Chapitre 40 :
C'était des larmes de tristesses ou de désespoirs qui coulaient sur mes joues et celles de Maëlle aussi. Jimmy ne s'en émeut pas plus que nous. Il semblait davantage laisser place à la colère qu'à la tristesse. Car si David avait appris que Lucas trafiquait quelque chose pour me sauver et le mettre hors d'état de nuire, c'était qu'il y avait un traître ! Cela me paraissait malgré tout si inconcevable. On n'était pas si nombreux que cela, jamais je ne pourrais trahir Lucas. Maëlle adorait son frère et Linda aimait Maëlle. Jimmy avait des raisons pour nous aider et s'il s'énervait aussi c'était parce qu'il n'avait rien à se reprocher. Alors nos soupçons ne pouvaient que se tourner que vers plusieurs individus : le gang de mon frère.
Je séchai mes larmes alors que Jimmy tournait en rond et je pris mon téléphone pour composer le numéro de mon frère qui ne décrocha pas dans l'immédiat. Alors que j'attendais qu'il soit à l'autre bout du fil, Maëlle commença à laisser place à la colère et je le vis dans son regard. Elle ne me haïssait pas je crois, mais j'aurais très bien compris si elle me tenait responsable de l'enlèvement de son frère. Néanmoins je remarquai qu'elle avait envie de frapper tout ce qu'elle pouvait avoir sous la main et je ne lui conseillai pas de casser ses mains ou ses poignets car on en aurait sûrement besoin pour sortir Lucas d'où il se localisait. Cela eut l'effet escompté puisqu'elle tentait de contrôler son énervement. Santiégo répondit enfin :
— Est-ce que tout va bien, petite-sœur ?
— Santiégo, il y a une taupe parmi tes amis. Quelqu'un nous a dénoncés à David. Lucas est dans une mauvaise posture.
Mon frère resta silencieux un moment et je sentis aussi l'agacement monter en moi. Je comptais bien attendre une réponse, donc je pris mon mal en patience et je me rassis net sur le canapé, les poings fermés.
— Que veux-tu que je fasse ? Je ne vois pas ce que je pourrais faire pour vous aider.
— C'est ton gang, affirmai-je d'une fois dur. Alors trouve qui est le sale traître qui a envoyé Lucas quasiment à la torture !
— Attends, j'ai dû rater un chapitre… êtes-vous ensemble ?
— Non ! hurlai-je en perdant patience. On s'en fiche de ce qu'on est l'un pour l'autre. On doit le sauver. C'est tout ce que tu dois retenir ! Trou-ver le trai-tre. Sau-ver Lu-cas. Ok ?
— Cela faisait très longtemps que tu ne t'étais pas énervée contre moi…
— Plus de dix ans ! Et pour une raison valable. Donc s'il-te-plaît, trouve ce traître !
— Je le ferais.
— Merci !
Je raccrochai les dents serrées et balançai mon téléphone portable sur la table basse qui glissa et tomba par terre. Je grimaçai et enfouis mon visage dans mes mains en soufflant toute l'air de mes poumons. Comment allais-je faire sans Lucas ?
Notre plan était totalement ruiné. Et il était hors de question pour moi de le laisser tomber. Il avait tout fait pour m'aider et me sortir de cela, saine et sauve. Je lui devais bien cela. Lucas devait passer avant le plan. Puis maintenant, il serait au mieux renier de son gang si David ne décidait pas de le tuer. Il fallait agir avant qu'il opte pour cette décision.
— Je ne t'avais jamais vu parler comme cela à tes frères, remarqua Jimmy en approchant.
— Parce que je suis énervée ! fis-je d'une voix dure et hachée. Cela m'énerve ! Il faut faire quelque chose rapidement pour le sortir de là !
— Tu as raison, confirma Maëlle en s'asseyant à mes côtés. David ne va pas être très clément avec Lucas s'il ne l'est pas déjà. Il doit vraiment passer de sales moments depuis qu'il est là-bas…
J'entourai les épaules de Maëlle pour lui apporter un peu de soutiens et elle posait sa tête sur mon épaule en fermant les yeux. Maëlle avait l'air aussi perdu que moi. Lucas guidait tellement de personnes. Il ne méritait pas de vivre ce qu'il était en train de vivre actuellement. Dire que ses parents l'avaient vu en parfait état quelques heures plus tôt ! Qu'est-ce que Maëlle allait bien pouvoir inventer cette fois ? Ses parents finiraient-ils par entrevoir le pot aux roses ?
