Tatija

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Un épisode récent doit être rapporté pour clôturer ce récit.

Depuis que mon analyse m’avait ramené à la disparition de Jeannette et mon absence de deuil, cela me taraudait. Un congrès de l’autre côté de la Méditerranée intéressait Tomas, mais il refusait de me quitter, trop dur pour lui, et il craignait encore pour moi ! J’arrivai à le convaincre, je le poussai dans l’avion et, libre pour quelques jours, je fonçai dans le Berry.

Initialement, je ne voulais pas. Cependant, je repasse devant le château, selon son appellation commune. La vieille grille, qui n’avait jamais fermé, a fait place à un immense portail métallique, heureusement entrouvert. La maison se dresse au bout de l’allée. Les tilleuls centenaires ont été abattus. La belle demeure parait maquillée, rénovée de façon clinquante. Son âme a disparu. Des caméras, des panneaux claironnent la privatisation absolue de la propriété. Cela me laisse indifférent, car le château enchanté demeure intact au fond de mon cœur. Un énervement me crispe vers ces gens qui semblent avoir perdu leur humanité et se protègent de celle des autres.

Je contourne la propriété privée et arrive chez le père Bastien. Il faisait un peu office de régisseur, s’occupait du parc et de l’intendance, alors que sa femme nous chouchoutait dans sa cuisine. Je n’ai jamais su si Bastien était son nom ou son prénom. Il y avait le père Bastien et la mère Bastien. C’est elle que je vois sortir, attirée par le bruit de la voiture.

Immédiatement, elle me reconnait, malgré la bonne décennie passée.

— Tiens, Jim ! Cela me fait plaisir de te voir.

Son ton laisse penser que nous nous sommes quittés hier ! Embrassades, retrouvailles, avec les éternels petits gâteaux craquants au gout de noisette. J’apprends toutes les nouvelles, surtout les disparitions, dont celle qui m’attriste le plus, la mort brutale du père Bastien, il y a quelques années. Le temps a plus érodé que je pensais…

Je laisse couler, ne voulant pas brusquer le moment, ce lent retour à mon enfance. Mais je ne suis pas venu pour ça :

— Et Jeannette, celle qui s’est occupée de moi et de Caroline, tu l’as connue ?

Petit instant de réflexion, puis j’entends la réponse que j’espérais :

— Oui, bien sûr. Elle est revenue au village, il y a très longtemps, avec un bébé. Elle s’est mariée, mais son mari est mort. Je crois que son fils vient à son tour d’avoir un bébé.

Elle continue la chronique locale. Je découvre alors l’importance de ce réseau social, ancré dans la terre, qui relie chaque parcelle, chaque bois, chaque maison à un nœud, eux-mêmes formant un filet de relations, de liens, de sanguinité, de haines parfois. Au-dessus, paraissant le tenir, flotte la généalogie de toutes les familles du pays, avec quelques verrues inévitables, ces étrangers ramenés de l’extérieur. Tout est connu, détaillé, sur des lieux à la ronde. À sa façon de parler, de m’en parler, je comprends que j’appartiens pleinement à ce microcosme. Bien que ne possédant pas un grain de poussière de ce pays et n’y vivant pas, j’y suis rattaché par Grand-mère. Cela me touche et colore mes souvenirs d’une chaleur inattendue.

Malgré ce plaisir, je l’interromps, pressé d’atteindre mon but. Je la quitte en lui promettant de revenir, en couple, avec mes enfants (demi-mensonges, mais entière vérité !).

Je passe par le cimetière, la première fois que j’y pénètre depuis l’enterrement de Grand-mère. Le souvenir dans mon cœur a plus de valeur qu’une pierre horizontale, c’est lui que j’entretiens. Je suis surpris de la trouver aussi fleurie. Un hommage permanent semble exister. J’en suis ému. Je suis venu chercher du courage pour affronter mon histoire, ne sachant pas au-devant de quoi je vais.

En début de soirée, j’arrive à Saint-Martin. Je trouve facilement la maison et, le cœur à cent à l’heure, je sonne. La porte s’ouvre sur une femme d’à peine une cinquantaine d’années.

— Bonjour, Madame… Jeanne ? …

— Oui, bonsoir, Monsieur, c’est pour quoi ?

