Chapitre 6, partie 2 :

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Will Marx :

Lorsque nous pénétrons dans ma chambre, Angelo ouvre de grands yeux émerveillés et part immediatement s'asseoir sur le bord du matelas.

— Ton lit a l'air incroyable, lance-t-il en se faisant rebondir dessous .

Je souris, attendri. Il est plus grand et plus confortable que le sien mais mes nuits chez lui sont plus agréables que celles que je passe seul dans ma chambre. Peu importe le confort dans lequel nous nous trouvons, le fait d'être avec lui occulte tout ce qui peut être déplaisant.

Je retire mon tee-shirt et me laisse tomber ventre sur le matelas.

— J'ai le dos en compote, j'ai un peu trop poussé à l'entraînement.

— Je t'avais dit de ne pas te casser, s'amuse-t-il.

Sans prévenir, il s'assoit sur mes fesses et fait glisser ses mains le long de ma colonne vertébrale. Je soupire d'aise alors qu'il me masse en silence. Ses paumes malaxent mes épaules et descendent doucement jusqu'à l'élastique de mon jogging.

— Ça fait du bien, ronronné-je.

— C'est la première fois que je fais ça, répond-il un sourire dans la voix.

— C'est parfait.

Il s'applique pendant un bon quart d'heure, ses mains partent parfois palper mes deltoïdes puis mes biceps ou masser ma nuque. Ses paumes me délaissent, mais son torse chaud rencontre mon dos quand il s'allonge sur moi. Il a ôté son pull, la sensation de sa peau contre la mienne me fait tourner la tête. Des frissons de bien-être se répandent partout où nous nous touchons. Il embrasse mon cou, embrase mon corps. Je clos les paupières pour profiter de tout ce qu'il m'apporte. Il mordille ma nuque puis dépose des baisers pour apaiser les picotements que provoquent ses attaques. Son souffle ricoche contre ma joue alors que le mien se dégrade peu à peu. Chaque caresse qu'il m'accorde enflamme le creux de mes reins. Je gémis parfois, lorsqu'il aspire ma peau et laisse sûrement des petites marques violacées sur son passage.

— Angelo, soupiré-je, je veux te voir...

J'ai envie de contempler son visage et ses grands yeux bordés de cils clairs. Je veux admirer la beauté de ses joues parsemées de taches de rousseur et sûrement rosies de désir.

Son érection fait pression entre mes fesses, cette nouvelle sensation est incroyable. J'ai irrésistiblement envie de lui, j'ignore s'il le ressent mais mon être entier se consume sous l'effet qu'il me fait. Je lève le bassin, mon postérieur se presse contre son membre durci. Il se crispe, pousse un gémissement étranglé alors que mon cœur s'emballe.

Il me délaisse, roule sur le matelas et observe le plafond. Ses yeux sont embués et son visage cramoisi. La joue sur l'oreiller, je le regarde comme s'il était l'une des merveilles de ce monde.

Je lève le bras pour caresser son visage, mon index retrace le contour de ses lèvres qu'il entrouvre légèrement. Sa peau est chaude, semblable à la mienne. Ce que je ressens est indescriptible. Mon regard descend progressivement, glisse sur sa poitrine qui se gonfle frénétiquement, puis examine ses bras recouverts de plaies en voie de guérison et finalement, s'immobilise sur la bosse qui déforme son jean. Son érection est imposante, elle pulse presque sous le tissu de son pantalon. Ce constat éveille en moi trop de sentiments.

— Tes parents ne vont pas se poser de questions sur le fait qu'on partage le même lit ? demande-t-il soudainement.

Mes yeux retrouvent les siens, mon doigt longe sa mâchoire.

— Non. J'ai déjà dormi avec Pietro et Judas, parfois avec les deux en même temps.

Son visage se durcit, ses sourcils froncés creusent son front et plissent son nez.

— Génial, grogne-t-il en tournant la tête.

— Ne le prends pas comme ça, soufflé-je en tentant d'attirer son attention. Ce n'est pas pareil, tu le sais, en plus nous étions bourrés à chaque fois que c'est arrivé.

