Chapitre 2 - la dune noire
La matinée touchait déjà à sa fin quand Tom reprit courage. Ses habits étaient secs et son estomac criait famine. Heureusement, durant sa tumultueuse traversée, il n’avait pas lâché son balluchon. Les noisettes enrobées de miel avaient un goût délicieux et il en fût tout ragaillardi. Après tout, il avait réussi à traverser le fleuve ! Le temps était toujours clément et le soleil brillait haut dans le ciel.
Le ventre plein, Tom se remit en chemin. Il savait qu’il était trop en aval du fleuve. Il lui suffirait donc de le remonter pour se retrouver ! Sifflotant, un brin d’herbe pincé entre les lèvres, il marchait le nez en l’air. Il pensait aux cheveux dorés de sa belle Lisbeth, luisant au soleil. Ils semblaient si doux. Et ses grands yeux bleus, comme le ciel au-dessus de sa tête. Il lui avait déjà parlé quelques fois, au marché. Elle vendait des œufs de caille. Son rire tintait comme le chant d’un oiseau. Quand il aurait terminé le collier, il oserait lui déclarer son amour. Il espérait de tout son cœur qu’elle ne le repoussa pas.
Comme en réponse à ce doute, une ombre se dressa devant lui. Tellement absorbé par ses pensées, il n’avait pas vu qu’il marchait droit sur une large dune de terre et de pierre, haute comme une petite colline et s’étendant loin à l’horizon de chaque côté. La terre noire trempée luisait au soleil d’un éclat sombre. Le sol délavé par la pluie semblait glissant, mais la dune s’étendait si loin de chaque côté qu’il serait laborieux de tenter de la contourner. Bravement, il se mit donc à grimper la pente. Mais, plus il avançait, plus la terre meuble glissait sous ses pieds. A peine avait-il péniblement gravi un dixième de la montée qu’il dérapa. Et patatras, il dégringola la pente sur son derrière. Ne perdant pas courage, il reprit sa montée, pour se retrouver à nouveau sur son séant douloureux, tout en bas du monticule, suivi d’une pluie de petites pierres qui rebondirent méchamment sur sa tête et ses bras.
« C’en est trop ! », tempêta-t-il. « J’en ai assez de cette dune. Tant pis pour la perte de temps, je vais la contourner ». Et c’est ce qu’il fit.
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