Chapitre 8 : Les menteurs

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Allongé sur le ventre, le corps recouvert par celui de son amant, Anthony tressaille de chaque fibre de son être lorsque Richard le masturbe avec délectation. Aux baisers et effleurements prodigués par son hôte succèdent morsures et suçons qui le font chavirer. Le quadragénaire se montre plus généreux qu’il ne s’y attendait. En réalité, il n’aurait jamais imaginé qu’une telle fusion soit possible. Il était persuadé qu’entre hommes, le sexe se résumait à de brèves histoires de cul, vides de sens et d’intérêt. Ce soir, il découvre un nouveau monde. Et pour cause. Jamais un homme ne lui a fait l’amour ainsi.

Non, rectification. Jamais un homme ne lui a fait l’amour tout court. Jusqu’à présent, il n’a connu qu’actes sexuels brutaux, disséminés au milieu de relations sans émotions. De simples rencontres furtives et bestiales, froides et sordides. Ses ex n’étaient que des adolescents davantage en recherche de plaisir solitaire que de partage à deux. Leurs étreintes frustrantes ne satisfaisaient rien d’autre que leur libido surstimulée de pubères en rut.

Rien à voir avec ce que Richard lui propose. Anthony est subjugué. Avec le quadragénaire expérimenté, tout prend une autre dimension. Le sexe devient plus intense, sans commune mesure avec ce qu’il a expérimenté dans le passé. Avec lui, il vibre d’une énergie inhabituelle, plus légère et profonde à la fois. Depuis leur première rencontre, le jeune homme se sent vivant à ses côtés. À l’attirance physique succède l’exaltation des sens. Entre ses bras, l’explosion des sentiments est au rendez-vous. Sous ses mains, son corps s’embrase. Sous ses lèvres, sa peau est assaillie de sensations inconnues. Anthony ressent encore sur sa nuque la douce brûlure de la succion que Richard vient de lui administrer. Tandis que son amant lui caresse le sexe, le jeune homme l’interroge à voix basse :

— Pourquoi m’avoir fait ça ?

Le quadragénaire s’immobilise et regarde son œuvre, réprimant un sourire narquois.

— Je ne l’ai pas fait exprès.

— Tu mens.

Richard frotte doucement la marque comme s’il voulait l’effacer.

— C’est un suçon, il ne va pas disparaître de sitôt, remarque Anthony.

Le torse accolé à son dos, son hôte sourit, amusé par la moue boudeuse du gamin. Il délaisse la trace des yeux pour se pencher vers lui et effleurer son visage de sa joue.

— Désolé, ça m’a échappé. Je ne recommencerai pas, chuchote-t-il.

Sauf si je ne peux pas m’en empêcher.

— Je n’en crois rien.

— Tu as raison, ricane Richard, n’y tenant plus. C’était parfaitement volontaire. Si c’était à refaire, je referais pareil.

Les deux hommes rient doucement. Richard affiche un sourire carnassier, dévoilant deux belles rangées de dents blanches parfaitement alignées. Le menton posé sur l’épaule d’Anthony, il regarde ses yeux pétiller de malice. Puis se met à lécher la rougeur de la pointe de sa langue, comme pour en atténuer les contours. Ce comportement déroute son jeune amant, mais pas autant qu’il ne le fait fondre. Cette façon d’osciller entre douceur et férocité le fait craquer.

— Tu m’en veux de l’avoir fait ? susurre Richard à son oreille.

— Ça ne me dérange pas, murmure Anthony. Je te donne quelque chose de moi et tu me laisses un souvenir en retour. Simple échange de bons procédés.

— Je compte te laisser en souvenir plus qu’un modeste bleus sur la nuque. J’ai l’intention de te faire vivre la plus belle première fois qu’il puisse être permis de connaître. Si je t’offre moins que ça, c’est que j’aurais merdé.

Son air est grave ; sa promesse, sincère. Le visage contre l’oreiller, Anthony s’empourpre, les yeux illuminés.

— Je croyais que tu voulais juste me dépuceler. Dois-je comprendre que tu veux plus que ça ?

— Je veux beaucoup plus que ça.

Les deux hommes s’embrassent lentement et reprennent en douceur leurs caresses là où ils les ont arrêtées. Anthony ondule avec volupté sous le corps puissant de Richard, qui se frotte contre lui en retour. Leurs baisers se font plus fougueux, empreints d’une certaine urgence, de cette frénésie que l’on a du mal à contenir. Richard recommence à le masturber, sentant son sexe se durcir entre ses doigts agiles. Lui-même est en érection, stimulé par la pression exercée par les fesses de son partenaire.

