Chapitre 10 :
J’avais réussi à entraîner Dylan à l’écart de ses parents qui se trouvaient toujours sur leur petit nuage. S’ils savaient. Ils y retomberaient si brutalement. J’avais donc isolé Dylan avec moi, dans sa chambre à lui et à Pola, qui était actuellement très mal rangée. Cela ne me dissuada pas de garder Dylan avec moi. Il semblait assez paumé, et j’étais moi-même assez perdue. Ce n’était même plus perdue, j’étais aussi bouche bée par tout ce que je venais d’apprendre en même pas une demi-heure. Dylan qui trompait Pola avec Mallo et qui voulait la quitter. Malgré tout, il l’avait quand même demander en mariage. Est-ce que je comprenais sa logique ? Absolument pas, et je crois que personne ne pourrait comprendre de toute manière. Je croisai les doigts pour que Mallo ne croise pas les parents de mon meilleur ami, s’il apprenait leur mariage, je n’osai même pas imaginer sa figure et sa réaction. J’allais devoir le récupérer à la petite cuillère, et c’était compréhensible. Mais de toute manière, quelle que soit l’issue de cette histoire, il y aura au moins une personne qui y ressortira détruite et blessée. Laquelle ? Je ne savais pas, et je n’essayai même pas d’y réfléchir. Lorsque je refermai la porte derrière moi, je dus lancer un regard meurtrier à Dylan car il s’assit en baissant la tête comme s’il allait se faire taper dessus… Il risquait peut-être bien de se prendre plus d’une paire de gifle, mais cela ne viendrait pas de moi dans tous les cas. Je soupirai et me collai contre la porte en me passant une main sur le visage. Il s’était vraiment mis dans une situation extrêmement délicate !
— Dylan… Est-ce que tu es au courant que ce mariage est complètement contradictoire à ce que tu viens de me dire ?
— Ouais je sais, il faut que je t’explique.
— Oui, tout à fait. Je ne comprends pas. Est-ce que tu aimes vraiment Mallo ? Tu as quand même demandé…
— Oui je l’aime vraiment et le mariage ne prouve rien. C’est Pola qui m’a demandé en mariage.
— Et bien évidemment tu n’as pas refusé, soupirai-je en m’affalant sur le lit, complètement dépassée.
— Ce n’est pas vraiment quelque chose que tu refuses lorsque que tu es devant ta famille et toute ta belle famille.
— En effet…
Mon meilleur ami se retrouvait vraiment dans de beau drap. Je ne savais pas quoi faire pour lui. C’était assez compliqué, cela me dépassait presque. De toute manière, c’était à lui de faire ses choix, seulement à lui. Mais il devait s’assurer de faire le bon. Je ne pouvais pas lui dire de décider avec son cœur, ou alors seulement que de réfléchir, car à mon sens, même si j’aurais tendance à choisir plus avec mon cœur, Dylan était une personne qui choisissais avec réflexion mais aussi avec une pointe de sentiment. Ce qui rendait les choix durs pour lui, même si les choix sont durs pour n’importe qui.
— Lau’. Je ne sais pas ce que je dois faire, m’avoua mon meilleur ami.
— Je ne sais pas, soupirai-je. Mais dans les deux cas, tu perds une personne. Dylan, écoute-moi bien.
Je me suis mise, bien en face de lui et le regardai bien dans les yeux, même s’il ne me regardait pas dans mon regard. Je crois bien qu’il était pendu à mes lèvres, prenant ma consigne à la lettre. Je voyais dans le reflet de son regard, à la forme que formaient ses lèvres, à sa respiration et à son battement de sourcils qu’il n’allait absolument pas bien et qu’il attendait beaucoup de ce que j’allais lui dire. J’étais navrée car je ne pensais pas que ce que j’allais lui dire allait vraiment l’aider à faire un choix. Cela ne pourrait sûrement, ni l’aider, ni le rassurer, ni le consoler, et pourtant, je me sentais obligée de lui dire cela avant qu’il décide de quoi que ce soit.
