Chapitre 15 :

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Je croyais bien que l’état psychologique de Pola ne risquait pas de reprendre de la positivité pour le moment. J’étais assez désemparée de voir mon amie comme cela, sauf que je ne pouvais pas faire grand-chose pour l’aider ou la soutenir. Je passai la plupart du temps de la journée à lire. Les bouquins, c’étaient mon sanctuaire avec ma chambre et l’écriture. Et bien sûr, je restais dans ma chambre. Alors que je pianotai rapidement sur le clavier de mon ordinateur portable, j’entendis mon téléphone sonner et vibrer. Je décrochai. C’était Raoul.

— Salut, dit-il.

— Tu rentres quand ?

— Bientôt.

— Et tu as bien pris le soleil ?

— Pas vraiment. Comment va Inès ?

— Bien, elle est chez papa et maman. La colocation ce n’était pas forcément le meilleur environnement pour elle. Et même si je ne suis pas débordée, je n’ai pas que cela à faire de m’occuper d’un enfant.

Je restai au téléphone un instant avec mon frère avant qu’il finisse par raccrocher. Il prenait le prochain avion avec sa femme. Je reposai mon portable sur mon lit avant que quelqu’un frappe à ma porte. Un homme de corpulence normal, avec des lunettes, soulignant ses yeux verts et des cheveux bruns raides ayant la marque d’un casque de gamer apparut à l’ouverture de la porte. Santiégo, mon deuxième frère. Cela faisait un moment que je ne l’avais pas vu, mais il n’avait pas changé. D’habitude, même s’il était d’ordinaire pas souriant, il me souriait à moi, mais là, il paraissait inquiet et je compris de suite que c’était sérieux. Je ne faisais pas la bise à mes frères, je me contentai juste de leur lever la main, en tout cas avec Santiégo. Je disais juste salut à Raoul. Décidément, depuis le retour de Nathan dans ma vie, pleine de chose inhabituelle se passait dans ma vie et en bousculait certaine de mes amis. Ces événements n’étaient pas de sa faute, mais cela arrivait depuis qu’il revenait. Cela me perturbait déjà qu’il me déconcentrait lui-même au quotidien.

— Santiégo ! fis-je en le levant. Est-ce que tu veux à boire ? Qu’est-ce qui t’amène ici ?

— Je veux bien un verre de coca. On devrait rester dans ta chambre. On n’a pas besoin d’avoir tes colocataires dans nos pattes.

Cette discussion est entre nous, tes amis ne doivent pas être au courant de ce que je vais te dire. C’était la traduction de ce que venait me dire mon frère. Je hochai la tête et partis dans la cuisine. Je sortis deux verres pour en verser du coca dans l’un et du jus d’orange dans l’autre et allai l’apporter à mon frère qui s’était assis sur mon lit. Je me sentis mal à l’aise tout d’un coup. Je me grattai la nuque en buvant une gorgée et je tirai la chaise de mon bureau pour me caler en face de lui. Je sirotai ma boisson sans relever le regard sur mon frère. Je répétai ma question.

— Tu n’as pas l’air d’être au courant je vois… Raoul ne l’est pas non plus, de toute façon, si je n’avais pas fouillé dans les dossiers des parents je n’aurais rien su du tout.

— De quoi tu parles ? demandai-je en haussant les sourcils, le regard interrogateur.

— Papa est malade. Il a un cancer.

Je pensai que je sortais un ‘‘quoi !’’ de ma bouche, mais en faites, il n’y eut aucun son et je fixai mon frère avec de grands yeux de merlan frit sans rien faire. Je finis par assimiler lentement. Je devais avoir un système nerveux qui fonctionnait au ralenti pour avoir des réactions aussi tardives. Je me levai et posai mon verre sur le bureau bruyamment et me retournai vers mon frère sans me rasseoir pour autant.

— Un cancer… Tu sais depuis quand ? Pourquoi me le dis-tu ?

— Je suis allé chez eux hier. Vu les analyses, cela doit bien faire un an. Ils ne veulent sûrement pas nous le dire pour ne pas nous inquiéter, mais on a le droit de le savoir. Donc je te le dis, et je vais passer un coup de téléphone à Raoul.

