-victoire de remporter. Alors qu'elle me fit ses yeux de biches, je reculai et lui lançai-je :

— Occupe-toi de ta vie amoureuse plutôt que de la mienne, c'est ma vie pas la même tienne ! Bon sang ! Trouve-toi une copine.

Puis je déguerpis pendant qu'elle sortit une réponse que je n'écoutai pas. Je soupirai, c'était parti pour faire une semaine de vaisselle en plus de la mienne qui se trouvait être la semaine prochaine. Si seulement il n'y avait aucune corvée ménagère dans la vie. Cela serait tellement plus facile ! Lorsque je descendis, j'entendis des voix dans notre cuisine américaine ouverte. Dorian était rentré. Quand je posai mes cahiers, histoire de réviser, Nathan me fixa alors que je commençai à parler avec Clément et Dorian. Je le remarquai bien. À ce moment-là, il me fit penser à son frère qui m'avait faite flipper à nous fixer, moi Mallo et Dorian en train de discuter dans le hall du collège. Ce dernier venait de le remarquer aussi.

— En faites Lau, on fait comme tous les jeudis ? questionna-t-il en se levant.

Tous les jeudis, je finissais à 13 heures, Dorian m'amenait et venait me chercher.

— Oui, s'il te plaît. Mais j'irai chez Pola après donc tu n'auras pas besoin de me ramener. Comme c'est proche de la fac j'irai à pied.

— Tu n'as pas ton permis ! s'étonna Nathan.

— Si. Je n'ai juste pas assez d'argent pour m'acheter une voiture. Puis, maintenant que mon père est à la retraite et que ma mère ne travaille pas, ils ne peuvent pas m'acheter une voiture comme ils l'ont fait pour mes grands frères.

Il resta bouche bée. Nathan n'était pas spécialement riche, mais il avait toujours pu avoir ce qu'il voulait. À l'époque moi aussi, même si j'attendais mon nouveau portable à des anniversaires espacés et que j'avais hérité d'un ordinateur rafistolé par mon deuxième grand frère Santiégo. Mon père ne travaillait plus depuis ma seconde. Ils faisaient donc attention. Ils ne pouvaient plus se permettre de dépenser leur argent à tort et à travers. J'économisai donc pour m'acheter une voiture. D'ici un an je pourrais en avoir une.

— Tiens d'ailleurs Clément avait une très bonne idée ! s'exclama Dorian.

Je me tournai vers lui, un crayon à papier contre ma joue. Allais-je enfin pouvoir commencer mes fiches de révision ? Depuis le premier brevet blanc, j'ai pris l'habitude d'en faire, même si je ne m'en étais pas tellement servi pour le bac de français en première partie exemple.

— Au lieu de vous donnez des taches à faire, à part la cuisine, eh bien on lave tout de notre côté.

— C'est ce que Mallo voulait te dire ce soir mais il ne rentrera pas. Il reste travaillé avec Dylan. Je pense que c'est une bonne idée, mais pour tout ce qui est espace commun, on devrait toujours ce les repartir.

— Oui, acquiesça Dorian.

Je commençai donc à faire les fiches pendant que Linda descendit. Elle se mit à dessiner à mes côtés tout en faisant la discussion aux de nouveaux colocataires. Ils avaient l'air de se sentir mieux. Je n'avais toujours digéré l'information. Je sortis brièvement mon portable car j'avais oublié d'en informer Mallo. Le message envoyé. Je me replongeai dans les fiches de révisions, déterminer à les terminer. Si seulement j'arrêtai de réviser toujours au dernier moment. Je regrettai de ne pas avoir commencé pendant la semaine de vacances. J'écoutai à moitié Linda qui parlait avec les nouveaux alors que Dorian s'était parti isolé dans sa chambre pour réviser, futur professeur d'anglais oblige. Je remballai mes affaires parce que Linda commençait à mettre la table. Je montai voir Inès qui jouait avec des Lego dans la dernière chambre inoccupée. Je m'assis en tailleur à ses côtés.

— Pas trop triste d'être loin de papa et maman ? demandai-je alors qu'elle me serra plus fort.

— Maman se dispute souvent au téléphone. Papa la réconforte.

C'est ce que Raoul m'avait très rapidement expliqué. Je notai dans ma tête de le faire demain soir.

— Ne t'inquiète pas. Maman va bien. Elle est juste un peu déçue d'une personne. Ce n'est pas si grave, mentis-je pour le bien de la petite fille. Linda t'emmènera à l'école demain matin, je ne peux pas. Et demain soir je te confierai à papi et mamie le temps que je passe mon examen.

J'avais tellement de chose à faire le lendemain. Je fis manger Inès avant pour la coucher avant que nous mangions. Je pris ma place, qui, maintenant, se trouvait entouré d'une chaise vide appartenant à Mallo ainsi que de Clément. Nathan était en face de moi, entouré de Dorian à leur droite et de Linda à leur gauche. Ce soir… J'avais beau aimer manger, je n'avais absolument pas faim.

— Alors les garçons. Comment ça se passe les amours ? voulut savoir Linda d'un ton enjoué.

Est-ce-qu'elle le faisait exprès ou elle voulait juste me casser les pieds ? Je lui lançai un regard noir. Insupportable aujourd'hui décidément.

— Clément est célibataire depuis sa naissance, rigola Nathan.

Le concerné n'en sembla pas vexé et rajouta :

— Nathan est en couple depuis presque un mois. Il ne veut pas dire l'heureuse élue.

C'était… Prévisible. Je n'avais pas à être chiffonnée par cette annonce. Pourtant, je l'étais quand même. J'avais envie de me gifler. De parler à Pola, Dylan ou Vanessa. Je connaissais Vanessa depuis le début de la maternelle comme Dylan, c'était ma meilleure amie. J'aurais tant aimé que Mal lo soit avec moi en ce moment, histoire d'avoir quelqu'un qui me comprenne dans ce moment là. Pendant le repas, Clément continuait à mener son enquête sur la fameuse fille. Je sentis mon téléphone vibrer et me levai. Je vis la photo de la personne qui m'appelait : une belle fille aux cheveux raides châtains et aux yeux marron. Vanessa. Je m'éclipsai de table et décrochai aux toilettes.

— Hey ! Comment ça va Vanesse ? Ça fait longtemps, on devrait se voir bientôt, déclarai-je.

— C'est vrai que un an ça fait hyper longtemps ! Je vais organiser un truc. Lau ! Tiens-toi bien j'ai quelque chose à t'annoncer !

— Dis !

— Tu te souviens de ton ex ?

— Vu que c'est le seul, oui je m'en souviens très bien même.

— Eh bien je l'ai revu il y a environ un ou deux mois.

Je n'ai même pas eu besoin d'écouter pour connaître la suite.
Ma meilleure amie était en couple avec mon seul et unique ex petit-copain.