Chapitre 15, partie 1 :

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Will Marx :

Il m'aime.

J'aimerais l'entendre encore, l'écouter me prononcer ces quelques mots jusqu'à l'épuisement, pourtant, je refuse de le faire parler alors qu'il peine à y arriver.

J'embrasse son front et y laisse traîner mes lèvres pendant plusieurs secondes. Les larmes qui perlent sur ma peau ne sont plus des gouttes de détresse. Je pleure d'amour et de joie.

Mon regard croise le sien, il est si beau, tellement beau.

— Je t'aime aussi, Angelo, murmuré-je le cœur battant.

Il tente de me sourire mais grimace en portant sa main vers sa bouche.

— Ne fais pas d'efforts, c'est trop tôt. Tu dois te ménager.

Il hoche la tête et expire doucement alors que ses doigts glissent entre les miens. Ses joues rougissent légèrement, ça m'apaise de le constater. Je n'ai pas rêvé, mon trésor est avec moi.

— Tu souffres ?

Il lève la main et la secoue pour m'indiquer que la douleur est modérée.

— Où as-tu mal ?

Son regard se pose sur ses poignets. Je grince des dents lorsque l'image des deux entailles qui traversent ses avant-bras se dessine sous mes paupières. Ensuite, il pointe sa tempe de l'index et enfin sa gorge.

Je caresse les endroits qu'il m'a indiqué, d'un simple effleurement pour ne pas le blesser.

Il tire sur mon bras afin que je m'approche davantage. Ses yeux brillent, à tel point que ma respiration se saccade. Je déglutis en examinant toutes les parcelles de son visage, j'étais terrifié à l'idée de ne plus pouvoir l'admirer. Ses pouces se posent sur mon front, puis glissent sur ma peau. Ils passent sur chacune de mes paupières que je suis contraint de fermer, caressent les cernes que j'ai sous les yeux et finissent leur chemin sur ma bouche. Il redessine le contour de mes lèvres et m'incite à les entrouvrir. Son doigt s'insère entre elles alors que ma langue s'enroule autour par automatisme. Je comprends enfin ses gestes lorsque son pouce plein de salive efface les marques de larmes séchées sur le coin de mes yeux.

— J'ai terriblement envie de t'embrasser, murmuré-je près de son visage. Tes baisers me manquent.

Il incline la tête, arborant une moue qui fait chavirer mon cœur.

— Qu... que...veux-tu... d'autre ? demande-t-il doucement.

Je me redresse et approche le fauteuil le plus près possible de son lit. Mes mains passent sous sa blouse et effleurent son ventre. L'envie de pleurer m'étreint quand je constate que son corps réagit parfaitement à chacun de mes touchers.

— Te serrer dans mes bras, mais j'ai peur de te blesser.

Il hoche difficilement la tête et tapote le matelas en s'écartant.

— Qu'est-ce que tu fais ? Ne bouge pas !

Il lève les yeux au ciel et continue de se rabattre sur le côté du lit. Il semble satisfait et plutôt fier de lui lorsqu'il y parvient. Silencieusement, il m'invite à le rejoindre. J'examine le peu de place qu'il y a de libre et hésite pendant une poignée de secondes.

— Ce n'est pas une bonne idée, tu as besoin de place et j'ai peur de te faire du mal.

Il fronce les sourcils, sa paume s'écrase toujours plus fort sur le matelas. Sa mine déterminée me fait sourire, il est dingue...

— Vi...ens, grogne-t-il en me regardant sévèrement.

— Dis-donc, tu es bien exigeant.

Il tente d'être ferme mais son expression agacée m'attendrit plus qu'elle ne m'aide à me décider. Visiblement, l'attente est trop longue à son goût puisqu'il se redresse brusquement pour me tirer par le bras tout en gémissant de douleur. Précautionneusement, je m'installe à ses côtés mais ma carrure est bien plus large que la sienne, il ne lui reste que peu de place. Ça ne va pas aller.

— Arrête de faire l'idiot ! Regarde, tu as mal, ça se voit sur ton visage, marmonné-je en essayant de reculer.

Sa main se plaque sur mon torse et m'oblige à rester allongé. Il s'emmêle dans les tuyaux et tire dessus comme un forcené alors qu'il n'arrive pas à s'en défaire. J'ouvre de grands yeux, paniqué à l'idée qu'il se fasse du mal et tente de l'aider.

— Angelo ! Tu fais n'importe quoi, le réprimandé-je. Tu vas arracher ta perfusion.

Il pose son index sur ma bouche et je me tais immédiatement. Il est bloqué, restreint dans ses mouvements et ne parvient pas à faire ce qu'il souhaite. Ça l'énerve, je le vois. Il s'immobilise un instant, puis plus calmement il fait passer les fils et tuyaux de l'autre côté de son corps. Il hoche la tête lorsqu'il est enfin libre de bouger convenablement.

Angelo glisse lentement vers moi après m'avoir amené au centre du matelas. Son corps se presse contre ma hanche, sa tête se dépose sur mon torse et son poignet bandé sur mon ventre. C'est agréable de le tenir dans mes bras, bien que je reste convaincu que c'est une mauvaise idées.

Après un moment à câliner son dos et ses cheveux alors que lui parcours mon flanc de ses doigts froids, je réalise qu'il serait peut-être temps qu'un médecin vienne l'examiner.

— Il faut informer les infirmières que tu es réveillé, chuchoté-je en passant un doigt le long de sa nuque.

Il relève la tête pour croiser mon regard, signe la négation en grimaçant alors que le tuyau doit probablement lui irriter la gorge.

— Laisse... moi profi...ter encore un... peu.

— Arrête de parler. Tu vas vraiment tout détraquer.

Je tends le bras vers la table de chevet et récupère mon téléphone que je glisse dans sa paume.

— Écris si tu veux dire quelque chose.

Il déverrouille immédiatement l'appareil et pianote sur l'écran, les sourcils légèrement froncés. Il me montre ses quelques lignes après ce qui m'a paru durer dix minutes.

" Je ne veux pas qu'on me tripote et me retourne dans tous les sens comme un foutu mannequin, que tout le monde débarque en s'extasiant comme si je venais de naître. Laisse-moi me perdre dans tes bras parce que j'étais perdu dans un lac, sans toi. Toi aussi tu m'as manqué. Je suis terriblement désolé de t'avoir fait du mal. Pardonne-moi, mon beau soleil. "

Ma gorge se serre, je clos les paupières pour retenir les larmes qui font briller mes yeux.

— Tout ce que tu voudras, trésor. Pardon, chuchoté-je en embrassant son front.

Il se concentre une nouvelle fois sur le téléphone tandis que j'admire sa beauté torturée.

" J'ai soif, s'il te plaît. "

J'avise ma bouteille d'eau qui traîne un peu plus loin, m'incline pour l'attraper puis me stoppe dans ma lancée.

— Je ne sais pas si tu as le droit de boire.

" Alors ça attendra. "

Je hoche la tête mais l'envie de courir demander l'avis d'un médecin me titille grandement. Au lieu de ça, je le serre un peu plus fort contre moi en soupirant de bien-être. Mon nez se perd dans ses cheveux, je respire son odeur et ferme les yeux, désormais calme et apaisé.

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