Chapitre 1

15 minutes de lecture

Blanc monochrome

- Voilà on y est.

- Non c'est là ? Je me suis toujours demandée ce que c'était...

- Eh bah voilà maintenant tu sais, « le purgatoire » ; le night-club le plus populaire de la ville.

Des moulures recouvraient l'entièreté de la façade du bâtiment, lui donnant un côté ancien. Ce style était contrasté avec une touche de modernité apportée par la peinture noire qui recouvrait les murs. La couleur matte leur donnait un aspect factice, on aurait presque dit qu'ils étaient en plastique. La façade compensait sa faible largeur par une hauteur impressionnante, que les nombreuses vitres teintées agrandissaient encore plus. C'était un bâtiment sombre, aussi sombre que la nuit, la seule source de lumière qui permettait de le remarquer était l'énorme panneau lumineux en dessous du toit qui indiquait « Le purgatoire ». Les épaisses lettres en néon recouvraient un labyrinthe circulaire lui-même en néon, et d'eux émanait une puissante lumière verte qui illuminait la rue sur plusieurs mètres. La façade était à l'image de l'endroit : discret mais qui attirait pourtant toute la ville.

Victoria passa son index sur ses deux paupières maquillées et vint le tapoter sur ses lèvres pour y déposer les paillettes qui s'y trouvaient. Elle fit ensuite signe à Céleste de la suivre et s'engouffra dans le night-club.

L'endroit était à la fois sombre et d'une clarté étonnante : Céleste arrivait à peine à distinguer les différents canapés dans la pièce tant ils étaient obscurs. Mais d'un autre côté, elle fut contrainte de baisser les yeux n'étant pas habituée à la clarté des néons muraux. Du rouge, tout était rouge. Des murs au plafond en passant par la scène et la piste de danse, une lumière sanguinaire éclairait l'endroit. Elle passa ses longs doigts sur un des fauteuils noirs, qui était d'ailleurs étonnamment doux, et se stoppa pour observer les environs : l'endroit était étrangement calme. Il n'y avait pas un rat... Connaissant désormais la réputation du lieu, l'adolescente ne comprenait pas comment le night-club pouvait être si vide. Elle sonda la pièce de son regard avant que celui-ci ne finisse enfin par se poser sur un individu : un homme aux courts cheveux noirs et portant une chemise noire était écroulé sur une banquette à l'autre bout de la pièce. Totalement étalé sur sa table et un verre aussi sombre que son habit à la main, il se fondait totalement dans le paysage. Si bien que s'il n'avait pas eu ces deux cornes lumineuses rouges sur le crâne, elle ne l'aurait pas vu.

Elle remarqua soudain que Victoria ne l'avait pas suivie lorsque celle-ci siffla pour qu'elle la rejoigne devant le bar. Elle obtempéra en grommelant qu'elle n'était pas un chien. En voyant Victoria arriver, la barman posa son torchon sur son épaule et s'appuya sur le comptoir. Ses cheveux étaient sombres et retenus dans un chignon négligé duquel s'échappait de nombreuses mèches bleues et violettes. Elle portait une chemise noire dont les boutons ouverts laissaient entrevoir plusieurs colliers dorés, et qui était recouverte de plusieurs sangles maintenant un objet noir dans son dos.

- Vic ! Tu viens tôt pour une fois.

- Ouais, je dois lui présenter quelqu'un.

- C'est qui...- Oh mais salut toi.

Elle se pencha pour attirer l'attention de Céleste qui était cachée derrière son amie comme une enfant timide le ferait. La tête blonde se déplaça de quelques pas et lui adressa un rapide signe de main :

- Salut...

- Quelle belle petite gueule.

Elle posa ses coudes sur le comptoir et fixa la blonde en souriant, ses deux mains posées sous son menton. Cette position mit en avant ses nombreux tatouages, rendus visibles par ses manches relevées, ainsi qu'un piercing smiley dont les extrémités étaient taillées en pointes. Céleste détailla chacune des parcelles de son visage et de ses bras alors que la barman remplaçait petit à petit son sourire par une moue suspicieuse.

- Par contre tu as l'air d'être encore au collège, Vic tu as pas amené une gosse dans mon bar quand même ?

- Non non, elle a 17 ans, bientôt 18, et d'façon je garde un œil sur elle.

- Mouais, c'est vrai ce mensonge ? Elle reporta son attention sur la concernée.

- Oui, ou-i j'ai 17 ans mais j'ai une tête d'enfant.

