Chapitre 8 - Le thé à l'os de dragon.

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Il y a toujours une porte dérobée.

Le problème principal que rencontrait Saulia dans la plupart de ses études de sociologie, c'était la question de la morale au sein de la religion. En fait, la plupart des cultures construisait leur morale sur leur religion principale, ou, si elles était laïque, sur celles qui l'avait le plus influencé. Et comme chaque religion était différente, chaque morale l'était.

Bien sûr, avec l'avènement du christianisme dans le monde entier, on tendait vers une morale plus ou moins unique : pas de meurtre, de cannibalisme ou d'inceste. Le vol était plus ou moins prohibé par les lois, mais les MCI (meutre-cannibalisme-inceste) était le concept qui dépassait tout. Et de ceux-là découlaient toutes les règles de morale que l'on connaissait presque par la naissance.

Mais elle ne s'attendait pas à rencontrer une morale complètement différente avec l'Apparition, in fine les mourniens. Ces derniers ne considéraient pas le meurtre de la même manière ; tuer quelqu'un était répréhensible car cela entraînait des complications économiques, sociales, etc... Mais en soit, si on tuait quelqu'un qui n'avait pas d'impact et d'attaches, on ne condamnait pas le « criminel ». Et on le couvrait d'éloges dans certains cas !

Pour ce qui était du cannibalisme et de l'inceste, c'était plus délicat : pour une raison que Saulia ignorait, les muscles des mourniens était hautement toxique, sauf pour quelques prédateurs (sûrement pas terriens), ce qui dissuadait même les plus affamés de se repaître de la chair de leurs compères. Néanmoins, leurs os étaient comestibles… Et utilisés dans certaines recettes !

L'inceste, quant à lui, était prohibé dans une fratrie, mais lors de l'Initiation Dénaturée, les parents devaient « inculquer le savoir dans le corps frais de leur progéniture, pour les meurtrir ». Et si ça sonnait comme un viol… Et bien, c'était le cas : si l'enfant était d'accord, c'est qu'il n'était pas prêt. Cette cérémonie avait pour but de repousser l'influence des Anciens sur le corps infantile, et le transformer en adultes.

— Donc ça expliquerait la proportion des Dardants à tuer des gens quand ça leur chante, réfléchit Saulia à haute voix, dans son petit bureau provisoire. Mais qu'en est-il de leur véritable objectif ?

Les Dardants du Sinueux… Elle avait fait des recherches sur eux, n'ayant trouvé que des choses sur le culte d'Abraxas, le dieu Lézard mournien. Abraxas était autrefois une prophète mournien ayant annoncé la venue des Sept sur Terre, puis avait entamé un voyage vers l'illumination. Les légendes de Mourn racontent que la prophète s'est jetée dans la « Gorge du Serpent », un ravin symbolisant la bouche entrouverte de Mourn pour pouvoir respirer. Ce sacrifice, dénué de sens, aurait ému le Sinueux au point de le transcender en ce dieu lézard.

Donc… Si on considérait que les Dardants étaient des fanatiques très attachés à la tradition, et qu'avec l'Apparition, le fanatisme se serait changé en obsession au point où ils se disaient que… Il faudrait qu'ils sacrifient le plus de personnes sans raison pour atteindre la transcendance !

C'était une hypothèse plausible, pensa-t-elle en se redressant sur chaise, tapant son stylo sur sa lèvre, pensive. Par contre, la légende racontait que la prophète s'était suicidée. Alors pourquoi…

On toqua à la porte.

Saulia glapit et sursauta, puis regarda autour d'elle par réflexe, de peur qu'Ananko ne fuit… Avant de se rappeler que son chat n'était plus de ce monde. Dépréciée par cette pensée, elle lâcha d'un ton neutre :

— Entrez.

La porte s'ouvrit : tout d'abord, Saulia pensa que c'était Kara qui avait changé de vêtements et de coupe, mais à en juger sa posture, sa moue dégoûtée et son regard fuyant, elle sut à qui s'attendre. Elle se leva de sa chaise, souriant avec protocole :

— Bonjour ! Vous devez être Horebea, c'est cela ?