Je hochai la tête et il partit. Mon frère n’était pas la personne la plus bavarde. Avant, il ne parlait plus à nos parents lorsqu’il restait enfermé dans sa chambre à jouer au jeu vidéo, maintenant, il parlait de temps en temps par téléphone et devait leur rendre visite une ou deux fois tous les mois. Je restai un moment dans une torpeur avant de le rattraper dans la rue, cherchant mon frère dans ses contacts. Il ne connaissait pas grand monde, donc ce n’était pas compliqué pour trouver.

— Santiégo, je… Les parents doivent déjà être soulagés que tu es trouvé un travail et que tu aies déménagé, mais ne passe pas tout ton temps libre à jouer. Sors. Tu devrais essayer de faire des rencontres, ne pas rester isoler. C’est bête de finir seul comme ça.

— Tu n’as jamais eu de copain je te rappelle. Et, tu n’es toujours pas en couple à ce que je sache. Donc fiche-moi la paix avec cela.

D’ordinaire, j’aurais été offusquée et blessée, mais j’encaissai et cela me fit juste l’effet d’un goût amer et désagréable dans la bouche. J’agrippai la poignée intérieure de la porte d’entrée que j’avais laissée ouverte, et je le fusillai des yeux.

— Sauf que tu as huit ans de plus que moi, tu n’as jamais eu de relations amicales ou amoureuses sérieuses et tu t’obstines à reste seul. Je dis cela pour toi. Après, si tu ne veux pas m’écouter, libre à toi, alors je ne peux plus rien faire pour toi.

Je claquai la porte avant même qu’il ouvre la bouche dans l’attention de répondre. C’était reparti ! Lorsque j’étais petite, Santiégo me détestait tellement qu’il venait à m’en mettre des baffes. Désormais, je ne lui en voulais pas, je ne m’en souvenais même pas puisque c’était lui qui me l’avais raconté. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j’étais vraiment horrible quand j’étais enfant. Lors de mon adolescence, je m’entendais beaucoup mieux avec lui qu’avec mes parents ou Raoul. Là, cela devenait tendu, et je n’aimais pas vraiment cela. Pour Raoul, cela dépendait des fois même s’il m’énervait souvent. Disons que nos personnalités faisaient des étincelles dès que j’ai eu l’âge de lui répliquer. On a tout de même réussi à cohabiter lorsque l’on vivait chez nos parents. Je remontai dans ma chambre, la démarche traînante et regardai ma montre. La fête de Kristia approchait, et même si cela ne me dérangeait pas de voir Kristia et Marius, je détestais les fêtes, vraiment pas. Lorsque je pénétrai dans ma chambre je vis Mallo affalé sur mon lit. Je le poussai avec mon pied contre le mur alors qu’il enfouissait sa tête dans ses bras.

— Toi, tu sors immédiatement de mon lit avant que je te décapite sans scrupule, prévins-je sans prendre de pincette.

Je l’entendis s’étouffer de rire et je pris son t-shirt et une jambe et le tirai de toutes mes forces pour le faire sortir de mon lit. Il était trop lourd pour ma force qui se retrouvait pas assez développée pour le bouger. Je finis tout de même par l’expulser de mon lit et il s’étala par terre en position étoile de mer, respirant. Je soupirai et regardai désespérément mon armoire ouverte pour sélectionner des vêtements à l’œil. Mallo allait mettre encore deux heures à se préparer, il possédait encore plus de vêtements qu’une fille adorant la mode. Heureusement qu’il était loin d’être pauvre, sinon je ne sais pas comment il aurait fait dans le cas contraire. Il avait dû faire agrandir son armoire pour que tous ses vêtements rentrent, et aussi faire une restriction de shopping. Moi, je n’aimais pas le shopping, et la plupart du temps, les personnes avec qui je le faisais m’exaspérais tellement que j’avais envie de rentrer chez moi sur le champ, en plus, j’avais horreur de devoir essayer, ce qui s’avérait souvent utile la plupart du temps malheureusement. Du coup, Pola ou Nina me traînaient dans les magasins.

— Bon… Je peux savoir ce que tu fous dans ma chambre ?

— Rapport de l’entrevue.

