Chapitre 11, partie 1 [⚠️] :

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Angelo DeNil :

Je veux que Loli me laisse tranquille. J'ai besoin de calme et de solitude. Elle sait comment je fonctionne lorsque mes démons resurgissent, pourtant elle ne cesse d'insister. Habituellement, elle baisse vite les bras et claque la porte de ma chambre en expirant suffisamment fort pour me faire part de son mécontentement, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Non, elle est assise sur le bord du lit depuis une demi-heure. Les doigts dans mes cheveux emmêlés, elle tente vainement de les dompter.

L'obscurité de la pièce me fait du bien, elle apaise la migraine qui ne m'a pas quitté depuis deux jours. J'ai parfois eu l'envie de me cogner la tête contre un mur pour atténuer mon mal ou le faire disparaître en même temps que mon état conscient, mais finalement je me contente de l'encaisser en serrant les dents. Il reflète tout ce que je suis, un amas de chair en souffrance et de douleur atroce. Au moins, même s'il est difficilement supportable, j'oublie l'envie de me déchirer la peau.

— Tu ne veux pas voir Will ? m'interroge ma sœur en tirant sur mes cheveux.

— Aïe ! Fais attention, bordel, grommelé-je en tapant sur le dos de sa main.

— Ce n'est pas ma faute, ta tignasse est dans un lamentable état. Bon, réponds-moi.

— Bien sûr que j'en ai envie, elle est stupide ta question. Je ne l'ai pas vu depuis cent-cinquante-deux heures et je ne l'ai pas entendu depuis dix-huit.

— Tu comptes les heures qui passent mais tu ne te lèves pas pour autant, râle-t-elle.

— Je n'ai pas envie d'aller au lycée, je ne veux croiser personne. Je désire simplement me perdre dans les bras de mon amour et y mourir.

Elle tire encore sur une de mes mèches, avec plus de force que la fois précédente et je sens quelques cheveux s'arracher sous ses doigts. Je m'apprête à répliquer, à la pousser pour qu'elle se retrouve les fesses par-terre et qu'elle me laisse enfin en paix mais elle me prend de court en soulevant la couverture pour se glisser dans le lit à mes côtés.

— Cette fois, c'était volontaire. Je ne veux plus jamais t'entendre dire que tu veux mourir, gros crétin.

Je lève les yeux au ciel avec contrariété mais j'admets que la chaleur de Loli m'apaise un peu. Je passe mon bras autour d'elle et la rabats contre moi, ma tête se pose sur son épaule et je renifle ses cheveux encore humides de la douche.

— Tu sens bon, c'est agréable, remarqué-je.

— Je me suis lavée chez Mona, elle a acheté un shampoing à l'odeur de barbe à papa, il est génial.

— Ouais, génial.

Elle gigote dans mes bras et pivote pour me faire face. Dans la pénombre, je parviens tout de même à distinguer le bleu de ses iris. Elle a de jolis yeux, pas aussi clairs que ceux de Will et un peu moins doux puisqu'un éclat de tristesse y nage en permanence, mais ils restent absolument divins. Tout chez ma poupée est magnifique, et je tuerai la première personne qui osera me contredire.

Ce n'est pas un océan d'eau turquoise qu'elle a dans le regard, c'est une mer tortueuse et agitée, le parfait reflet de nos existences à tous les deux. Lolita a hérité de toute la beauté de nos parents, une peau sans défaut semblable à de la porcelaine, un regard qui fait sûrement tourner des têtes dans son école, des cheveux dorés comme les blés, ondulés et brillants. Une véritable diva, qui commence à trop grandir puisque mademoiselle aura quinze ans dans peu de temps. Quant à moi, je suis l'opposé de tout ce qu'elle est, pas de beauté ou d'éclat malgré la tristesse. J'ai le teint trop pâle, à tel point que j'ai constamment l'air malade, mes yeux sont trop sombres, mes cheveux sont secs, trop épais et le blond n'est pas homogène, certaines mèches sont presque blanches et d'autres s'approchent de la couleur d'un caramel ayant brûlé dans une casserole. Je suis un assemblage d'échantillons, une ébauche jamais terminée ou un tableau mal peaufiné.

— Allez, Lolo, il faut que tu y ailles. Tu as loupé toutes tes séances de psy cette semaine et ton proviseur avait l'air en colère quand je l'ai eu au téléphone.