— Je ne veux pas t’orienter vers un choix ou un autre Dylan. Les seules choses que je peux faire, c’est de t’avertir des conséquences que tes choix donneront sur toi et d’autres. Dans n’importe quel choix, tu rendras une personne triste, une personne à laquelle tu tiens énormément. Mais laquelle personne tiens-tu le plus ? J’avoue que cela serait une question que je me poserais. J’ai aussi autre chose, car ce choix, ce n’est pas qu’une personne que tu choisis, c’est aussi un mode de vie. Tu as le choix entre t’assumer ou te cacher. Tu pourrais assumer qui tu es, qui tu aimes, qui tu détestes, ce que tu respectes, ce que tu ne veux pas respecter, ce que tu veux faire réellement dans ta vie. Et tu peux aussi rester, faire plaisir à ton entourage en te disant que tu as fais le bon choix. Tu vois, le truc c’est que tout dépend de nos caractères et de nos priorités. Si ta priorité n’est pas de t’affirmer, ne le fait pas, si tu veux t’affirmer et bien affirme-toi sans honte. Car qu’importe ce que l’on peut te dire, on s’en fout. Il y aura toujours des regards et des dires méchants ainsi que des langues de vipères. L’important, c’est le choix qui te rendra heureux, mais le bonheur ne vient qu’après les efforts. Et j’espère que tu comprends ça.
Il hocha la tête, mais je savais pertinemment qu’il était encore plus dérouté après ce que je venais de lui dire, je le lisais sur son visage et dans ses yeux. Il me regardait avec un air si désespéré que j’avais envie de le serrer dans mes bras, et c’est ce que je fis. Nous retournâmes dans le salon alors que ses parents devaient sûrement l’attendre, toujours le sourire aux lèvres. Sauf qu’ils n’étaient pas seuls dans la pièce à vivre de l’appartement, Mallo était de retour, et à en voir son expression, ce qu’il venait d’apprendre ne lui plaisait pas du tout. Est-ce que la situation pouvait être pire ? Sur le moment peut-être, mais au fils du temps, cela risquait certainement d’être pire. Je fermai les yeux alors que Mallo regardait Dylan, très en colère.
— Eh bien mon fils ! Nous n’allons tout de même pas annoncer à tous tes amis que tu vas te marier ! déclara le père de Dylan en s’asseyant sur le canapé.
— Laurianne, on va y aller, grogna Mallo en prenant son sac.
Il partit sans même attendre une quelconque réponse de ma part. Je lançai un regard à mon meilleur ami pour lui ordonner de rejoindre immédiatement Mallo s’il voulait avoir une chance de s’expliquer auprès de lui et de s’excuser de l’avoir blessé. Moi, j’allais occuper ses parents et engager un peu la discussion avec eux pour les faire patienter. Dylan comprit mon signal.
— Faut que je le rattrape j’avais une question pour le boulot ! s’écria-t-il avant de sortir.
Je me retrouvais donc seule avec ses parents qui étaient toujours très contents. S’ils savaient… Je ne ressentais pas vraiment de peine pour eux. Peut-être juste un peu de pitié puisqu’ils allaient finir par tomber de très haut. Pas que je détestais les parents de Dylan, mais je n’avais jamais vraiment été proche des parents de mes amis à part à l’époque où j’étais meilleure amie avec Vanessa. La mère de Dylan se détourna de la télévision pour me fixer. Est-ce que j’aimais être fixée de la sorte ? Pas vraiment, non.
— Comment allez-vous madame Ducamplot ?
— Bien, très bien Laurianne ! Tes études et la colocation se passent bien ?
— Oui, tout se passe bien. Bon, il faut que je finisse par m’habituer aux nouveaux colocataires qui sont arrivés mais je vais bien réussir par l’être. De toute façon, ses derniers temps, je suis de moins en moins à la maison. Ce n’est pas très compliqué. Puis, je ne les déteste pas tant que cela finalement.
— Et Mallo ? Comment ça se passe avec lui ?
Je fronçai les sourcils. Pourquoi est-ce qu’elle me parlait de Mallo ? Quel était le rapport ? Moi, je ne comprenais pas en tous cas.
— Pardon ?
— Eh bien, toi et lui. Vous n’êtes pas ensemble ?