Il ne cède pas lorsque je glisse ma main entre sa joue et l'oreiller. Je tente une approche différente, attrape ses hanches et le fait basculer sur mon corps. Il me fait face mais clôt les paupières pour dissimuler ses iris dorés. J'embrasse son nez, ses pommettes et enfin ses lèvres.

— Tu boudes ? m'enquiers-je d'une petite voix.

— Arrête, râle-t-il en faisant tomber son front sur mon épaule. Je n'aime pas l'idée que tu aies dormi avec d'autres mecs que moi.

— Tu es le seul avec qui ça a un sens.

Mes doigts passent à travers ses mèches alors qu'il grogne bruyamment.

— Pas de jolis mensonges pour faire passer la pilule.

— Ce sont mes amis et nous étions alcoolisés au point de ne plus savoir bouger.

— Si tu le dis...

Je relève son visage, ses yeux croisent enfin les miens, ses paumes se posent sur mon torse.

— Il n'y a qu'avec toi que j'aime dormir, trésor.

— T'as plutôt intérêt.

— Évidemment, soufflé-je en frottant mon nez contre le sien.

Ses traits se détendent peu à peu tandis que je caresse son dos. Sa peau est chaude et frissonnante sous mes doigts. Ses yeux s'adoucissent, son regard devient plus tendre.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Tu es beau, murmure-t-il en enroulant une mèche de mes cheveux autour de son index. J'ai envie de me perdre dans ton océan.

J'aimerais sourire mais je n'y parviens pas. Bien trop atteint par ses mots doux, je sens mes joues s'enflammer et mon sang crépiter dans mes veines.

— Et toi, pourquoi me regardes-tu comme ça ?

J'ignore ce qu'il voit mais si mon regard laisse transparaître tout le désir et l'amour que je ressens pour lui, alors la réponse devrait être évidente.

Il met son visage à la hauteur du mien, son souffle effleure mes lèvres. J'aimerais lui dire que je l'aime pour ne pas qu'il l'oublie mais je m'abstiens. Au lieu de les prononcer, je dessine ces quelques mots dans son dos, de la pulpe de mon index. Mes sentiments sont si puissants que parfois, je peine à respirer.

Son visage s'approche davantage à mesure que j'écris à l'encre invisible sur sa peau. Lorsque la lettre finale est posée, il sourit contre mes lèvres avant de m'embrasser avec passion.

Sa langue pénètre ma bouche, douce et humide, elle caresse la mienne. Mes mains longent sa colonne vertébrale jusqu'à encercler sa nuque pour ne pas lui laisser la possibilité de s'éloigner. J'ignore qui de nous deux mène ce baiser, mais il est enivrant. Je crois qu'en réalité, nous nous laissons simplement guider par ce besoin de proximité. Il soupire lorsque je mordille doucement sa lèvre.

J'ouvre les yeux pour analyser son visage. Les paupières closes et les sourcils froncés, il me fait ressentir tout ce qui se bat en lui par le biais de ce baiser. L'envie. L'amour. Le désespoir. L'empressement. Ses mains voyagent sur mon torse alors qu'il fait doucement aller ses hanches contre les miennes.

— Angelo, susurré-je, enlève-le.

Un léger rictus se dessine sur sa bouche lorsqu'il comprend que je parle de son pantalon. J'ai envie de faire valser tout ce qui empêche nos peaux de se rencontrer.

— Pourquoi ?

— Je n'en peux plus... je ne veux plus de barrière entre nous.

Il appose son front contre mes lèvres. Son corps tremble, son souffle est haché alors que je roule des hanches pour plus de contact.

— Je veux te sentir entièrement. Je vais devenir fou si ça n'arrive pas très vite.

— Je le suis déjà.

— Tu es malade.

— Tu joues sur les mots.

— Et toi, tu détournes le sujet.

Il rit en se redressant rapidement. Je sens un vide se former en moi alors que son corps m'échappe. Il tombe dos sur le matelas et déboutonne son jean. Les jambes en l'air, il se bat pour le retirer.

— Tu mets des pantalons bien trop serrés, grondé-je en lui venant en aide.

— Ça te dérange ? se marre-t-il en pliant plusieurs fois les genoux pour faire glisser le vêtement.

— Mes yeux en raffolent mais pour te déshabiller c'est l'enfer.