— Je ne pouvais pas voir Will, je n'avais aucun intérêt à y aller.

— Oui, mais maintenant tu vas pouvoir profiter de lui alors motive-toi. Je suis certaine qu'il sera chez-nous à l'instant où il remarquera que tu es absent au lycée.

— Laissons-le venir dans ce cas.

— Mais non ! Bon sang, tu es insupportable. Ne m'oblige pas à aller chercher Simona.

J'écrase ma paume sur mon front en l'injuriant mentalement. Elle sait que je ne résiste jamais à notre voisine, je ne parviens pas à lui tenir tête. Elle nous aide beaucoup trop pour que je l'envoie promener. Depuis que Bérénice a laissé aller ses pulsions contre ma sœur, le soir où Will est venu à mon secours, Mona passe toutes les soirées, durant lesquelles je travaille, avec Loli pour qu'elle se sente en sécurité. Je m'en veux parfois, de lui faire subir ça. Elle a ses enfants à gérer et pourtant, elle trouve toujours du temps pour nous.

— Putain, tu me chier, Lolita ! Barre-toi, laisse-moi me préparer.

Elle tape dans ses mains en quittant le lit, fière d'être parvenue à me faire bouger. C'est avec lenteur et aucune motivation que je me douche et m'habille. Quand je me traîne dans le salon, je remarque que Loli n'y est plus, mais je trouve un mot posé sur la table de la cuisine. Je le récupère et peste en le lisant.

" Tu mettais trop de temps, j'ai dû partir pour ne pas louper le bus. Tu n'as pas intérêt à changer d'avis et retourner au lit ! De toute façon, je suis passée chez Simona, elle va surveiller que tu partes à l'heure. À ce soir, je t'aime Lolo. "

Elle est ingérable et téméraire cette gamine, on ne peut pas le nier.

J'ai tout de même hésité à me laisser crouler dans le noir de ma chambre avant de me retrouver à marcher vers l'abri-bus. Je m'installe au fond du car, la tête écrasée contre le carreau. J'aimerais rentrer chez moi mais il est déjà trop tard, je suis parti et je ne peux plus faire marche arrière. Le téléphone vibre dans la poche de mon jean, je le récupère en soupirant.

Sms de WillLeMagnifique à Angel :

Mon cours est terminé, je t'attends devant la salle de Noël. Je me languis de te voir.

Sms de Angel à WillLeMagnifique :

Je suis là dans 10 minutes.

Il ne répond pas, sûrement parce que ma réponse n'a montrée aucun enthousiasme, mais je ne le suis pas alors autant ne pas faire semblant.

D'un pas las, je traverse les couloirs du lycée, Rose à ma suite. Je ne lui ai pas adressé un seul mot et elle respecte mon silence. Mon cœur fait une légère embardée lorsque j'aperçois Will appuyé nonchalamment contre le mur. Ses yeux pétillent de bonheur en me voyant, j'aimerais être si heureux que lui mais je ne ressens rien d'autre qu'un malaise pesant. Je désire être avec lui, passer autant de temps sans voir son visage m'a paru insurmontable mais je n'arrive pas à me défaire de l'affreuse tristesse dans laquelle je me noie depuis deux semaines. Quand j'arrive à sa hauteur, j'évite volontairement de croiser son regard et me cache immédiatement dans ses bras. Je me sens à ma place lorsqu'il m'enlace. Il me presse contre son torse et dépose plusieurs baisers sur mon crâne.

— Mon trésor, souffle-t-il en fourrant son nez dans mes cheveux, c'était si long sans ta bouille.

Je resserre mon étreinte sans répondre, si j'ouvre la bouche je vais me mettre à pleurer.

— Salut, Willy, lance Rose en embrassant sa joue.

Ils sont amis désormais. Je sais que durant mon absence, Will est resté avec elle. Elle a passé ces deux dernières semaines avec lui, Pietro, Judas et Maël. Ça me rassure que mon soleil soit aimable avec elle. Quand je mourrai, ils pourront s'entraider et ne jamais être seuls.

— Je t'attends à l'intérieur, Lolo, me prévient-elle en pénétrant dans la salle.

