Chapitre 36 :

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J’avais encore bien dormi pendant la nuit. J’étais retourné dans la cuisine après que Laurianne s’était couchée pour pouvoir prendre du doliprane. Sauf que les effets finissaient bien par se dissiper au fil du temps et ce fut la douleur qui me réveilla sans ménagement. Le médecin avait dit que c’était normal pendant quelques jours. Heureusement que j’avais des anti-douleurs à porter de mains, j’allais devoir rembourser le frère de Laurianne puisque j’étais bien parti pour vider tout le paquet qu’il possédait. Je faisais cela par nécessité, mais j’avais l’impression d’abuser de sa gentillesse. C’était un sentiment horrible à ressentir car on ne sait pas comme s’être redevable. Je me levai en serrant les dents et marchai pour prendre un cachet. Alors que je remplissais mon verre d’eau, j’entendis Laurianne débarquer et je n’eus pas le temps d’avaler le cachet avant qu’elle débarque dans le salon.

— Je croyais que la douleur était assez faible pour que tu puisses la gérer sans médicament, s’inquiéta ma colocataire en s’approchant. Es-tu certain que tu ailles bien ? Je peux demander à mon frère le numéro de son médecin ou…

— Laurianne, ça va aller ! C’est juste que j’en ai besoin pour dormir sinon je n’y arrive pas à cause de la douleur, la rassurai-je.

— Parce qu’à neuf heures du matin, tu comptes te recoucher ?

— La douleur m’aurait mis de mauvaises humeurs. Crois-moi, tu n’as pas envie de voir cela et je n’ai pas envie que tu subisses cela.

— J’aurais compris, souffla-t-elle. Je vais l’appeler…

— Laurianne, tu es chou à t’inquiéter, mais il a dit que c’était normal. Pas la peine de stresser comme cela.

C’était vraiment égoïste de ma part mais cela faisait plus que de me toucher, cela me rendait même le sourire, car cela voulait dire que Laurianne tenait un peu à moi. Cela faisait plaisir malgré tout. Je restai plonger dans son regard alors qu’elle insistait pour faire le petit-déjeuner et que je m’installe à la table. Je l’aidais tout de même en sortant les paquets qui n’étaient pas à sa portée. J’espérais que cela ne l’agaça pas, mais cela n’avait pas l’air. Je m’assis et la regardais faire. Je souris alors qu’elle se retourna pour attendre.

— Quoi ? fit-elle en s’avançant.

— C’est juste que je pensais à un truc… mais si je te le dis tu seras en colère et je comprends parfaitement.

— Dis quand même… par contre je ne te promets rien sur ma réaction.

— Comment ça se fait que tu sois petite ?

Elle colla son majeur et son index ensemble pour le lever face à ma poitrine et je fis comme si j’avais été victime d’un tir alors qu’elle rigola en prenant les tasses de cafés pour nous les apporter.

— Cela aurait été une autre personne, cela m’aurait énervée car elle aurait posé la question plus tôt. Tu ne l’as jamais fait auparavant, alors je suis contente même si cela arrive, déclara-t-elle avec un petit sourire. Il n’y a pas de raison à cela. Je n’ai eu aucun problème ou maladie lié à ma croissance. Puis, dans ma famille, on est assez petit et c’est tout…

— Tu as la taille que tu as, ça fait partie de tes atouts.

— De mes atouts ? Je ne pense pas vraiment, fit-elle dans un soupir.

— Bien sûr que si, insistai-je. Cela te démarque des personnes qui sont dans les normes. Cela te rend plus spéciale.

— Beaucoup de gens n’aiment pas les personnes spéciales et les jugent et les regardent mal…

— Ils sont débiles. Tu es très bien comme tu es. Tu es peut-être petite et c’est ce qui fait ton charme. Moi je te trouve mignonne et magnifique. Cela n’est peut-être pas le cas d’autre personne, mais tu n’as pas à complexer.

Son sourire était une réponse qui me suffisait amplement alors que j’avais envie de me gifler totalement. Elle s’en fichait de savoir que je la trouvais belle ! Pourquoi je balançai cela comme cela d’un coup. Cela me gênait plus qu’autre chose mais comme elle ne sembla pas relever, cela me calmait. Je n’aimais jamais paraître pour un idiot de ce genre, mais devant Laurianne, c’était encore pire. Je ne me mettais jamais la pression quand j’étais avec elle et je me sentais bien avec elle, mais quand je disais une phrase qui au final avait peut-être de lourdes conséquences, cela n’allait plus du tout dans ma tête. Maintenant cela allait mieux, et nous prîmes nos petits-déjeuner dans le calme. Cela me surprenait encore de vivre avec Laurianne même si c’était provisoire. Jamais je n’aurais pu imaginer que cela serait le cas, encore moins avec son côté têtu qui se persuadait que tout allait très bien dans sa relation avec Nathan. C’était triste pour elle qu’il l’ait quittée, vraiment, car elle ne le méritait pas, mais cela allait devenir sûrement un déclic nécessaire pour elle. En tout cas je l’espérais.