Je soupirai et attendis qu’il se redresse pour lui expliquer que Pola semblait être en pleine dépression et que sa sœur était très inquiète. Je savais que Mallo et Dylan culpabilisaient assez comme cela, c’était normal, mais je ne les plaignais pas contrairement à ma confidente qui devait sûrement s’être rendormie à cette heure-là. Ils avaient quand même des choses à se reprocher, même si cela c’était bien passé, après, tout dépendait de la force mentale de Pola, qui paraissait assez défaillante pour qu’elle n’arrive pas à encaisser. Bien sûr que c’était difficile, mais elle arrivait à un point extrême.

— Je pense que l’on devrait aller la voir…

— Non, le coupai-je. Mauvaise idée. S’il y a bien une chose qu’elle ne souhaite pas, c’est vous voir. Imagine, tu vas te marier et on te trompe, aimerais-tu voir ton ancien futur époux et son amant ? Je refuse catégoriquement. Ce n’est pas bon.

Il ne me répondit pas et s’en alla alors que Dorian débarqua dans ma chambre. C’était le défilé ses derniers jours et j’allais décider de fabriquer une pancarte que j’accrocherai pour dire que ce n’était pas une salle de réunion ou un espace publique.

— J’ai du nouveau ! s’exclama-t-il même s’il ne restait pas si enthousiaste que cela.

Je bondis de mon lit et refermai la porte, attendant impatiemment ce que Dorian avait à me rapporter. Je ne savais pas comment il avait réussi. En tout cas, avec Nathan, plus les jours passaient, plus il devenait mystérieux et énigmatiques et plus je voyais mes chances d’obtenir des informations de sa part s’éloigner de plus en plus. Cela me soulageait que Dorian arrivait un peu à percer la forteresse que Vanessa et Nathan avaient dressé autour de leur secret. Je me demandai pourquoi je m’y intéressai autant. C’est vrai, je n’avais pas que cela à faire dans la vie, j’avais mes études ! Sauf que Vanessa et Nathan avaient beaucoup compté pour moi à une époque, et ma relation avec Nathan me cassait aussi la tête car il agissait bizarrement. Puis, ma nature faisait que j’étais curieuse.

— Je ne sais pas si c’est une information importante, mais je peux te dire que Vanessa a eut des fréquentations pas très correctes, je ne sais pas dans quel sens, et qu’elle a été en couple avec un homme qui est en prison, ou il en est sorti il n’y a pas si longtemps que cela. Je ne sais pas ce que voulait dire ses ‘‘mauvaises fréquentations’’, mais j’estime que c’est important. Après, le rapport avec ton amoureux, je ne sais pas.

— Je suis de ton avis, cela a l’air très important. Et Nathan n’est plus mon petit copain ! m’écriai-je.

Cela faisait deux fois aujourd’hui que l’on me faisait ce coup-là et je commençai à m’énerver. D’accord, cela allait mieux avec Nathan, et peut-être que les sentiments remontaient peu à peu à la surface en plus de l’attirance, mais pas du côté de Nathan, et on ne s’était pas remis ensemble. Je grommelai en offrant un regard noir à mon ami.

— Attends, c’est Vanessa qui a osé te dire qu’elle avait de mauvaises fréquentations et qu’elle a été en couple avec un délinquant ? m’étonnai-je.

Vanessa n’était pas du genre à avouer ses genres de choses.

— Non, ce n’est pas elle, mais j’ai vu son frère aujourd’hui. Et il a bien voulu me parler de quelques détails de ses dernières années, mais il a refusé de me révéler le gros, le truc qu’ils cachent. D’ailleurs, d’une manière il semble impliqué lui aussi. J’étais frustré mais je lui suis quand même reconnaissant d’avoir pris le temps de répondre à certaines de mes questions.

Je hochai la tête, absente. C’était de nouvelles informations certes, mais je n’arrivai pas à en déduire leur secret en tirant cela au clair. Je soupirai et Dorian repartit dans sa chambre, laissant la porte ouverte. Je me dirigeai vers mon armoire et sélectionnai des vêtements que je jetai sur mon lit.

— La robe noire t’ira mieux.