Elle tendit sa main. L'autre la regarda avec un air mauvais, avant de jeter un œil dans la pièce. Saulia tiqua. C'est vrai ; Ludwig m'a dit qu'elle était assez rêche, comme femme…

— C'est ici que je travaille, ajouta-t-elle pour combler le silence gênant. Je suis persuadée que vous allez m'être d'une grande aide.

— Hum.

Bon, c'est déjà un mot, se dit-elle en retenant un soupir. Elle savait que les mages étaient de nature orgeuilleux et peu enclins aux relations sociales, les rares spécimens exempts de ce mal qu'elle connaissait étaient Bartavius, et maintenant Yannis.

Comme Horebea ne semblait pas vouloir rentrer, elle s'éloigna pour aller s'asseoir sur sa chaise, et recommencer ses recherches. Mais elle ne pouvait pas se concentrer ; du coin de l’œil, elle observait la magicienne examiner ses breloques et ses livres, lâchant des marmonnements sûrement insultants vu sa mine écœurée.

Soudain, son téléphone vibra ; Saulia l'alluma et vit un message de Lucans, une vidéo drôle. Celui-là ne s'arrêtait jamais ; même au boulot, il continuait de regarder des trucs sur internet pour dénicher les choses les plus loufoques que l'être humain ait pu créer… Mais elle cliqua quand même, sinon l'autre aurait tôt fait de la bisquer jusqu'à qu'elle le fasse ; mieux vaut prévenir que guérir.

C'était un fermier qui ramassait ses tomates, quand il se fit attaquer par des corbeaux et fuit en hurlant à tue-tête, puis tomba tête dans la première dans le fumier. Saulia éclata de rire, mais en entendit un autre ; derrière son épaule, Horebea avait regardé la vidéo avec entrain, et s'était visiblement amusée.

Surprise mais ravie, Saulia se tourna vers elle, et la magicienne se figea, avant de détourner le regard, coincée entre la gêne et l'agacement.

— Vous les humains, vous êtes vraiment ridicules, grinça la magicienne entre ses dents.

La rousse à lunettes sourit, avant de remettre la vidéo en boucle sous le nez de la magicienne. Cette dernière ne résista, et s'esclaffa une nouvelle fois, avant de se rendre compte qu'elle était tombée dans le piège, jugeant le regard hautain de Saulia.

— Il semble que, malgré notre ridicule, nous pouvons apporter le sourire aux gens.

— Mouais… (Horebea se tourna vers la table, et regarda les papiers dispersés) C'est quoi, ça ?

La jeune fille sursauta, avant de rassembler les papiers pour les trier rapidement, afin que sa nouvelle coéquipière puisse les lire sans difficulté. Tandis qu'elle s'agitait dans tous les sens pour rattraper les feuilles qui tombaient, Horebea en attrapa une au vol, et la lut avec attention.

Son air concentré était très différent de Kara, pensa Saulia en observant la magicienne aux traits tendus ; si sa sœur, plus calme dans sa réflexion, se transformait en tempête d'après les dires de Ludwig, alors Horebea pouvait être le contraire. Ici, elle avait l'air furieuse, ou les veines sur son front qui palpitaient étaient normales ; donc, selon la logique des jumeaux inversés, elle devait être calme sous cette coque d'antipathie ?

— C'est quoi ce tissu d'inepties ?

— Pardon ?

Saulia pensait avoir mal entendu, mais Horebea chassa ses doutes en tapant le papier de la main.

— Tes études. Elles puent.

— C'est un peu dur de votre part, répliqua la rousse en soufflant du nez.

— Je suis pas là pour te chaperonner, mais pour faire équipe avec une personne compétente – elle recommença à lire, en marmonnant – l'esprit est bon, mais pas le corps…

— « l'esprit » ? s'enquit Saulia, sa curiosité surmontant sa vexation.

— Ta façon de faire ton étude, expliqua Horebea en se posant sur le lit près de la fenêtre. Pour une humaine, t'es intelligente.

— Euh… Merci ? (elle ne savait pas si c'était ou non un compliment)

— Je suis sérieuse, mais passons : le problème ne vient pas de ta méthode, mais de tes sources.

— Ah ?

— Ouais. Comme disait ma mère – Horebea jeta la feuille par terre – il y a toujours une porte dérobée.

* * *

Kara s'entraînait.