Il éclate de rire, à moitié gêné et flatté. Son pantalon finit sur le sol après une lutte acharnée de trente secondes qui m'ont parues durer dix minutes. Enfin, je découvre sa peau pâle et marquée. Mes doigts glissent sur ses cuisses pleines de cicatrices. J'ai envie de les embrasser une par une avec l'espoir qu'elles disparaissent.

Il m'offre un regard brûlant qui fait battre mon cœur par saccades. Je retire mon jogging qui s'échoue sur le parquet.

Angelo se dresse sur les genoux, appuie ses paumes sur mon torse pour me plaquer contre le matelas. Je me laisse faire sans résistance. Son corps s'étend sur le mien, je ferme les yeux pour encaisser la vague de chaleur qui s'empare de moi. Ses cuisses sont de part et d'autre de mon bassin, sa bouche humide dépose des baisers sur mon torse alors que je laisse échapper des soupirs de plaisir.

Ces assauts sont divins. C'est la première fois qu'il prend les devants lors de nos échanges et j'adore ça. J'ai terriblement envie de lui, à tel point que je ne parviens pas à me décider si je désire ses mains, sa bouche ou si je souhaite lui faire l'amour. Lentement. Passionnément.

Je crois que c'est exactement de cela dont j'ai envie, le sentir se contracter autour de mon membre palpitant. Pourtant, j'ai bien conscience qu'il est trop tôt pour un tel acte. L'imaginer onduler au même rythme que moi me fait frémir, mais cela me terrifie également.

Je n'ai jamais fait l'amour à un homme. Comment devrais-je m'y prendre pour ne pas le faire souffrir ?

Mes questions s'évaporent alors que la bouche d'Angelo descend dangereusement vers le bas de mon ventre. Ses baisers sèment des picotements sous ma peau. J'ancre mes yeux aux siens alors qu'il laisse des traînées humides sur mon corps parcouru de frissons. Sa respiration m'effleure, le désir grandit en moi alors que son regard me transperce.

Je pose une main sur sa nuque tandis que la deuxième est clouée au matelas, les doigts d'Angelo enlacés aux miens. Sa tête descend progressivement, se cherche une place entre mes jambes légèrement écartées. Ses cheveux chatouillent ma peau et ses lèvres aspirent doucement l'intérieur de ma cuisse.

Mon cœur est en avance rapide, ma respiration est effrénée, je vais perdre pied.

Il est tellement beau, si désirable. Ses iris bruns m'embrasent, mon corps est en feu et de la lave parcours mes veines. Je me retiens de faire aller mes hanches vers son visage. Mon érection est douloureuse, toujours emprisonnée sous mon caleçon qu'il fait exprès de ne pas toucher. Je m'entends gémir et soupirer chaque fois que ses lèvres jouent avec ma peau ou que sa langue lèche tendrement ma chair.

— Tu me rends dingue, soufflé-je en l'admirant à travers mes cils humides.

Je le sens sourire contre moi tandis qu'il remonte d'une lenteur atroce vers mon entrejambe. Alors qu'il s'apprête enfin à me toucher, à calmer mon besoin irrépressible de son contact, les lampes de chevets s'éteignent et nous plongent dans l'obscurité.

— Putain, pas maintenant, grogné-je frustré et complètement désespéré.

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-il d'une voix rauque qui maltraite mon cœur de façon indécente.

Je sens son souffle chaud sur l'humidité de mon caleçon, ça me fait frissonner de la tête aux pieds.

— Coupure de courant, râlé-je en plaquant la main contre mon palpitant qui enrage. Ça arrive parfois quand le vent souffle trop fort.

— On peut continuer dans le noir, murmure-t-il en posant sa bouche sur mon ventre.

Je gémis, le corps tendu et impatient.

— Will ! Au secours !

Les hurlements de Jude résonnent dans la maison, nous font stopper tout mouvement.

— Peut-être pas, finalement.

— C'est sa veilleuse, soufflé-je désabusé, elle est reliée à une prise électrique.

— Will ! pleure mon petit frère.

Angelo s'éloigne en soupirant.

— Va le chercher, on va se serrer.

