Chapitre 17, partie 2 :
Will Marx :
Mon corps se fige et mon cerveau se fait la malle.
Ai-je bien compris ?
Lentement, je me retourne pour lui faire face alors que mon cœur s'acharne à me mener la vie dure, cognant si puissamment que j'en viens à avoir du mal à respirer.
Lorsque je suis enfin dos à la porte, je remarque qu'Angelo est debout et près de moi, à tel point que je fais un pas en arrière pour pouvoir croiser son regard. Les rôles se sont inversés, c'est à moi de me retrouver dos au mur. Je n'aime pas ce sentiment d'oppression qui m'étouffe, et c'est encore pire lorsque j'aperçois cette expression à la fois déterminée et désemparée qu'il arbore sur un visage trop blême.
— Qu... quoi ? articulé-je la gorge serrée.
— Tu as bien compris. Mais je peux être plus éloquent, si tu veux, marmonne-t-il en se laissant tomber à genoux devant moi.
Ses mains s'agrippent à l'élastique de mon jogging qu'il baisse d'un geste rapide, me faisant lâcher un râle de surprise. Je laisse tomber ma tête en arrière, le regard fixé sur le plafond et essaie de respirer convenablement.
Ses doigts passent doucement sur mon membre recouvert de mon boxer. Je serre les dents, est-il sérieux ? Mon corps se met à trembler et je couine comme un idiot quand il m'attrape dans sa paume, d'une poigne si ferme qu'elle fait craquer le tissu du vêtement.
— Putain, Angelo, grincé-je, à bout de souffle. Qu'est-ce que tu fous ?
— Tu as du mal à assimiler aujourd'hui, c'est à cause de la fatigue ?
— Non, bordel, c'est à cause de ta main qui me serre trop fort.
Il me relâche instantanément mais ne s'éloigne pas pour autant.
— Merde, pardon, bafouille-t-il.
J'ose enfin baisser la tête pour l'observer. Ses joues sont rouges et ses ondulations retombent sur son front alors qu'il pince sa lèvre entre ses dents. Il est dans une position qui dans une autre situation me ferait perdre la tête, mais là, ça m'inquiète.
— Qu'est-ce qui te prend ? Bon sang...
— Tu ne sortiras pas de cette foutue chambre, répète-t-il pour la énième fois.
Je passe les mains sur mon visage et cache mes yeux pendant un instant. Lorsque j'ai enfin calmé ma respiration chaotique, je le regarde à nouveau.
— Est-ce que... tu viens vraiment de me demander de te baiser, grimacé-je, pour ne pas que je parte ?
Il hoche vivement la tête et l'envie de le secouer me brûle les doigts. Comment peut-il croire que je vais faire une chose pareille ?
— C'est insensé et complètement fou ! pesté-je en le repoussant suffisamment fort pour qu'il perde l'équilibre et retombe les fesses par-terre.
Je le contourne et m'assois sur le lit, à la fois en colère et foutrement perdu. Angelo s'approche de moi à quatre pattes, écarte mes jambes et se glisse entre elles. Ses coudes s'appuient sur le matelas, de part et d'autre de mes cuisses et il se redresse pour que son visage soit près du mien. Je suis agacé par sa bêtise alors je tourne la tête pour fixer le mur plus loin quand il cherche à capter mon regard.
— Affronte-moi, plutôt que de fuir ! Tu te comportes comme moi et ce n'est pas dans tes habitudes de te défiler.
Je ne réponds pas, mes poings se serrent douloureusement sur le drap au point que mes phalanges craquent.
— William, regarde-moi !
Toujours aucune réaction. Le mur sur lequel mes yeux sont rivés semble se rapprocher, rétrécissant la pièce ainsi que mes poumons qui manquent d'air, encore.
— Putain, mais regarde-moi ! crie-t-il en écrasant ses doigts sur ma joue.
Je résiste un moment mais lui ne lâche pas non plus, alors en expirant de frustration je me laisse guider vers son visage.
— Bai...
— Répète-le encore une fois et je te jure, je t'étouffe, le menacé-je.
— Alors, fais-moi l'amour, soleil, murmure-t-il tandis que son visage s'adoucit.
Un électrochoc parcourt mon corps et m'incite à clore brièvement les paupières. Si le fait qu'il me le dise vulgairement me donne envie de le flageller, lorsqu'il le susurre ainsi, je désire le retourner sur le lit et vénérer son être en entier. Mais le problème n'est pas sa façon de parler, c'est qu'il souhaite se servir de son corps pour m'obliger à me calmer, comme si ça n'avait aucune fichue importance à ses yeux. Il me croit capable de profiter de lui et je ne le tolère pas.
— Comment peux-tu imaginer que je vais accepter ça dans un moment pareil ?