Elle me demanda ce que je comptais faire aujourd’hui alors qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour moi et je lui répondis que cela dépendrait de ce que m’annoncerait Maëlle. J’eus l’intuition que ce fut elle qui débarquait quand j’entendis sonner. Laurianne alla ouvrir et ce pressentiment fut juste puisqu’elle débarqua devant moi, les cheveux trempés. Il avait plu apparemment, et je savais qu’elle aimait bien avoir les cheveux trempés.

— Qu’est-ce que tu fais ici de bon matin ? demandai-je.

— Je viens t’annoncer que tu dois définitivement bouger ton cul pour aller à la réunion du gang à quatorze heures !

— Quelle élégance dans ces mots ! Tu as de la chance que les parents ne soient pas là. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu aurais pu juste m’envoyer un message pour me prévenir.

— J’aurais pu, mais j’avais envie de bouger un peu. Puis, j’ai le droit de venir te voir quand je veux tout de même. Et je dois insister sur une chose : tu as intérêt à être là parce que David nous fera passer un savon sinon !

— Je connais David ! rétorquai-je. Je serais là, à l’heure même. De quoi veut-il parler ?

— De la guerre des gangs évidement, idiot ! Et je suis sûre qu’il compte nous demander des choses à faire, alors tiens-toi prêt !

Ma charmante petite sœur s’en alla sur ces doux mots et je ne savais pas vraiment pourquoi cela m’énervait. En même temps, dès que l’on me parlait des gangs, cela commençait immédiatement à m’agacer. Je me souvenais très bien de comment j’en étais arrivé là. Avec ma sœur, nous n’avions jamais eu une vie très facile. Ce n’était pas parce que le café de nos parents fonctionnaient plutôt bien que l’on n’avait pas de problèmes financiers, bien au contraire. On allait dans les lycées moins fréquentables et on avait dû vite apprendre à se protéger. Puis ma sœur avait rencontré ce gang qui l’aidait à se défendre après ce qu’elle avait subi, et même si j’avais été retissant, après m’être fait tabassé, j’avais finalement accepté de les rejoindre. Pour notre bien.

On s’était fait plusieurs amis malgré tout dans ce gang, et la plupart était partie au fil du temps. Ils avaient grandi, et ils se sentaient mieux pour affronter la vie. Ce n’était pas notre cas. On avait cette sorte de dépendance car on n’avait pas confiance en nos forces pour s’en sortir… surtout Maëlle, et même si je désirais de plus en plus me libérer du gang, je ne pouvais pas la laisser seule. Sauf que je savais qu’elle n’était pas prête de partir.


+++


Je m’en voulais de laisser Laurianne seule alors qu’elle ne se sentait pas sereine lorsqu’elle l’était mais je n’avais pas le choix. J’avais de la chance, elle comprit parfaitement. Elle me rappela d’ailleurs de faire attention, car si mon chef remarquait la blessure, il risquait de faire le lien. Cela, j’en étais conscient. Je fermai la porte à clé et je me rendis au quartier général en voiture. Je dus me garer assez loin car il n’y avait plus de place, ce qui était habituel mais qui pouvait être agaçant si cela se passait comme cela quotidiennement. Chose que je ne faisais pas d’ailleurs puisque je ne venais que pour les grandes réunions. Je sortis de la voiture et je vérifiai l’heure : j’étais en avance et donc absolument pas en retard. Je passai devant une ruelle et je me fis plaquer contre un mur. Quand je rouvris les yeux, je tombai sur une personne que je n’avais absolument pas envie de voir.

— Nathan, sérieux, grognai-je en clignant des yeux. Qu’est-ce que tu veux ? Je ne t’ai rien fait et je n’ai rien fait de mal. Je t’ai aidé à libérer Laurianne. Qu’est-ce que tu me veux ?

Il ne me répondit pas mais ne me lâchait pas non plus. Et je n’aimais pas qu’on me fixe, et là, s’était le cas.

— Tu sais, je te serais vraiment reconnaissant si tu ne me passais pas à tabac. J’ai déjà une blessure par balle donc si tu pouvais éviter de me défigurer cela serait sympa.