Je hoche la tête, en sachant pourtant que l'obscurité nous englobe. Je presse ma paume sur mon érection dans l'espoir de faire redescendre la pression. À tâtons, je récupère mon téléphone et allume la lampe torche pour me guider dans la maison. Avant de quitter la chambre, je dépose un baiser sur les lèvres d'Angelo.

— Désolé...

— Ne t'excuse pas, répond-il en caressant ma joue, ce n'est pas grave. On ne va pas le laisser seul, il a l'air terrorisé.

— Il a peur du noir.

— J'avais compris, allez, dépêche-toi.

Je dévale les escaliers pour récupérer Jude. Il est tremblant et continue de pleurer quand je le prends dans mes bras.

— Sèche tes larmes, champion. On va te faire une place.

— Il y a plus de lumière, se plaint-il en cachant sa tête dans mon cou.

— Je sais, mais je suis là, d'accord ? La lumière reviendra après. Qu'est-ce qui t'a réveillé ?

— La maison des voisins sonne.

Je m'immobilise et tends l'oreille. La coupure de courant a déclenché l'alarme de sécurité de la maison d'à côté. Le son est presque imperceptible mais visiblement, Jude a le sommeil léger.

Quand je pénètre à nouveau dans ma chambre, je remarque qu'Angelo a enfilé mon jogging. Il est beaucoup trop grand pour lui, mais le voir porter mes vêtements me ravi sans que je comprenne réellement pourquoi. Il s'est rabattu sur un coté du lit pour laisser suffisamment d'espace pour mon frère et moi. Je me glisse au milieu, installe Jude à l'opposé d'Angelo pour qu'ils puissent tous les deux se blottir contre moi.

— Je peux dormir ailleurs, vous aurez plus de place, murmure mon trésor.

Je passe un bras dans son dos pour le rabattre contre mon torse alors que Jude nous tourne le dos et somnole déjà.

— Pas du tout, tu restes avec moi.

J'embrasse ses cheveux puis il pose sa tête sur ma poitrine et dessine des formes abstraites sur ma peau de la pulpe de ses doigts.

— Will, souffle-t-il, je suis désolé pour ce que j'ai dit ce matin. Je ne le pensais pas.

— Non, c'est moi qui suis désolé. Ma réaction était idiote. Je sais comment tu fonctionnes, je n'aurais pas dû le prendre trop à cœur et te laisser seul.

— Je me sens si bien avec toi. J'avais perdu tout espoir depuis la mort de mon père, t'avoir à mes côtés me donne envie de vivre.

Mon cœur s'emballe, ses mots apaisent ma crainte de le perdre.

Je l'aime si fort que c'est oppressant.

— Dans ce cas, reste toujours près de moi, chuchoté-je le visage enfoui dans ses cheveux.

Il acquiesce en frottant sa joue contre mon torse. Je hume son odeur comme pour m'imprégner d'elle, tout en câlinant sa peau. Je comprends qu'il s'est endormi lorsque sa respiration devient régulière. Je tente de faire la même chose après avoir jeté un œil à Jude qui ronfle très légèrement. Mon téléphone me fait rouvrir les yeux quand il vibre sur la couverture. Je l'empoigne pour découvrir qui vient troubler mon calme. Je fronce les sourcils en constatant qu'il s'agit de Marianna. Elle n'est pas entrée en contact avec moi depuis la soirée chaotique que nous avons passé chez Pietro.

Sms de Willy à Marianna :

Quoi ? Je suis occupé.

Sms de Marianna à Willy :

Je me disais qu'on pouvait peut-être s'amuser un peu en rappel du bon vieux temps. Ça ne te manque pas ?

Sms de Willy à Marianna :

Non et jamais ça n'arrivera. Je suis avec Angelo.

Sms de Marianna à Willy :

Tu m'as trompé avec ce type, tu me dois bien ça.

Sms de Willy à Marianna :

Tu es mal placée pour me reprocher une telle chose. Ne m'appelle plus. C'est lui et personne d'autre.

La lumière revient quand je repose le téléphone sur le lit. Je ne peux plus éteindre les lampes de chevets maintenant qu'Angelo dort contre moi et que Jude occupe l'autre côté du matelas.

Bercé par la respiration de mon trésor, j'oublie rapidement Marianna et sa demande absurde et m'endors à mon tour.

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