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Jim se servit un copieux petit déjeuner dans sa salle à manger. Il faisait beau, un vrai temps de Juillet et on était en Novembre. Il se versa son café tandis que la radio déversait son flot d’information plus ou moins ennuyeuses. Quand l’une d’elle attira son attention. Le journaliste annonça la nouvelle d’un ton étrange. On eût dit que le communiqué le réjouissait et Jim s’attendit à ce qu’il ajoutât : « Ah ! Enfin quelque chose d’intéressant. » Mais non.
« Une dépêche vient de nous parvenir. Par téléscripteur. Dans le XVIIIè arrondissement, le cadavre d’une jeune femme de vingt ans, prostituée notoire, a été retrouvé chez elle, atrocement mutilé, hier à vingt heures trente par son ami avec qui elle avait rendez-vous. Selon l’expertise du médecin-légiste, la mort remonterait aux alentours de dix-huit heures. Elle a invité son compagnon pour un dîner. En arrivant chez elle, le jeune homme a sonné et n’obtenant pas de réponse il est entré, sans difficultés la porte n’était pas fermée. Il a découvert le corps de son amie et a appelé police et ambulance, malheureusement il était trop tard. Nous vous donnerons de plus amples détails dans un prochain communiqué. » Le signal de la météo et ce fut tout.
Jim coupa la radio. Un meurtre de prostituée ? Mutilée ! Un nouveau Jack l’Eventreur ou quoi ? Il en saurait plus tout à l’heure en allant travailler, son métier d’archiviste lui permettait de recevoir tous les journaux paraissant quotidiennement.
Deux heures plus tard, il avait non seulement lu les différents articles qui traitaient de l’affaire mais encore il avait fini de trier ses papiers de la veille.
L’histoire ? Oh ! Une chose affreuse. Il essayait de l’oublier. Selon un voisin qui avait été témoin, ils ont eu une algarade et le petit ami se serait emporté. Puis il s’est calmé, il lui a souri en la prenant par le cou pour l’embrasser. Il lui a tourné le dos et lorsqu’il s’est retourné il avait toujours le sourire aux lèvres et… Un couteau à la main. La femme a hurlé. Pas longtemps. Parce qu’il l’a éventrée. Et le témoignage s’arrêtait là car l’homme a téléphoné à la police. L’article concluait en disant que selon une source sûre la jeune fille avait été démembrée et « réorganisée » - c’était l’officier qui avait utilisé le terme – dans une position obscène. Le petit ami avait fait ses aveux, et, analysé par un psychiatre, il avait été interné à l’hôpital.
Cependant il ne pouvait oublier cette histoire parce que quelque chose le gênait mais il ne pouvait dire quoi.
En rentrant chez lui, il passa comme à l’accoutumé devant le magasin audio-vidéo. C’était l’heure du journal et il s’arrêta devant la boutique. Il détestait la télévision mais pour cette affaire il voulait savoir si l’on avait réussi à filmer certaines choses. Il ne fut pas déçu. Les bras de la jeune femme étaient indépendants de son corps. Les jambes avaient été écartelées. L’un des bras était enfoncé de moitié dans son sexe tandis que l’autre tenait un morceau de papier sur lequel était écrit – vraisemblablement avec du sang – un texte disant qu’elle aimait son métier parce qu’elle s’amusait avec les hommes « comme une chienne en chaleur au lieu de leur être fidèle ». Comme il était hors du magasin il ne put entendre le commentaire du journaliste. Ecoeuré, il reprit son chemin et rentra chez lui. La fin de semaine et la semaine suivante furent calmes.
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