— Qu'est-ce qu'on fait là, maintenant ? reprit la sœur du grand absent.
— Il faut réfléchir à un plan, déclarai-je en me levant déterminée.
— Non, me stoppa Jimmy. On va dormir.
— Dormir ? s'écria Maëlle ahurie.
— Oui, tu m'as bien entendu. Dormir, répéta Jimmy. On n'a pas les idées claires et on n'a pas assez de recul non plus. On a réussi à sauver Laurianne. On sauvera Lucas. Il est fort, il saura tenir quelques jours. J'en suis certain. Écoutez-moi bien les filles. On va le sortir de là.
— Je pense qu'il y a assez de place pour vous deux ici, si vous ne voulez pas reprendre la route pour ce soir.
— Tu n'es pas en sécurité ici Laurianne, déplora Jimmy. S'ils ne savent pas encore où tu te trouves, lorsqu'ils repéreront la voiture de Lucas, ils sauront où te trouver. Tu ne dois pas rester ici.
— Malheureusement, Jimmy a raison, soupira Maëlle en se levant. Je voulais rejoindre Linda à la colocation après pour lui parler un peu. Je crois bien qu'il est temps pour toi de faire ton retour là-bas même si tu n'en as pas très envie.
Oui, je n'en avais pas vraiment envie. Surtout que je redoutais de croiser Nathan, mais je n'avais pas l'air d'avoir le choix. Maëlle fit tourner son trousseau de clés du bout de son index en m'informant que Lorie avait été mise au courant de tout ce qui se passait autour de moi et Nathan puisque s'était la seule qui ne connaissait pas le monde des gangs. Je passai les clés de la maison à Jimmy qui allait partir en dernier. Il me conseilla de bien dormir car les prochaines journées risquaient d'être très longues. Je le serrai dans mes bras et on se dirigea vers la voiture de Maëlle.
J'avais déjà fait le trajet de chez mon frère à la colocation, que ce soit en tant que conductrice ou que ce soit en tant que passagère, mais il ne m'avait jamais paru aussi long ! Bien sûr, le fait de savoir Lucas en danger à tout moment ne m'aidait pas et j'y pensais souvent. Sauf qu'il n'y avait pas que cela. Ce n'était pas que je détestais Maëlle, mais je ne la connaissais pas. Je ne l'avais pas souvent rencontré d'ailleurs, donc cela me gênait un peu de me retrouver en tête à tête avec elle, dans sa voiture. Encore plus dans ces circonstances-là. Et je ne savais pas si je devais vraiment lui parler. Finalement, ce fut elle qui brisa la glace :
— Tu sais… Lucas m'a beaucoup parlée de toi. Dès la seconde où il t'a rencontré. Il t'aimait déjà bien, à tel point qu'il n'avait pas pigé que tu étais l'ex petite-amie de Nathan ! s'esclaffa-t-elle. Puis il t'a aimé encore plus au fur et à mesure où vous avez fait connaissance. Même quand tu t'étais remise avec Nathan, il était là, à parler de toi avec les yeux brillants. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête. Tu n'étais pas son style et je ne pensais pas qu'il pouvait trouver quelque chose de spécial chez quelqu'un comme toi. Mais tu as été le déclic qu'il avait besoin pour tourner la page de notre adolescence difficile et pour s'ouvrir.
Ses confidences me touchaient. Lucas ne m'avait jamais parlé de son adolescence. Il ne semblait pas être tout beau, tout blanc, tout rose. Beaucoup de mauvaises choses paraissaient s'être déroulées pour le frère et la sœur. Je comprenais bien que Lucas avait eut des réserves et n'avaient pas souhaité s'épancher plus. Je n'avais pas imaginé que Lucas ressentait autant de sentiments aussi forts à mon égard. Pas à ce point là. Et le savoir emprisonné par David ne me rendait pas bien. Je me sentis coupable.
— Quoi que tu puisses affirmer et penser, je sais que tu l'aimes bien. Enfin, je ne veux pas te gêner, ou te causer du tort dans ta relation avec Nathan, mais ça se voit quand même. Ne serait-ce que ce soir, comment tu as réagi quand tu as appris ce qu'il s'était fait kidnappé. Tu as eu peur pour lui, et tu veux absolument le sauver comme moi. Tu veux son bien même si tu ne sais pas qui choisir. Tu l'aimes beaucoup. Tu lui fais du bien ne serait-ce que par ta présence. Bref… je ne te connais pas trop mais je t'avoue que tu serais cool comme belle-sœur.