Sa voix ? Son regard ? Je ne sais pas. Cela déclenche un tout petit cri qui jaillit instinctivement de ma poitrine :

— Tatija ?

Elle chancèle, se retient au chambranle. J’avance pour la soutenir.

— Oh, mon Dieu ! Jim ! Mon Dieu ! Jim, c’est toi ?

Elle me saute dessus, m’enlace, me sert, en répétant « Oh, mon Dieu, mon Dieu ! ».

Elle se redresse et crie :

— Pierre, Pierre, viens voir qui est là !

Un plaisant jeune homme apparait, un grand bébé dans les bras, tous deux souriants.

— C’est Jim, tu sais ?

— Ah oui ! Jim ! Enchanté. Elle, c’est Elsa. En venant, je crois que vous faites à ma mère le plus beau cadeau de sa vie, dit-il, pas plus surpris que ça.

Très naturellement, très simplement, sans complication inutile !

— Mais non, lui réplique-t-elle, c’est vous mes cadeaux. Lui, c’est Jim, c’est autre chose !

Elle me regarde avec tant de ravissement dans les yeux :

— Que tu es bel homme ! Que tu as l’air heureux ! Tu es marié ? Tu as des enfants ? Qu’est-ce que tu fais ? Et ta sœur, Caroline ? Et…

— Laisse-le un peu arriver et fais-le rentrer, conseille gentiment Pierre.

Elle ne me quitte pas des yeux et, moi, je la découvre. Une sensation, une émotion, c’est tout ce que j’apporte. Nous avons beaucoup de choses à nous raconter.

Elle continue :

— Tu as toujours ta tache ! Elle n’est pas partie.

Nous nous installons. Elsa me contemple, me lance des sourires. Elle a senti que ce monsieur est important pour sa grand-mère, pour son père. Moi, je suis accaparé par cette femme, complètement inconnue, mais que je ne peux qu’appeler Tatija. Je sens un besoin venir de mon ventre, celui de lui tendre mes bras pour recevoir chaleur, réconfort, quiétude. Pierre me regarde, paraissant me connaitre depuis toujours. Cela doit être le cas, car il a dû entendre abondamment parler de moi. Je ressens qu’il a du mal à rabouter une histoire qui se termine avec un gamin de six ou sept ans et un homme quatre fois plus âgé.

Sentant que je ne réponds que maladroitement à ses avances, Elsa me tend les bras. Je la prends et elle commence à gazouiller. Devinant mon inexpérience, elle sort le grand jeu, éclatant d’un rire cristallin quand elle a obtenu le résultat souhaité. Je suis entièrement à jouer avec elle, oubliant où je suis. Fatiguée ou estimant qu’elle a creusé sa place dans mon cœur, elle finit par un gros câlin. Ému, je lève les yeux pour croiser ceux attendris de Tatija et de Pierre.

— Alors, tu vois ? Quand tu as un bousou dans les bras, il te mène où il veut !

Je me sens complètement adopté par tous, dans cette famille où, apparemment, on ne compte pas l’amour.

Elle va me dérouler son histoire, tout en préparant le diner et la chambre, car il est hors de question que je reparte. Je me laisse porter.

Je découvre avec étonnement cette vie simple qu’elle défile devant moi. Elle était la sixième et dernière enfant de la famille sur une petite ferme, avec le père qui surveillait plus sa bouteille que ses champs et ses bêtes. Elle avait à peine dix ans quand on le trouva le nez dans une mare. Elle ne s’attarde pas sur les conditions de cette vie, sans doute misérables. Elle allait à l’école, où elle ne comprenait rien. À quatorze ans, elle commença avec de petits emplois, de bonne, de serveuse. Vers vingt-deux ans, Grand-père lui proposa de monter à Paris pour s’occuper de son petit-fils qui venait de naitre. Elle se retrouva seule, en banlieue, dans une grande maison, avec ce bébé dont elle devait prendre soin sans savoir comment s’y prendre.

— Tu sais, tu m’as tout appris ! J’y allais à l’instinct. Mais qu’est-ce qu’on riait ! Tu étais gai, tu rigolais pour un rien et tu étais irrésistible, tu m’entrainais à rire avec toi. J’en oubliais que j’étais enfermée, enfin presque, avec personne à qui parler. Tes parents me causaient le moins possible. La journée, nous avions toute la maison, le soir, nous nous réfugions dans ma chambre, au second.