Lorsque leurs sens sont à nouveau échauffés, Richard quitte l’épaule de son amant. Il poursuit ses caresses et baisers vers le bas. Sa bouche longe la ligne médiane de son dos. Son souffle chaud parcourt la peau d’Anthony, qui se hérisse aussitôt. Le jeune homme ressent des frissons du creux de ses reins jusqu’en haut de sa colonne vertébrale. Richard continue sa descente, distillant coups de langue et légères morsures sur le corps électrisé. Sa bouche arrive au niveau de sa taille. Anthony se tend, comme s’il était surpris. Richard se rapproche de ses fesses, qu’il empoigne pour les malaxer. Faisant cela, il lèche et mordille la peau blanche.

Anthony tremble de tous ses membres. De désir, de plaisir, mais probablement aussi d’appréhension. Richard l’écoute ahaner. Sa respiration est trop courte et hachée. Il s’en préoccupe et remonte jusqu’à lui, parsemant au passage sa peau de baisers. Il lui caresse le dos, les bras et passe sa main sur sa nuque, qu’il glisse jusque dans ses cheveux. Il veut que son amant succombe mais pas d’un arrêt cardiaque. Il préfère ralentir.

Haletant près de son oreille, il le rassure :

— Arrête-moi à tout moment. Si je vais trop vite, trop loin, si je te fais mal, si tu as peur.

— Je n’ai pas peur, rétorque Anthony, la voix cassée.

Embarrassé, il est sûr que Richard peut entendre son cœur battre à folle allure.

— Tu mens aussi mal que moi, tu sais.

Le visage dissimulé derrière son bras, le jeune homme sourit pour toute réponse. Richard attrape son menton et reprend sa bouche, pour l’embrasser longuement, avec délicatesse. Il passe une main dans ses mèches rebelles et caresse sa mâchoire. Leurs souffles se mélangent, chauds et haletants. Leurs respirations se synchronisent. Dans la pénombre de cette nuit de pleine lune, leurs regards se croisent. Les mots sont inutiles. Les yeux du quadragénaire plongent dans ceux de l’adolescent et ne les quittent plus jusqu’à ce qu’il le sente de nouveau en confiance.

Alors, Richard reprend ses investigations.

Ses lèvres retracent un chemin de ses épaules à ses omoplates, avant de s’aventurer à nouveau vers le sud. Ses mains caressent les muscles secs et durs, effleurent la peau devenue sensible, hyper-réceptive. Sous les doigts de son partenaire, Anthony a l’impression que toutes ses sensations sont décuplées. À chaque nouveauté, son cœur tambourine un peu plus dans sa poitrine. Chaque toucher inédit lui grille un peu plus le cerveau. Ses ressentis prennent le dessus sur son esprit. À la merci de ses sens, seules ses émotions ont voix au chapitre. Il se sent possédé, hors de lui, ailleurs. Un ailleurs qui le transporte autant que son amant expérimenté. Il s’abandonne, vaincu.

Richard, conscient de ces tribulations intérieures, sait ce qu’il a à faire. Il dépose une multitude de baisers sur chaque parcelle de son dos. Quand il longe sa colonne vertébrale, sa langue ondule sur les aspérités. L’adolescent frémit sous ses assauts. À ses gémissements sonores, quand Richard le mordille, succèdent des grognements rauques, quand ce dernier parvient à sa chute de reins. Richard saisit ses hanches, les pétrit, les relève. Le corps frissonnant de délices, Anthony se cambre. Cette fois, il meut son bassin en signe d’assentiment. Son hôte attrape ses fesses à pleines mains avant d’y glisser sa bouche avide. Il lèche l’anus pour y déposer pléthore de salive. L’adolescent geint plus fort et s’agrippe aux oreillers, prêt à défaillir de plaisir. Tandis que le quadragénaire se repaît de son intimité, le jeune homme perd complètement les pédales, s’escrimant à étouffer ses plaintes lascives dans la ouate des coussins rembourrés.

Ravi de sa performance, Richard s’en donne à cœur joie. Pendant de longues minutes, il se régale à butiner son partenaire autant qu’à l’entendre gémir. Lorsqu’Anthony, au comble de l’excitation, atteint un point de non-retour, Richard le fait basculer sur le dos, avant de s’allonger sur lui. Dans un murmure, il lui glisse à l’oreille :

— Dans cette position, la pénétration sera... moins profonde.

Anthony acquiesce et saisit sa nuque avec force pour l’embrasser de nouveau. Ses gestes traduisent son impatience, son envie, mais aussi une certaine anxiété. Richard le perçoit.

— C’est toujours ce que tu veux ? demande-t-il entre deux baisers.

— Plus que jamais.

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