Chapitre 31, partie 2 :
Will Marx :
— Allô, trésor !
Je peine à respirer, mon rythme cardiaque s'est emballé au point que l'air s'infiltre difficilement dans mes poumons.
— Salut, murmure-t-il. J'ai reçu ton cadeau...
Je clos les paupières et tente d'imaginer sa réaction lorsqu'on lui a déposé la boite de macarons.
— Merci, reprend-il, je ne m'y attendais pas.
— C'était le but...
— Joyeux anniversaire, mon cœur. Je pense à toi, pardonne-moi. Tu me manques.
Sa voix se brise alors qu'il lit la carte qui accompagne les gâteaux. Son timbre douloureux intensifie mon mal-être et obstrue ma gorge de sanglots.
— Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis cinq jours, je pensais que tu n'allais pas me répondre.
— Toi aussi.
— Quoi ?
— Toi aussi tu me manques, mon soleil.
— Tu m'en veux encore ? osé-je demander.
Un silence s'installe durant de longues secondes. Je l'entends expirer pour ensuite prendre une longue inspiration.
— La dernière chose que je voulais, Will, c'était que tu brises l'avenir que tu avais envisagé à cause de moi. J'ai fait ce qu'il fallait pour que tu puisses jouer au moins durant le championnat sans trop te prendre la tête et t'inquiéter sur mon état et finalement, tu as fait l'inverse de ce que j'attendais de toi.
— Je sais, chuchoté-je, mais je... il était devant moi et je t'ai revu dans les toilettes... j'ai vu tout ce sang et entendu ta voix qui me racontait tout ce que j'ai lu dans ton journal. Je n'ai pas réussi, Angelo, c'était trop dur...
— C'est du passé, tu aurais dû te concentrer sur toi. C'est ce que tu voulais, ce que tu m'avais demandé. Carter n'est qu'un détail insignifiant. J'ai mis du temps à le comprendre, mais moi aussi j'ai agi sans réfléchir ce jour là.
— C'est difficile d'être loin de toi...
— Pour moi aussi ça l'est, mais au lieu de penser ainsi, pense plutôt au moment où on se retrouvera.
— Tu as changé. Tu es devenu le plus raisonnable de nous deux.
— J'en suis pas certain, je veux simplement ce qu'il y a de mieux pour toi.
— Je le sais...
Un tintement dans le téléphone attire mon attention. J'observe l'écran, le cœur battant.
Angel souhaite passer en appel vidéo
Accepter — Refuser
Mon index tape plusieurs fois sur l'icône vert, jusqu'à ce que ma caméra s'active et que le visage d'Angelo apparaisse. Mon souffle se coupe alors que je détaille avec intérêt l'image qu'il renvoie. Ses cheveux sont tout ébouriffés et retombent sur son front, ses yeux sont moins cernés, ses joues un peu moins creusées et bordel, qu'il est beau.
— Bonjour, souffle-t-il tandis que j'admire ses lèvres qui me sourient.
— Hum...
— Éloigne le téléphone, je ne vois pas tes yeux.
— Ah, pardon, soufflé-je en calant l'appareil contre l'oreiller.
Je m'allonge convenablement, tourné vers l'écran et je souris en remarquant qu'il s'est installé dans la même position.
— Tu es rentré quand ?
— Il y a une heure ou deux, ou alors trente minutes, je ne sais pas. Raconte-moi ta journée.
— Elle n'est pas terminée.
— Jusqu'à maintenant, insisté-je.
— Loli est passée avec Mona. Et Rodrigue doit venir en fin d'après-midi, je crois.
C'est douloureux de l'entendre dire ça, j'aimerais avoir ce droit.
— Ne fais pas cette tête, Will...
— Quelle tête ?
— Tes sourcils sont si froncés que tu sembles souffrir.
— Pourquoi je ne peux pas, moi ? murmuré-je la gorge nouée.
Il soupire, ses lèvres se pincent et je le vois passer sa main sur son visage pour effacer ses traits tirés.
— Si tu viens, je ne parviendrais pas à te dire au revoir, je ne peux pas, tu... je préfère ne pas tenter le diable. J'ai peur de ne pas réussir à gérer le moment qui suivrait ton départ.
— Tu as dix-huit ans aujourd'hui, j'aimerais te prendre dans mes bras.
— Tu le feras pour l'anniversaire suivant, et celui d'après et dans dix ans, puis trente voire cinquante.
Je souris, c'est plus fort que moi. J'aime l'idée, bien que son refus de me voir me donne mal au ventre.
— Je ferai ça... Comment ça se passe avec ton oncle ?
— J'ai du mal à le supporter, voir sa tronche toutes les semaines m'emmerde mais il me donne des nouvelles de ma mère alors j'accepte sa présence.
— Comment elle va ?
— Elle va mieux, s'enthousiasme-t-il. Elle a encore énormément de travail à faire mais elle s'occupe et ne dort plus toute la journée. Rodrigue m'a montré des photos, elle a meilleure mine. C'est un super centre, elle est bien entourée.