Mon sourire se décrocha en un rictus surpris. Donc, d’après la mère de Dylan, je serais en couple avec Mallo… C’était un concept, mais surtout la blague du siècle. Mallo et moi en couple. Je ne savais pas si ma réaction était le choque ou l’amusant. Sûrement un mixte des deux.
— Non ! Nous ne sommes pas ensemble, c’est un très bon ami et il est déjà en couple de toute manière. Puis, en ce moment, mon optique n’est pas l’amour, j’ai mis ce domaine-là entre parenthèse depuis un moment. Je verrai plus tard.
— En couple ? Dylan nous donne souvent des nouvelles de vous deux. Qui est cette charmante demoiselle puisque ce n’est pas toi ?
Je me mordis un peu trop fort ma lèvre. Et mince ! Je venais de faire une mini-gaffe. Je devais vite trouver une fausse personne dans mon imaginaire pour la rattraper. J’allais réussir à rattraper cette bourde, non ? Oui, de toute manière il était hors de questions de trahir mes deux amis. En plus je n’avais aucune raison pour, et cela ne se faisait juste pas. C’était de bonnes personnes malgré le fait qu’ils avaient vraiment gaffé sur ce coup-là.
— Il ne nous l’a pas encore présenté, il m’a juste montrée une image d’elle. C’est une belle blonde aux yeux verts. Faudrait que je lui demande quand il va nous la présenter.
— Il doit passer moins de temps avec toi et Dorian au finale, souleva le père de Dylan.
— Pas vraiment, répondis-je en haussant les épaules. Mallo passe surtout son temps à travailler avec Dylan. Ils sont tous les deux des travailleurs exigeants et sérieux. Ils ont bien fait de créer leur binôme mais ils travaillent vraiment beaucoup trop, je vous assure. Pola s’inquiétait pour Dylan au début, et elle s’inquiète toujours. Je leur ai dit de faire un break.
— Et comment vont tes parents ?
— Bien, ils vont bien, merci.
Je ne trouvai pas d’autre sujet de discussion, elle s’arrêta donc là. Heureusement, ils ne se posèrent aucune question sur ceux que pouvait faire leur fils et Mallo pendant un long moment. Ils se contentèrent de regarder la télévision, mais moi, je me demandais ce qu’ils étaient en train de ce dire, ils ne devaient pas s’éterniser trop longtemps. Sinon, je ne saurais plus quoi inventer au parent de Dylan. Est-ce que les deux amants allaient se réconcilier ? Je l’espérais bien, sinon j’aurais encore plus de boulot au niveau relationnel. Comme si je n’avais pas assez de chose à faire pour le moment. Je sentis encore mon portable vibrer dans ma poche, cela faisait déjà trois fois. Je m’isolai dans la cuisine pour pouvoir l’ouvrir sans paraître mal polie à l’égard des parents de Dylan même si toutes leur attentions c’étaient tournées sur la télévision. Je sortis mon portable de ma poche.
Lorie :
Il faut que tu viennes. Personne ne comprend ce qui se passe à la maison. Vanessa est partie et depuis Dorian reste enfermé dans sa chambre et il n’ouvre à personne.
J’en déduisais par ce message, que tout ne s’était pas super bien passé. La réaction de Dorian était prévisible, apprendre qu’il était père n’était pas rien. Et avec Vanessa qui avait disparu de la circulation depuis un moment. C’était parfaitement normal. Vanessa avait dû partir directement après lui avoir annoncé. Si elle n’était pas partie, Dorian aurait sûrement essayé de dialoguer. Et à ce que je pouvais deviner suite au message de Lorie, c’était que ce n’était pas le cas.
Nathan :
Demain matin - salle de bain.