— Quoi ? La pièce interdite était ta chambre ? Nous n’avions pas le droit d’y pénétrer et elle était devenue une pièce mystérieuse, terrifiante pour nous. La chambre de Barbe-Bleu !

— Bébé, comme Caroline, tu dormais avec moi. Plus grands, vous avez eu vos chambres. Un de vos parents venait juste le soir vous poser un baiser sur le front.

— Mais tu devais t’ennuyer, toute la journée, toute seule ?

— Oh ! Tu sais, j’ai la tête un peu vide. Et puis ta mère me donnait du ménage, du repassage, de la cuisine. Je n’avais pas le temps de réfléchir. Surtout, j’attendais que tu te réveilles, pour retrouver nos rires et nos amusements.

— C’est toi qui m’as donné ma joie de vivre alors ?

— Mais non, c’est toi qui étais ma raison de vivre. Tu étais mon petit soleil quotidien.

Je buvais ses paroles, j’apprenais mes souvenirs effacés, je découvrais ma mère de cœur, ma mère aimante.

— Que tu étais mignon avec moi, toujours à demander à jouer, à me sourire. Et puis ta sœur est arrivée, juste quand tu es entré à l’école maternelle.

— Tu as appris à lire tout seul. Moi, j’arrivais à te lire des petites histoires, mais pas plus, ce n’est pas facile pour moi. Une fois, je me suis trompée. Comme tu savais lire, tu m’as dit : « HIP-popotame, pas popotame, grosse bête ». Je ne sais pas où tu avais appris ces mots.

— Ce n’était pas très gentil de ma part…

— Mais si, car, tout petit que tu étais, tu voulais m’apprendre des choses, alors tu me corrigeais, très gentiment. Tu sais, je ne comprends pas toujours tout, c’est vrai que je suis une grosse bête. Mais c’est comme ça. Après, c’était devenu un jeu, et tu le savais, je voyais tes yeux rire quand tu disais avec une grosse voix : « Mais non, grosse bête ! », quand j’avais fait exprès de me tromper.

— En tous les cas, pour l’intelligence du cœur, tu es une championne. Regarde !

Je lui montrais son fils, sa petite fille et sa belle-fille, Sophie, qui nous avait rejoints. Nous étions quatre à l’écouter et à la regarder avec une totale affection.

— Vous êtes trop gentils avec moi.

— Et pourquoi je t’appelais Tatija ?

— Quand tu as commencé à gazouiller, tu disais : « Mamama, mamama ». Ça me gênait, car je ne suis pas ta mère. Je corrigeais : « Tatata » ou « Jajaja » ou des sons comme ça. Et puis, un jour, j’ai dit « Tatija », et tu m’as fixé avec de grands yeux, puis un grand sourire. C’est toi qui as choisi mon surnom !

— C’est amusant !

— Mais ton surnom, c’est moi qui te l’ai donné ! Je trouvais Jérôme trop dur pour un petit bout, alors je t’appelais « Jiji » ou des petits noms comme ça. Et c’est Jim qui est resté.

— Donc, mon surnom, celui pour les amis, mon nom heureux, c’est toi qui me l’as donné ? Ça me fait tellement plaisir d’entendre ça.

Les anecdotes et les détails continuent. Je finis par poser la question douloureuse.

— Pourquoi tu es partie ?

