théorie des cordes
Elle se réveilla en sueur, tremblante allaitant et essayant en vain de reprendre son souffle. Impossible de savoir l'heure qu'il était, malgré le tic tac répété de l'horloge. Dans le noir, elle chercha à tâtons à allumer la lumière. Une sensation d'étouffement l'a prenait violemment. D'angoisse, son souffle se bloquait, ses mains collé contre le mur, incapable de bouger. Elle resta là un moment peut être dix minutes, peut être une heure. Devant le miroir, quand elle trouva l'interrupteur, elle aperçut un visage blanchâtre et des marques dans le cou. - ça ne peut pas être moi, pensa t'elle alors que ses yeux se remplirent de larmes. Dans le creux de sa nuque et jusque devant son menton, des marques d'étranglement. Elle effleura de ses doigts les griffes et ecchymoses pour retomber jusqu'à l'origine de ses seins. Sa peau encore moite et la poitrine sur le point d'imploser, elle ferma les yeux quelques instants. Quelques images d'une nuit sombre, un cauchemar, un délire ? Une sensation étrange derrière l'oreille l'a paralysa à la seconde, comme si le diable venait de se lover dans le creux de son oreille. Une odeur de fer, une sale odeur de vie. Une coulée de sang se mît à glisser traçant une courbe sur les tâches et brûlures de sa peau.
Elle fut saisi. Respiration coupée, les yeux grands ouverts devant une réalité qu'elle ne comprenait pas. D'un pas presque décidé mais bancale, ses jambes l'amenèrent sous la douche. L'eau brûlante vint comme attaquer sa peau, les blessures dans son cou saignèrent, mais sous la chaleur humide elle lâcha un court gémissement. Elle avait les yeux noircies par le maquillage de la veille, elle frotta son visage à plusieurs reprises, resta de longues minutes sous l'eau chaude sans reprendre son souffle. Le regard dans le vide, la pièce en train de se remplir de fumée blanche, elle essayait de se concentrer sur cette nuit, qu'avait-elle fait, où était-elle allée ? Ses jambes rougies par la chaleur ambiante, elle les savonna d'une main lasse et timide pour finalement tenter de nettoyer son cou. Quand le savon toucha ses plaies, elle senti que tout ça était bien réel. La tête baissée sous le pommeau de douche, ses cheveux le long de son dos, elle songea a ses rêves, depuis 6 ans qu'elle ne se souvenait de rien, de cette nuit, il restait des images, des traces d'une bataille sans fin, des flash pour la ramener dans les ténèbres. Elle se sécha, prenant soin d'éponger délicatement son visage et le haut de son torse. Les marques n'avaient pas disparues, ses yeux étaient cernés, les paupières un peu brûlées par l'eau chaude. La chambre lui était totalement étrangère, et ses vêtements étaient posés proprement sur des cintres. On aurait dit une chambre d'hôtel. Sur le lit, une petite feuille de papier qui indiquait " Aujourd'hui, 12h, avenue de Verdun" Ses vêtements étaient bien la preuve qu'elle avait passé la nuit ici, elle enfila des collants, puis se faufila dans sa robe noir à col rond. Son sac à main était posé sur une petite table, elle attrapa son foulard, par chance, elle pourrait camoufler sa nuit désastreuse, ses petites lunettes rondes pour se cacher de la lumière du jour et du regard des autres. Le grand col de son manteau était parfait pour qu'elle passe inaperçu. Bien que perdu dans ses pensées, elle avait repris de ses couleurs, hésita un moment avant de sortir, puis claqua la porte. Il pleuvait, et les trottoirs perdaient de leurs formes ensevelis sous des couches d'eau impressionnantes. Toute la ville était grise, les rues désertes. Elle rejoint le métro en moins d'une dizaine de minutes, noyée dans une surpopulation grandissante. Assise, elle pensa à ce qu'elle avait fait la veille, impossible pour elle de se souvenir. Elle regarda ses mains, froides, violettes et tremblantes, comme si elle venait d'assister à une scène horrible. Dans le métro, un homme en face d'elle la regardait, un arménien se dit-elle, alors que tout ses muscles se contractèrent. Elle le regarda un moment, debout contre la vitre. Il avait les cheveux attachés en chignon et une barbe de plusieurs jours, les yeux sombres et dans le vague. Il avait l'air d'un vagabond, elle avait l'air d'une femme en deuil. Elle ne pût s'empêcher d'imaginer son torse nu et ses mains sur elle, une danse exotique. Le métro s'arrêta, elle hésita une seconde avant de sortir, puis entama son chemin direction Verdun. Il était encore tôt, elle décida de s'arrêter boire un café. Double.
Les journaux annonçait l'hiver et quelques attentats survenus l'année dernière, elle se roula une cigarette et regarda autour d'elle. Les gens marchaient vite, certains avec leur parapluie d'autres avec leur pochette, la circulation humaine mieux organisée que les voitures. Elle passa sa main doucement sur le devant de son cou, vérifier l'état de sa peau et les zones restées encore chaudes du souvenir de la nuit. Quelques tables à côté, l'arménien. Avec des lunettes et lisant un livre, impossible pour elle de voir la direction de son regard. Elle se senti tendue, et prête à partir. On lui annonça que le café était déjà payé. Elle fouilla son sac, chercher le moindre indice, juste quelques pièces et du tabac. Du coin de l'œil elle gardait un œil sur l'arménien, tantôt pour surveiller, tantôt pour laisser son imagination faire son œuvre. Les minutes passaient comme en décalé dans le temps et elle se souvint d'une chose, un vague souvenir d'une ancienne nuit, des mots lâchés. "- Tu as vu les fantômes dehors ? Ils viennent me chercher, je t'avais dis qu'il m'avait prévenu la nuit dernière. La tête embrumée dans un brouillard immense, ils se cachent mais ils arrivent." Son cœur s'emballa à une vitesse folle au point de ressentir une douleur dans la poitrine. Elle regarda autour d'elle et se demanda qu'elle était sa place. Sa cigarette terminée, elle se leva, jeta un dernier coup d'œil sur l'arménien, et parti.
Annotations
Versions