Chapitre 6 - les pétales

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Après le vent vint la lumière. D’abord une petite tache, qui s’agrandit progressivement à en devenir éblouissante. Tom, habitué à l’obscurité, dû se protéger les yeux.

L’odeur de moisi laissa place à une senteur d’herbe fraiche et de fleurs chauffées par le soleil. Son cœur bondit dans sa poitrine. Il avait réussi, il avait trouvé la sortie de ce maudit labyrinthe !

Il se laissa choir à la sortie du tunnel, ferma les yeux et inspira. Les rayons du soleil caressaient son visage. Que c’était bon !

Après quelques minutes de plénitude, il se releva et regarda autour de lui. Des fleurs hautes de plusieurs mètres le surplombaient, leurs magnifiques pétales orangés miroitant de rouge et de jaune sous la brise. On aurait dit une forêt de flammes dansant au gré du vent. Tom en eut le souffle coupé et s’arrêta pour les contempler, fasciné.

Il se secoua, il devait trouver de plus petites fleurs s’il voulait compléter son collier, celles-là avaient des pétales trop grands, presque aussi volumineux que sa maison. Il chemina lentement entre les plantes, subjugué par leur beauté. Il en oubliait parfois de regarder le sol et trébucha plusieurs fois sur des racines.

Une rivière bleutée serpentait parmi les tiges et Tom dû se mouiller les pieds à plusieurs reprises pour la traverser. Où qu’il aille, ce n’était que merveille.

« Mais une merveille pour géants », se dit Tom.

Tout à coup, il entendit devant lui un pépiement faible. Curieux, il s’approcha de la source du son. A quelques mètres, sous un buisson aux feuilles aussi larges que sa tête, gisait un petit oisillon blessé et apparemment affamé. Il avait dû tomber de son nid.

Le petit homme le recueillit dans ses mains. Le pauvre avait dû s’abîmer l’aile. Il le déposa avec mille précautions sur un lit de mousse et sorti de son balluchon quelques grains de blé. Pendant que l’oisillon dévorait farouchement son repas, Tom l’observa. Son plumage d’un bleu sombre contrastait fort avec le cercle de plumes blanches qui entouraient sa nuque. Il gardait l’aile gauche ouverte, comme si elle lui faisait mal. Le petit homme tendit une main pour la palper. Rien ne semblait cassé mais l’oisillon lui pinça les doigts de son bec noir recourbé.

« Aïe ! », s’exclama Tom, retirant vivement son bras. Malgré, tout, il décida de l’aider.

« Pépite, ça t’irait bien comme nom ! »

L’intéressé ne leva pas les yeux de son repas. Tom déchira alors un pan de son habit pour lui faire un pansement et lui banda l’aile. Il reçut encore quelques coups de bec mais finalement Pépite parut content et repu. Il sautillait gaiement sur la main de Tom lorsqu’un grand coup de vent les renversa tous les deux.

Un énorme bec noir s’arrêta à quelques centimètres de la gorge du petit homme, une serre acérée le plaquant au sol.

« Qu’à tu fais à mon petit ? », tonna une voix gutturale. Et un grand œil jaune remplit son champ de vision.

Tom avala sa salive, il n’osait plus bouger. Ça devait être la maman de Pépite et elle n’avait pas l’air commode. Ce dernier sauta alors entre les pattes du grand oiseau, piaillant d’un air indigné.

La pression sur le torse de Tom diminua un peu.

« Est-ce vrai ce que me dit mon petit ? Tu l’as soigné et tu lui as donné du blé ? ».

Blême, Tom acquiesça.

L’oiseau recula alors, laissant le petit homme se relever. Alors qu’il se remettait debout, il remarqua une petite fleur orange à ses pieds. Oubliant tout le reste, il se baissa et la regarda de près. Elle était partiellement dissimulée par un buisson mais, aucun doute, c’était les pétales qu’il lui manquaient ! Il en cueillit délicatement trois, en faisant très attention de ne pas abimer le reste de la fleur, puis se releva. Il se retourna et vit Pépite qui le regardait avec curiosité, la tête penchée sur le côté.

« Ce sont les pétales qui me manquaient pour terminer le collier pour ma bien-aimée », déclara-il, un peu gêné.

L’oisillon sautilla alors autour de lui avant de lui donner des coups de bec en piaillant. Il voulait jouer, comprit Tom. Le grand oiseau les regardait maintenant tous deux d’un œil bienveillant.

« Comment te remercier, petit homme, d’avoir soigné mon enfant ? »

Tom hésita :

« Je ne sais pas si vous pourriez… Pensez-vous que vous pourriez me ramener chez moi, de l’autre côté du champ ? » Si l’oiseau était d’accord, il pourrait arriver à temps pour la Fête du Printemps. Il n’y aurait pas de meilleure occasion pour donner son collier à Lisbeth.

La maman de Pépite éclata de rire, qui sonna comme un caquètement.

« Bien-sûr petit homme ! »

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