La Tour
De larges et fortes gouttes d'une pluie battante s'écrasent en masse bruyante sur les vitres d'une haute tour perchée de manière sinistre sur un promontoire rocheux, surplombant une vaste et noire forêt.
La pluie donne au vol des vautours un caractère déplaisant. Comme si les yeux des volatiles étaient ceux de la haute bâtisse, triste et délabrée, mais attentive. Comme si toute vie en contrebas était aussitôt repérée par ces moroses sentinelles au plumage ruisselant.
Vu d'ici, les pierres semblent hurler au désespoir, puissamment. Comme si des visages affreux se dissimulaient dans les rugosités de la roche taillée grossièrement. La scène baigne dans le clair grisâtre d'une lune gibbeuse donnant des reflets fantomatiques aux branchages crochus et griffus, grattant la pierre usée de la tour.
D'en bas, on peut apercevoir une silhouette sordide à l'une des fenêtres, qui semble toiser la forêt d'un oeil mauvais. Elle évoque quelque chose de non humain, malgré une posture simiesque. Ratatinée, immobile, la tête semblant se trouver plus bas que le torse, les bras présentant des angles étranges, cette chose à l'air de nous observer. En un battement de cils, elle disparait dans l'ombre. Avons nous été trompés par nos yeux ? Nous le saurons assez tôt, car c'est ici qu'il va nous falloir passer la nuit.
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