Je restais muette face à cette déclaration que je ne savais pas vraiment comment interpréter. Maëlle avait raison sur toute la ligne, et ce fut cela qui me perturbait le plus. On disait souvent que les personnes ayant pour signe du zodiac de la balance avaient du mal à prendre des décisions. Pour mon cas, cette description s'appliquait à ma personne. N'importe lesquels j'avais du mal à choisir, et encore plus entre Nathan et Lucas. Je n'aimais pas que l'on me le rappelle. J'avais presque l'impression d'avoir deux vies sur les épaules et de devoir n'en choisir qu'une. Cette sensation ne me plaisait pas, mais celle de me sentir coupable du sort de Lucas était pire.
Maëlle s'arrêta et je sortis les clés de la colocation. Il était déjà tard, et personne nous attendait sûrement. Maëlle avait l'air d'avoir déjà été ici même si elle ne paraissait toujours pas hyper à l'aise comme si elle n'était pas à sa place. On ne fit heureusement pas de bruits et mes amis ne se réveillèrent. On monta dans la chambre de Linda qui dormait déjà et Maëlle se chargea de la réveiller plus ou moins en douceur. Je vis donc Linda relever la tête, les cheveux en bataille, et se lever lorsqu'elle m'aperçut.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Mon frère a été enlevé. David est au courant, informa Maëlle.
On parla un petit moment avec Linda. Son énervement et le nouveau plan pour demain. Puis je laissai le couple seul. Je marchai lentement dans ma chambre en enlevant ma veste et je me mise en pyjama. La porte s'ouvrit alors que j'allais éteindre la lumière. Nathan s'était réveillé, ou alors il ne s'était même pas endormis.
— Tu es revenue, remarqua-t-il en entrant un peu plus dans ma chambre.
Quelle remarque incroyable ! Je ne sentais même pas de l'espoir dans sa voix… elle était juste plate, sans aucun ressentiment derrière. En tout cas je n'en ressentais aucun. J'étais peut-être juste trop fatiguée. Ou alors il était juste résigné à me voir s'éloigner de lui. Je vis bien pourtant dans son regard qu'il était blessé.
— Écoute… je sais que tu m'en veux, je vais essayer de ne pas rester longtemps. Mais là je suis fatiguée, je vais dormir.
— Tu dors toujours mal, Laurianne, déclara doucement Nathan comme si ses nuits étaient compliquées aussi. Et tu es bien revenue pour une raison. Est-ce que je me trompe ?
— Non, avouai-je durement. On avait un plan pour empêcher David de te faire tuer et de me faire tuer. Mais on ne peut plus l'exécuter maintenant.
— Comment a-t-il pu tout découvrir ?
— Je ne sais pas. Mais Lucas est en danger de mort et à sa merci. Et on est en danger nous aussi.
Alors que j'allais éteindre la lumière, Nathan m'attrapa le poignet et lorsque j'eus tourner la tête me déposa un rapidement baiser indolent. Je ne savais même pas pourquoi je le laissai faire. Je devais être trop fatiguée. Je me rappelai juste avoir posé ma main sur son torse pour le pousser ridiculement en arrière. Mais il comprit mon geste.
— Non, je… pas maintenant. Pas tant que je n'ai pas pris une décision, annonçai-je.
Il me sourit tristement et coinça une mèche rebelle de mes cheveux. J'éteignis la lumière et comptais sur lui pour fermer la porte alors que je me glissai sous mes draps et m'endormir rapidement. Le danger nous guettait. Lucas, Nathan et moi. Et quelque chose me disait, que si la situation empirait, plus on avait de chance de mourir. Je réussis à dormir alors que la nuit de Lucas fut plus compliquée et mouvementée.
+++
Cela ne m'aurait pas étonnée si je ne me rappelais de ce qui s'était passé hier soir. Même sans avoir vu de l'alcool je pouvais totalement zapper ce qui pouvait se passer. Cette fois, la nuit ne fut pas ravageuse, et ce qui c'était passé n'était pas un rêve. Je pensais à Lucas… peut-être dormait-il ? Ou alors peut-être qu'il passait un sale quart d'heure face à David. Je devais le sortir de là coûte que coûte. Je repensais aussi à Nathan, son baiser. J'étais un peu en colère contre lui de profiter à la situation. Mais comment lui en vouloir ? Pour lui aussi cela devait être une montagne russe sentimentale. Mais il n'avait pas le droit de faire cela, nous n'étions plus ensemble. Et ce n'était pas de cela dont j'avais besoin. Les autres n'allaient rien comprendre en me voyant débarquer, mais ce n'était pas grave. Je pris mon téléphone et reçu un message de Jimmy :
J'ai rendu visite à Lucas. Il était un peu assommé mais il va tenir le coup. Il m'a demandé si tu allais bien et il m'a demandé de te dire de ne pas prendre de risque. Je te rappelle dès que je trouve un plan.
