éveil
Tu connais cette lame qui te sert
La gorge dès le levé, au matin.
Tu connais cette larme de fer
Qui déchire la peau de tes seins.
Tu sais la froideur de ces trains
Qui tiraillent la campagne.
Tu sais la raideur de ces mains
Qui te touchent, dures compagnes.
Tu vois ces regards assassins
Qui te saignent dans les rues.
Tu vois ces trottoirs sans fins
Qui façonnent ces âmes nues.
Tu sens cet air cancéreux
Dans ce miasmatique corps.
Tu sens ce tremblement de terre
Dans le fond ton esprit mort.
Mais ton cœur bleu vibre
Lorsque le soleil t’éclaire,
Lorsque tu te sent libre,
Lorsque le ciel frôle la terre.
Mais ton cœur soyeux
Bat devant le couchant
D’une lune rousse, heureux
Spectacle d’un rapide instant.
Mais ton cœur frissonne
Devant les signes de la vie,
Au milieux des mignonnes
Senteurs du monde infini.
Ma sœur, mon frère, rien
N’est plus beau que les riens
De l'univers. Unis vers
Un même destin sévère.
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