Cette fois-ci, il avait abrégé le message. Et j’en restai encore plus perplexe. Je rangeai directement mon téléphone dans ma poche et retournai dans le salon où j’avais entendu de l’agitation. Mallo et Dylan étaient revenus. Lorsque j’arrivai dans la pièce à vivre, j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir. Pola revenait de chez sa sœur. Je lançai à un regard à mes deux amis, et je vis bien que tout allait mieux entre. On n’était toujours pas dans le meilleur des mondes, mais cela progressait, je gardais espoir. En attendant, après tout ce que j’avais appris, le fait de me retrouver dans la même salle que les futurs mariés et Mallo, qui plus est avec les parents de Dylan, était devenu assez gênant pour moi. Pola arriva tout sourire, et le sujet du mariage fut revenu dans la discussion à cause de la bague de fiançailles qui faisait parler. Pola l’exhibait fièrement, toute souriante, et cela me faisait mal au cœur de voir à quel point elle était heureuse. Elle allait être si triste… La mère de Dylan était toute contente elle aussi. En faites, dans cette pièce, tout le monde était heureux à part moi, Mallo et Dylan. Je fis signe à Mallo.
— Bon, nous, nous allons, partir, il commence à se faire tard, déclara Mallo.
— A bientôt Mallo ! Oh ! La prochaine fois tu pourras inviter ta petite-amie ? Je pense que l’on serait tous ravie de la rencontrer, le salua la mère de Dylan.
Bon, je constatai que la mère de mon meilleur ami était devenu commère avec l’âge. Ce n’était pas prévu. J’eus un sourire gêné alors que Mallo afficha une expression surprise qui rassura Dylan. Mallo se tourna vers moi pour me jeter un regard assassin alors que Dylan nous regardait, un sourire aux lèvres. Mon colocataire appuya une main sur mon épaule et fit un signe de la tête à Dylan avant de me pousser légèrement vers la sortie.
— Oui, peut-être un jour, souffla-t-il.
Nous sortîmes enfin de cet appartement, abandonnant Dylan. Il fallait que j’aie une discussion avec Dorian aussi, j’allais devoir forcer le passage pour pouvoir rentrer dans sa chambre, et peut-être bien expliquer la situation aux autres. Nathan devait déjà être en courant, je pense. Et si Nathan était au courant, Clément l’était forcément. Ils se disaient tous, absolument tous.
Pola :
Demain soir, dîner avec la famille de Dylan pour fêter le mariage, vous êtes tous conviés, même Nathan et Clément.
Je soupirai, quel embarrât cela allait être. Heureusement qu’il y aurait les autres, avec tous ses secrets, je n’aurais pas supporté d’être toute seule là-bas. Mallo non plus je pense. Je rangeai encore une fois mon portable alors que nous marchions sans dire un mot. Sauf qu’avec tous ce qui venait de s’être passés, et ce qu’il venait d’être révélé, je crois bien que je devais lui parler, ne serait-ce pour savoir que notre amitié ne changeait pas depuis que je savais pour son couple avec Dylan.
— On est tous convié demain soir chez Pola et Dylan. Un repas pour fêter leurs fiançailles. Il y aura la famille de Dylan, sûrement ses parents et sa sœur, annonçai-je.
— Génial… Pourquoi t’as dit que j’étais en couple ? Avec une fille en plus, enfin, je veux dire, heureusement que je n’ai pas réussi à dissimuler ma surprise sinon j’aurais encore eu des problèmes avec Dylan.
— Tout va mieux entre vous. Vous allez faire quoi ? Comment te dire qu’il y a plein de chose qui sont en jeu. Et, en faites, je viens de me rendre compte que j’ai décris ton ex pour la petite-copine… Désolé.
— Je… Très franchement, je ne sais pas comment on va faire. Je ne sais pas comment on va régler tout cela. On n’en a pas encore vraiment parlé. Tu sais, ça m’a fait du mal qu’on ait dû cacher l’idylle pendant deux ans déjà, et au début, je t’assure que je n’étais absolument pas certain de vouloir continuer, pour le bien de Pola. Sauf que la vie a fais que je suis vraiment tombé amoureux, et même si l’on a continué, c’était très dur de le voir avec Pola. Et quand je suis parti tout à l’heure, j’avais envie d’abandonner et de baisser les bras car tout était devenu soudainement impossible, mais maintenant, maintenant que je sais que Dylan n’aime plus Pola, j’ai vraiment envie de me battre pour le garder.
— Vous allez-y arriver, j’en suis certaine, dis-je.
— Je vais le dire à Dorian, commenta Mallo.
