Chapitre 26 :

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— Il faut absolument que tu ailles avec moi chez Pola ! répéta-t-il totalement paniqué.

— Quand ça ? demandai-je alors que Linda fronçait les sourcils, inquiète.

— Maintenant ! hurla-t-il presque à la limite de la crise de nerf.

— Il se passe quoi ? renchéris-je en me levant de mon lit.

— Pola raconte de la merde et ligue sa famille et pratiquement la mienne contre moi. Elle doit arrêter cela immédiatement. Je sais que j'ai fais le con avec elle, mais elle ne peut pas me couper de ma famille comme cela.

Je restais immobile devant lui pendant plusieurs secondes. Je ressemblais sûrement à une cruche en état de bug, mais ce n'était que la façade. La réalité, c'était surtout que je me demandais pourquoi j'en étais venue à être le bouclier dans une dispute de couple. Pourquoi avais-je eu l'idée de supporter un de mes amis dans ses histoires de couples ? Je n'aurais pas du. Les histoires de couples autre que le mien ne devait pas me préoccuper ! Et pour le moment, j'avais déjà moi-même des choses à réfléchir là-dessus. Dylan claqua des doigts devant ma figure et je reculais d'un pas, surprise.

— OK, j'arrive, pas de problèmes. Mais je te préviens, si un de vous deux me demande de prendre parti, je m'en vais dans une autre salle, déclarai-je.

— Cela ne sera pas moi en tout cas, promit Dylan en repartant.

Linda me souhaita un bon courage avant que je la laisse seule dans ma propre chambre. Je renfilai ma veste et remarquai que Nathan n'était pas encore rentré. Je pris un post-it et montai dans ma chambre pour lui laisser un message, puisqu'il investissait cet endroit désormais.

Dylan va aller voir Pola. Cela risque d'être tendu, je l'accompagne Je t'aime, à ce soir.

Je collai le post-it sur la table de chevet et dévalai rapidement les escaliers. Je manquai de très peu la chute et due me rattraper à la rambarde des escaliers. J'avais la fâcheuse tendance de tomber, plus particulièrement dans les escaliers. Je finissais donc par développer des techniques.

— Hey doucement, fit Dylan en enfilant sa veste. Je ne veux pas avoir une blessure sur la conscience !

— Cela n'aurait été qu'une blessure, y a pire dans la vie. Puis, tu sais très bien que je suis habituée depuis le temps.

— Peut-être, mais ce n'est pas parce que tu en as l'habitude que tu ne dois plus faire attention. Une réelle mauvaise chute peut arriver à tout moment. Et personne ici, n'a envie de te voir à l'hôpital pendant quelques jours, affirma le jeune homme avant d'ouvrir la porte de la maison.

On sortit de la maison et traversait la rue pour rentrer dans la voiture de Dylan. Je m'installai encore une fois au côté passager et attendit que Dylan démarre la voiture pour changer la radio. Ce dernier tapa rapidement sur son téléphone quelques instants avant de l'éteindre. Il s'attacha à son tour et rentra la clé. Il paraissait très angoissé comme s'il avait un rendez-vous. J'aurais bien voulu le déstresser un peu grâce à une phrase ou une blague, mais je n'avais pas d'humour, et je ne trouvais aucune raison qui pourrait lui permettre de ne pas stresser. C'était tout de même son ex-fiancée qu'il allait voir. Une ex-fiancée qui devait sûrement être très en colère après des jours de déprimes aux côtés de sa sœur qui l'aidait à remonter la pente. J'adorais Pola, mais je ne pensais pas qu'elle était capable de se venger en coupant tous les liens familiaux que Dylan avait. Je comprenais bien sa colère, mais se venger était mesquin et inutile. J'espérais pouvoir lui faire rappeler cela si tout dérapait dangereusement. C'était une fille bien, et elle ne devait pas se laisser trop longtemps aveuglée par la haine et son orgueil blessé. Je croisais aussi les doigts pour qu'il n'y ait pas Pauline. La grande sœur de Pola l'aurait démonté sans aucun ménagement pour défendre sa petite sœur. Lorsqu'il gara sa voiture, il sortit sans rien dire et je le fis à mon tour.

— Si tu veux du temps pour te préparer un peu, on peut attendre devant un moment si tu veux, puis, si tu ne te sens pas prêt, on peut attendre encore quelques jours, proposai-je.

— Je dois y aller et je dois le faire. Il faut que cela se finisse sinon cela mettra des mois et des mois. Et je n'ai absolument pas envie de me traîner cela pendant tout ce temps.