Cette nouvelle me réjouit également, les yeux brillants d'Angelo me font plaisir à voir. Je lui souris mais l'envie de capturer ses lèvres pour un baiser me fait frémir.
— C'est génial ! J'aimerais que tu sois vraiment là, avec moi, soufflé-je.
— Je suis allongé à coté de toi.
— Je te regarde à travers un écran d'à peine sept pouces.
Son éclat de rire ne fait accentuer la beauté de son visage.
— Qu'est-ce que tu ferais si j'étais là ?
Une mine innocente apparaît sur ses traits mais l'éclat qui fait pétiller ses yeux n'a absolument rien de chaste. La commissure de mes lèvres s'étire et je hausse un sourcil, un peu surpris par sa question.
— Que voudrais-tu que je fasse ?
— Que tu m'embrasses...
— Alors je t'embrasserais.
— Et ensuite ?
— Qu'essaies-tu de me faire dire ?
— Plein de choses.
— Sois plus clair. Tu serais nu depuis un moment si tu étais dans le même lit que moi.
— C'est intéressant ça, dis-m'en plus.
— Chercherais-tu à faire l'amour avec moi ? m'enquiers-je, un sourire gourmand sur les lèvres.
— Est-ce une mauvaise chose ?
— Pas nécessairement, mais dans le monde réel c'est probablement mieux.
— Probablement, répète-t-il, un sourcil haussé. Seulement, ça ?
— Non, idiot.
Il rit doucement puis se redresse et s'éloigne du téléphone. Il se réinstalle en plaçant la boite de macarons face à lui, en pioche un et l'enfonce en entier dans sa bouche.
— Cro bon, s'émerveille-t-il.
— C'est pas beau de parler la bouche pleine, m'amusé-je.
— Quand je te suce, ça ne te dérange pas.
— Quand tu le fais, aucun mot ne peut passer tes lèvres.
— Je suis sûr que si.
— Non, j'ai une trop grosse bi...
— Ferme-la, bougonne-t-il. Irrécupérable, Marx !
— C'est toi qui te permets de dire ça ?
J'entends une porte s'ouvrir, instinctivement j'observe celle de ma chambre qui demeure toujours close. Je comprends rapidement qu'Angelo a de la visite et son visage désormais renfrogné m'interpelle.
— Tu as deux heures d'avance !
— J'ai pu me libérer plus tôt, annonce son oncle. J'en ai profité.
— Tu n'aurais pas dû.
— Bon anniversaire, mon neveu !
— C'est quoi ?
— Un cadeau.
— Je n'en veux pas.
Le regard brun et glacial de mon trésor se repose sur l'écran. Je perçois sans mal son agacement mais il ne cherche pas non plus à le dissimuler.
— Je vais devoir te laisser, soupire-t-il, déçu et irrité.
— Rappelle-moi quand tu seras dispo et passe le bonjour à Rodrigue.
— Ça ne sert à rien, râle-t-il, on s'en fout de lui.
Je lève un sourcil, ne cachant pas mon amusement. Il n'a vraiment aucune barrière et se moque pas mal que son oncle soit près de lui et qu'il entende toute notre conversation.
— Bonjour, Will ! Salue tes parents également, rétorque-t-il sans se soucier des paroles acerbes de son neveu.
Il a sûrement l'habitude désormais, et visiblement il ne s'en formalise absolument pas.
— À plus tard, murmure mon trésor, et je ne t'en veux plus mais t'es quand même un gros con. Je t'aime.
Il raccroche rapidement, avant même que je ne puisse ouvrir la bouche pour lui répondre et je souris face à l'écran désormais noir. J'ai toujours aussi mal mais ce petit moment m'a fait du bien. Maintenant, je peux dormir en paix, ou au moins tenter de trouver le sommeil.
Sms de WillLeMagnifique à Angel :
Je t'aime aussi, trésor. Encore joyeux anniversaire. Ps: je ne sais pas si tu as fait attention à ce détail mais 18 ans = 18 macarons (je n'avais pas le droit d'ajouter les bougies, sécurité oblige)
Sms de Angel à WillLeMagnifique :
Ne sait-on jamais, j'aurais peut-être eu l'envie subite de tuer l'infirmière à coups de bougie.
Sms de WillLeMagnifique à Angel :
En soi, je pense que la flamme est un plus gros souci que le bâton de cire.
Sms de Angel à WillLeMagnifique :
J'aurais grillé du timbré alors, brillante idée. Ou je me serais simplement contenté de mon tonton chéri.
Sms de WillLeMagnifique à Angel :
Psychopathe.
Sms de Angel à WillLeMagnifique :
Je ne suis pas en H.P pour rien, mon amour. N'oublie pas ça.
Sms de WillLeMagnifique à Angel :
Si romantique, tu me fais fondre... (pas comme les bougies).
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