— Pas dans l’immédiat. Il est reclus dans sa chambre, il vient d’apprendre qu’il est père, cela lui fait sans doute un choc.
— Quoi ! s’exclama Mallo en s’arrêtant brusquement.
Je soupirai et me retournai.
— Oui, il est le père de l’enfant de Vanessa.
— Vanessa est avec Nathan et a un gosse ! renchérit Mallo abasourdit.
— Ils sont ensemble juste pour les nuits. Bref, il faut que j’aille parler à Dorian, répondis-je en reprenant mon chemin.
Mallo continuait à m’harceler de questions pendant que l’on retournait chez nous. Je comprenais que tout cela le surprenait, moi aussi cela me surprenait. Mais je ne répondis pas à ses questions et lui répétai de se taire et de régler tous ses problèmes avant de s’immiscer dans ceux des autres. Venant de ma part, ce n’était absolument pas crédible puisqu’en ce moment, j’étais dans tellement de problème en plus des miens. On finit par rentrer chez nous. Clément, Nathan et Lorie étaient à la table de la cuisine, mais ils ne mangeaient pas, ils discutaient. Où était-passé Linda ?
— Dorian a ouvert à Linda ? s’enquis-je.
— Non, elle est dans sa chambre, répondit Clément.
— Laurianne, est-ce que tu sais quelque chose ? voulut savoir Lorie.
Je posai mon manteau sur le porte-manteau et me tournai vers eux en posant mon sac en plein milieu de l’entrer. De toute manière, je savais très bien que personne ne rentrerait. On était tous déjà présent.
— Oui. J’en sais plus que vous mais je ne suis pas la seule ici, déclarai-je en regardant Nathan, il savait. Mais je ne peux rien vous dire, ce n’est pas à moi que revient ce droit, c’est à Dorian. S’il le veut, je vous expliquerai. Je vais aller le voir.
— Je ne crois pas qu’il te laissera entrer, riposta Nathan.
Je ne lui répondis pas et commençai à monter les escaliers. Un blond aux yeux marron, plus grand que moi descendait au même moment. C’était sûrement le plan cul de Linda. Il n’était pas très grand, il faisait juste une tête de plus que moi, et il était tout fin. Il me fit un sourire charmeur et je lui souris en retour. Il me tendit la main que je la serrai.
— Laurianne.
— Lucas.
Son téléphone sonna et j’eus le temps de voir son interlocuteur, une certaine Maëlle. Je le regardai descendre puis montai vite. Linda ne sortait pas de sa chambre, elle avait dû s’endormir. Je frappai à la porte de Dorian. Je n’eus aucune réponse. J’essayai de l’ouvrir mais il l’avait fermée à clé. Je tapai encore.
— Dégage !
— Dorian ! C’est Laurianne !
— Pars !
— Écoute, j’ai eu une discussion avec Vanessa ce matin. Je connais l’histoire, je sais ce qu’il s’est passé. Et… Je sais aussi ce que cela a donné.
J’attendis contre la porte, Dorian ne m’avait rien répondue. Je soupirai mais restai à la porte. Derrière moi, j’entendis Linda qui sortit de sa chambre. Finalement, elle ne dormait pas. Mon amie devait savoir que Dorian avait un problème puisqu’elle ne vint même pas me parler et descendit. J’entendis la clé se tourner et je n’attendis pas pour ouvrir la porte. Mon ami avait eu le temps de se rasseoir sur son lit, la tête baissée. Je refermai la porte derrière moi.
— Est-ce que tu veux que les autres le sachent ? avançai-je d’ambler.
— De toute manière, ils seront bien obligés de l’apprendre…
— Dorian, tu sais que tu n’as rien fait de grave. Ce n’est pas ta faute.
— Mais bien sûr que si ! Je suis le père du bébé, j’ai mes responsabilités, et je vais devoir les prendre. Et elle n’a même pas eu le courage et la confiance de me le dire sur le moment. Je m’en veux, c’est de ma faute. Si nous avions pris, si j’avais pris des précautions, je n’aurais pas ruiné sa vie en lui faisant un bébé.