Il pousse sur ses genoux pour se relever davantage vers moi, son souffle caresse mes lèvres que j'entrouvre par automatisme.
— Tu n'as pas envie de moi ? demande-t-il en parcourant ma mâchoire de son index.
— Là n'est pas la question.
— Alors de quelle question s'agit-il ?
— Bon sang, mais te rends-tu seulement compte de ce que tu es en train de faire ? beuglé-je en reculant sur le matelas.
J'ai besoin d'un peu de distance, sa respiration qui cajole ma peau est en train d'abattre mes résistances et ça ne me plaît guère.
Il sait comment attiser mes sens, il est doué dans ce domaine. Trop, probablement.
Il se lève et pose les genoux sur le lit pour ramper vers moi. Je m'éloigne à mesure qu'il approche, jusqu'à ce que mon dos rencontre le matelas et que je me retrouve emprisonné entre ses bras et son corps compressé contre le mien.
— Arrête ça, tout de suite, grondé-je alors qu'il commence à onduler tout doucement sur mon bassin.
Sa peau brûlante me rend fiévreux, c'est difficile de résister. Il sait l'effet qu'il me fait et s'en délecte. Ni lui ni moi ne pouvons ignorer la raideur de nos membres qui se pressent l'un à l'autre.
— Je sais que tu en as envie, souffle-t-il en approchant ses lèvres des miennes.
— Pas comme ça, me plains-je. Pitié, Angelo, pas comme ça.
Il assène un coup de bassin plus appuyé et un gémissement incontrôlé m'échappe. Ça me réveille, remet mes idées en place et je le fais basculer pour qu'il se retrouve allongé à côté de moi.
Nous fixons le plafond durant un moment. Je suis aussi tendu que la corde d'un arc alors qu'Angelo respire bruyamment.
— Tu es horrible de te comporter comme ça, murmuré-je après un temps, paumé et irrité.
— Je te désire réellement, répond-il sur le même ton.
Je ferme les yeux et écrase ma main sur mon front.
Il va me tuer.
— Je le sais, mais les raisons pour lesquelles tu le veux ne sont pas bonnes.
— Comment peux-tu le savoir ?
— C'est simplement pour ne pas que j'aille chercher Carter.
— Non, pas seulement, me contredit-il fermement. Je te veux parce que tu me rends encore plus taré que je le suis. Te regarder suffit à me coller des frissons sur tout le corps et j'ai désespérément besoin de te sentir le plus proche de moi possible, accessoirement à l'intérieur ce serait encore mieux.
J'avale difficilement ma salive, je suis perdu et ça me tend. J'ai envie de lui, bien sûr, mais ce qu'il me demande est un énorme pas en avant et sa façon de vouloir agir ne me plaît pas forcement. On s'aime, c'est limpide et c'est un cap qu'on va forcément passer mais est-ce judicieux de le faire maintenant alors que je m'apprêtais à faire tourner cette fichue roue qui part toujours du mauvais sens et finit par m'écraser quoique je fasse ?
Je ne sais pas.
— Tu ne me l'aurais pas demandé si je n'avais pas voulu sortir d'ici.
— Non, je ne l'aurais peut-être pas dit, mais je te l'aurais fait comprendre différemment.
— Ce soir ? insisté-je.
S'il me répond que non, ça signifie que ce n'est définitivement pas le bon moment et qu'il cherchait vraiment à me ralentir.
— Ouais, grogne-t-il alors qu'il plaque ses paumes sur son visage rougi. J'en avais envie pendant qu'on se caressait mais te cacher la vérité à propos de Carter me foutait le cerveau à l'envers.
J'entrouvre les lèvres pour expirer doucement, le cœur battant et la tête ailleurs. Mon corps frissonne, je suis au bord d'un précipice et je crois que l'idée de tomber dedans tête baissée me fait de l'œil
Sa peau effleure la mienne quand il replace ses bras le long de son corps. J'ai la sensation de sentir tout en décupler, pourtant ce sont seulement ses doigts qui frôlent les miens.
— Comment ? m'entends-je murmurer.
— De quoi ?
— Comment tu me l'aurais fait comprendre ?
Immédiatement, il se tourne, prend appuie sur son coude pour faire face à mon profil. J'aimerais le regarder mais si je le fais, je serais définitivement bon à jeter dans ce gouffre de luxure. Si je n'affronte pas son regard brun, sa demande me paraît qu'à moitié réelle.
Je l'entends inspirer puis sa main se pose sur mon torse alors que je retiens ma respiration. Il la laisse glisser d'abord vers le haut pour venir caresser ma gorge, ensuite vers le bas pour ouvrir la fermeture de ma veste. Lorsque le vêtement est ouvert, il continue sa course jusqu'à ce que sa paume atterrisse sur ma cuisse, près de mon aine.