- Trop mignonne...Elle cligna plusieurs fois des yeux pour se forcer à la quitter du regard, puis se redressa, allez c'est bon allez-y, amusez-vous bien les gosses. Vic oublie pas ce que tu me dois sinon je t'en colle une quand tu reviens.

- C'est bon, c'est bon tu l'auras j'ai pas oublié espèce de camée.

Elle se décala pour que les deux adolescentes puissent monter sur le comptoir, et leur ouvrit une porte cachée par un rideau noir. Victoria s'empressa de quitter la pièce en la bousculant au passage, mais Céleste s'arrêta devant le rideau. Elle se retourna vers la femme appuyée les bras croisés contre le meuble et la pointa du doigt.

- J'aime beaucoup vos ailes, hum...

- Violette, elle lui sourit, et merci !

Elle tira sur deux sangles qui retombaient à l'avant de sa chemise, et l'objet dans son dos se déplia pour former deux ailes noires. Elle lui adressa un clin d'œil et retourna nettoyer son comptoir en gobant une cerise confite au passage. Céleste traversa le rideau, ferma la porte et trouva Victoria qui tapait impatiemment du pied, les bras croisé.

- C'est bon tu as fini ? On peut y aller ?

- Oui.

Elles marchèrent plusieurs mètres dans un couloir aux murs en pierre et éclairé par de nombreux néons blancs, avant d'arriver devant un escalier en bois.

- Sinon, qu'est-ce qu'elle veut ?

Elle soupira et agita de façon agacée sa main dans les airs tout en descendant l'escalier grinçant :

- C'est une espèce de fumée hallucinogène que font les sorciers et que tout le monde adore là-bas.

- Attend... Des sorciers ?

- Oui oui, tu verras.

- Mais...-

Elle la coupa en la tirant en bas des dernière marches et en la plaçant devant une massive et ancienne porte en bois.

- Tiens, vas-y ouvre !

Céleste se saisit de l'anneau de fer de façon hésitante et le tira de toutes ses forces. L'énorme porte s'ouvrit dans un grincement et une lumière blanche, sortant de l'ouverture, aveugla la jeune fille.

Il lui fallut quelques secondes pour retrouver ses capacités visuelles et se retourner vers son amie. Victoria avait caché ses yeux à l'aide de sa main gantée ; elle entrouvrit ses doigts pour s'habituer à la clarté et finit par enlever totalement sa main.

- Franchement tu aurais pu me prévenir.

- J'ai oublié... ? Elle lui adressa une fausse mine coupable que son sourire grandissant trahissait déjà.

- Mon cul ouais.

Victoria rigola et se saisit de sa main pour l'entrainer vers la source de lumière. La porte claqua dans leurs dos mais Céleste ne s'en souciât même pas, elle était totalement absorbée par ce changement brutal de décor. Si le bar était dans un style de vieux manoir gothique avec une pointe de modernité, il n'avait rien à voir avec ce qui s'étendait sous ses yeux : un long, très long même, couloir dont murs et plafond étaient teintés d'un blanc monochrome brillant. Les surfaces luisaient tellement que Victoria se servit d'un des murs pour observer son visage et retoucher son maquillage, une nouvelle fois. La tête blonde avait l'impression d'être dans un bâtiment futuriste ou même alien, elle ne comprenait absolument pas comment fonctionnait cet endroit ; elle ne voyait aucune source de lumière pourtant l'endroit était si lumineux qu'il rendait visible les plus petits détails de sa peau, elle se découvrit même des cicatrices qu'elle ignorait avoir.

- Wow si tu es déjà émerveillée par ça, je sais pas comment tu vas faire pour supporter le reste.

- J'avais jamais vu un endroit comme ça... J'adore.

- Attends de voir la prochaine pièce, c'est littéralement ce couloir mais en beaucoup plus grand.

- On y va alors !

Au bout de plusieurs minutes qui lui parurent interminables, elles arrivèrent enfin au bout de ce long couloir, une nouvelle porte les arrêtant.

- C'est dingue, qu'est ce qu'il était long... J'avais l'impression qu'il se rallongeait à chaque fois.

- Ouaaais t'es pas loin... Elle mima le signe environ avec sa main, Retourne-toi.

- Pourqu...- NAN MAIS C'EST UNE BLAGUE ?!

La porte en bois par laquelle elles étaient arrivées se trouvait à seulement trois ou quatre mètres d'elles. Céleste cligna des yeux et la porte se rapprocha encore de quelques centimètres : il était clair pour la jeune fille que son cerveau ou la porte se moquait clairement d'elle.