Depuis qu'elle était arrivée sur Terre, elle avait arrêtée l'escrime et la pratique de la magie de combat. Bien que toutes les techniques et sorts soient inscrits dans sa mémoire, agiter son épée pour sentir le moindre de ses muscles se tendre sous la pression de l'effort lui faisait du bien.

Le seul truc crispant, c'était ce type.

Il arrêtait pas de l'observer depuis déjà une heure, sans se lasser. Il applaudissait ou criait « G.G » à chaque fois qu'elle réussissait un enchaînement. Lucans était… enthousiaste, si on lésinait sur son côté collant et sa verve complètement absurde qui pouvait rivaliser avec celle de Yannis… Arrête de penser à lui ! Lucans est là, il t'encourage pour un truc bête… Fais semblant de t'y intéresser, triple idiote !

C'était un homme plutôt fort, avec des muscles assez dessinés montrant qu'il n'était pas une asperge chétive ou un guerrier surchargé de puissance. Surtout que son visage rond couvert de poils mal rasés, aux yeux un peu embués derrière ses lunettes, ne dégageait aucun présence ou charisme.

Elle plaça son pied en avant, projetant l'autre en arrière pour se tendre au maximum, ses jambes formant un triangle avec le sol ; cette position, appelée la Triade de l'Automne Soupirant, demandait au pratiquant de connecter son corps aux kirrosi pour les faire circuler entre lui et la terre, afin de lui donner plus d'équilibre. Elle bondit.

Tournoyant sur elle-même, elle lança un coup circulaire qui partit du bas, coula dans son dos pour prendre de la vitesse, éclatant au sommet pour déchaîner sa puissance en contrebas. Mais ça n'était pas terminé ; le tourbillon fini, son bras se tordit à 110° vers le troisième cycle, ses os se déplaçant avec aisance pour accueillir le mouvement, provoquant un glapissement de Lucans. La force potentielle accumulée se relâcha en force élastique, envoyant son épée en pique virevoltante pour fendre l'air en sifflant.

Son enchaînement fini, Kara expira et agita d'un coup sec son bras, replaçant ses os dans un claquement sec, arrachant encore un cri aiguë à Lucans, ce qui finit par miner la patience de la magicienne, qui se retourna, agacée :

— Arrête de glapir comme un Phtoomph qu'on dégorge !

— Un Pht… Quoi ? Je ressemble pas à un truc aussi moche !

Apparemment, il connaissait les Phtoomph, vu son air outré. Cette pique atteinte eut pour effet de satisfaire Kara, qui, la sueur au front, s'approcha de la table où une bouteille d'eau l'attendait. Dehors, dans la cour de l'immeuble sécurisé de la SEA, le ciel projetait ses teintes grises et minérales entre les feuilles des arbres, dont les branches pendaient comme pour plonger dans le sol.

— Tu as plus l'air d'un Phtoomph qu'un homme, ajouta Kara. Tu es sûr que tu viens de la Terre ?

— Ah ! Et moi qui pensais que vous seriez plus facile à vivre… De toute façon, je suis un véritable dragon quand je m'y mets !

— Un… dragon ?

Il la regarda avec étonnement, avant de balbutier :

— V...Vous n'aviez pas de dragons par chez vous ?

— Peut-être que si, mais ils ont pas le même nom… Ça ressemble à quoi ?

Lucans ouvrit la bouche, avant de la refermer et plonger sa main dans poche. Il ressortit son téléphone et tapa rapidement sur les touches (chose que Kara n'arrivait toujours pas à faire). Après un instant, il lui montra une image d'un espèce de Kratm avec des ailes, plus de muscles et d'écailles, et au regard intelligent.

— Hmm… (elle regarda l'image un instant, avant de secouer sa tête) Non, on a pas ce genre de choses.

— Paaarrrdon ?

Lucans se releva avec force, se plaça au milieu de la cour en déballant :

— Vous viviez sur une planète avec de la magie, avec des millions de millions d'espèces dont quelques étaient vieilles de plusieurs milliards d'années, et je ne parle même pas des chimères et autres créations biomagiques ! (il se tourna vers elle, s'accrochant à sa tunique avec un air suppliant) Et vous me dites qu'il n'y avait pas de dragons chez vous ?