J’espérais de tout cœur que ce soit vraiment lui qui venait d'écrire ce message. Même si je faisais entièrement confiance à Lucas, je ne pouvais pas rester les bras croisés et ne rien faire pour le sortir de là. Nina m'envoya l'adresse de l'hôpital dans lequel Pola était hospitalisée et je comptais bien lui rendre visite après le petit déjeuner. Déjà parce que je voulais savoir ce qui lui était passé par la tête et aussi parce qu'elle avait peut-être entendu quelque chose de déterminant. Je me levai et me préparai pour rendre visite à mon amie. Je pris du temps sous la douche et je descendis pour prendre mon petit déjeuner. Quand je débarquai dans la cuisine, les regards se posèrent sur moi et je restais immobile. Vanessa se trouvait aussi ici, elle avait sûrement dormi avec Dorian. Lorie fut la seule à se lever et à me serrer dans ses bras comme si rien ne changeait les chaises pendant que Maëlle leur expliqua rapidement. Clément me tendit une tasse de café avec le sourire que je pris en souriant un peu. Je tentai d'éviter le regard de Nathan et m'installais à côté de Mallo.
— C'est quoi le plan du coup ? questionna Dylan en posant sa tasse.
— Un plan… vous comptez nous aider ? fis-je en échangeant un regard surpris avec Maëlle qui s'étouffait avec son croissant.
— Bien-sûr que oui, confirma Vanessa. Ce n'est pas parce que Lucas est notre ennemi qu'on ne peut pas l'aider. Il t'a sauvé la vie.
— Donc… est-ce que vous avez un plan au moins ? s'enquit Clément alors que je vis au regard de Nathan que sauver son rival ne lui plaisait pas plus que cela.
— Jimmy m'a envoyé un message, révélai-je. Lucas est un peu amoché mais il va tenir le coup normalement. Il m'a dit qu'il me rappellerait quand il trouvera un plan.
— Ça marche aussi dans les deux sens, ajouta Maëlle. On cherchera un plan. Pour le moment je voulais voir si j'avais encore le droit de rentrer dans le quartier général de mon gang…
— Je voulais rendre visite à Pola, à l'hôpital, renchéris-je. Je me demande ce qui s’est passé dans sa tête…
— Peut-être qu'elle sait ce qui est arrivé à mon frère, souffla Maëlle.
— Je me demande si elle est en état pour aussi, murmura Linda.
— Je t'accompagne, décida Nathan en se levant. Tu n'es pas censée sortir seule. Tu te rappelles ? Lucas n'est pas le seul en danger, nous aussi.
Clément lui lança un regard noir comme s'il présageait qu'il allait trop s'énerver. Il me demande quand est-ce que l'on partirait et je lui dis le plus vite possible. Il monta dans sa chambre et Clément le suivit, sûrement pour le rappeler à l'ordre. Je sentais que le trajet allait être lourd et pesant.
— Bonne chance, parce que cette tension entre vous ! Elle est déjà étouffante pour nous ici, donc je n'imagine même pas pour vous, encore plus quand vous serez seuls. Il va falloir que vous régliez très bientôt vos comptes avant que cela ne dérape, affirma Mallo.
Cela avait déjà dérapé par moment. Lorsqu'il avait débarqué sans être invité et qu'il aurait pu être violent. Cet incident restait gravé dans ma mémoire. Je récupérai ma veste dans ma chambre et redescendis rapidement. Apparemment Nathan était déjà sorti. Il ne comptait pas me laisser conduire aujourd'hui. Je lui montrai l'adresse de l'hôpital et on partit.
— Pourquoi est-il allé là-bas ? se renseigna Nathan en jetant un œil dans son rétroviseur.
— Pola est notre amie, répondis-je. Il voulait que je rentre directement chez mon frère pour ne pas être en danger.
— Tu n'as pas peur qu'elle te le vole, constata Nathan en freinant à un stop.