Je relevai un instant la tête pour voir Nathan dans l’embrasure de la porte. Il était déjà prêt. Il était tellement beau comme cela, il avait enfilé un polo et un jean mais n’avait pas pris la peine d’arranger ses cheveux. Il n’aimait pas le gel. Je me mordis les joues puis fronçai les sourcils. Je n’avais pas sorti la robe, et je la sortis de l’armoire au moment où il rentra un peu plus dans ma chambre, s’appuyant contre le mur d’un air désinvolte

— Comment sais-tu que j’avais cette robe alors que je ne l’ai pas portée devant toi et que je ne l’avais pas sorti avec les autres ? Tu fouillerais dans ma chambre ? Je n’ai rien à cacher, encore moins à toi, et je ne pense pas qu’il y ait quelque chose d’intéressant pour toi dans ma chambre !

Il leva les yeux au plafond et cela m’énerva encore plus. Je tenais fermement la robe et ne le regardai plus. À la place de faire un tri des vêtements, je refermai violemment la porte de mon armoire et restai appuyé contre. Je devais me calmer, je devenais beaucoup trop en colère pour une journée toute entière, et mes amis finiraient à par en payer les frais, et moi aussi vis-à-vis d’eux. Je balançai la robe qui échoua sur mon lit, au-dessus des quelques autres vêtements. Mon regard se faisait sûrement hargneux. Ce n’était pas grave, Nathan était habitué à certain de mes sauts d’humeurs, à l’époque dans tous les cas. N’empêche que j’attendais une réponse qui ne venait pas et je ne le lâchai pas du regard. S’il avait pénétré dans ma chambre sans mon autorisation, ou sans que je sois là, je voulais le savoir maintenant, sinon, si je l’apprenais plus tard, j’allais être dur avec lui.

— Est-ce que tu es rentré dans ma chambre sans ma permission ?

— Étant donné qu’elle semble être un moulin, je ne savais pas que je devais une autorisation.

— Donc, tu y es rentré ?

— Non. Je connais cette robe car je t’ai vue la porter l’année dernière, lors de la fête de Pola car des amis qu’elle connaissait m’avaient traîné et j’avais tout fais pour vous éviter. J’ai réussi à ce que je remarque.

Oui, il avait réussi. Je ne me souvenais plus trop de cette fête car je n’aimais pas y aller, mais je savais que je devais être assise au bar, un air déprimé sur le visage à regarder d’un œil vague et rêveur les gens danser sans les regarder vraiment pour savoir qui ils étaient. Il m’avait vue et il avait fait comme si je n’existais pas. C’était la seule chose que j’avais retenue. Je n’insistai pas et m’approchai du lit pour examiner un peu plus les vêtements.

— Avec Vanessa, nous savons que toi et Dorian essayez de découvrir ce que l’on cache. Laisse ta curiosité de côté, lui aussi. Vous ne vous rendez pas compte que cela finira par vous porter préjudice…

— En même temps, ce n’est pas comme si on savait exactement pourquoi on n’a pas le droit de savoir, le coupai-je.

— Et tu n’as pas besoin de le savoir. Tu dois juste m’écouter, obéir quand je te demande un truc et faire attention.

— Et c’est celui qui m’a abandonnée il y a quelques années qui me dit cela comme s’il se souciait de moi.

— Qu’est-ce que tu racontes ! Je me soucie de ton bonheur mais je ne peux pas t’aider à être heureuse.

— Si. Si tu n’étais pas revenu dans ma vie, tout aurait été plus simple, et j’aurais pu complètement tourner la page et être heureuse.

Il ne répondit pas, mais il comprit très bien ce que je disais par là. Il ne parla pas et attrapa la robe noire pour me la laisser entre les mains, et je le vis repartis. Je commençai de plus en plus à m’énerver à propos de ce secret. Peut-être, que je devais arrêter un peu les recherche pour me calmer. J’enfilai tout de même la robe noire même si Nathan l’avait choisie. Je n’optais pas pour des talons, sans vraiment savoir pourquoi, et je pris une paire de basket, je n’oubliais pas mon rouge à lèvre. Comme toujours, Mallo arriva en dernier. Je ne reparlai pas à Nathan depuis ce qu’il s’était passé dans ma chambre et je sentais son regard sur moi. Cela me dérangeait. Kristia et Marius habitaient dans un grand appartement au tout dernier étage de leur immeuble. Autrement dit, il ne fallait pas avoir le vertige, sinon impossible de garder l’esprit tranquille ou de regarder par la fenêtre. Comme je le craignais, c’était une grande fête. On entendait la musique dans le couloir et lorsque l’on pénétra dans l’appartement, c’était plongé dans le noir avec des lumières de plusieurs couleurs qui bougeaient partout et beaucoup de personnes qui sautillaient, buvaient, discutaient. Non, je n’aimais vraiment pas les fêtes. Kristia me prit dans ses bras et je fis un sourire gêné et je fis la bise à Marius. Cela devait sûrement être épuisant de dire bonjours à tous les invités. Je n’en avais jamais organisée, et je n’en organiserais pas.