Dylan avait toujours été déterminé mais ne l'avait jamais autant montrer qu'aujourd’hui. Il savait pertinemment que même sans l'intervention de Pola, il aurait dû avoir une explication avec ses parents, pour qu'ils comprennent, car cela risquait d'être difficile pour eux. Mais la jeune femme n'avait fait qu'empirer sa situation, je le craignais bien. Il se remet en marche et refit le code de l'immeuble et on se retrouva face à la vielle dame qui faisait office de commère de l'immeuble.

— Eh bien dis donc ! Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu ! déclara-t-elle. Comment cela se fait que vous soyez parti ? Pour une fois il n'y a eu aucune rumeur.

— S'il n'y a aucune rumeur, c'est que cela ne regarde définitivement personne d'autre que moi et Pola, déclara-t-il sèchement en montant.

Je le regardais monter et m'approchai de la vielle dame qui le fixait interloquée par le ton qu'il venait de prendre. Peut-être plus outrée, qu'il se permette de parler de la sorte à une personne de son âge. Heureusement qu'il ne vivrait plus dans cet immeuble, sinon, il risquait d'avoir de gros problèmes avec le voisinage à cause cette commère.

— S'il-vous-plaît, commençai-je. N'empirez pas la situation de mon ami, il a déjà beaucoup de choses à gérer en plus de son travail, et Pola en fait partie, de toute façon, il n'habite plus ici. Cela ne sert à rien de lui casser du sucre sur le dos.

— Donc je ne mettais pas tromper, cracha la vieille dame. Il trompait bien Pola avec vous. Pas étonnant qu'elle se soit enfermée dans l'appartement pendant des jours et qu'il soit parti chez vous.

— Je connais Dylan depuis beaucoup trop longtemps pour être en couple avec lui, rétorquais-je fermement. C'est mon meilleur ami, et nous sommes plusieurs dans la colocation. Je ne vous permets pas de tenir des propos de la sorte sur moi. Jamais je n'aurais fait cela à Pola. Chercher un autre bouc émissaire que moi et Dylan. Et surtout, mêlez-vous de vos propres affaires et laissez les affaires personnelles des autres se dérouler entre eux plutôt que de les faire éclater dans tout l'immeuble alors que je suis certaine que beaucoup s'en passeraient bien.

La vielle dame allait me donner une baffe mais je reculai et lui lançai un regard noir avant de monter à mon tour. Je montais rapidement, étant déjà suffisamment en retard sur Dylan qui avait du rentré dans son ancien appartement plutôt que de m'attendre. Je me stoppai sur le pas de la porte. Et si j'attendais à la porte ? C'était encore trop dangereux pour moi de sortir seule dehors, je l'avais bien remarqué avec mon entrevue avec Lucas. Puis, quelque chose me disait que cela n'allait pas s'arranger du tout. Je ne toquai pas à la porte et l'ouvrit directement. Je n'entendais pas de bruits, et cela m'inquiétait d'autant plus car j'aurais été rassurée un minimum d'entendre des cris. Je déboulai dans le salon où se trouvait Pola et sa sœur face à Dylan. Le silence devait être très pesant pour eux, en tout cas, pour moi, il l'était.

— Laurianne ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est entre moi et Dylan.

— Pourtant ta sœur est là, fis-je remarquer. Puis, je suis là pour vérifier au grain qu'il n'y ait pas de dérapage. Je pense que c'est mieux comme cela. Je ne veux pas être intrusive, mais je ne veux pas que deux de mes amis se tapent dessus à cause de leur rupture.

Je me mordillai la lèvre après le dernier mot. J'avais peur que la réalité soit un peu trop violente pour mon amie mais elle ne tilta pas et fixait Dylan avec une haine que je n'avais jamais vu auparavant dans son regard. Sans demander l'autorisation, je pris place sur le canapé et les regardait un par un. Sérieusement... Qu'est-ce que je trafiquais ici ?

— Elle a raison. Je ne serais pas très objective si jamais cela dépasse les bornes. Je vais aller chercher du pain pour ce soir, prétexta sa grand-sœur.

Pola se tourna vers elle, le regard reflétant sa détresse et sa sœur lui dit que cela devait arriver à un moment ou à un autre. Elle enfila un manteau léger et me salua avant de déposer un baiser sur le front de sa petite sœur et de regarder sévèrement Dylan avant de sortir de la salle. Je signalai que je serais juste derrière et les laissai seuls. Je m'appuyai contre le mur et tombai doucement à terre. Je ramenai mes genoux près de moi et enfouis mon visage entre mes bras. Le silence régnait toujours, et l'envie de dormir s'installait doucement dans mon esprit. Est-ce que l'on m'en voudrait si je m'endorme ?