— On n'est pas ensemble avec Lucas, affirmai-je. Il m'avait demandé de tout faire pour que Pola ne s'amourache pas de lui. Il a dit qu'elle ne l'intéressait pas.
— Et tu le crois ?
— Pourquoi ne le croirais-je pas ?
Il ne répondit pas. On resta un très long moment silencieux. On n'avait plus vraiment de grand-chose à se dire. Il était en colère contre moi, et je le comprenais très bien. Je reçus un message de Maëlle qui m'informa qu'elle n'avait plus le droit de rentrer dans le quartier général de son gang. Je lui conseillai de trouver Jimmy. Il était le seul avec Linda qui pouvait rentrer dans ce bâtiment. Maëlle comptait aller chez lui et me dit de faire attention à l'hôpital. C'était peut-être l'endroit où Lucas s'était fait enlever.
— Pourquoi veux-tu absolument le sauver ? siffla Nathan.
— Parce que je l'aime bien et qu'il le mérite, proclamai-je.
— Laurianne… est-ce qu'on a encore une chance nous deux ? Est-ce-que tu comptes te mettre avec Lucas ?
— Je ne sais pas du tout Nathan, commençai-je doucement. Je sais que ça dépend de ce que je ressens comme tu me l'as déjà demandé. Mais il n'y a pas que cela. Tu le sais tout autant que moi. Et pour l'instant je ne sais pas, Nathan. Peut-être dans quelques jours.
Nathan m'accompagna à l'intérieur. Pola ne dormait pas quand j'arrivai. Nathan me laissa seule avec elle. Elle ne me répondit pas lorsque je la saluai et je sentis que cela allait être tendue même si je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle me reprochait. Je m'assis sur le côté du lit et elle tourna la tête vers moi. Même pas un petit sourire.
— Pola, murmurai-je. Que s'est-il passé dans ta tête ? Qu'as-tu ?
J'attendis une réponse. Je croyais vraiment qu'elle me répondrait immédiatement et je ne voyais absolument pas qu'elle ne souhaitait pas vraiment me parler. Je ne le compris que lorsqu'elle ne me répondit toujours pas en me contemplant. J'en demeurais déboussolée.
— Pola, couinai-je. Tu fais partie de mes amis les plus proches. Parle-moi, dis-moi ce qui ne va pas. Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?
Elle prit son temps pour donner une réponse. Lorsqu'elle émit un son entre le ricanement et le rire, je fronçai les sourcils et plissai les yeux. J'allais sûrement comprendre bientôt pourquoi on l'avait déplacé dans l'aile psychiatrique de l'établissement. Lucas n'était sûrement pas passé dans cette aile.
— Si tu peux faire quelque chose ? Ne plus voler le crush de quelqu'un d'autre… cela compte ?
Je restais muette un petit moment… donc, si je comprenais bien, Pola avait tenté de mettre fin à ses jours car elle avait déduit que je sortais avec Lucas car j'étais proche de lui. Je vis rouge, j'étais très en colère contre Pola d'avoir agis aussi bêtement, et je lui fis bien savoir :
— Non mais ça va pas bien dans ta tête ! assenai-je. T'entends-tu parler ? Déjà, on n'est pas ensemble avec Lucas et même si on se serait mis ensemble, personne n'aurait eu son mot à dire car cela n'aurait concerné que nous deux ! Tu ne sais même pas si Lucas est amoureux de toi… tu ne peux pas donner autant de restriction aux gens si tu ne connais pas la vérité avant. Cela ne marche pas comme cela Pola.
— Toi, tu sais s'il m'aime ! s'époumona-t-elle en commençant à pleurer. Hein ? Dis-le ! Je veux t'entendre dire qu'il ne m'aime pas ! Il ne m'aime pas. Comme tous les autres d'ailleurs ! Comme tout le monde !
— Pola, murmurai-je désemparée en prenant sa main. Ce n'est pas parce que Dylan et Lucas ne t'aiment pas que tu es seule et que personne ne t'aime. Cela va juste venir avec le temps. Ta famille t'aime et tes amis aussi. Moi aussi je t'aime tu es une de mes meilleures amies.
— Tu ne peux pas savoir à quel point je vais mal, sanglota Pola en me broyant littéralement ma main. Je croyais que Lucas était mon ami…
— Bien sûr que c'est ton ami. Il t'a accompagné jusqu'ici, ensuite il lui est arrivé quelque chose, déclarai-je.