— Ce n’était pas mon but, avoua Nathan en me lâchant avant de jeter un coup d’œil derrière lui. Cela te fait mal ?

— Ma blessure ? Oui, mais c’est normal. Qu’est-ce que tu en as à faire ?

— Absolument rien. Mais j’essaye d’être poli.

— Bon, qu’est-ce que tu me veux ? Je suis pressé là.

— En toute sincérité… y a quoi entre Laurianne et toi ?

— Attends, mais mec tu n’es pas sérieux quand même ! fis-je en reculant. Tu es au courant qu’on est proche de mon quartier général, et que si on nous voit, tu es autant en danger que moi ! Et ceux, juste pour cela alors que Laurianne t’a déjà tout dit et que tu ne lui fais juste plus confiance ! Et en plus c’est toi qui l’a quittée je te rappelle !

— Je croyais que tu étais pressé ? Tu as juste à répondre, ce n’est pas une question piège.

— Sauf que tu vas t’énerver parce que ce qui se passe ce n’est pas ce que tu penses ni ce que tu as envie d’entendre. Il ne s’est rien passé avec Laurianne et il ne se passe toujours rien. Piger ?

— Pourtant tu as des sentiments pour elle…

— Waw ! C’est vrai que c’est un scoop ! Écoute, j’ai peut-être l’image d’un dragueur, mais je ne suis pas un briseur de couple, et j’attends. Alors pense ce que tu veux, mais pour l’instant, il ne se passe rien. Alors fiche-moi la paix. Ce n’est pas ma faute s’il y a un problème de compréhension entre vous, ni si votre couple bat de l’aile.

Je pris soin d’éviter tout contact avec lui pour repartir.

— Si ton gang le sait, je crois que tu ne seras pas prêt à te remettre de ce qu’il te réserve, déclara calmement Nathan alors que je serrais les poings.

— Tu n’as pas intérêt à faire cela, répondis-je en me retournant.

— Et pourquoi ?

— Et bien déjà, sans vouloir paraître égocentrique, je crois que Laurianne aurait vraiment du mal à te pardonner et si tu veux la récupérer ce n’est pas le bon moyen. Et tu t’es toujours trompé à mon sujet.

— C’est-à-dire ?

— Je sais que tu penses que c’est de ma faute que Jimmy soit dans mon gang. Mais je ne le connaissais pas avant qu’il débarque. Alors arrête de défouler ta haine contre moi, car je n’y suis pour rien dans vos histoires. Je n’ai rien à voir avec le braquage, ou avec le départ de ton frère. Tu peux me détester parce que j’aime Laurianne, mais si tu divulgues cela à tout le monde… cela me prouvera juste un seul truc.

— Qui est ?

— Que j’aurais eu tort de t’aider et de juger que tu pouvais rester avec Laurianne parce que tu la rendais heureuse.

— Continue à nous laisser heureux.

— Je n’ai rien fait pour l’influencer et tout est de ta faute. Tu l’a peut-être rendu heureuse, mais ce que je note aussi c’est que tu l’as rendu malheureuse à deux reprises. Ce n’est pas à moi de choisir mais à elle, donc c’est à elle que tu devrais dire cela. Tu devrais lui prouver que tu l’aimes vraiment, peut-être que cela pèsera dans la balance. Ce n’est pas avec moi que tu devrais parler mais avec elle pour comprendre ce qu’elle ressent. Et fait attention, je connais des choses sur toi Nathan. Je suis réglo, tant que tu ne me fais rien, je ferais de même.

Je dus courir parce que j’allais finir par être en retard et c’était la dernière chose qui me fallait. Cela me faisait bizarre de revenir alors que la dernière, j’avais clairement été contre mon gang, et que j’en payais les conséquences. Je saluai Linda et Maëlle qui m’attendaient à l’entrée, encore plus stressées que moi. Je donnai des nouvelles de Laurianne à Linda alors que ma sœur observait les personnes tout autour de nous.

— Comporte-toi normalement, sinon on aura l’air suspect, murmurai-je.

Elle me lança un regard noir comme pour me dire que tout cela c’était de ma faute et on rejoignit les autres. Je repérai David qui s’empara d’un micro alors que tout le reste s’amassait dans la salle. Qu’est-ce que j’avais horreur de ces réunions ! David fit un récapitulatif sur la guerre des clans et je sentis qu’il me fixait plus particulièrement et je lui souris. Il déclara aussi qu’il avait des missions pour chacun d’entre nous, qui soit en groupe, ou non et qu’il fallait tirer un papier dans l’énorme récipient derrière moi. Je le pris et me servis avant de le passer aux autres. J’ouvris le papier et vis que ce n’était que dans un quart d’heure… j’avais eu de la chance, je n’aurais pas beaucoup de temps à attendre, contrairement à ma sœur et sa copine qui avaient tiré des heures rapprochées mais dans une heure.

