Ecrit en écoutant notamment : Cyclon - Skyfall [Frenchcore] https://www.youtube.com/watch?v=-evZAjNRExQ

Comme la semaine dernière, je suis le cours du lundi matin aux côtés de Renan, mais cette fois-ci en parfaite connaissance de cause ! À midi, nous nous installons tous les deux à une table du restaurant universitaire après avoir affronté une fois de plus le regard et le ton acariâtre des caissières qui gèrent l’endroit.

Nous échangeons principalement sur les nouveaux morceaux que nous avons l’un et l’autre découvert ce week-end. Il vante également ma chance d’avoir pu m’entraîner à mixer, après que je lui ai relaté ma soirée de samedi. Par contre, j’ai bien évidemment omis de détailler la conversation que j’ai eue avec Eléa ! Nous passons ensuite chez lui pour aller écouter les morceaux que nous avons évoqués, et sans que je ne montre aucun signe d’inconfort, il s’empresse pourtant d’aller plier et ranger son drapeau.

— Donc oui, j’ai bien vu que ça t’avait un peu gêné que je sois gay, alors comme t’as fait un effort, j’en fais aussi un de mon côté !

— Ah, fais-je surpris, ne sachant pas s’il convient de lui dire que ce n’était pas vraiment la peine. Mais…

— Mais… ?

— Je me demandais… enfin… t’es vraiment fier d’être… enfin d’aimer… de préférer les garçons ?

— Bah, en fait, oui ! Avec le temps, je trouve ça de plus en plus cool ! Même si j’avais le choix, je crois que je ne changerais pas ça. Il n’y a quand même rien de plus joli qu’un mec torse nu, avec des abdos de fer…

Il s’arrête soudainement sur sa lancée, puis s’excuse et poursuit :

— Et sinon, toi, c’est quoi ton style de filles ?

— Euh, je ne sais pas… enfin, je n’en ai pas vraiment, ça dépend…
— Je vois !

Pdv Renan

Il est vraiment terriblement mignon lorsqu'il est gêné comme ça ! Avec ses yeux bleus-jaunes un peu fuyants, et ses cheveux en bataille à la limite entre le châtain et le blond, mmmh ! Et puis il a l’air d’avoir un torse solidement musclé… je mourrais d’envie de pouvoir en discerner une partie. Et… il fait un peu homo refoulé, je ne sais pas pourquoi… mais au moins, s’il continue à me fréquenter, ce n’est clairement pas un cas désespéré !
Depuis que j’ai quitté mon premier copain à la fin de l’année de Terminale, plus rien… j’ai vraiment hâte d’à nouveau faire l’amour à un beau garçon, d’autant plus qu’à l’asso LGBT de l’école, il n’y en a aucun qui me plaît vraiment. Je les trouve un peu trop… gays, enfin dans le sens où ils ont pour la plupart une fâcheuse tendance à ressembler au stéréotype. Ce n’est pas pour ça que je ne les apprécie pas, mais de toute façon, je préférerais me trouver un copain en dehors de l’association, le contraire risquant de créer des tensions malsaines.

En tout cas, mon petit Emilien, il ne faut pas que je le brusque. Il faudra encore sûrement beaucoup de rapprochement avant de voir s’il y a peut-être une chance qu’il puisse succomber à mon hypothétique charme...

Retour pdv Emilien

Le soir, une fois les cours terminés, et après nous être un peu reposés, Laszlo et moi allons profiter de la salle de musculation de l’école pour aller travailler nos pectoraux au développé-couché. Notre séance terminée, et après nous être cuit cinq cents grammes de pâtes pour deux, nous nous installons devant le match de l’équipe de France de foot, en nous racontant notre journée. Je sors mon téléphone, et constate sur la conversation du Nightfader qu’il y a du nouveau concernant la première soirée que nous allons animer, nous les élèves de première année. Mila nous propose à Renan et moi de mixer en duo sur le créneau minuit – une heure.

Il doit être aussi ravi que moi, puisqu’il répond également dans la minute qu’il est complètement partant. On va sûrement s’amuser, mais être responsables de l’ambiance de la soirée reste quelque peu stressant ; j’espère qu’on n'aura pas de problèmes techniques !

Mardi, je suis très déçu que Renan ne puisse pas manger avec moi le midi : il a réunion avec son association bizarre qui défend les gays sur le campus, et je n’avais, malgré mon week-end, pas spécialement envie de me joindre à eux.

J’avais envie de commencer à discuter de la soirée de jeudi soir, mais ce n’est que partie remise, puisque nous nous retrouvons tous les trois, donc avec Laszlo en plus, le mercredi midi. Je fais rapidement les présentations, et Laszlo ne tarde pas à demander à Renan :

— Et donc, toi, tu viens d’où ?

— Moi, de Rennes, je suis un breton authentique, et ce depuis au moins cinq générations. Et toi, t’habites aussi dans le sud comme Émilien ?

— Ouais, dans un petit village pas loin de Marseille. Ah tiens, d’ailleurs, j’ai une question pour toi : est-ce que tu sais comment on appelle un gay de petite taille à Marseille ?

Renan fronce les sourcils quelques secondes, puis reprend :

— Euh non, vas-y…

Laszlo, apparemment très fier de lui, nous sort de son plus bel accent du sud :

— C’est un nainggg-culééé !!!

Merde, merde !! C’était pas la blague la plus appropriée… Mais il ne pouvait pas savoir...

Pourtant, à ma plus grande surprise, après deux secondes nécessaires à comprendre la blague, Renan part dans un fou rire tout à fait sincère. Il est décidément très étonnant celui-là ! En tout cas, je crois que le courant ne devrait pas trop mal passer entre eux…

J’ai l'impression que je commence à jalouser Renan d’aussi bien accepter son homosexualité, au point de rire d’une blague qui aurait peut-être pu passer pour homophobe.

Le soir même, nous nous rejoignons tous les deux dans ma chambre pour préparer un peu notre set du lendemain, avec les morceaux que nous souhaitons passer. Nous sommes plus ou moins libres sur les choix musicaux, mais décidons d’un commun accord de rester sur de la House à 128 bpm qui reste assez dansante.