— C’est en quel honneur cette fête ? s’intéressa Linda. Vous n’allez pas me dire que c’est juste le fait que Marius emménage ici…

— Nos un an ! s’exclamèrent-ils en cœur avant que Marius se penche pour l’embrasser.

J’aurais dû m’en douter. J’adressai un signe de la main à Vanessa qui était présente. Son frère gardait sûrement son fils. Dorian nous abandonna pour la rejoindre et Mallo et Dylan allèrent danser ensemble. Je cherchai des yeux quelques personnes mais Lorie et Linda s’amusaient déjà à danser et parler. Je ne pouvais pas non plus rejoindre Clément et Nathan qui parlaient ensemble. Je voyais à leur attitude que c’était une discussion confidentielle et que je ne serais sûrement pas acceptée. Je pris donc ma place habituelle : le bar. Marius et Kristia n’avaient pas payé un barman, il avait posé des gobelets et des boissons. Il n’y avait pas que de l’alcool à mon pur bonheur. Je pris la bouteille de jus d’orange déjà entamée que je finirais à moi toute seule d’ici la fin de la soirée. Je pris place sur un tabouret et portai le gobelet à mes lèvres pour laisser couler le liquide dans ma bouche. J’observais plus attentivement les gens qui dansaient. Certaines personnes s’embrassaient, d’autres s’éclipsaient dans d’autres pièces de l’appartement. Je me retrouvais en enfer. Je croisai le regard de Nathan, qui apparemment tenait toujours un œil sur moi, puis je regardai mes amis un à un, en train de s’amuser. J’aurais peut-être dû ramener un livre malgré la musique, ou un carnet pour écrire, cela m’aurait fait passer le temps. J’allais vivre de longues heures que j’avais déjà eu l’occasion de vivre auparavant. Je soupirai et regardai dans le vide. J’étais tentée de m’échapper mais après j’allais devoir subir des reproches de certaines personnes. J’allais vraiment passer une mauvaise soirée. Je n’avais même pas d’amis assez digne pour rester avec moi dans ma dépression ou me forcer à danser. Bon, en même temps j’aurais refusé de danser, mais quelqu’un que je connaissais aurait au moins pu me tenir compagnie ! Je me retrouvais seule comme une asociale. Bon… D’accord, c’était aussi un peu ce que j’étais.

— Nos chemins se croisent encore on dirait, dit quelqu’un qui se plaça à un tabouret voisin.

Je tournai ma tête et le dévisageai, les yeux froncés pour mieux le voir. C’était Lucas, le plan-cul de Linda, blond et tout fin. Et petit aussi. Il buvait ce que je reconnus être de la bière. Il semblait déjà assez bourré, à moins qu’il ait pris d’autre substance illicite. Je ne pensais pas le revoir, et vu la façon dont il avait parlé de moi à Linda, je ne voulais pas le voir. Il avait l’air d’être un forceur. Malgré tout, je m’obligeai à rester polie et aimable. En fin de compte, il avait l’air d’être sympa, en tout cas, il me permettait de passer le temps. J’appris donc qu’il habitait à Paris, qu’il avait beaucoup d’amis et qu’il connaissait Kristia car c’était un ami de Marius. Cela me faisait bizarre car même si mes deux étaient sympas, je les voyais mal être ami. Lorsqu’il repartit danser, il me fit un clin d’œil et me mima un baiser avant de se fondre dans la foule. Je lui souris avant de reprendre du jus d’orange. Je regardai brièvement la sortie et reconnu Vanessa, de dos, qui sortait déjà de la fête. Peut-être qu’elle souhaitait sortir plus tôt pour passer du temps avec son fils. Je comprenais qu’elle le veuille. Je sentis une main prendre mon poignet et me tirer de la chaise. Nathan m’éloigna du bar et me fit sortir dans le couloir. Il n’avait pas bu un gramme d’alcool et moi non plus, ce fut sans doute pour cela que je n’arrivais pas à ne pas lui hurler dessus.