Will fait un mouvement vers l'arrière alors que son index sous mon menton m'incite à le regarder. Il m'examine un moment puis soupire, expirant son souffle chaud et mentholé sur mon visage.

— Tu as mauvaise mine, constate-t-il tristement.

Je hausse les épaules, je n'ai rien à dire. J'aimerais succomber maintenant, il n'y a sûrement pas meilleure mort que crever avec l'odeur de mon amour dans les narines.

— Qu'as-tu fait à la main ?

J'observe le bandage qui recouvre ma paume, refermant les doigts dessus pour ressentir le plus de douleur possible. Will attrape mon poignet et m'oblige à faire cesser mon geste.

— Je me suis cramer au boulot, réponds-je d'une voix désincarnée.

— Comment ?

— Sur la plaque de cuisson.

Son regard se fait soupçonneux. Il a compris mais je n'approuverai pas. J'ai volontairement posé ma paume sur la céramique rougeoyante et incandescente. J'avais besoin de ressentir autre chose que le trou-noir qui habite mes entrailles. Ça n'a fonctionné qu'un court instant. Bien qu'atrocement douloureux, ça n'a comblé le néant que faiblement. Son pouce caresse le bandage, puis il relève ma main pour embrasser le bout de mes doigts.

— Ça t'a fait du bien ? murmure-t-il.

— Pas vraiment, soupiré-je, plus rien ne me fait du bien depuis un certain temps.

— Je suis désolé...

— Pourquoi ?

— De ne pas avoir été présent ces deux dernières semaines.

— Ce n'était pas ta faute, et tu as désobéi à tes parents parce que je suis une grosse merde qui ne fait que tomber dans un gouffre d'obscurité.

— Ne dis pas de telles bêtises, s'il te plaît.

Ses lèvres se posent sur les miennes sans me laisser le temps de lui soutenir que c'est la vérité. Je profite de sa douceur, celle qui m'a manquée et dont je ne peux plus me passer. Sa langue s'enroule à la mienne, c'est comme un pansement qui recouvre des plaies invisibles. Lorsqu'il s'éloigne, sa bouche est gonflée et je souhaite la mordre jusqu'à ce qu'il saigne.

— Je dois y aller, je ne peux pas être en retard.

Je hoche la tête, je n'ai pas le choix que de le laisser partir.

— On se rejoint à la cafétéria ?

— Oui, soufflé-je la gorge serrée.

Je me retiens de pleurer, je n'ai pas envie de craquer, mais j'ai encore moins envie de le voir s'éloigner. Il dépose un dernier baiser sur ma bouche et je l'observe me distancer, le cœur morne.

Les heures qui me séparent de Will sont interminables, comme si je n'avais pas suffisamment souffert de son absence depuis que cette conne de Marianna a tout gâché. Je me demande si ce n'est pas ça qui a déclenché ma rechute, ou alors, le manque de sommeil et l'énergie que j'utilise pour un travail trop mal payé.

— Tu vas bien, Lolo ? chuchote Rose en posant la main sur mon genou.

Je tente de lui sourire pour la rassurer. Visiblement, ça ne fonctionne pas puisque sa poigne se resserre sur ma jambe.

— Tu sais, Will était ailleurs tout le temps où tu as été exclu. Il est absolument fou de toi.

Je déglutis difficilement. Je sais qu'il m'aime, ça se lit dans son océan. Pourtant, j'ai peur de ne pas réussir à gérer ma peine, je suis terrorisé par l'appréhension de le casser, de le briser. Je suis nocif.

— Tu as l'air désespéré, je n'apprécie pas te voir comme ça. Je peux t'aider ?

— Personne ne le peut, ma Rose. Je suis bousillé, c'est tout.

Son regard plein de détresse me fait perdre le contrôle. Je détruis tout ce que j'approche. Roselyne est joyeuse et optimiste bien que souvent peureuse. En ma compagnie, elle resplendit toujours mais pas aujourd'hui. Non, elle semble si maussade, une rose qui flétrie à vue d'œil et je suis responsable de sa morosité. Je me redresse précipitamment quand je sens les larmes envahir mon visage. Je me sens honteux de flancher devant toute la classe. En plus d'être le fou du lycée, je suis celui qui pleure en public.

— Angelo, que se passe..., commence Noël qui s'interrompt en croisant mon regard noyé de sanglots.

