Chapitre 12
Ecrit en écoutant notamment : DJ Mad Dog - Dogfight [Hardcore]
Eh bien, apparemment, il souhaite plus que simplement mon aide ! Restant impassible, je le suis dans les escaliers pour rejoindre sa chambre. La notion d’ordre y semble assez contingente, mais j’y suis bien habitué, étant le roi de « l’ordre dans le désordre ».
Nous nous installons à son bureau, et après avoir fait un peu de place, il extrait son énoncé de devoir maison d'un tas de feuilles hétéroclite avec une moue déprimée. J'examine rapidement la page à moitié froissée : polynômes du second degré, suites géométriques, je pourrais lui terminer ça en vingt minutes… Malgré tout, j’ai envie de lui faire réellement comprendre, de lui montrer que les maths, ce n’est pas si horrible que ça. Par la même occasion, ça me permettra de passer un maximum de temps avec lui dans sa chambre ! Je débute naturellement par un point de cours, pour lequel il me remercie, soutenant que je suis largement meilleur que son prof pour expliquer, puis nous entamons le premier exercice, sur lequel il bloque rapidement :
— Mais fuck, c’est quoi ces conneries encore ! On n’a pas fait ça dans le cours !
Je lui montre alors comment traiter le problème et le laisse ensuite s’attaquer à une question similaire. Je me recule légèrement pour observer autour de moi. Cela ne ressemble pas tellement à ma chambre : de nombreux posters de festivals de musique, quelques autres représentant des athlètes connus, tapissent les murs. J’en profite également pour détailler la magnifique courbure de son dos, et le trouve absolument attendrissant avec son air concentré. On pourrait presque penser qu’il a uniquement envie de réussir pour me faire plaisir.
Et en effet, quelques minutes plus tard, il fait soudainement volte-face et sollicite mon expertise pour vérifier sa réponse.
— C’est pas mal du tout, observe juste la dernière ligne, il y a seulement une petite erreur de signe !
Il s’empresse de corriger et se met à râler :
— Mais putain t’as vu, j’arrive pas à me concentrer plus de trois minutes pour répondre à cette question de merde.
Je tente de le rassurer :
— Eh ! Ne t’en fais pas, là au contrôle, tu aurais les trois quarts des points, ça te ferait 15/20 !
Inconsciemment, ma main gauche glisse en même temps derrière son dos et lui tapote légèrement le flanc. Je tente de retirer ma main subrepticement après avoir remarqué que cette position n’est pas très appropriée, mais ce n’est pas la peine, puisqu’il semble déterminé, se remet droit dans sa chaise et annonce :
— Allez, go pour l'exercice 2, on va en finir, hein !
À nouveau, je lui montre la méthode puis le laisse faire et descends en bas me chercher à boire. Je suis à peine remonté qu’il m’annonce fièrement :
— C’est dingue, j’avance super vite par rapport à d’habitude !
Je ressens alors une vague de satisfaction me parcourir tout le corps, celle-ci étant amplifiée par ses beaux yeux bleus foncés exprimant sa reconnaissance, au point de devenir presque gênante.
L’orage s’est calmé, mais d’aussi fréquentes qu’imprévisibles averses s’abattant encore aléatoirement, Morgan me propose de rester au moins jusqu’à ce que ses parents rentrent chez eux, étant convaincu qu’il arrivera à les persuader de me reconduire chez moi :
— Avec mon père, ça sera facile, il suffira de lui dire que tu comptes revenir et que tu m’as super bien aidé, il sera très content.
Il allume son ordinateur pour que nous regardions le début d’une série qu’un ami lui a conseillé, mais notre conversation prend bien vite le dessus sur le scénario finalement peu passionnant, et elle dévie inévitablement au bout d’un moment sur un sujet apparemment bien moins épineux pour lui que pour moi :
— D’ailleurs toi, t’as une copine ?
Gare à ne pas répondre n’importe quoi ! Difficile cependant de réfléchir rationnellement à une réponse simple lorsqu’un tel beau gosse nous fixe et semble attendre une réponse. Je finis par sortir un « Non, non... », et lui retourne la question, mais après un délai légèrement trop long qui en dit long sur mon malaise à l’idée d’aborder le sujet. Enfin, après tout, il risque seulement de penser que j'ai du mal à lui avouer que je n'ai pas de petite amie...
En y réfléchissant, j’aurais peut-être pu lui dire que je cherche un copain ; je n’étais pas obligé de lui faire part de mes sentiments actuels. Je suis sûr que quelqu’un d’aussi sympathique que lui ne pourrait que bien le prendre. Seulement, après, il aurait certainement été plus aux aguets si je continuais à le détailler. Nous nous serions retrouvés dans une situation légèrement gênante, surtout dans les douches après les matchs. Finalement, mieux vaut que cela reste encore clandestin !
Faisant preuve d’une certaine empathie, il change totalement de sujet de conversation et me questionne sur mes goûts musicaux. De mon côté, ce n’est pas aujourd’hui que je saurai s'il est gay ou pas !
Je lui apprends que j’aime beaucoup le rock, tandis que son style à lui, c’est plutôt la musique techno. Il me fait écouter quelques morceaux, qui me paraissent très agressifs au premier abord, mais qui deviennent finalement assez agréables quand on sait que son amoureux semble y vouer un réel culte. Pas forcément agréables au point de renier mes classiques rock, mais bien plus dignes d’intérêt que ce que les médias traditionnels peuvent nous faire croire avec leurs reportages alarmistes sur les rave-party.
Finalement, comme prévu, son père se chargera de me ramener chez moi. Quant à Morgan, visiblement très excité, il s’apprête à rejoindre un de ses amis, qui l’emmènera le soir même à une soirée à Strasbourg. Son père lui a consenti cette faveur après n’avoir pu que constater l’efficacité redoutable dont nous avons fait preuve tout à l’heure. J’éprouve un méchant pincement au cœur en l’imaginant prendre du plaisir sans moi ; j’aimerais découvrir son univers plus en détail, mais suis bien trop sérieux et timoré pour m’imposer. Avant de me laisser repartir seul avec son père, il me glisse en aparté :
— Si tu savais comment je t’adore, grâce à toi, je vais à la fois avoir une bonne note et pouvoir bouffer des basses ce soir !
Je lui réponds simplement par un sourire attendri, trop heureux pour pouvoir formuler une seule phrase cohérente.
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