Je m'embrunis alors que Pola lâcha ma main pour pointer son index vers le couloir. Elle pensait peut-être que je pouvais comprendre rapidement les mimes, mais deviner n'avait jamais été mon fort donc je lui lançai un regard d'interrogation. Pola soupira.
— Les infirmières m'ont dit qu'il n'y avait que Nina qui m'avait accompagné. Pourtant j'étais certaine d'avoir entendu la voix de Lucas en train de parler fort à quelqu'un d'autre dans le couloir. Il a arrêté sa phrase d'un coup comme s'il avait été assommé ou endormis. J'étais en train de me réveiller mais je suis presque certaine que c'était lui.
Et cela voulait dire aussi autre chose : Nathan et moi étions en danger dans cet hôpital et on devait sortir de là. Immédiatement.
Je déposai un baiser sur le front de Pola en lui disant que je repasserai bientôt, peut-être avec Lucas et que d'ici là, elle devait se reposer. Je sortis en trombe dans le couloir en prononçant le prénom de Nathan. Sauf qu'il n'était pas là. Pourtant, il m'avait dit qu'il ne bougerait pas du couloir. J'interpellai une infirmière pour lui demander si elle ne l'avait pas vu, mais elle était incapable de me répondre. Je détalai vers la sortie même si je me fis crier dessus au passage car courir dans les lieux publics n'étaient pas la chose la plus raisonnable à faire. Lorsque que je fus dehors, je regardais tout autour de moi alors que je sentais le stress et la peur monter. Qu'est-ce qu'il avait foutu ? J'appuyais sur son prénom dans les contacts et je me rendis compte que j'avais laissé un cœur juste à côté. Un cœur… le mien battait à cent à l'heure avec tout ce qui se passait en ce moment. J'étais encore plus inquiète lorsqu'il ne décrocha pas ! Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Je regardai tout autour de moi mais il ne se déroulait rien. Je décrochai lorsque mon frère l'appela.
— Santiégo ? demandai-je pour être certaine car je n'avais pas fais attention au prénom affiché.
— J'ai trouvé la taupe, annonça-t-il en attente d'une réaction avant d'être révèle l'identité de ce sale traité.
Il n'y en eut pas vraiment, j'attends tout simplement. Cette phrase m'avait fait pensé à une émission de télé qui n'avait pas eu de saison deux mais que j'avais néanmoins bien aimé. Peut-être que cela signifierait que ce serait la dernière fois.
— C'est le médecin que j'ai appelé pour soigner Lucas.
— Je croyais qu'il était fiable !
— Oui et bien moi encore plus que toi ! Mon chef va lui passer un savon énorme, compte sur lui.
Mon sang se glaça. Le médecin. L'hôpital. Lucas. Nathan… Le médecin travaillait dans cet hôpital ! C'était pour ça que Lucas s'était fait attrapé, et que Nathan avait disparu. Je repérai un van noir à quelques mètres de moi. Son moteur vrombissait et les portes arrières s'ouvrirent alors que j’aperçus deux hommes entraîner un autre, immobile. J'eus comme la sensation que mon cœur se décrochait dans ma poitrine.
— Nathan ! hurlai-je à plein poumon.
Les deux hommes relèvement la tête et affichèrent des sourires cruels. Alors que j'allais m'élancer vers eux, je ne le fis pas et reculai même. Une petite voix dans ma tête me disait que cela ne serait pas une bonne idée et que la situation serait encore bien pire si je le faisais. Je les regardai emporter Nathan dans leur vanne noire, impuissante.
Pourtant mes jambes fonctionnaient toujours. Pourtant je pus reprendre mon téléphone portable pour décrocher à l'appel de Jimmy. Pourtant je pus parler normalement. J'étais peut-être encore plus déterminée que jamais pour empêcher David de faire mal à mes proches.
— Où est-ce que tu es Laurianne ? demanda Jimmy.
— Devant l'hôpital, m'agaçai-je. Et ils ont enlevé Nathan sous mes yeux !
Jimmy encaissa la nouvelle et je l'entendis faire claquer ses ongles contre une table.
— Je n'ai pas une bonne nouvelle non plus, concéda-t-il avec une fois triste. On a bien réfléchi avec Maëlle, et j'ai cogité toute la nuit. Et on est arrivé qu'à une seule conclusion.
— Laquelle ?
— Il n'y a qu'un seul moyen d'arrêter tout cela.
Il marqua une pause et je compris d'ors et déjà où il voulait en venir.
— Il faut tuer David.
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