— J’ai fait une bêtise ! Le soir du 14 juillet, je suis allée au bal. Je suis tombée sur un homme magnifique, grand, musclé, brun, un beau sourire, et des yeux… Il s’est intéressé à moi. En fait, c’était la première fois qu’un homme faisait attention à moi. Il m’a fait danser, me disait de si jolies choses dans l’oreille, me traitait avec vénération, moi la grosse sotte. Et bien sûr, je l’ai suivi quand il me l’a demandé. Je suis restée la nuit avec lui et il m’a fait l’amour, si gentiment ! C’était ma première fois. Tes parents m’ont salement grondée, car je n’étais pas rentrée. Ça ne m’a pas empêchée d’aller le revoir plusieurs fois, en cachette. À la fin de l’été, il m’a dit que sa femme et ses enfants revenaient, qu’on ne pouvait plus se voir, que c’était fini. C’est tout ! Je suis rentrée en pleurant, et, toi aussi, tu t’es mis à pleurer, en essayant de me consoler. Tu m’as dit des choses tellement gentilles, pour le petit boutchou que tu étais. Et puis, je me suis retrouvée enceinte. J’ai encore pleuré, mais je ne voulais pas que tu le voies. Quand tes parents ont vu mon ventre grossir, ils ne m’ont rien dit. Quelques jours plus tard, j’ai vu un gros billet trainer. J’ai trouvé ça bizarre, surtout qu’il changeait de place chaque jour. À la fin, je l’ai trouvé dans ma chambre. Quand je suis redescendue avec, ils m’ont traitée de voleuse. J’ai essayé de leur expliquer que je ne comprenais pas, mais ils sont devenus méchants. Ils m’ont dit que je pouvais le garder, qu’il me servirait à rentrer chez moi. Ils m’ont obligée à partir le lendemain matin. Vous étiez couchés, et je suis partie avant votre réveil.

— Mais ce sont des monstres. Comment ont-ils pu te faire ça ? Et nous, les petits enfants qui perdions ton amour ?

— J’étais responsable, j’étais tombée enceinte.

— Mais non ! Ce n’est pas possible. Comment, moi, je peux réparer ça ?

— Attends la suite. Je suis revenue ici. J’ai accouché. Regarde mon Pierre, comme il est beau, il ressemble à son père : c’était vraiment un bel homme !

— Mais Maman, tu ne m’avais jamais raconté tout ça !

— À quoi bon ? Tu as été mon deuxième rayon de soleil, tu le sais bien, alors le reste…

— Tu sais, Jim, ton grand-père a appris ma situation et, sans doute, comment ça c’était passé. Très rapidement, il a versé une petite pension pour m’aider, tous les mois.

— Et puis, j’ai rencontré Raymond.

— Papa ! dit Pierre, avec un bel élan du cœur.

— Oui, il était formidable. Il m’a prise avec mon bébé : « C’est un lot, je prends le tout ! » m’a-t-il dit. Il était travailleur, prévenant. Et il a toujours traité Pierre comme son fils. Nous n’avons pas pu avoir d’autres enfants, mais Pierre nous comblait. Quand Raymond a fait sa crise cardiaque et qu’il est mort, il nous a laissés très tristes. Mais il avait pris une assurance, sans me le dire. Avec elle, j’ai pu racheter la maison à mes frères et sœurs quand Maman est morte. Et puis je touche la pension de ton grand-père, jusqu’à ma mort. C’était un grand monsieur.

— Il n’empêche, quels salauds, mes parents ! Je rigole en imaginant leurs têtes quand ils ont découvert ça dans le testament.

— Ne sois pas méchant avec eux, ça ne sert à rien. Tu sais, je pourrais aussi leur en vouloir, car Raymond m’a dit qu’ils ne me payaient pas assez et que, comme ils ne m’avaient pas déclarée, je ne toucherai pas de retraite.

— J’ai honte, tellement honte…

— Mais non, tu n’y es pour rien. Et ton grand-père a fait ce qu’il fallait.

— Quand même… Mais avec tout ça, pourquoi tu n’es jamais venu me voir les étés, quand j’étais chez mes grands-parents ?

— Tes parents m’avaient interdit de vous revoir.

— Mais ici, ils n’auraient rien su.

— Je ne savais pas si tes grands-parents auraient accepté. Une fois, deux ou trois ans plus tard, je t’ai aperçu, par hasard, avec ton cousin, de loin. Tu ne m’as pas vue. J’étais si heureuse de te revoir et si triste de ne pas pouvoir t’embrasser. Tu avais bien grandi ! Sans moi… J’avais mon mari, mon Pierre. C’était du passé. Mais tu étais toujours dans mon cœur.

— Quand ton grand-père est mort, je ne suis pas allée à l’enterrement, car je ne voulais pas croiser tes parents. Je suis venue juste après, pour me recueillir sur sa tombe. Il y avait déjà quelqu’un, qui semblait pleurer, je n’ai pas voulu déranger.