— Bah, il y avait les Kratmus, s'excusa Kara en repoussant son coéquipier en douceur. Mais c'était juste des gros lézards à poils, avec deux bouches. Ils pouvaient pas voler et n'étaient pas plus gros que vos vaches.

Lucans s'effondra sur le sol avec un peu trop d'emphase, sanglotant comme un petit gamin. Un peu surprise et se sentant coupable, Kara l'aida à se relever tout en fouillant dans sa mémoire. Voyons… Ah !

— Je crois qu'il y avait quelque chose qui devait ressembler au « dradgond » sur Mourn.

— Ah… (Lucans renifla, et releva son visage larmoyant, une lueur d'espoir s'alluma dans son regard) Vous dites pas ça pour me consoler ?

— Non ! C'est une vieille légende, d'ailleurs : avant que les premiers maegni viennent au monde, les mourniens étaient des créatures similaires. Apparemment, elles étaient très grandes et avaient beaucoup de ressemblance avec le Sinueux.

— Le Sinueux… Comme les Dardants ?

Kara opina du chef, avant de murmurer une formule. De ses doigts dansants naquirent une forme lumineuse et longue, qui s'enroulaient autour de sa main.

— Le Sinueux n'est pas juste un dieu, c'était Mourn. Et sa forme physique avant d'être une planète ressemblait beaucoup à un serpent. Donc, d'après la légende, les Premiers Nés qui souhaitaient le ressembler ont fini par… eh bien, lui ressembler.

Lucans opina du chef, et sembla réfléchir un instant… avant de claquer des doigts. Puis, il se tourna vers Kara le regard brillant :

— Peut-être que nos dragons viennent de chez vous !

Kara en doutait fort ; les seuls à être venus sur Terre au point d'avoir chamboulé la civilisation humaine étaient les Sept… et Synnaï, ou Yan… Bref, ces derniers n'avaient jamais apporté autre chose que la technologie ou des idées politiques légères, mais jamais de la culture ou de l'histoire mournienne pure. Donc les légendes des humains étaient légitimes et originaires de leur planète… À moins bien sûr qu'une autre race soit venue sur Terre avant les Sept, mais c'était impossible : ces derniers y étaient venus à la formation de cette dernière.

— Vous êtes marié à Yannis ?

La question mit quelques secondes à atteindre son cerveau, qui explosa en une myriade d'idées, la faisant sursauter et glapir :

— Pardon ?! On vous apprend pas le tact dans vos écoles ?

— Pardonnez ma question déplacée, c'est juste que… les rumeurs, vous savez ?

— Quelles « rumeurs » ? demanda Kara en posant son épée sur son épaule, une menace planant dans sa voix.

— Ne...Ne prenez pas cet air, vous êtes effrayante ! bredouilla Lucans en levant ses mains.

Comme Kara continuait de le regarder avec insistance, il finit par céder en soupirant :

— Les bruits couraient parmi les mages que vous et lui étiez promus. Mais ce ne sont que des rumeurs, rien à prendre au sérieux !

Elle resta silencieuse, un instant, et Lucans crût qu'elle allait le frapper du plat de son épée, mais elle n'en fit rien ; à la place, la magicienne revint au centre du terrain, et recommença à s'entraîner, aussi silencieuse qu'un souffle de murmure.

* * *

— Vous n'êtes vous jamais demandé pourquoi les anglais appréciaient le thé par dessus-tout ?

Béryl était assise à la même table que Bartavius, dans un bar au bord du Sheepwash Channel, un carrefour de canaux composés du Fiddle's Stream et du Castle Mili Stream. L'endroit où ils se trouvaient se nommait le Kerry's Garden, l'endroit favori de Béryl. Alors qu'elle commandait un thé glacé amer, Bartavius lui avait posé cette drôle de question, comme à son habitude depuis qu'elle le connaissait.

— Je crois que les feuilles de thé étaient une chose facile à produire avec leur climat humide et venteux, avança-t-elle, indécise ; le thé n'était pas son domaine d'expertise.

— Une bonne analyse, mais ce n'est que la partie cachée de l'iceberg – une serveuse leur apporta leurs boissons, et le magicien lui fit un clin d’œil en lui passant un gros pourboire, tout en portant son index devant ses lèvres ; tandis que la serveuse repartait avec un sourire grand comme une truite, il continua – les feuilles de thé poussent exclusivement sur les lignes énergétiques.