— Je suis désolé, déclara d'ambler Dylan.

Je le sentais sincère dans ses paroles et je savais pertinemment qu'il s'en voulait et qu'il avait honte. Sauf que je n'étais pas Pola, et que ce n'était pas du tout sous le même angle que moi qu'elle voyait les choses, et c'était parfaitement normal. Mon amie devait tellement se sentir trahie et salie. Je pensais qu'elle exploserait de suite et ne laisserait pas le temps à Dylan de parler. Pourtant, après sa phrase d'excuse, elle n'avait toujours sorti aucune phrase à l'adresse de son ex-fiancé.

— Écoute, je ne te demande pas de me pardonner, mais je veux juste que tu saches que j'ai honte de mettre servis de toi pour ne pas décevoir mes parents, et que j'aurais du mis prendre autrement pour vivre avec Mallo, je... je suis inexcusable.

J'avais presque envie de me lever pour secouer Pola. Ce n'était pas en faisant la muette qu'ils allaient avancer tous les deux. Peut-être qu'ils ne se réconcilieront jamais, mais ils devaient dialoguer, et cela, ils le savaient tous les deux. Alors que je me levais pour peut-être modifier la situation, mon amie finit par réagir :

— Désolé ? Tu n'as pas le droit de me dire cela ! Tu n'as pas le droit de me dire que tu es désolé ! Tu n'as pas le droit ! Pas le droit ! Pas le droit !

Elle tapait sur le torse de Dylan pendant qu’elle criait. J'avais déjà vécu une dispute entre eux, ce geste était récurent, cela ne m'incitait pas à faire quelque chose d'autant plus que ses cris me glacèrent le sang et m'immobilisèrent sur place. Il y avait comme quelques choses de bestiales comme si sa haine était devenue sauvage. Et très franchement, cela me faisait vraiment peur. Je n'avais jamais vu et entendu Pola avec une si grande rage et colère que cela. Je me collai au mur et osai passer ma tête. Les cheveux tous ébouriffés et la tête baissée, Dylan lui tenait les mains et je me rendis compte qu'elle pleurait. Cette fois, je m'appuyai sur l'encadrement de la porte.

— Moi je t'aimais ! Je t'aime ! Et je voulais faire ma vie avec toi, j'y croyais, j'y croyais tellement et j'ai tellement été idiote, gémit-elle en sanglotant. Comment est-ce que j'ai pu être aussi idiote de la sorte ? J'aurais dû le remarquer ! J'aurais dû ! Je te déteste...

— Ce n'est pas de ta faute, tout est de la mienne, affirma difficilement Dylan la voix tremblante en la prenant dans ses bras. J'aurais dû avoir le courage de te le dire et de te quitter avant que tu veuilles plus. Je suis tellement désolé...

Elle sanglota de plus belle dans ses bras, et je savais qu'il était très gêné. Il me lança un regard et je hochai la tête en m'approchant. Je me retournai quand j'entendis la porte s'ouvrir. C'était Mallo qui débarquait à son tour, les cheveux décoiffés et les clés de sa voiture en main. Il semblait s'être pris la tête avec la vielle commère de l'immeuble lui aussi. Il fixa d'un regard noir Pola dans les bras de Dylan mais en entendant les plus de Pola il comprit qu'ils avaient au moins eu un semblant de discussion. Dylan lâcha Pola pour rejoindre Mallo et je la serrai fort dans mes bras, elle, qui se cramponnait à moi et humidifiait mon épaule droite.

— On va vous laisser un peu, on part dans notre bureau pour récupérer un dossier, trouva Mallo en prenant la main de Dylan. Ne t'inquiète pas Laurianne, on te raccompagnera.

Je prononçai une réponse affirmative avant de vérifier que les deux étaient partis pour faire s'asseoir Pola sur le canapé. J'allais lui chercher un mouchoir pour qu'elle sèche ses larmes et m'assis à ses côtés.

— Cela va mieux ? me renseignai-je, soucieuse de mon amie.

— Je ne pensais pas qu'une discussion pouvait me faire du bien même si cela en a pas l'air. Quand je serais plus calme je téléphonerais à Dylan pour lui demander des détails et autres. Je m'en veux tellement...