Il hoche la tête et d'un signe de la main m'accorde le droit de quitter son cours. En courant, je me précipite vers les toilettes et me laisse glisser contre le mur en laissant s'échapper des plaintes de désespoir. J'aurais mieux fait de rester dans mon lit, ne pas quitter ma chambre et son obscurité. J'aurais dû me laisser ensevelir par les démons qui murmurent dans ma tête plutôt que de tenter le diable en me levant pour affronter cette journée. D'une main tremblante, je récupère mon flacon de médicaments dans ma poche. J'en sors deux que j'avale et je recommence, par trois la fois suivante. J'ai besoin de me calmer, de ne pas craquer davantage. Dans un geste empli de désespoir, j'ouvre mon carnet à une page sur laquelle j'ai gravé mon amour pour Wil et cette détresse que me fait ressentir cette vie chaotique. Je le pose sur le sol et fixe mes maux tracés à l'encre aussi obscure que mon âme.

J'ignore combien de temps je reste recroquevillé à pleurer et geindre, mais la porte finit par s'ouvrir et mon cœur s'accélère. Je prie pour que ce soit lui, pour qu'il ait entendu mes appels à l'aide silencieux et qu'il soit venu à mon secours tel le héros qu'il est à mes yeux. Pourtant, ce n'est pas l'arôme de sa peau qui s'infiltre dans mes narines. C'est une odeur entêtante, trop agressive, qui me donne la nausée.

— DeNil ? ricane une voix que je reconnais immédiatement. Putain, t'es en train de chialer ?

L'éclat de rire de Noah me fout des frissons de gêne. Pourquoi le sort s'acharne-t-il contre moi ?

Je grince des dents et retiens désormais mes larmes pour ne pas paraître davantage ridicule.

— Ah, mais je comprends, reprend-il en s'approchant des vasques. Tu as sûrement entendu parler de ce que Marx a fait pendant ton renvoie. Je ne vois pas d'autre raison qui te pousserait à pleurnicher comme un bébé.

Mon corps se crispe, il est parvenu à attirer toute mon attention.

— De quoi tu parles ? grogné-je en effaçant la morve qui coule de mon nez.

Il se tourne vers moi alors que je lève le menton pour le fusiller du regard.

— Après que le lycée ait été témoin de ton aliénation, Will s'est senti étouffé. Il était seul et un peu perdu et tu te doutes bien qu'Alexie et lui sont amis, même très proches finalement.

Je me dresse, comme monté sur un ressort. Mes poings se serrent et ma tête tourne violemment. Il dit n'importe quoi et cherche à me déstabiliser.

— Où veux-tu en venir ?

Il pivote, observe mon reflet à travers le miroir tandis qu'il se lave les mains.

— Ma sœur est une grande séductrice et apparemment Marx ne résiste pas quand on lui fait les yeux doux. Il ne te supporte plus depuis que tout le monde sait qui tu es. Je l'ai même entendu faire des commentaires très désagréables quand il s'adressait à Pietro. Et puis, continue-t-il en me faisant face, ce matin j'ai aperçu Lexi collé à ton mec, il lui chuchotait des mots tendres à l'oreille, ça avait l'air électrique entre eux.

Mon cerveau explose alors que mon corps tremble brusquement. Il ment, ça ne peut pas être autrement. Je fais un pas vers lui, le cœur fissuré et les larmes qui se sont remises à couler.

— Tu dis n'importe quoi, marmonné-je, Will m'aime !

— En es-tu certain ? rit-il en s'approchant de la sortie. Tu devrais le surveiller, c'était certain que ta bite ne lui suffirait pas. Oh, mais attend, c'est quoi ça ?

Dévasté, je l'observe se pencher vers mon carnet qu'il récupère entre ses larges paumes. Un rictus se dessine sur ses lèvres alors qu'il parcourt les lignes de mon calvaire.

— Ne touche pas à ça ! hurlé-je en me précipitant vers lui.

Le bras levé de façon à ce que je ne parviens pas à récupérer mon bien, il penche la tête et continue de lire sans ce soucier de moi. Il est trop grand et trop imposant. Si lors de mes excès de rage, je serais capable de lui arracher la tronche, le désespoir que je ressens me cloue sur place et m'empêche d'agir.