Je soufflai, exaspérée. La situation semblait dramatique pour Dorian alors qu’elle ne l’était pas tant que cela. Du moins, je ne la trouvais pas aussi dramatique que cela, c’était peut-être juste parce que je n’étais pas directement concerné. En y recentrant les choses, je pouvais finalement comprendre que cela puisse être une situation dramatique pour lui. Comment l’annonce à ses parents ?
— Déjà, la vie de Vanessa n’est pas ruinée donc tu n’as pas ruiné sa vie. Dorian, écoute, ce n’est pas ta faute. Certes, tu ne t’es pas protégé, mais Vanessa non plus, et c’était ta première fois. Ce n’est pas de ta faute. Après, si tu décides d’assumer, il va falloir en parler à tes parents. Je suis certaine qu’ils te soutiendront. Est-ce que tu veux essayer d’assumer ?
— Bien-sûre que je vais assumer, c’est mon enfant après tout. Mais cela me prend un peu de court tout cela. Je… je n’étais pas près, tu vois. Mais j’assumerai même si cela me fait peur, car que Vanessa le veuille ou non, elle a besoin de mon aide, et cet enfant à besoin de son père. Le problème, c’est que je ne serais pas capable de lui parler. Je ne lui ai même pas dis un mot quand elle est venue me l’avouer.
— Dorian, je ne pense pas que cela soit trop grave si c’est cela qui t’inquiète. Tu vas finir par réussir à aligner un mot devant elle. Bon avant vous vous entendiez bien, peut-être que votre relation ne sera plus jamais comme avant, surtout si vous continuez de penser à ce soir et au soir où vous l’avez fais…
— J’étais amoureux d’elle, Laurianne. Je n’étais jamais tombé amoureux, et là si. Sauf qu’après elle est partie du jour au lendemain sans rien me dire et là elle revient. Comme Nathan avec toi.
Je le pris par les épaules et le regardai. Je le comprenais tellement. J’avais l’impression de me retrouver en lui. Il aurait pu vivre quelque chose de beau avec Vanessa si elle n’était pas partie. C’était la première fois et la seule fois où il avait été amoureux, et cette personne était partie. Cela avait de quoi être traumatisant. Je le secouai un peu en le regardant très sérieusement. La situation et le contexte étaient sérieux. Il y en avait beaucoup trop ses derniers tant de situations comme cela, mais ce n’était pas grave, cela allait bien finir par s’atténuer. Il n’empêche que j’aurais bien aimé retrouvé une ambiance légère plus tôt.
— Dorian, demain je viens avec toi chez Vanessa. OK ?
Il ne me répondit pas immédiatement et je me pinçai la lèvre. Dorian, ne fait pas l’idiot je t’en pris.
— C’est OK, souffla-t-il.
— Cool. Repose-toi bien et ne cogite pas trop pendant la nuit.
Je lui fis une tape amicale et je sortis de sa chambre. Je regardai ma montre. L’heure du repas était presque passé, et je sentis que Lorie était en train de cuisiner pour le dîner. Mais ce soir, je n’avais pas faim, et j’étais fatiguée. Cela n’arrivait pas souvent, mais cette fois, je devais aller dormir au lieu de manger. Je m’appuyai à la rambarde de l’escalier.
— Manger sans moi ! Je vais me coucher ! Nathan ou Mallo vous expliquerez aux autres ce qui se passe avec Dorian ! Bon appétit et bonne nuit ! criai-je pour qu’ils m’entendent.
J’avais vraiment la flemme de descendre. Je marchai jusqu’à ma chambre et une fois rentrée je m’assis sur le lit. Je restai un moment là, à regarder dans le vide, et je me changeai pour aller dans la salle de bain. Je remarquai un papier sur ma table de chevet. Je fronçai les sourcils, ce n’était pas à moi. Je m’approchai pour voir ce qu’il y avait écris. Au début, s’il n’y avait pas écris A Laurianne j’aurais pensé que c’était pour Linda. Il avait laissé son numéro de téléphone et il avait marqué quelque mot.
Au cas où tu aurais besoin de mon aide.
J’aimerais bien qu’on se revoit.
À bientôt.
Lucas
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