— Pola, ce n'est pas ta faute. C'est juste la vie qui est comme cela, tu ne dois pas t'en vouloir et te dévaloriser. Vraiment pas. Tu es quelqu'un de superbe, et un jour, tu trouveras quelqu'un, une personne qui sera digne de toi, murmurai-je à Pola pour la rassurer en lui coinçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

Cela ne m'étonnait guère que je pense à Nathan et Lucas lorsque je lui dis cette phrase. Il allait vraiment falloir que je commence à oublier Lucas même si cela risquait d'être compliqué puisqu'il évoluait dans le monde des gangs. Ce monde qui était maintenant le mien et dans lequel j'allais très prochaine évoluer moi aussi. Et nous ne saurions même pas amis, mais ennemis. Cela non plus cela ne m'étonnait guère même si je l'appréciais beaucoup. Notre discussion me revenait rapidement en mémoire. Devais-je parler à Nathan de notre discussion ? Je ne voulais pas le perdre à nouveau. Mais voulais-je vraiment tirer un trait sur Lucas ? Il avait été une si belle rencontre... Pourquoi nos sentiments n'étaient pas les mêmes ?

— Je... j'ai quelque chose pour toi, me confia Pola, ce qui me fit sortir de mes pensés.

— Ah bon ? Ce n'est pas mon anniversaire, pourtant.

— Ce n'est pas de moi, poursuivit-elle en se levant. Mais de Lucas, finit-elle en cherchant je ne sais quoi dans un tiroir.

Heureusement que j'étais déjà assise car je serais tombée par terre à cause de l'effet de surprise. Je buguais littéralement sur place et n'arrivais pas à parler pour demander une explication à mon amie. Elle le lirait dans mes yeux et sur mon visage de toute manière. Depuis quand est-ce qu'elle connaissait Lucas ? J'avais dû rater un épisode dans sa vie, car je ne trouvais aucune solution à ma question. Elle trouva une enveloppe blanche qu'elle me remise et s'assit face à moi.

— C'est Nina qui m'a présentée Lucas. Tu sais, il connaît vraiment beaucoup de personnes. Il a beaucoup de contact. J'ignorais qu'il te connaissait aussi. Il a été là certains jours quand j'allais mal. J'avais la sensation qu'il me comprenait, comme s'il avait vécu ou qu'il vivait une situation amoureuse similaire ou compliquée. C'est une bonne oreille, et je pense, que ses mais ont de la chance de l'avoir.

Je secouai la tête et retournai l'enveloppe dans mes mains alors que Pola me conseilla de la lire. Elle partit dans la cuisine et je m'enfonçai sur le canapé. Est-ce que je trahissais Nathan si je ne lui parlais pas de mon entrevue avec Lucas et de sa lettre ? Je ne savais pas si je devais lui en parler. Je ne savais pas si j'avais fais une erreur de ne pas mettre enfuit plus tôt lorsqu'il m'avait attrapée. Je ne savais pas ce que cela signifiait si je lisais cette lettre. Je soupirai et passai une main dans mes cheveux avant d'ouvrir l'enveloppe et de sortir une feuille de papier blanche avec une écriture au stylo bleu. L'écriture de Lucas était agréable à lire : il écrivait bien droit, petit comme moi à l'époque et il y avait un côté très géométrique. Elle me faisait penser à celle de mon frère...

Laurianne,

Pas de panique, je ne compte pas faire de mal à ton amie Pola. Par contre, si elle finit par s'amouracher de moi, essaye de lui faire comprendre que je suis pris, car je ne voudrais pas aggraver injustement son état, et elle ne le mérite pas. Je te le dis encore une fois, mais je t'attendrais quoi qu'il arrive.

Je devais t'écrire une lettre pour que mon gang n'ait pas de traces sur nos discussions. Je ne savais pas si je pouvais prendre le risque de te parler face à face. J'ai réussi à le faire, mais les choses ont bougé depuis. Je serais là pour te protéger, mais je ne le serais pas tout le temps donc il va falloir que tu fasses très attention. Jimmy a révélé ta véritable identité, et ton lien avec le groupe de Nathan.

Je ne sais pas trop ce qu'il va se passer, mais il y a plusieurs solutions : soit ils vont déclarer la guerre à ton gang, soit tu vas être la cible de toutes les attaques.

Je serais là pour te protéger, mais garde un œil ouvert. Dans tous les cas, j'essayerais de te sortir du pétrin si jamais il t'arrive malheurs.

Lucas

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