— Tatija, c’était moi qui pleurais sur la tombe.

— Oh, mon Dieu ! Si j’avais su… Mais tu ne m’aurais pas reconnue après ces années, tu m’avais oubliée…

— Oui, je t’avais oubliée, c’est vrai. Mais je t’aurais reconnue à ton baiser ! Tu m’aurais raconté, comme tu le fais maintenant !

Il n’est pas d’heure quand nous nous arrêtons de parler. Pierre et Sophie, qui travaillent le lendemain, nous ont quittés depuis longtemps. J’ai serré très fortement dans mes bras celui que j’appellerai désormais mon frère de lait et je pense qu’il ressent aussi la naissance de cette nouvelle fraternité.

Le silence de l’épuisement règne, mais je regarde cette femme avec amour, avec respect pour ce qu’elle a vécu et, quand même, la honte de ce que mes parents ont osé faire. À la fin, n’y tenant plus, je lui demande, timidement :

— Tatija, je peux ?

Elle m’ouvre ses bras sans répondre. Moi, l’homme adulte, je me blottis longuement, enfant essayant de rattraper ces temps saccagés. Je dégringole, je dévale toutes ces années et je redeviens le petit bambin dans son câlin chaleureux, apaisant et réconfortant. Sa respiration me calme et je m’endors dans mon paradis perdu, recouvré. Elle me réveille doucement, en me caressant les cheveux.

— Tu es grand, maintenant. Je ne peux pas te porter dans ton lit.

Et nous reprenons un instant nos rires d’il y a si longtemps.

Dans mon lit, je navigue entre mon état d’adulte et celui de l’enfançon qui vient de retrouver sa mère. Je repense à tout ce qu’elle a raconté, la foule de détails, à ma mémoire en train de se construire. Quand elle parlait, cela ne m’évoquait rien. Sur certaines paroles, un flash blanc me passait dans la tête, je revivais l’émotion, mais sans qu’aucune image s’attache. Mon petit âge d’alors et le temps écoulé peuvent expliquer ce manque. Je soupçonne également mes parents de nous avoir lavé le cerveau de ces souvenirs. Ces fragments de mémoire font rougeoyer de minuscules brandons dans mes souvenirs. Le travail de réassemblage va être long, mais, dans la proximité de Tatija, ce n’est que du bonheur en perspective.

Le lendemain, alors qu’Elsa dort, elle continue son histoire, elle me parle avec fierté de son Pierre. Il est menuisier, dans un atelier, sérieux et travailleur comme son père. Elle l’admire, car il ira plus loin qu’elle dans la vie. Il a trouvé une compagne charmante, et Elsa…

À mon tour, je lui raconte ma vie, ce que j’ai vécu. Pour répondre à ses questions, je commence par la fin. Oui, je suis en couple, heureux, très heureux. Il s’appelle Tomas. Ah ! Bon ! Mais tu es vraiment heureux avec lui ? Alors je veux le connaitre. Je continue avec mon presque fils, Raphael, comment il est entré dans ma vie, mon affectation pour lui. Pauvre garçon ! Mais non, il est heureux, maintenant, lui aussi. Grâce à toi ! Je veux le connaitre aussi. Et son copain. Et nous remontons. Pascale, sa double-face, son opération. Pauvre fille. Mais non, elle est heureuse. Je veux la connaitre. Mes amis Charles, Henri, Vincent, Serge, ils ont l’air d’être extraordinaires : elle veut les connaitre !

J’arrête, car elle aussi veut recréer ces moments perdus. Je la comprends et je vais faire en sorte qu’elle devienne la bonne-mère de toute ma smala.

Une foule de contraintes m’oblige à partir. J’en attends l’extrême limite, tant cette rupture, momentanée, m’est difficile. Plusieurs fois, j’insisterai pour l’aider. Elle refusera toujours, m’expliquant qu’avec la pension (Merci, Grand-père, je t’aime !) et ses faibles besoins, elle vit très bien. Elle a même pu aider Pierre et Sophie à acheter une voiture.

Inutile de me dire de revenir vite…

***

Mon histoire présente est sans intérêt, car les gens heureux n’ont pas d’histoire… à raconter, mais à vivre, oui !

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