Chapitre 37
Ecrit en écoutant notamment : D-Fence x Mr Hyde - Raggen [Variété Néerlandaise]
Son réel entrain me fait m’interroger encore quelques secondes, mais s’il faut en passer par là, je le ferai volontiers. Renan, qui m’enseigne depuis plusieurs semaines l’art du relâchement, et me pousse à me montrer plus fier, sera sans aucun doute satisfait de moi !
— Alors, ensuite, généralement, même s’il est moins baraqué que moi, c’est plutôt lui qui prend le contrôle !
— Donc c’est toi qui te fais prendre, c’est ça ?
Un peu embarrassé, mais déjà satisfait de la réponse que j’ai à lui offrir avant même de la prononcer, je souris, puis m’écrie :
— Ça dépend des fois, tu sais ! Finalement, ça a aussi quelques avantages de le faire avec un mec ; il y a plus de variété !
— Ah ouais, intéressant ! réplique-t-il avec une voix qui trahit un intérêt certain. Mais, ça fait vraiment du bien de se faire pénétrer ?
— Bah évidemment, sinon je ne le ferais pas ! Mais la satisfaction est aussi très psychologique, il n’y a qu’à voir l’état de transe avancé de Renan quand il accélère subitement après quelques minutes de travail d’abord minutieux. Il se démène pour mon plaisir et je lui offre réciproquement le sien.
Il efface rapidement un rictus gêné lorsque je remonte mes yeux en direction des siens, signe qu’il veut définitivement se faire pardonner.
— Tu vois, un couple de jeunes hommes, ce n’est pas compliqué, et ce n’est ni obligatoirement du sexe brutal, ni un des mecs qui se prend pour une meuf… T’étais bien le premier à tomber des nues quand t’as su que j’étais gay, alors que je remplis plutôt bien tes critères vrai mec hétéro ; donc ceux-ci sont à reconsidérer, à mon avis.
Je m’arrête là, avant de tomber dans un réquisitoire classique contre les préjugés habituels envers les gays, mais suis ravi de la justesse des mots que j’ai trouvés pour résumer la question.
Je continue à lui donner un certain nombre de détails pour qu'il comprenne tout du mieux possible, et alors que je m’attendais à une nouvelle question, il récupère son smartphone derrière lui, et appuie sur l’écran pour terminer l’enregistrement de notre conversation. Me sentant pris au piège, ma respiration se coupe brutalement, et je sens mon sang pulser au niveau des poignets. Il semble se délecter de mon état de détresse, y rajoutant un sourire carnassier et des yeux foncièrement malintentionnés. Je ne bouge même plus, attendant sourdement la suite des évènements, sans même être en capacité de me maudire.
— Alors, qu’est-ce que la promo penserait d’un dossier aussi croustillant, à ton avis ? Mieux que la vidéo de la semaine dernière montrant le mec du secrétariat de l’école qui regardait des films X dans son bureau ! Je vais en faire un joli petit montage, tu verras !
— Je m’en fous, mes amis sont déjà tous au courant, et Renan m’a même embrassé en live derrière les platines hier soir !
— Ah oui, bien sûr, mais crois-moi, là ce n’est pas du même calibre !
— J’arriverai bien à prouver d’une manière ou d’une autre que t’es derrière tout ça ! T’es qu’un sale fils de …
— Ah, carrément ? Eh bien, je vais te prouver le contraire. T’as raison, je ne vais pas prendre un risque pareil. Mais quel plaisir de voir ta tronche de gay qui adore se faire mettre empreinte d’une telle panique !
Je ne réponds plus pour ne pas continuer à envenimer la situation, déjà largement rasséréné par le fait qu’il m’ait seulement mis un coup de pression. Dorénavant, c’est absolument certain que je ne lui reparlerai plus jamais…
Alors que je sors de chez lui, il me reprend :
— N’oublie pas ta mission quant à Mila, je n’ai pas effacé l’enregistrement pour autant.
— Tu peux rêver, je vais même faire le contraire, et je n’ai aucune honte à aller voir la direction des études de l’école s’il le faut. T’es vraiment un connard, et c’est bien pour ça que les meufs ne restent jamais longtemps avec toi ! Tu ferais mieux d’y aller autrement que par une tentative dégueulasse de chantage.
Je claque furieusement la porte, ne cherchant même pas à savoir s’il a effacé ce maudit enregistrement. En effet, je ne me rends compte qu’un quart d’heure plus tard, lorsque ma colère est un peu retombée, que je ne suis finalement pas si tranquille que ça. Je contacte alors immédiatement Renan, pour qu’on se rejoigne dans un quart d’heure, et qu’on réfléchisse ensemble à la manière d’agir la plus raisonnable et efficace.
Il m’informe d’abord que mes deux amis Ardéchois ont bien pris leur train retour, puis nous en venons rapidement à la conclusion qu’il serait peut-être intéressant de laisser Mila agir elle-même par rapport à ‘l’incident Laszlo’, car elle reste malgré tout plus proche de lui que nous deux.
— Pour te changer les idées, qu’est-ce que tu penserais d’un petit week-end à Rennes, loin de toute l’agitation du campus ? Il faut quand même un jour que tu découvres la plus belle ville de France !
— Eh bien, si c’est celle où tu as vécu, je ne doute pas qu’elle soit aussi merveilleuse que toi !
Je ris de mon propre romantisme à deux balles, vite imité par mon amoureux, qui me remercie quand même d’un baiser plutôt engagé, qui me laisse quelques traces de salive sur le rebord des lèvres. Il fait mine de se rebeller lorsque j’attrape la manche de son pull pour m’essuyer, mais cède rapidement devant mon air amusé.
— Bon, je vais regarder directement si je peux trouver des trains à peu près aux mêmes horaires que les tiens, mais je ne te garantis pas que ça sera parfait.
Il se penche alors par-dessus mon épaule pour suivre mes recherches :
— Du coup, toi t’arriverais à quelle heure demain matin à Rennes ?
— Dix heures et demie !
— Ah ouais, parce que moi, il ne me resterait qu’un train qui part de Paris à six heures quarante-cinq… et j’arriverais à huit heures trente…
— Bah, ce n’est pas un problème, t’auras qu’à aller directement chez moi ! Mes parents seront encore là, ils partent vers dix heures normalement.
— D’accord… t’es sûr que tu ne veux pas que je t’attende ?
— Mais non, tu ne vas pas rester deux heures tout seul, et mes parents seraient ravis de te voir un moment !
— Bon, si tu le dis…
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