La porte
La porte elle-même est un défi, oeuvre d'ébénisterie malsaine, une massive arche aux lattes pourries, une créature indescriptible sculptée en son sommet. Ses yeux vides semblent nous observer. Scellée, elle perce nos coeurs d'épouvante. Nous entendons l'horreur de la nuit s'approcher. Elle nous a retrouvé ! Nous frappons, nous poussons, nous suffoquons d'effroi. L'ombre avance, en arrière, les arbres se meuvent sans silence, et s'efface sous la menace grandissante et sinueuse, indéfinissable. Ces terres ne sont pas celles de l'espoir ! Le trépas s'annonce fugace ! On suspend le souffle, et on s'agace sur la satanée porte ! Les formes dans le noir se précisent davantage. Vision d'horreur ! La folie nous guette ! Malheur sur le monde et nos êtres ! Soudain, Seris le malin pianote, manipule, extirpe du bois la clé du salut. Faite d'or et de pourpre, elle dort désormais en des mains plus délicates. Mais vite ! Le bruit, et les yeux sont presque ici ! La clé s'introduit lestement dans l'engrenage, et cliquète gentillement sans tapage. Le monstre du faîte de bois s'éveille, ses yeux scintillent dans la nuit, il montre la poignée, qu'un poing puissant empoigne sans protester. L'incessant bruit s'insinue, les ombres enlacent nos conquérants du noir. Ils passent la porte sans délai, et la referment aux agresseurs ailés. L'instant suivant, les sons sourds frappant le bois laissent entrevoir l'issue attendant ceux qui restent dehors dans ce territoire. Tout est noir. On n'y voit. Au dehors, les monstres sont aux abois. La porte frappe, craque, malmenée par le mal voulant se masser en sa maison, que les opportuns lui dérobent. Cette porte est à eux ! Malheur à tous ceux qui tenteront de la franchir. Mais nos compagnons ne peuvent rebrousser, face à la nuit assassine.
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