— Vraiment ?

La jeune femme était franchement étonnée ; les lignes énergétiques étaient des flux de pouvoir magique brut qui s'écoulaient dans le sol, défiant les règles établies que « toute magie ne peut atteindre l'état physique avec une complétude parfaite, et derechef être affecté par une loi matérielle. ». Néanmoins, les lignes énergétiques existaient et constituaient un nouveau mystère scientifique.

— Je l'avais compris lors de ma première venue sur Terre ; dans ce pays formidable, d'ailleurs !

— À quelle époque étiez vous « descendu » ? demanda-t-elle, fascinée, parlant comme si le mournien était un touriste lambda.

— Victoirienne, avoua Bartavius en glissant un caramel dans son cocktail. Les manigances royales me fascinaient déjà, je plaide coupable ! (il rit quelque peu) J'y ai rencontré le fameux John Dee.

— Comment était-il ?

— Avare, vicieux et terriblement vorace quand il s'agissait de connaissances, soupira Bartavius avec un air nostalgique. Pas mon meilleur élève, mais bon quand même.

— Vous avez enseigné à John Dee ?!

— Ah ! « Enseigner » serait trop élogieux… Disons qu'il ne me lâchait pas d'une semelle pour découvrir le moindre de mes secrets, alors j'ai fini par lui donner deux ou trois astuces.

— Mais les humains ne pouvaient pas faire de magie avant l'Apparition, non ?

Bartavius acquiesça, et Béryl réfléchit ; les humains ne possédait pas le pouvoir d'utiliser la toute-puissante énergie mystique… Mais quand le magicien en face d'elle commençait une conversation, il dispersait souvent des indices un peu partout dans ses discours pour que ses « élèves » les découvrent pour construire le schéma par eux-mêmes. Elle grimaça ; sans s'en rendre compte, elle était déjà dans sa liste « d'élèves ». Mais elle n'allait pas voler sa place…

— Le thé, comprit-elle. Vous aviez dit qu'il poussait exclusivement sur les lignes énergétiques, donc cela veut dire qu'ils se nourrissent de magie ?

Bartavius sourit joyeusement, avant de déguster son cocktail, laissant Béryl trépigner jusqu'à ne plus tenir :

— Mais si le thé donnait des pouvoirs magiques, ça se saurait ! protesta-t-elle.

— Mmmh… – Bartavius savoura son cocktail, avant de le poser sur la table pour lancer un regard amusé à la jeune fille – Nous autres mourniens captons mieux les kirrosi que des plantes terrestres. La concentration était donc pauvre dans les feuilles de thé, ce qui impliquait qu'il fallait en ingérer une tonne pour lancer un pauvre sort de flamme.

— Donc comment Dee a fait pour… – le visage de Béryl s'éclaira – Oh !

— Je vois que vous avez saisi l'essence du génie de notre cher John.

— Il avait distillé les feuilles de thé… Mais la concentration devait être toxique !

— Certes, et c'est pour ça qu'il n'en avait recours que pour la divination. Bref, revenons à nos moutons : pourquoi les Dardants se sont établis ici ?

Béryl faillit éclater de rire ; si elle était un animal, alors Bartavius était un berger qui la guidait vers le pré le plus vert. Toute cette mondaine conversation n'avait que pour seul et unique but de lui faire saisir la simple et effroyable vérité…

— Ils se prennent pour des feuilles de thé !

— Ah ah ah ! (Bartavius, hilare, attira l'attention des convives) Diantre, c'est une façon amusante de le décrire !

— Mais c'est ça, n'est-ce pas ? ajouta Béryl en prenant un air sombre.

— Malheureusement, rétorqua crûment le magicien en finissant son cocktail, puis claqua sa langue : Votre perspicacité vous a révélé ce qui était caché derrière le rideau, mais ce n'est que le devant de la scène.

— Pendant que nous parlons, ils doivent s'engraisser pour lancer un sort de zone couvrant toute l'Angleterre ?

— Oui, mais la nature de ce sort m'est aussi inconnue que pour vous.

Elle déglutit : quelque soit le sortilège, si ce dernier couvrait tout un pays, alors la guerre était à leur porte bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé.

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