Je pousse la trappe du grenier, avant de redescendre l’échelle pour aller chercher mon chargement.

Je jette celui-ci sur mon épaule, puis reprends mon ascension.

Les combles de la maison ne sont pas poussiéreux et sales comme la plupart de leurs homologues. Et pour cause : je les ai nettoyés moi-même hier !

À l’extrémité des lieux, une lucarne chasse l’obscurité, dispensant la lumière discrète du soir tombant.

Placé là par mes soins, un matelas occupe un morceau de l’espace.

C’est dessus que j’installe mon "colis".

Mon ami, saucissonné après notre partie de Monopoly, m’adresse une œillade désagréable.

« Quoi ? T’as joué, t’as perdu ! »

Si une de ses chaussettes et du ruban adhésif ne l’avait pas réduit au mutisme, il m’aurait sûrement gratifié d’un commentaire peu élégant !

Je m’accroupis à côté de lui, alors que je programme sous ses yeux une alarme sur mon téléphone.

« Regarde, tu vois ? Dès demain matin, je viendrais te libérer ! »

Frank roule des yeux blasés, humilié mais bien conscient que je mets un point d’honneur à toujours tenir mes promesses.

D’un petit bond guilleret, je tourne les talons, retournant vers la trappe par laquelle je me faufile.

Juste avant de refermer derrière moi, je fais un clin d’œil à mon ami.

« Bonne nuit ! …J’espère que tu étais allé aux toilettes avant ! »

Je claque la trappe avant même d’entendre une quelconque forme de réponse !

Mais pendant que je gagne ma propre chambre douillette, je ne peux m’empêcher de me dire : « J’espère juste qu’il ne me le fera pas payer trop fort un jour… »

Je hausse les épaules.

« Naaaaan. Il est trop gentil pour pondre une véritable vengeance ! »