Elle suivit, en continuant de râler, Victoria qui riait à gorge déployée. La brunette accéléra le pas et sauta sur un meuble blanc en hauteur sur lequel elle vint s'assoir en croisant les jambes.

- Oui, ce couloir est assez joueur, un peu comme tout ce qui est ici d'ailleurs... La faute à un sorcier à l'humour bancal, pas vrai Béa ? Elle se pencha en arrière et fixa quelqu'un en contrebas.

- C'est Béatrice pour toi.

Céleste s'avança de quelques pas et découvrit une femme assise derrière le haut meuble blanc. Cachée là, à l'abri des regards, elle tapait à toute vitesse sur les touches d'un vieil ordinateur d'une main, et chassait de l'autre main l'intruse qui venait perturber son travail. Son corps frêle était emprisonné dans un tailleur serré sur lequel se répandait un duo de carreaux bruns et beiges. Sa veste, entièrement boutonnée, donnait l'impression que ses épaule avaient été taillées dans de la pierre et qu'elle était dépourvue de quelques côtes tant sa taille était fine. Ses manches étaient remontées dans un ourlet permanant teinté du même beige que celui de la veste et on devinait sous le bureau, bien qu'à moitié cachée, une jupe en cloche avec le même motif. Elle donnait l'impression d'être un secrétaire tout droit sortie des années 50.

- Allez Béa... Béaaa...

La blonde remonta son regard en entendant la secrétaire soupirer d'exaspération. Son visage avaient des traits fins et délicats mais qui laissaient tout de même transparaître de la dureté et de la sagesse. Ses sourcils étaient arqués et parfaitement taillés, elle remarqua qu'ils étaient recouverts d'un maquillage sombre, sûrement pour durcir l'expression de son visage. On pouvait voir quelques petites rides autour de ses yeux, normalement camouflées par ses lunettes noires taillées en pointes, mais rendues exceptionnellement visibles à cause de la clarté de l'endroit. Elle avait recouvert son visage d'une fine couche de fond de teint pour essayer d'y remédier mais la blancheur environnante la trahissait. Quelques grains de beauté étaient disposés de façon anarchique sur son visage, mettant à mal son style soigné et ordonné, et lui donnant un aspect plus naturel. Ses fines lèvres recouvertes d'un rouge à lèvres bordeaux s'étaient pincées à cause de l'agacement causé par la jeune fille. Deux perles blanches attirèrent son attention : elles étaient parfaitement taillées et polies, à l'image de leur propriétaire. Elle en remarqua trois autres, plus petites, disposées sur une barrette domptant une mèche rebelle. Une épaisse mèche faisait une vague au-dessus de son front pour venir se ranger de l'autre côté de son visage dans une boucle contrôlée et plaquée contre son crâne. Le reste de sa chevelure était parfaitement ordonnée dans un chignon haut. Elle semblait presque factice tant la laque avait figé ses mèches. Elle était d'un brun plus clair que ses sourcils mais de la même teinte que ses yeux noisettes.

Victoria se mit soudainement à rouler de façon dramatique sur le bureau pour essayer d'attirer son attention. Elle finit par s'arrêter à quelques centimètres de son visage et lui adressa un regard de chien battu.

- Béaaa...

- Quoi ?!

A bout, elle le leva d'un bon et éclata ses mains sur son bureau. En réponse l'adolescente lui sourit, victorieuse, et se redressa pour retourner en position assise.

- Je sais que tu m'adores.

- Bon qu'est que vous voulez, elle réajusta son tailleur et son chignon en soupirant.

- Mon amie ici présente va effectuer son premier, elle mima des guillemets avec ses doigts, « voyage ».

Béatrice ne laissa passer aucune émotion sur son visage mais elle arqua un sourcil suite à cette annonce. Elle se pencha sur son bureau, appuya sur une touche et scruta l'écran de son ordinateur ; une lumière verte se reflétait sur ses verres.

- Bien, suivez-moi.