— Cela va pas dans ta tête ou quoi ! Tu m’as broyée le bras et tu as failli me faire tomber par terre !

— Oui, bon ce n’était pas le but. Mais si je t’avais demandée à te parler en privée, est-ce que tu aurais accepté ?

— Non.

— Donc voilà.

Je grognai et m’appuyai de ma main contre le mur et je le regardai qui envoyai un rapide SMS sur son portable avant de le ranger et de me regarder. Son regard bleu se faisait tellement sérieux que j’aurais très bien peux éclater de rire si j’avais été plus détendue. Il s’approcha de moi et me prit par les épaules et je n’osai plus bouger, presque pas respirer.

— Ce mec avec qui t’a parlée, tu ne dois pas le revoir. Il ne faut plus que tu lui parles !

— Pourquoi ? questionnai-je méfiante. Lucas est sympa, je ne vois pas quel est le problème.

— Il est dangereux, Laurianne. Il est vraiment dans la capacité de te mettre en danger.

— Sauf que cela un rapport avec ton secret, dis-je lugubrement.

— Oui, mais…

— Je pensais avoir été clair ! Tu n’es pas mon père, ni mon frère, et de toutes façons je ne les écoute même pas ! Tu n’as pas le droit de me donner des ordres et de diriger ma vie. Je ne suis plus une enfant, et je fais ce que je veux et je prends les choix que j’ai décidé de prendre parce que cela me regarde et que ce n’est à personne d’autre de choisir. Je n’ai pas de raisons valables de ne pas apprendre à le connaître.

— Laurianne, soupira-t-il. Je t’ai déjà dit que je te dirais tout lorsque ce sera le moment. Sauf que ce n’est pas le moment, et crois-moi, cet homme n’est pas une bonne fréquentation.

— Je ne compte pas me mettre en couple avec lui, et je n’ai aucune preuve de ce que tu m’avances. Si tu m’en donnais…

Il vérifia une nouvelle fois son portable et parût énervé cette fois-ci. Il releva la tête.

— Malheureusement, j’ai quelque truc à faire pour le travail… Je… Je n’ai rien pour te convaincre vraiment sans te mettre en danger même si tu l’as déjà un peu depuis que tu me connais. Mais avant, souviens-toi, tu me faisais confiance. Alors s’il-te-plaît, n’oublie pas.

— Oublier quoi ? rétorquai-je.

Il ne répondit pas vraiment, ou clairement plutôt. Il s’approcha et se baissa pour poser ses lèvres chaudes sur les miennes. Je n’avais jamais été prise par surprise par un baiser, je pensais que mes yeux s’écarquilleraient mais je les fermai. Je ne sais même pas si je répondis à l’appel de ses lèvres. J’avais pressé légèrement son poignet et une de ses mains étaient dans mes cheveux. Oui, peut-être bien que je lui ai répondue. Puis, il s’éloigna et je me sentis vide et perdue. Et je réalisai qu’il était en train de partir et je fis un pas avant d’encadrer ma bouche de mes mains pour lui hurler :

— Comment peux-tu me laisser comme cela ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu fais ?

Il se retourna en continuant de marcher un peu et s’arrêta pile à la première marche de l’étage en empoignant la rampe d’escalier. Je retiens mon souffle.

— Tu n’as jamais su oublier Laurianne, en tout cas pas éternellement, et certaines choses n’ont pas changé depuis le début.

Sur cette phrase, il descendit l’escalier et je restai comme une cruche dans le couloir, la bouche mi-ouverte. Je ne comprenais pas la deuxième partie de sa phrase, mais elle resta dans un coin de ma tête. Je l’entendais la répéter en boucle. La voix de Nathan dans ma tête. Si bien que j’ai cru être ivre à un moment alors que je n’avais pas pris d’alcool. Je restais un moment immobile à me rappeler tout ce qu’il avait dis. Je n’avais aucun raison d’obéir à sa requête. Pourquoi ferais-je ce qu’il me disait de faire ?

Je ne l’écouterai pas.

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