— Je t'ai posé une question, râlé-je en équilibre au bord de ce foutu précipice, pour que tu répondes avec des mots, pas avec des gestes.
Ses doigts parcourent mon pantalon, voyagent d'une jambe à l'autre, me pincent gentiment, et j'ai la sensation de sentir sa peau contre la mienne. Une ribambelle de frissons vient recouvrir mon être, je peine à respirer.
— Les mots ne seront jamais aussi explicites que mes mains sur ton corps, chantonne-t-il.
Putain !
— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait d'Angelo DeNil ?
— J'ai l'entière possession de mon esprit et je sais absolument ce que je veux dans l'instant, affirme-t-il en murmurant. Pas toi ?
— Je vais t'étouffer parce que tu es en train de me tuer.
— Ne parle pas de mort, grogne-t-il en faisant remonter sa paume près de mon membre désireux et presque douloureux.
Il s'approche davantage, se colle contre mon flanc tandis que ses lèvres embrassent ma joue et s'arrêtent près de mon oreille.
— Ça ne te rappelle pas des souvenirs ?
— Les... lesquels ?
— Je t'ai caressé exactement de la même façon la première nuit qu'on a passé à dormir contre un arbre.
— Comment pourrais-je l'oublier ? gémis-je.
— Je suis soulagé de constater que tu réagis bien mieux aujourd'hui.
— Ferme-la, râlé-je en inspirant brusquement.
Je l'entends pouffer de rire mais mon esprit est focalisé sur sa main qui glisse sous mon boxer. Je halète lorsque la chaleur de sa peau rencontre la mienne. Il joue avec mes nerfs, me titille et je perds définitivement toute résistance quand il commence à me masturber avec une lenteur atroce.
— Tu te la joues déloyal, arrivé-je à articuler.
— Moi, je trouve ça tout à fait honorable.
J'ai soudainement besoin de plus, beaucoup plus. Je veux qu'il me touche encore, sentir chaque centimètre de sa peau contre la mienne. Je veux qu'il continue et que jamais il ne s'arrête. Je suis en train de m'enflammer, l'unique chose qui accapare mes pensées dans l'instant c'est le pouce d'Angelo qui forme des petits cercles sur l'extrémité de mon membre. Je serre les dents pour ne pas gémir, il a déjà gagné une manche, je ne vais pas lui laisser le plaisir de gagner la suivante. Moi aussi je peux me montrer joueur si je le souhaite.
Sans crier gare, il retire sa main de mon pantalon et bascule pour venir s'allonger sur moi. Mes lèvres trouvent immédiatement le chemin des siennes. Je l'embrasse avec empressement, acharnement et il n'en demande pas moins. Ses doigts tirent mes cheveux tandis que mes paumes se referment sur ses fesses. Un râle remonte sa gorge et vient se perdre sur ma langue. Il est déchaîné et je le suis sûrement tout autant. J'ai besoin de lui, il a tout fait pour que j'en arrive à ce stade du désir et il a parfaitement maîtrisé la chose. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je pensais à lui faire l'amour, mais là, c'est presque inévitable désormais. La scène se dessine sous mes paupières closes alors qu'il laisse sa langue effleurer la mienne. Mon érection est douloureuse sous la sienne qu'il s'amuse à presser avec force et domination. J'ai presque envie de tout relâcher, me figer sur le lit et le laisser faire de moi ce que bon lui semble.
Il s'éloigne de quelques centimètres, haletant autant que moi. Ses pupilles sont dilatées par le désir et recouvrent presque entièrement ses iris dorés. Ses joues sont rouges et font ressortir ses taches de rousseur et enfin ses lèvres sont gonflées, pulpeuses, roses et appellent à la débauche.
— Fais moi l'amour, susurre-t-il en déposant un baiser sur ma bouche entre chaque mot.
J'acquiesce comme je le peux, c'est-à-dire difficilement puisque j'ai le crâne contre le matelas et le visage trop près du sien. J'en meurs d'envie, et bon sang, c'est sa faute.
On va passer un tournant incroyable dans notre relation et y songer me coupe le souffle, accélère mon cœur et embrume mon esprit. Je vais lui prouver mon amour avec délicatesse et langueur, passion et dévotion.
Mes mains remontent jusqu'à sa taille et en un mouvement, j'inverse nos places. Je suis maintenant étendu sur son corps alors qu'il m'admire de ses yeux désireux, la lèvre coincée entre ses dents. Je le désire si fort que mes reins s'échauffent.
— Tu es sûr de toi ? demandé-je tout de même en passant mes doigts entre les ondulations claires qui recouvrent son front.
— Plus que jamais, Will.
Il ne m'en faut pas davantage pour l'embrasser à nouveau.
Cette nuit, je vais le chérir comme jamais je n'ai chéri qui que ce soit. Je vais lui offrir tout ce qu'il me demande et plus encore.
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