Elle ouvrit un des tiroirs du bureau et en sortit un énorme trousseau de clés, de toutes tailles et toutes formes, il y en avait tellement que l'anneau qui les retenait n'était plus visible. Elle les contourna et se dirigea vers la porte par laquelle elles étaient entrées. Elles la suivirent et Céleste en profita pour observer cet endroit en détail : tout comme le couloir, tout était blanc, du sol en passant par les murs jusqu'au plafond. Au très haut plafond... La pièce était en forme de cylindre, un très long cylindre qui semblait avoir été coupé en plusieurs étages. Elle remarqua une trouée circulaire en plein milieu du plafond et observa à travers lui la même pièce que celle dans laquelle elle se trouvait, elle aussi avec un trou circulaire sur son plafond. Même là-haut tout était blanc. Elle se rendit rapidement compte que les seules choses ayant une autre couleur étaient elles trois et les effets personnels de Béatrice. Il y avait même une plante sur son bureau, les feuilles vertes faisaient vraiment taches dans le paysage monochrome ; elles ne passaient pas inaperçues.

Elle ne remarqua que trop tard que les talons de la secrétaire avait arrêté de résonner sur le sol lustré et entra en collision avec Victoria.

- Poussez-vous s'il vous plait, je dois prendre l'échelle.

Les deux adolescentes obtempérèrent et elle glissa une toute petite clé rouillée dans le mur. Les contours d'une porte automatique se tracèrent et la porte rectangulaire coulissa jusqu'à être à l'intérieur du mur. Elle sortit une grande échelle en bois de l'ouverture et la fit rouler jusqu'au mur. L'échelle était si grande qu'elle atteignait le plafond, d'où elle était fixée sur des rails. Béatrice monta sur les premiers échelons et donna une impulsion à l'objet. L'échelle parcourut à toute allure le premier quart de la pièce circulaire et s'arrêta en douceur dans une décélération contrôlée. Emerveillée par cette action et par le fait que Béatrice ne soit pas décoiffée, les deux jeunes filles se précipitèrent en courant vers elle et lui lancèrent un regard rempli d'admiration. Bien qu'elle fût en talons, elle grimpa avec une facilité déconcertante une dizaine d'échelons, puis se saisissant d'une clé dorée dans son trousseau, elle ouvrit une petite porte dans le mur. La voyant faire, Céleste se rapprocha du mur et découvrit une succession de serrures disposées sur le mur a distance égale. L'entièreté du mur en était recouverte, et ce tout le long de la pièce. Il y avait des centaines, de ce qui semblait être des petits casiers, les uns au-dessus des autres et les uns à côté des autres.

- Tu te fiches de moi ?! Pourquoi il n'y a rien ?!

Béatrice avait la tête penchée à l'intérieur du casier, l'échos de ses cris énervés résonnait dans la pièce et les filles n'osèrent plus rien dire.

- Espèce d'abruti incompétent ! Tu as intérêt à me donner rapidement ce que je veux sinon je vais m'occuper de toi, elle eut un rire mauvais, et je te jure que tu ne veux pas que ça arrive. Je te ferai regretter ce misérable trou à rat puant, crois-moi, c'est le paradis comparé à l'endroit auquel je pense.

Une petite main frêle verdâtre, pas plus grande que celle d'un bambin, sortit de l'ouverture. Elle tendit en tremblant une fiole à la femme en colère.

- Tu as de la chance pour cette fois.

Elle claqua brusquement la porte sans se soucier de si la créature avait enlevé son bras ou non. Elle se laissa glisser jusqu'en bas de son échelle puis reprit son masque d'indifférence lorsqu'elle se tourna vers les filles. Victoria et Céleste s'étaient rapprochées l'une de l'autre et éloignées de quelques pas face à l'excès de colère de la femme.

- Victoria je te confis la fiole pour l'instant et toi jeune fille vient avec moi.

Céleste se précipita à ses côtés et la suivit jusqu'au bureau. Béatrice sortit un genre de vieux parchemin d'un des tiroir et le déroula devant la blonde. Elle lui tendit un stylo à encre noire et lui indiqua les endroits à remplir :

- Tu mets ton nom et prénom là, âge ici, date en bas et signature à côté. Victoria tu signes juste en dessous de la sienne.

Elle suivit les indications et déposa sa signature sous l'indication « voyageur : », puis passa le stylo à son amie qui signa sous « accompagnateur : ». Elle voulu lire ce qui était inscrit sur le papier mais Béatrice lui arracha le parchemin.

- Pas besoin de lire, ça indique seulement la procédure et une close de confidentialité. Tu ne dois en aucun cas parler de cet endroit ni de ce que tu verras là-bas à qui que ce soit, compris ?

- Heu... Oui bien sûr.

- Bien, Victoria t'expliquera pour le reste. Je vais vous ouvrir une salle.