Beaucoup de personnes partirent alors que d’autres aimaient bien traîner dans le quartier. Les filles restaient avec moi en attendant alors que Maëlle me répétait l’excuse qu’elle avait trouvée. Pour deux jours d’absences, je ne savais pas si la gastro était crédible… cela avait intérêt. Lorsque l’heure arriva, je me levai et croisai Jimmy au passage.

— Il faut que je te parle après, murmura-t-il à mon oreille.

Je ne cherchai pas à comprendre plus et rentrai déjà dans le bureau de David.

— Il paraît que tu as eu une gastro expresse… cela va mieux ?

— Cela m’arrive encore de vomir, mentis-je. Mais cela va mieux.

— Bien, tu dois vite rentrer chez toi alors, je ne vais pas être long du coup. Je veux que tu retrouves Laurianne.

— Pour lui faire quoi ?

— Pour le moment ne la ramène pas si tu la trouves. Mais surveille là, et quand je te le dirais, tu nous la ramènes. Je te rappelle quand même que la dernière fois c’était ton job et que ce n’est pas toi qui l’a ramenée.

Oui, cela je le savais bien. Et j’étais bien parti pour m’enfoncer encore plus dans mon propre gang… il était inimaginable pour moi de livrer Laurianne. C’était impossible, et pas non seulement parce que c’était une innocente, mais aussi parce que je tenais à elle et que je ne voulais pas encore la voir souffrir. Malgré tout je garantis à David que cette fois je ferais mon job et je ressortis de son bureau, vraiment pas serein. Les filles m’attendaient. Je leur glissai quelques mots de ce qu’il m’avait dit avant de sortir dehors. Jimmy m’attendait, appuyer contre un mur.

— Cela ne va pas ? demandai-je en m’approchant.

— Ce que David m’a demandé, fit-il en marchant pour s’éloigner du QG. J’ai fait bonne figure devant lui mais je ne sais pas comment je vais faire. Je ne crois pas en être capable.

— Que t’a-t-il demandé de faire ?

— Il veut que ce soit moi qui tuerai mon frère.

— Attends… était-il vraiment sérieux ?

— Complètement malheureusement.

La guerre partait beaucoup trop loin même si cela paraissait minime pour une guerre. Bien évidement que je n’aimais pas spécialement Nathan. C’était un fait, même s’il avait fait souffrir Laurianne, cela datait aussi de bien avant puisqu’il m’avait pris en grippe. Mais jusqu’à aller à la mort… cela partait beaucoup trop loin. Jimmy le voyait sûrement dans mon regard.

— Je sais que c’est toi qui as libéré Laurianne, avoua Jimmy alors que je pâlissais à vue d’œil. Si j’étais contre vous je t’aurais déjà dénoncé, je ne compte pas le faire, Lucas. C’est cool que tu aies fait cela, elle ne mérite pas cela.

— Attends… tu la connais ?

— Tu crois que t’étais la seule à venir la voir en cachette ? Je ne l’ai fait qu’une fois, mais je la connais Laurianne. À une époque, mon frère me la décrivait comme une belle-sœur idéale. Je l’aimais bien. Et, j’ai bien l’impression que tu as l’air de bien l’aimer. Je me trompe ?

— Je l’aime plus que je ne devrais, je crois.

— On ne devrait avoir aucune limite à se fixer lorsque l’on aime quelqu’un. Laurianne est sympa. Je ne sais pas si elle est toujours avec mon frère mais…

— Il l’a quittée juste après que je l’ai libéré.

— Il n’est pas logique… enfin bref. Tu comptes faire quoi avec elle ?

— Attendre. Je crois qu’elle m’aime. Enfin, je crois qu’elle n’en est pas consciente surtout.

— Es-tu certain d’être prêt à attendre un moment ? Je crois qu’elle est toujours très attachée à mon frère.

— La vie m’a conduit à elle, et j’ai l’impression que s’est vraiment la bonne personne pour moi. Après, cela dépend si la vie me montre que ce n’est pas le cas, mais pour le moment, ça l’est, donc j’attendrais.

— Je ne sais pas comment je vais m’en sortir pour cette histoire de mission…

— Moi non plus. Il veut que je ramène Laurianne, et je ne le ferais pas… on n’est pas dans une situation idéale, tous les deux.

— On pourra s’aider alors, si on en est capable.

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