Éphémérité décrit mon bonheur. Il vit durant quelques heures. Lorsque tes yeux bleus s'éloignent de l'obscurité des miens, heurt de couleurs, plus aucune lueur. Plus de saveur. Plus de chaleur, récite-t-il en ricanant.

— Je vais te buter, Carter ! Ferme ta putain de gueule !

— Que de jolis mots pour quelqu'un qui ne t'aime pas, me nargue-t-il en laissant tomber mon journal sur le sol. Tu es pathétique, DeNil.

Sur ces mots, il quitte les toilettes, me laissant comme un déchet. Mon cœur est mort, ma tête est surchargée d'images de Will et du corps d'Alexie. Est-ce vrai ? Non, ce n'est pas possible. Il n'a pas pu me faire ça.

Mes jambes flanchent, mes genoux heurtent le sol alors que je m'effondre complètement. Je suis ravagé par des larmes de colère, de haine, de tristesse, d'abandon. Je hurle et déverse ma souffrance. Je suis anéanti.

J'entends encore les paroles de Will, sa voix pleine de promesse qui résonne à mes oreilles. Il a tout piétiné sans aucun remord. M'a-t-il menti ? S'amuse-t-il de moi depuis le début ?

J'ai été bête et naïf. C'était évident qu'une personne aussi parfaite que Will ne pouvait pas aimer un être bousillé tel que moi.

Les doigts agrippés à mes cheveux, je les tire par poignée. J'ai si mal. C'est un enfer, j'étouffe. Les mots de Carter s'élèvent à nouveau et sont encore plus oppressants que le fait qu'il ait lu mon carnet. C'est un cauchemar, je suis endormi et je rêve, peut-être que je n'ai finalement jamais quitté mon lit ce matin.

Lolo, quel réel plaisir de pouvoir interagir de nouveau avec toi, murmure une voix moqueuse dans ma tête.

" Putain, pas toi ! "

Je suis ravie d'être là.

" Ombre, non ! Dégage ! Je veux que Lumière revienne. "

Ça fait un moment qu'elle n'est plus là, tu n'as pas remarqué qu'elle ne te parlait plus ? Tu sais, je n'étais pas loin, caché dans un coin sombre de ta tête. J'attendais simplement le bon moment pour te conseiller, et je pense que là, c'est parfait.

— Non, crié-je, barre-toi. Lumière revient, je t'en supplie.

Elle ne t'entend pas, elle t'a quitté comme Will l'a fait.

— C'est faux, William n'aurait jamais fait ça, tenté-je de me rassurer. On s'aime !

Tu l'aimes, mais lui avait simplement pitié de toi. C'est Alexie Carter qu'il aime.

J'écrase mes paumes sur mes oreilles pour essayer de ne plus l'entendre, mais c'est impossible, elle hurle de l'intérieur. Je mords fortement ma langue et mes lèvres pour retenir mes hurlements de souffrance. Je refuse d'y croire, Will n'aime que moi. Je le vois lorsqu'il me regarde, le ressens quand il me parle, et ça martèle mon cœur lorsqu'il me touche.

Tu te trompes, c'est presque écœurant. J'ai de la peine pour toi, s'amuse Ombre.

" Tais-toi ! Tais-toi, je t'en prie ne me fais pas ça. "

Je ne fais rien, c'est Will le coupable. Dis-moi, veux-tu oublier ?

" Oui, par pitié, je ne veux plus penser à ça. "

Fais-toi du mal, comme au bon vieux temps. Seule la douleur fonctionne, on le sait tous les deux.

— Mais Will va me détester, m'exclamé-je en sanglotant.

Il te déteste déjà. Fais-toi du mal !

Les jambes tremblantes, je me redresse en me soutenant contre la vasque fraîche. Je guette mon reflet, je suis pathétique. Noah a vu juste et Ombre a toujours eue raison à ce sujet, je ne vaux rien. Enragé, je lève le bras et écrase mon poing contre le miroir. Il se brise instantanément, coupant mes phalanges qui saignent dans la seconde qui suit.

Ça y est, tu le ressens ce bonheur de te voir saigner ? Avoue, ça t'a manqué !

— Ferme ta gueule, hurlé-je en récupérant un morceau de verre qui blesse ma paume.

En larmes, je me laisse choir sur le sol. Si Will ne m'aime plus, je n'ai plus aucune raison de me battre.

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