Elle se saisit d'une nouvelle clé et se dirigea vers la partie gauche de la pièce où elle y ouvrit une nouvelle porte. Céleste y entra mais Victoria s'arrêta au pas de la porte :

- Toujours un plaisir de te voir Béatr...-

Elle la coupa en lui claquant la porte au nez.

- Elle m'adore.

Victoria se jeta sur le canapé en rigolant et invita la blonde à la rejoindre. La pièce était petite est dans les mêmes tons que le bar : il y avait le même canapé que ceux de l'étage, une table en verre, et deux autres fauteuils noirs. Les murs étaient recouverts d'un papier peint rouge sang et le sol d'une épaisse moquette noire. Une lumière orange, venant du plafonnier, éclairait de façon tamisée le salon.

La brune décala ses jambes et son amie la rejoignit sur le canapé. Elle sortit la fiole qui lui avait été confiée et lui tendit. C'était une fiole arrondie assez ancienne dont le verre était sali et dont le bouchon était en liège. Son contenu était un liquide sombre avec des reflets multicolores. Céleste l'agita doucement en fixant le liquide se mouvoir : elle était émerveillée par sa couleur qui changeait en fonction de l'angle où il était regardé. Il devint vert, bleu, violet, rouge et même entièrement noir des fois. Elle sortit de sa contemplation en entendant Victoria déboucher quelque chose. L'adolescente recracha le bouchon qu'elle avait en bouche et but cul sec un liquide similaire à celui de la blonde, avant de jeter sa fiole au sol.

- Où est ce que tu l'as eu ?

- J'ai un deal avec quelqu'un pour les avoir sans payer.

Céleste écarquilla les yeux.

- Il fallait payer ?!

- Relax, comme tu es nouvelle c'est gratos la première fois. Si tu es acceptée tu auras même une réduc pour les premiers voyages mais bon au bout d'un moment faudra que tu payes si tu veux continuer de venir.

- Et c'est combien ?

- On verra ça plus tard, dépêche-toi de boire...

- Et y a quoi dedans ?

- T'occupe c'est sans danger, ça va juste te faire quitter ton corps pour plusieurs heures.

- Quoi comment ça ? Comment je peux quitter mon corps ? C'est mon âme qui va partir ?

- Rho ce que t'es chiante.

Victoria débouchonna en un éclair la fiole et attrapa Céleste par le coup pour lui faire boire. Elle l'immobilisa facilement et déversa le liquide dans sa bouche. La blonde s'éloigna d'elle en toussant et en se tenant la gorge.

- Ça va pas... J'aurais pu m'étouffer.

Elle se massa la gorge, la sensation était étrange : elle avait senti le liquide chaud glisser à l'intérieur d'elle et avait l'impression que sa chaleur s'était répandue dans l'entièreté de son corps. Elle la sentait dans le bout de ses doigts et dans ses genoux, ça ne la brulait pas mais ce n'était pas non plus une sensation des plus agréables. Le goût quant à lui n'avait rien de spécial, ça avait le goût d'une eau parfumée, mais elle ne savait pas à quoi : elle était sûre de connaitre ce parfum mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

- Arrête de te plaindre et relève la tête.

Elle obéit et découvrit un portail de la même couleur que le liquide qu'elle avait bu, juste devant un des fauteuils.

- Wow... C'est magnifique...

Céleste s'en approcha et plongea le bout de ses doigts dedans. Ils y plongèrent sans soucis et en ressortirent en un seul morceau. Elle n'arrivait pas à décrire cette sensation, elle n'avait jamais rien touché de semblable.

- Tu vas aller dedans maintenant. Tu peux rentrer c'est sans danger.

- Tu ne viens pas avec moi ?

Victoria était de l'autre côté de la pièce devant le second fauteuil.

- Non le mien est là, on ne partage pas un portail, elle lui adressa un sourire pour l'inciter à avancer.

Céleste souffla un bon coup, ferma les yeux et traversa son portail. Elle entendit au loin Victoria lui crier de ne pas se retourner avant de disparaitre totalement. La brune observa son corps inanimé retomber mollement sur le fauteuil avant d'elle-même traverser son portail.

La pièce redevint silencieuse alors que deux corps d'adolescentes gisaient sur les deux fauteuils.

Céleste rouvrit ses yeux en sentant une main serrer la sienne. Victoria se trouvait en face d'elle, un énorme sourire plaqué sur ses lèvres. Elle posa ses mains gantées sur ses épaules et se plaça dans son dos pour dégager le champ de vision de la blonde.

- Bienvenue au quartier des plaisirs !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Meleeni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0