Chapitre 36
Ecrit en écoutant notamment : Joe Jackson - Real Men [Rock]
Je frappe violemment plusieurs coups à la porte de mon ex-ami, et alors que j’étais en train de commencer à jurer à haute voix, la porte s’entrouvre, et je la bloque instinctivement du pied tout en imposant ma présence.
Probablement impressionné par ma démonstration, il ne dit rien, et manque de tomber lorsque je le bouscule pour aller m’installer sur le rebord de son lit.
— Pourquoi t’as fait ça, espèce d’enfoiré ?
— De quoi tu me parles, Milou ? répond-il d’une voix mielleuse qui me met déjà hors de moi.
— Tu sais très bien, putain ! T’as gâché ma soirée !
— Ah bon ? Moi ça m’étonnerait bien !
J’empoigne ses épaules carrées et le fixe avec une intensité maximale, serrant instinctivement les dents dans un réflexe primaire.
Il approche doucement son visage du mien, et pivote celui-ci d’une quinzaine de degrés. Je reste tétanisé quelques instants, et suis soudain interpellé par les puissants effluves d’alcool qui envahissent mon champ de perception. Il continue à se rapprocher de moi, menaçant, jusqu’à ce que je repousse violemment son torse en arrière. Il met quelques secondes à retrouver ses esprits, puis se relève, s’avance à nouveau vers moi, titubant avec autorité.
— C’est toi le salaud, fais pas genre que t’as pas dit à Mila de casser avec moi !
Ce reproche est le dernier que j’entends avant un black-out complet consécutif à une puissante droite que j’ai juste le temps de voir s’écraser sur ma tempe.
***
J’émerge lentement alors qu’un soleil faible commence à faire son apparition à l’extérieur. Je comprends rapidement l’origine de mon mal de dos en constatant que j’ai passé la nuit sur un matelas pneumatique à même le sol. Donc Laszlo a pris la peine de m’installer plus ou moins confortablement chez lui… enfin j’aurais préféré qu’il aille me déposer chez moi ; il n’avait qu’à fouiller à l’intérieur de mon manteau en cuir pour y trouver mon portefeuille et ma clé. Par contre, je me demande bien ce qu’il faisait chez lui, tout seul, à quatre heures du matin, une bouteille de vodka à moitié vidée sur son bureau. Ça serait un peu extrême pour une simple déception amoureuse, non ?
Alors que je me relève pour retourner chez moi et prendre une bonne douche, je me rends compte qu'il est encore bel et bien là. Mais alors qu’il semblait profondément endormi, après quelques retournements de position dans son lit, il ouvre des yeux qui viennent directement s'hameçonner aux miens. Je n’aurais pas pu être plus discret… Évitant son regard, je sors mon téléphone et constate qu’il est presque onze heures ; plus besoin de se donner la peine de se pointer en cours… Néanmoins, j’ai une envie pressante de quitter ce lieu, et ramasse rapidement ma veste. Cependant, le corps massif de Laszlo se redresse, et il articule distinctement, ayant l’air d’avoir la bouche encore pâteuse :
— Attends ! On va discuter deux trois minutes.
— Ah bon, ça c’en est une bonne ! ricané-je avec une pointe de méchanceté.
— Oh, pour une fois que je suis sérieux, hein !
Même si le fait qu’il soit toujours assis en boxer sur le rebord de son lit ne correspond pas vraiment à son état d’esprit actuel, je reprends une attitude normale et consens à l’écouter sans me moquer de lui.
— En premier lieu, je suis désolé de t’avoir mis une beigne pareille toute à l’heure.
— C’est déjà ça…
— Ensuite, j’aimerais bien savoir pourquoi t’es venu chez moi avec une telle rage... En tout cas, je peux définitivement t’assurer que je n’y suis pour rien.
Comme il s’est platement excusé, je ne vois pas d’inconvénient à lui expliquer en détail le déroulement de la soirée, et il se montre plus compréhensif que je n’eus pu l’espérer.
Je sors à nouveau mon téléphone, me doutant que Renan et mes amis doivent sérieusement s’inquiéter quant à mon sort. Je leur envoie rapidement un message rassurant, disant en particulier à Renan qu'on se verra ce midi au restaurant universitaire, avant de poursuivre ma conversation avec Laszlo. Ce dernier continue :
— J’ai un peu réfléchi, et j’ai deux choses à te demander, si tu le veux bien.
— Deux, carrément !
— Oui… D’abord, j’ai pensé que ça serait bête de ne pas mettre à profit ta relation amicale avec Mila. Tu pourrais discrètement essayer de la convaincre que je suis vraiment un mec bien…
— Heu… soit, on verra encore...
— Et j’aimerais aussi que tu me racontes en détail ta relation avec Renan, termine-t-il, l’air passablement gêné.
— Ah bon, t’as besoin de conseils en thérapie de couple, ou ça se passe comment ? Tu sais pourtant bien que je ne suis pas la personne la plus qualifiée dans ce domaine !
— Non, ce n’est pas pour ça, je veux juste essayer de mieux te comprendre.
— Et je commence par quoi ? demandé-je, finalement plutôt excité par la situation.
— Ce que tu veux, mais n’hésite pas à détailler la manière dont vous baisez.
Je fronce les sourcils puis ferme un œil, m’interrogeant tout de même sur la méthode qu’il a décidé d’employer.
— Bah, je ne sais pas trop quoi dire… enfin notre rapprochement n’a pas été facile, il faut dire que t’y es pour quelque chose. Et puis lui, il est super affirmé, alors que moi j’avais plus de mal et que je suis beaucoup plus timide…
Fier de ma relation actuelle, j’évite bien évidemment d’évoquer le petit écart de mon amoureux. Cependant, Laszlo n’a pas l’air satisfait.
— Oui, je sais déjà tout ça, tu peux enchaîner sur le vif du sujet, si tu veux bien.
Je me convaincs que ce n’est finalement rien d'exceptionnel au vu du nombre de fois où c’est lui qui m’a raconté ses aventures, et poursuis :
— Bon, vu que t’as l’air assez enthousiaste… J’ai envie de dire qu’on reste assez dans le classique. Moi, j’adore tout ce qui est câlins et caresses, c’est une vrai passion de parcourir son corps dans tous les recoins… enfin, recoins, on se comprend, hein ! En même temps, c’est difficile de ne pas fondre devant un corps aussi mignon et svelte ! Lui, il aime ça aussi, même s’il est parfois pressé de passer à la suite !
— Je vois, je vois… et donc ensuite ?
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