Le gore et le dérangeant
Kill Bill
300
Réparer les vivants
Gore ( adjectif invariable et nom masculin) :
Se dit d'une œuvre de fiction privilégiant les scènes sanglantes.
D'après cette définition du Larousse, des bons exemples de film gore seraient Kill Bill ou 300. En effet, le sang y coule à flot dans chaque scène de combat. Cependant, trouvez-vous ces scènes dérangeantes ? Peut-être, après tout chacun a sa sensibilité. Mais en tout cas, elles le sont bien moins que d'autres, comme par exemple la scène de l'opération chirugicale dans Réparer les vivants. Très peu de sang, juste un chirugien qui ouvre la poitrine d'un mort afin de prélever ses organes. Le scalpel glisse sur sa peau, lentement. Et ça, c'est dérangeant.
Le gore met parfois une distance entre l'œuvre et son spectateur. Un humain qui perd cinquante litres de sang, ce n'est pas réaliste donc on peut facilement s'en détacher. Surtout si, comme dans 300, la violence est très esthétisée et les coups d'épées trop "propres" : chaque coup d'épée des spartiates ou presque coupe un membre de façon très lisse ! Ce n'est pas réaliste, on s'en détache facilement.
En revanche, une caméra fixe qui filme pendant de longues secondes un torse nu que coupe un scalpel, sous une lumière froide de bloc opératoire... Aïe ! Ici, c'est non seulement réaliste mais aussi long. Quelque chose de dérangeant dure assez longtemps pour qu'on se retrouve sans défense devant lui. Et plus cela s'étire dans le temps, plus cela dérange. Alors certes, je parle ici de cinéma, mais dans un livre cela peut passer par de longues descriptions. Surtout, n'écrivez rien d'extravagant qui puisse donner du recul. Réfléchissez à ce que vous devez décrire et à ce que vous devez laisser à l'imagination des lecteurs (celle-ci étant bien plus performante en matière d'horrifique que n'importe quelle description). Et bien sûr, cela doit durer dans le temps.
La question à vous poser reste celle-ci : que voulez-vous que vos lecteurs ressentent en lisant ?
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