En route vers le royaume de la terre !
Le soleil se couche à l'horizon. D'ici, le spectacle du crépuscule est encore plus impressionnant. Le ciel, les nuages, l'herbe, les plantes, les routes, les bâtiments, sont tous teintés de cette couleur ambrée-orangée, si bien qu'on a l'impression d'être dans une véritable cité d'or.
Les nombreux oiseaux qui peuplent l'ile reviennent tous à tire d'aile se poser sur les branches des arbres ou dans leur nid. Les habitants de la cité de l'air rentrent petit à petit chez eux. Leurs enfants les suivent en sautillant et en riant.
Je contemple cette fin de journée en silence. J'aime l'ambiance calme et paisible qui règne ici. On ne ressent pas la tristesse et l'angoisse qui dominent à la Cour du royaume de l'eau à cause de l'absence de notre roi et de ses hommes. Je ferme le yeux pour profiter de cette sérénité, quand j'entends des bruits de pas dans mon dos. Je me retourne pour faire face à Zéphyr. Il me demande :
- Est-ce que ça va ?
- Oui, et toi ?
- Je vais bien, merci. Je venais prendre de tes nouvelles. Nous ne t'avons pas vue depuis le déjeuner.
- Oh, ne t'en fais pas, j'étais juste venue ici pour m'entrainer encore à la maitrise de l'air.
- Tu progresses vite. Tu as déjà acquis les bases et appris bon nombre de techniques alors que tu es ici depuis une semaine, seulement.
- Une semaine s'est déjà écoulée ? Le temps passe si vite . . .
- Oui, j'imagine bien que tu ne l'as pas vu passer tant tu es concentrée sur ton entrainement.
- C'est vrai. Est-ce que tu penses que j'ai fini mon enseignement ici ?
- Il reste toujours des choses à apprendre, affirme-t-il en secouant la tête. Même ma tante qui est la meilleure dans ce domaine se perfectionne un peu plus chaque jour. On ne finit jamais d'apprendre et je trouve que c'est cela qui est fascinant dans l'enseignement.
Je lui souris et il fait de même, puis poursuit :
- Viens. Rentrons. Ma tante nous attend pour le souper.
Il marche en direction de leur maison et je le suis. Sur le chemin, je lui avoue :
- J'aime beaucoup votre cité. Elle est calme, paisible et tous les habitants ont l'air si heureux !
- N'est-ce pas ? Je l'adore, moi aussi et c'est la raison pour laquelle je veux devenir son prochain gardien.
- Ah, bon ?
- Oui. Je veux succéder à ma tante pour veiller sur l'ile et ses habitants.
- Tu es la seule famille qui lui reste, de toute façon, alors ta place de successeur est assurée.
- Absolument pas ! Ici, nous n'obtenons pas le pouvoir héréditairement comme dans les autres pays. À la mort du gardien, nous procédons à un vote démocratique pour décider lequel d'entre nous lui succédera. En général, on veille à choisir le membre le plus sage de la communauté afin d'assurer un avenir radieux à notre cité.
- Oh, je vois. Et bien, moi, je suis sûre que c'est toi qui sera choisi.
- Merci, c'est gentil, dit-il en souriant.
Nous arrivons devant la porte de la maison et y entrons. Je suis Zéphyr jusqu'à la salle à manger où nous attend déjà sa tante. Elle nous adresse ces mots, en souriant chaleureusement :
- Bonsoir, mes enfants ! Venez donc manger.
Nous nous installons à la table où le repas est déjà servi. J'avale un morceau de poulet, puis demande à mon hôtesse :
- Pensez-vous que je suis enfin prête ?
- Sois patiente, Harmonia. Je t'ai certes appris tout ce que je sais, mais tu dois encore apprendre à maitriser la terre.
- Alors, conduisez-moi au plus vite au royaume de la terre pour que j'y trouve quelqu'un qui me l'enseignera !
- Je ne peux pas faire cela, dit-elle en secouant la tête. J'ai promis à ta mère que je te ramènerai auprès d'elle dès que tu auras fini ton apprentissage ici.
- Je sais bien, mais nous n'avons pas le temps d'attendre son accord ! Mon père est en danger, chaque minute compte !
- Calme-toi, ma chérie. Je comprends ce que tu ressens, mais nous ne pouvons pas trahir la confiance de ta mère et prendre des décisions inconsiédérées.
- C'est de ne pas tout faire pour aller au secours de mon père et arrêter cette maudite guerre qui est inconsidéré ! ciré-je en me levant brusquement.
Je tourne ensuite les talons, furieuse, et quitte la salle pour me rendre dans ma chambre. J'entends Zéphyr crier mon nom, mais ne me retourne pas pour autant.
Je m'enferme dans la chambre d'amis et réunis mes affaires. C'est décidé : puisqu'Éoline ne veut pas m'aider, je vais me rendre seule au royaume de la terre pour y trouver un maitre.
Je retire les vêtements que m'a gentiment offerts la gardienne de la cité de l'air et m'habille d'un haut blanc aux manches bouffantes qui dénude mes épaules, d'un gilet-corset bleu et d'une longue jupe ample de même couleur. J'enfile ensuite d'élégantes bottes en cuir blanc, attache mes longs cheveux blonds ondulés en une queue de cheval, prends mon sac, qui contient toutes mes affaires, et m'approche de la porte pour y coller mon oreille.
Seul le silence me parvient. J'en déduis que tout le monde est allé se coucher et en profite pour me glisser dans le couloir. Je suis sur le point de descendre l'escalier principal lorsque j'entends une voix dans mon dos :
- Où comptes-tu aller, comme cela ?
Je me retourne en sursaut pour faire face au neveu de mon hôtesse, qui se tient debout dans l'obscurité. Je lui murmure :
- Écoute, Zéphyr, je vous suis infiniment reconnaissante, à toi et à ta tante, de m'avoir enseigné la maitrise de l'air et fait si bon accueil, mais je dois à tout prix apprendre à maitriser la terre pour pouvoir enfin mettre fin à cette maudite guerre et sauver mon père.
- Je comprends et c'est pour cela que je t'accompagne.
- Comment ?
- Je crois en toi, je sais que tu es la seule capable de tous nous sauver et c'est la raison pour laquelle je veux t'aider dans cette aventure.
- Zéphyr . . . Ce sera dangereux . . .
- Raison de plus pour que je vienne avec toi. Tu pourras compter sur moi pour te protéger.
- Tu es sûr de ton choix ?
- Sûr et certain, dit-il en hochant la tête.
- Bon, c'est d'accord.
- Suis-moi, dans ce cas. Je vais t'emmener au royaume de la terre.
Nous descendons l'escalier, traversons le hall d'entrée et nous retrouvons dehors. Le garçon aux boucles blanches siffle doucement et, quelques secondes plus tard, Adler se pose devant nous. Zéphyr me prend la main et saute sur le dos de l'aigle. Il lui applique deux petites tapes sur le plumage et, aussitôt, l'oiseau prend son envol en direction du royaume de la terre.
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