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Enfin ! L’hiver commençait à venir et avec lui les meurtres s’étaient espacés. Le temps s’était rafraichi et certains matins le gel, recouvrant tout, vitrifiait l’extérieur et les passants semblaient séparés de leur univers. On en était presque venu à oublier ces crimes horribles.

  Une voiture roulait au pas dans une rue encore vide. A l’autre bout, un seul couple, tendrement enlacé sous un réverbère, avait manifestement l’air de se dire au revoir. Chacun partit de son côté. La femme fut suivie de loin par la voiture.

  La porte s’ouvrit et l’homme entra, souriant. La femme s’approcha de son mari et l’embrassa. L’homme la regarda toujours souriant et caressa son cou de ses mains. Puis il serra ! Le visage prit différentes teintes. Passant successivement du rose au rouge, puis du rouge au bleu. Et elle s’écroula. L’homme la porta jusques au lit et la dévêtit complètement. Il alla chercher le couteau à viande dans la cuisine et se mit à l’ouvrage. Il planta la lame dans les joues et se mit à découper autour des lèvres. Le sang coulait sur le corps de la femme et sur les mains de l’homme. Il fit ainsi le tour complet de ses lèvres et lorsqu’il eut fini, il les détacha des maxillaires inférieur et supérieur en sectionnant par à-coup la peau qui les y rattachait. La femme eut alors un trou sanguinolent à l’endroit de ce qui était initialement sa bouche. Deux rangées de dents apparaissaient. Deux filets de sang partaient de chaque côté de ce trou et on avait l’impression qu’elle souriait d’un sourire qui lui arrivait littéralement jusques aux oreilles. Il posa les lèvres et se mit à découper la suite. Il lui taillada les seins. Et, comme il y avait un trou à la place des commissures, il y avait deux mares de sang à la place de la poitrine. Il les posa à côté de la bouche. Pour finir, il s’attaqua au sexe et lui sépara les lèvres du reste du corps. La femme n’était plus finalement que d’une couleur rouge foncé quasi-uniforme. Il la laissa comme elle était et punaisa au mur ses trophées, accompagnés d’un petit mot expliquant qu’elle n’appartenait qu’à lui et pas à un autre homme.


  La nouvelle résonna dans les oreilles de Jim comme un son strident. Il ne voulait pas l’entendre et pourtant il l’entendait par dessus tout le reste. Il sentit qu’il ne tarderait pas à rendre son dîner et s’allongea un moment. Puis, comme le mal au coeur se passait, il se leva, sortit et partit dans un café pour se changer les idées.


  Accoudé à un comptoir à boire une eau marron claire brûlante, il ne la vit pas entrer. Se fut lorsqu’elle passa la commande – un Martini dry – que Jim se retourna. Elle était vraiment belle, mais Jim ne la trouvait que mignonne. Elle commanda un deuxième verre et il ne put s’empêcher de lui demander si tout allait bien. Comme-ci, comme-ça. Pouvait-il l’aider ? Non… Merci. Voulait-elle parler ? Oh ! Pourquoi pas. Elle s’appelait Amy. Amy Richard. Elle était fiancée à un garçon qui était très gentil, attentionné et timide. C’était ce qui lui avait plu dans cet homme mais avec le temps… Le sentiment s’était émoussé. A jouer cent fois avec le même jeu, le plaisir devient ennui. Et l’ennui lassitude. Elle était donc allée voir ailleurs et puis elle avait trouvé mieux, et encore mieux, et encore. Et un jour elle en avait eu assez et avait donc rompu avec son fiancé et maintenant elle oubliait. Et lui ?

  Depuis ce jours, Jim rencontra de plus en plus souvent Amy. En deux jours, il étaient passés de « vous » à « tu », et ils en savaient autant l’un sur l’autre qu’un frère et une sœur. Un soir qu’ils étaient sortis au théâtre, Jim lui proposa de venir s’installer chez lui. Elle accepta et le lendemain, le déménagement avait été effectué.

  Un matin qu’il lui apportait le déjeuner au lit, Amy lui raconta que depuis quelques temps elle avait peur pour elle. Peur de faire partie de cette série. Il lui demanda pourquoi mais elle ne put répondre. « L’intuition féminine » lui dit-elle en souriant d’un sourire qu’elle voulut rendre gai. Mais au lieu d’y lire de la gaieté, Jim y vit la marque d’une profonde inquiétude. Le bol dans les mains d’Amy se mit à trembler et elle ne put le porter à ses lèvres. Jim la regarda et lui rendit son sourire. Il libéra les mains du bol et débarrassa ses jambes de son plateau. Il posa le tout sur le sol et de nouveau tourna son visage vers elle. Il la prit dans ses bras et sentit ses larmes chaudes humidifier sa chemise. Il n’osait pas lui parler des deux dernières disparitions qui avaient eu lieu trois jours plus tôt et dont il avait entendu parler à la radio. Là ! Là ! Il ne lui arriverait rien. Et maintenant, il allait la laisser pour aller travailler. Non ! Il ne fallait pas qu’il parte. Mais il allait revenir. Finalement, les larmes l’ayant épuisée, elle se rendormit et Jim la quitta.

  Tout de même ces deux nouveaux meurtres lui paraissaient bizarres. Aux archives, après qu’il eut fini de lire les dernières gazettes, il remarqua que les semaines passées avaient finalement elles aussi vu la disparition de deux jeunes femmes. Il n’y avait pas fait attention mais maintenant il se demandait si elles n’avaient pas de liens avec les meurtres. D’accord, les jeunes femmes signalèrent leurs morts uniquement dans la rubrique nécrologiques où les familles des défuntes avaient la douleur de nous en faire part, mais pourquoi pas ?

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